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 Sujet du message : L'artillerie au XV° siècle
Message Publié : 13 Avr 2007 22:22 
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Grégoire de Tours
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Cleon de b.
Je suis en train de lire la bio de Charles VII de Georges Minois.
L'auteur insiste beaucoup sur l'importance de l'artillerie des freres Bureau dans les succès de Charles VII lors de la reconquète de son royaume.
En quoi consistait exactement l'artillerie de cette époque?
100 ans après Crécy, les bombardes avaient-elles fait des progrès si conséquents ?
Si quelqu'un a un site sur ce sujet à me conseiller, je l'en remercie.

Escalibure
lisez contamine: la guerre au moyen age. vous devriez trouver des choses intéressantes

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le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder (Oscar Wilde)


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Message Publié : 30 Avr 2008 17:35 
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Plutarque
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Inscription : 17 Juil 2007 23:11
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Les premiéres piéces utilisées vers 1350 étant formées selon un mode de construction proche de la tonnellerie. Constituées de barre forgées et assemblées par des anneaux. On peut en voir des exemples à l'entrée du mont st Michel si elles sont encore en place. (celà fait trés longtemps que je n'y suis allé) ou à Vienne (Heeresgeschichtliches Museum)
Ces méthodes de construction sont trés rudimentaires et bien évidemment elle ne sont qu'approximativement circulaires, d'ou peu de précision et risques d'explosion du tube. On peut dire sans trop se tromper qu'elles sont plus dangereuses pour ceux qui s'en servent que ceux sur qui on tire (Le canonnier ne devant combattre qu'aprés s'être confessé).
. Elles tirent des boulets en pierre, leur portée est de quelques centaines de métres et explosent aprés 10 à 12 coups!
Au départ elles servent surtout aux siéges sont transportées par chariot et mises en batterie calées dans des affuts construits sur place à partir de madriers qui absorbent le recul.
Il est de ce fait quasiement impensable de les utiliser en campagne, Même si Frossard nous en parle à Crécy; mais Frossard est un grand comteur à prendre avec moult prudence, ce d 'autant plus qu'à l'époque il devait avoir 8 ou 9 ans (éléve surdoué peut être?).
Ceci dit à cette époque les engins anciens, (catapulte, baliste, ou autre) faisaient encore bon ménage avec les nouveau venus qu'étaient ces engins diaboliques et fichtrement bruyants .
Le plus ancien traité connu en français date de 1430 et parait sous le titre de "livre secret de l'art de l'artillerie et la canonnerie". Mais il est en retard par rapport à l'Allemagne, (déjà....!)
C'est au travers des Fréres Bureau et du "Maitre général et visiteur général du roi" à savoir le Sieur Pierre Bessoneau que l'artillerie va à partir de 1450 prendre un tournant décisif en France. Par une exploitation judicieuse et une bonne organisation, Pierre Bessonneau parvient à améliorer la construction (encore hasardeuse), par la mise en place d'affut mobile de campagne, de moyens de pointage. Vers 1450 la coulée apparait en force et remplace la technique des barres de fer cerclées. Mais on continue à forger les piéces de fer en alésant le milieu, on commence à couler le bronze (1450) en prenant exemple sur la technique des cloches cela permet un calibrage plus important dans une seule coulée.
Mais le canon reste capricieux et il faudra attendre le début du 16éme siécle pour arriver à un materiel moins dangereux pour son utilisateur.
Les deux derniéres grandes batailles de la guerre de 100 ans verront l'artillerie Royale agir sur le terrain de maniére efficace, bien que modeste (2 piéces à Formigny) et même décisive (Castillon la bataille)


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Message Publié : 30 Avr 2008 22:19 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 05 Nov 2007 12:53
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On a des traces d'utilisation de canons par des assaillants avant 1438 sur les murs du château d'Orville (pour l'histoire courte de la prise et destruction de ce château par les Français lire le Journal d'un Bourgeois de Paris).


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Message Publié : 01 Mai 2008 9:54 
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Hérodote
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Inscription : 25 Avr 2008 17:08
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Les pièces étaient tellement dangeureuses que le premier tir devait être fait par le maître artilleur (celui qui fabrique la pièce) accompagné de ses assistants. Il prouvait par ce fait que la pièce ne présentait aucun danger. Bons nombres y ont laissé la vie, un peu trop sûr d'eux peut être.

Les premiers artilleurs de l'époque sont des prisonniers de long terme à qui ont leur laissaient le choix (la prison ou l'artillerie). Ceux qui se "portaient" volontaires se retrouvaient derrière une des pièces et devaient tirer leur "400 coups" pour ensuite obtenir une grâce ou une libération certaine.


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Message Publié : 01 Mai 2008 10:11 
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Plutarque
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Inscription : 17 Juil 2007 23:11
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Fylgja a écrit :
On a des traces d'utilisation de canons par des assaillants avant 1438 sur les murs du château d'Orville (pour l'histoire courte de la prise et destruction de ce château par les Français lire le Journal d'un Bourgeois de Paris).



Bien avant, en 1375, la garnison Anglaise de St Sauveur le Vicomte assiégée par Jean de Vienne, compére de du Gesclin sous le régne de Charles V, connu un veritable enfer sous le tir des premiéres bombardes royales.
Le capitaine de la garnison, Sir Thomas Chatterton fut terrifié lorsqu'un boulet vint briser les barreaux de la fenetre de sa chambre avant de ricocher sur les murs autour du lit ou il sommeillait. Ceci l'amena à voir d'un autre oeil les propositions de traiter la redition de la place forte et de la céder aux assigeants moyennant un indemnité.


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Message Publié : 01 Mai 2008 10:14 
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Plutarque
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Inscription : 17 Juil 2007 23:11
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Ritzounet a écrit :
Les pièces étaient tellement dangeureuses que le premier tir devait être fait par le maître artilleur (celui qui fabrique la pièce) accompagné de ses assistants. Il prouvait par ce fait que la pièce ne présentait aucun danger. Bons nombres y ont laissé la vie, un peu trop sûr d'eux peut être.

Les premiers artilleurs de l'époque sont des prisonniers de long terme à qui ont leur laissaient le choix (la prison ou l'artillerie). Ceux qui se "portaient" volontaires se retrouvaient derrière une des pièces et devaient tirer leur "400 coups" pour ensuite obtenir une grâce ou une libération certaine.


Ceci expliquerait peut être pourquoi dans certaines armées les artilleurs n'ont été considérés comme de vrais combattants que tardivement. C'est notamment le cas de l'armée espagnole jusqu'à la fin de la dynastie des habsbourgs


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Message Publié : 01 Mai 2008 10:56 
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Inscription : 21 Nov 2007 14:30
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Localisation : Normandie
Bonjour

Concernant la fiabilité :

A propos de l'explosion de pièces d'artillerie, voici une anecdote tirée de la Chronique dite scandaleuse pour l'année 1478 : "Plusieurs officiers du roi (Louis XI) en son artillerie firent assortir une grosse bombarde qui en ladicte année avait été faicte à Tours, pour illec essayer et esprouver... Laquelle fut chargee pour la premiere et la tira très bien... Fut ordonné par les dessudits que encore seroit chargée de nouveau, et que de rechief seroit tiree pour seconde fois... Et fut faite charger et bouté sa boule qui pesoit cinq cens livres de fer, dedans la gueule d'icelle bombarde, à laquelle gueule estoit un nommé Jehan Maugue, fondeur, qu'icelle bombarde avoit faite. Laquelle boule en roullant au long de la vollee contre le tampon de la chambre de icelle bombarde se deschargea incontinent, sans scavoir comment le feu y vint. A cause de quoi elle tua et meurdrit et mist en diverses pieces ledit Mauge, et jusques à quatorze aultres personnes de Paris, dont les testes, bras jambes et corps estoient portez et gettez en l'air en divers lieux."

L'auteur termine, si ma mémoire et bonne, en racontant que le boulet va tuer à bonne distance de là, un pauvre oiseleur qui marchait dans un champ. Il y a d'autres cas fameux, comme l'explosion de la bombarde The Lion qui tue le chef canonnier de l'un des rois d'Ecosse (de mémoire James IV Stuart). Il y avait même une prière spécifique du canonnier qui était assez éloquente sur les risques encourrus. Je dois en avoir le texte quelque part, mais dans mon foutoir...

Mais la fiabilité s'est quand même accrue avec le temps. Les grandes lignes sont :

- Premières armes de petit calibre type pot de fer de Walter Milimete Image et bombarde de Loshult http://homepages.tig.com.au/~dispater/lgehlp_1300.JPG vers 1320-1330.

- augmentation des calibres. Technique dite "du tonneau" pour les fûts avec douves cerclées de fer. Chargement général par la gueule mais avec tentatives de chargement par des boites à poudre (cassettes) au niveau de la culasse. Création des premières armes géantes.

- Vers 1400 : Mise au point du procédé de granulation de la poudre. Le salpêtre, le souffre et le charbon de bois n'étaient jusqu'alors pas liés entre eux, ce qui générait des dificultés de transport, mais aussi de rendement (mauvaise combustion). Efficacité accrue.

- Première moitié XVe : pièces moulées selon la téchnique des fondeurs de cloches. Armes géantes avec des calibres énormes. On parle de pièce de 35 000 livres, voire si ma mémoire est bonne de 70 000 livres pour un canon au duc Antoine de Brabant. Ca nous donne des engins (parfois encore selon le système du tonneau) comme Mons Meg http://en.wikipedia.org/wiki/Mons_Meg ou sa soeur Dull Griet (Margot l'Enragée), conservée sur une place de Gand Image. Voir le site http://www.blikschade.be/index.php?nav=4&exnav=2

- Vers 1450, notamment sous l'impulsion des frères Bureau, mise en place de pièce plus petites, annonçant déjà le calibrage, donc des pièces d'artilleries adaptées aux boulets, mais aussi mise sur place sur des affûts mobiles, ce qui signifie une utilisation plus souple.

- Sous Charles VIII, l'artillerie française permet un triomphe rapide pendant la guerre de Bretagne. Elle surprend les Italiens pendant la première attaque sur l'Italie. Les textes Italiens se font l'échos de la supériorité de l'artillerie française (notamment Guicciardini). Les canons en bronze sont alors ceux qui seront en usage à la Renaissance. Ils sont standardisés, déjà produits en série. Le boulet et le fût sont parfaitement adaptés. La puissance destructrice est optimale (pour l'époque) avec des boulets en fonte, les cadences de tir sont soutenues. C'est aussi la raison pour laquelle il faut inventer un autre type de fortification, capable de résister à ces armes dévastatrices.

Il y a au musée de l'Armée (Invalides), disposées sous les galeries de la cour d'Honneur, quantité de pièces intéressantes. Les plus anciennes pièces "normalisées" datent de Louis XII, même s'il y a des armes plus anciennes, mais du type gros canon ou simple veuglaire, voire mortiers. J'en ai plusieurs centaines de photos, mais je ne sais toujours pas mettre en ligne mes propres clichés :-|

Cordialement

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"Ci falt la geste que Turoldus declinet"


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Message Publié : 08 Mai 2008 18:05 
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Plutarque
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Inscription : 15 Juin 2007 10:41
Message(s) : 198
Localisation : Reims
Dans Les Merveilles de la sciences de Louis Figuier (vers 1860) vous trouverez plusieurs chapitres importants qui traitent des poudres de guerre, de l'artillerie ancienne et moderne et des armes à feu portatives.
L'artillerie ancienne et moderne traite des armes à feu de leur origine jusque vers 1860; la partie médiévale y est bien détaillée.
Ces sujets me paraissent traités sérieusement et de façon approfondie bien que ce soit de la vulgarisation. Il y a de nombreuses gravures mais je ne sais pas si elles ont une grande valeur de vérité.
Ces ouvrages se trouvent facilement dans les bibliothèques municipales.

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Ars longa vita brevis


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Message Publié : 08 Mai 2008 18:36 
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Plutarque
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Inscription : 17 Juil 2007 23:11
Message(s) : 153
Si on habite Paris rien ne vaut la visitee de la cours interieure du musée de l'armée ou sont exposés pas mal de piéces de cette époque. On pourra voir les originaux en restant quelque peu reveur sur l'inconscience des artilleurs de l'époque.


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Message Publié : 11 Mai 2008 21:35 
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Inscription : 29 Déc 2004 22:10
Message(s) : 396
Localisation : Guyenne
A lire (ou relire) le journal du siège d'Orléans (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102284m); l'emploi de l'artillerie y est quasi-quotidien, et l'on s'amuse à lire les sobriquets qu'on donne aux canons. L'usage de ces armes est laissé à des "professionnels", et l'on peut admirer l'adresse des artilleurs, notamment ceux qui tuèrent Salisbury ou Lancelot de l'Isle; une fois, un boulet enleva la chaussure d'un homme, sans le blesser !

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Mes Collections de Monnaies


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Message Publié : 14 Juil 2008 11:47 
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Hérodote
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Inscription : 13 Juil 2008 19:20
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Concernant l'artillerie médiévale et Renaissance, lire l'excellent fascicule de Renaud Beffeyte édité chez Ouest France (6 euros je crois) il est le spécialiste européen de la question, ayant lui même reconstitué et fait fonctionner bon nombre de machines de jet en particulier (le trébuchet du Loch Ness pour ceux qui connaissent, c'est lui) grâce à des plans et des factures de transport détaillées retrouvées par lui au cours de longues mais brillantes recherches.
Point de catapultes à l'époque médiévale, la catapulte a disparu en même temps que tombait l'Empire romain et son ingénierie, c'est par ailleurs une machine au fonctionnement sans rapport avec les machines de jet médiévales: le principe de la catapulte est basé sur celui de l'arc et de la cuillère, celui des machines médiévales sur celui du contrepoids et de la fronde géante avec la famille des mangonneaux et des trébuchets et autres couillards.
On peut en voir des reconstitutions à Tiffauges, Castelnaud (ville de Beffeyte) et à Saint Brisson sur Loire dans le Loiret, mon sujet de master, c'est d'ailleurs parfois moi qui présente les démonstrations de tir à boulets réels sur trois machines de jet (mangonneau, couillard, pierrière) et une machine d'artillerie à poudre XVIe, une cerbatanne, petit calibre employée pour défoncer les portes.

Voilou B)


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