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L'armée Bretonne
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Auteur :  C.Douville [ 05 Nov 2005 1:41 ]
Sujet du message :  L'armée Bretonne

Bonjour,

A la fin de la guerre de cent ans, les Bretons ont apporté une aide non négligeable à la reconquête du royaume de France. Ils ont notamment contribué aux succès de Formigny et de Castillon. J'aimerai alors connaître la composition de cette armée Bretonne, comment était-elle constituée, quel était son recrutement, les soldats de Richemont étaient-ils vraiment des Bretons de souche ou bien étaient-ils originaires d'ailleurs ? Merci.

Auteur :  Igor [ 23 Nov 2005 19:28 ]
Sujet du message : 

Bonsoir

Quelques renseignements sur l'armée bretonne à la fin du Moyen-Age.

L’armée bretonne est connue à partir de 1450. Il y a tout d’abord l’ordonnance c’est-à-dire l’armée permanente, divisée en compagnies (chacune regroupe théoriquement 100 lances). Une lance c’est 6 hommes, autour du cavalier lourd appelé hommes d’armes. Il est accompagné par 2 archers et 3 auxiliaires (un coutillier, un valet et un page). Sous le règne de François II (1458-1488) le duc a 200 lances. C’est une petite armée en temps de paix qui équivaut à 1 000 hommes. En temps de guerre les effectifs varient entre 400 et 800 lances. A côté existent quelques unités spécialisées : la garde du corps du duc, sous François II elle compte 50 hommes d’armes, 150 archers et 15 coutilliers. C’est une troupe d’élite. Il y a aussi un corps d’une centaine d’artilleurs payés très chers. Ils viennent des Pays-Bas et d’Allemagne. Enfin on peut rajouter les morte-paye c’est-à-dire de vieux soldats affectés à la garde d’une ville ou d’une forteresse (ils perçoivent une demi-solde).

Ensuite vient l’arrière-ban. Ce sont les hommes contraints de servir car ils tiennent un fief du duc (nobles, tenanciers non nobles). Ce ne sont pas des professionnels de la guerre. Ils n’ont aucune expérience. A partir de Pierre II (1450-1457) le service est proportionnel à la taille du fief. Celui dont le revenu du fief équivaut à 60 livres par an doit venir seul, avec son cheval, un arc et une brigandine (armure légère). C’est la petite noblesse. Quand on a 300-400 livres de revenus, il faut venir avec une armure complète et une lance (moyenne noblesse). En tout cela représente environ 10 000 hommes. Mais c’est théorique car il y a des problèmes d’encadrement et d’entraînement. Ces gens n’ont aucune expérience militaire (ce sont des civils). L’arrière-ban est donc une force militaire relativement faible. Les petits nobles ne répondent pas à l’appel du duc car ils n’ont pas assez de revenus. Il y a également des défections dans la grande noblesse. A l’inverse la mobilisation est forte dans la moyenne noblesse, mais son équipement est en mauvais état.

Enfin le duc utilise aussi les milices (ou réserves) populaires. La première mobilisation a lieu en 1425 avec les francs archers de Bretagne. Ce sont des fantassins. Ils ne paient pas d’impôt. On recrute un franc-archer pour 20 feux. On comptabilise 2 000 franc-archers en 1425. Arthur de Richemont (duc de 1457 à 1458) a exporté ce système en France. Les archers doivent être grands (au moins 1,80 m), ils s’entraînent au tir au papegaut. Sur le champ de bataille les franc-archers se débandent très vite. L’institution est renouvelée en 1480 avec les bons corps. Ce sont des hommes solides, sélectionnés dans les paroisses par des comités de recrutement.
Puis viennent les mercenaires étrangers envoyés par les alliés de la Bretagne. Ce sont des professionnels de la guerre mais ils ne sont pas attachés à la cause bretonne. De plus ils coûtent très cher car c’est le duc qui les paie.

--> L’armée bretonne est donc très hétéroclite.

Concernant le commandement : le duc est commandant en chef de l’armée bretonne. Mais le vrai chef est le maréchal de Bretagne, c’est un personnage important. Il passe les soldats en revue, reçoit les serments, s’occupe de la justice militaire avec le prévôt. Il y a ensuite les capitaines nommés par le Prince auquel ils doivent obéissance. Le capitaine doit commander la compagnie et recruter ses hommes. Le duc a le monopole du recrutement. Pour le contrôle, les hommes doivent montrer leur équipement. C’est la montre, avec en plus la revue de montre. Tous les hommes sont payés par le trésorier des guerres. La solde des Bretons équivaut à celle des Français. Les soldats de l’armée permanente qui sont bien placés dans la hiérarchie sont également bien payés.

La marine de guerre bretonne a un amiral mais très peu de véritables navires de guerre. On utilise en temps de guerre des navires marchands sur lesquels sont installés des canons et des combattants. Jusqu’aux années 1480 l’armée de mer est provisoire. Ensuite le duc fait construire de gros navires à Brest (de 800 à 1 000 tonneaux). Il y a 2 Cordelière. Finalement cela ne représente que quelques bâtiments. L’amiral est un grand seigneur qui vient de Basse-Bretagne. Il possède 3 à 4 navires, est bien payé et a des droits sur les navires naufragés. A partir de 1425 est mis en place un service à terre de garde-côte. On sonne le tocsin ou on allume des feux pour alerter la population.


D'après les cours de M. Jean Kerhervé, grand spécialiste de la Bretagne ducale.

Auteur :  C.Douville [ 23 Nov 2005 20:43 ]
Sujet du message : 

Bonsoir,

Je vous remercie pour cet exposé vraiment intéressant. A Formigny, Richemont aurait combattu avec pas moins de deux cent lances et huit cent archers.

a+

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