J'ai cherché, en vain, un recit de la bataille de Las Navas de Tolosa (1212), opposant les almohades aux forces chrétiennes en Espagne. Quelqu'un en connait-il un? Je sais que certains d'entre vous ont un certain talent pour raconter les batailles...

Amicalement,

Comme je tape horriblement lentement au clavier, je vous donne un lien:

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?D ... NUMM-28647

Téléchargez le et allez pages 460 et suivantes, un récit de la bataille s'y trouve.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Le roi Alfonso VIII de Castille avait conquis les châteaux situés entre Tolède et le défilé de Despeñaperros , et attendait la bataile. Alors
Miramamolín , calife des Almohades , le vit venir et lui ferma le passage
vers le col . Le dimanche , les Sarrazins dressèrent leurs tentes très près des notres . Ils étaient prêts au combat , mais le roi ne voulait pas se battre le jour du Seigneur . C'est pourquoi toute la journée nos frondeurs
et nos arbalétriers rivalisèrent d'audace pour les éloigner.
De bon matin le roi répartit les siens en trois lignes . Dans la première Diego López , seigneur de Biscaye , trois barons avec leurs troupes , les pélerins et les ordres militaires .
Dans la deuxième le roi Pierre d'Aragon avec les siens et trois compagnies de Castillans . Dans la troisième , le roi de Navarre et les siens , également renforcés de trois compagnies castillanes . Enfin Alfonso et les siens formant la quatrième ligne .
La première ligne attaque et oblige les Sarazins à reculer .Mais ils contre-attaquent et les notres reculent vers la 2e ligne . Le roi fait alors avancer les deux lignes suivantes , et lui même passe en première ligne , repoussant les Sarrazin avec ardeur .
Ensuite il attaque l'aile sarrazine , les faisant refluer jusqu'à la ligne que commandait Miramamolin. Là ceux-çi se défendirent courageusement jusque midi . Puis perdant courage ils s'enfuient . Le roi les poursuit jusqu' àprès le coucher de soleil . Ensuite les rois chrétiens s'installent dans la tente de Miramamolin .
On estima le nombre de leurs morts à 70000 hommes et 15000 femmes .
Nous comptons 200 morts . Le butin est incalculable : or, argent , vêtements et animaux . Une grande quantité de flèches et de javelots .
Les ennemis abandonnaient des dizaines de milliers de tentes .

( d'après la lettre de Bérengère à sa soeur Blanche , épouse de Louis de France )

On ne peut pas parler de la bataille des Navas de Tolosa sans penser à Sancho VII "El Fuerte" roi de Navarre, ce géant de 2m25, d'une gorce herculéenne, d'un courage indomptable. Sa soeur, Berenguela ou bérengère était l'épouse de Richard Coeur de Lion.
Durant la fameuse bataille de las Navas de Tolosa, le rôle des Navarrais et de Sancho fut déterminant. La tente de l'émir était protégée par une puissante palissade dont l'armature principale était constituée de chameaux et d'une élite de combattants noirs attachés les uns aux autres par de vigoureuses chaînes. Sancho et ses hommes parvinrent à ouvrir une brèche dans ce système défensif. Sancho ramena du combat les chaînes de fer qui entouraient la tente de Muhammad al Nasir et en fit forger les grilles de l'évêché de Pampelune. Ces chaînes sont à l'origine des armes de Navarre avec au centre l'émeraude énorme trouvée dans la tente de l'émir.
Mais, je me demande si je n'ai pas déjà raconté cette histoire, si oui, pardonnez-moi

_________________
m.jo

Le berger espagnol Martín Alhaja signala une piste à travers les montagnes avec un crane d'une vache dévorée par les loups. Piste qui permit de surprendre les troupes ennemies.

A l'issu de la bataille, son aide précieuse fut récompensée par l'anoblissement (hidalguia) et le changement de nom (apellido) en celui de "tete de vache" ou Cabeza de Vaca et le blason qui va avec.

Escudo jaquelado de oro y gules, bordura de azur, con seis cabezas de vaca al natural.

Un des descendants possibles* de cette lignée est le conquistador Alvar Nuñez Cabeza de Vaca qui survécut durant plusieurs années à l'expedition de Pánfilo de Narváez en 1527. Il revint vers un poste espagnol au mexique en 1535, soit 8 ans passés à vivre avec les indiens.

(*La toponynie espagnole cite un village du même nom.)

edit: correction 1535 suite à remarque qui suit

Ehm... je crois que vous avez fait une erreur sur les dates: cela m'étonnerais qu'il soit resté 308 ans parmis les Indiens !
______________
"Candida pro causa ense candido" Carl Gustav Emil Mannerheim, héros national finlandais (1867-1951)

Correction à 1535. Merci pour l'avoir signalé la faute de frappe. Mes excuses pour ne pas m'en être apperçu seul.

Ils semble surtout qu'on a affaire à un choc frontal entre les deux armées
au grand complet . Deux armées numériquement très importantes ( pour
des sources modernes au moins 100000 Sarrazins et 60000 chrétiens ) .
C'est étonnant car la tactique habituelle des musulmans , moins puissamment équipés mais beaucoup plus mobiles , consistait d'habitude à éviter cela .

Image de la bannière de Las Navas :



Blason de Navarre avec chaînes :

2 m 25

_________________
"Dieu, je te prie que tu fasses aujourd'hui pour La Hire autant que tu voudrais que La Hire fit pour toi s'il était Dieu et que tu fusses La Hire !"

2 m 25 : c'est ce qu'on prétend... et son tombeau et son gisant à Roncevaux sont à cette mesure. A visiter à l'occasion

_________________
m.jo

merci à Goya pour le blason de la Navarre !

_________________
m.jo

Bonjour,

Toujours sur Las Navas de Tolosa, quelqu'un aurait-il des renseignements sur le rôle jouée par l'avant-garde que commandait Diego Lopez de Haro (le nom n'est peut-être pas exact)?

_________________
Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.

Charles Baudelaire

Don Diego López de Haro , seigneur de Biscaye , est le vétéran qui porte
l'étendard royal de Castille à la tête de l'avant garde , placée au centre , et qui commence la bataille ( selon certaines sources des gens d'outre-Pyrénées en font partie ) .
Descendant du plateau , ils chargent à travers la plaine couverte de maquis et de chênes et chênes-liège clairsemés . Les avancées musulmanes se dispersent , et les chrétiens remontent vers les hauteurs oú se trouve la masse des musulmans . Là se produisent les premiers chocs , mais les attaquants traversent cette deuxième ligne et s'en prennent au gros des almohades , qui les contiennent en attaquant vers le bas , avec cris de guerre et bruits de tambours . Don Diego et les siens
tiennent bon au milieu du tumulte , mais les troupes des Conseils ,plus faibles , commencent à céder du terrain . ll est évident que les deux premières lignes chrétiennes étaient dans une situation difficile . En outre elles offraient une cible quasi immobile aux archers et frondeurs d'Al-Nasir .
Alors Alphonse VIII engage la charge décisive de toute son armée (son centre et les ailes commandées par les rois d'Aragon et de Navarre) .
Ils vont arriver à rompre les chaînes et traverser la palissade qui protège
le camp du miramamolin, dont les défenseurs succombent sur place , fidèles à leur promesse . Grand carnage , amoncellement de corps , poursuite épique des fuyards ( certains se réfugient dans les chênes mais sont dégringolés à coups de lances ), puis retour au camp pour s'emparer de toutes les richesses qui s'y trouvent ....
Arriba Santiago !

D'après :
http://www.castillosybatallas.com/presentacion.html

Bonsoir,

Merci pour les renseignements. Je posais la question car j'ai appris cette semaine que l'avant-garde de Don Diégo Lòpez de Haro comprenait un fort contingent de Français, mille hommes tout au plus. Par contre je ne sais guère de quelles régions ils venaient. Une connaissance m'avait longtemps affirmé qu'une source Anglaise parlait d'une avant-garde Française, mais nous n'avons jamais retrouvé la source. Apparemment, tous les Français ne seraient pas repartis avant la bataille, certains seraient restés..

_________________
Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.

Charles Baudelaire