La présence italienne en Orient date d'avant les croisades, avec Amalfi et Venise principalement. Les cités italiennes n'ont donc pas vu d'un bon oeil les croisades au début, pensant que ce ne serait pas bon pour le business. Puis, elles se sont adaptées à leur façon, avec l'exemple presque caricatural de la
Quatrième croisade.La "défaite" latine avec la perte d'Acre en 1291 et
la fin des Etats latins ne remet pas en cause la puissance occidentale dans toute la Méditerranée, au contraire c'est vrai. Mais cette puissance date de bien avant la fin des croisades puisque dès le XIe siècle, la Méditerranée est devenue latine alors qu'avant même une planche ne pouvait pas flotter sans l'accord des musulmans (pour paraphraser
Ibn Khaldun)...Les cités italiennes se sont donc bien adaptées au contexte des croisades, mais elles ont continué à commercer avec les pays d'Islam, tout en convoyant les expéditions croisées, et ce malgré les interdits pontificaux. Leur puissance s'explique par cette adaptation plus que par les croisades en tant que telles.
Si bien qu'on en arrive dans la deuxième moitié du Moyen Âge à voir des navires italiens transporter des marchands musulmans (en particulier en Méditerranée occidentale)...
A mon avis, on ne peut pas dire que ce sont vraiment les croisades en tant que telles qui ont fermé la Méditerranée aux musulmans, car cela se situe dans un contexte plus large et plus complexe, qui dépasse les croisades, voire les devance.
Ensuite, la vision du déclin des musulmans suite aux croisades est aussi à relativiser. Certes, économiquement et même sur le point de vue de la pensée et des sciences, un certain conservatisme s'impose. Mais, peut-on vraiment parler de déclin quand on voit la puissance ottomane dès la fin du XVe ? Une puissance qui leur permet au XVIe de contrôler à nouveau la Méditerranée orientale alors que l'Europe s'est tourné vers l'Atlantique...
L'impact des croisades est donc tout relatif.