Bonjour,
Bartholoméo a écrit :
La théorie "surviviste" est défendue par Michel Lamy dans un de ses livres édité en Livre de Poche.
Je ne suis pas fan de l'auteur et de ce genre d'énigmes historiques en règle générale, mais là, force est de constater que les arguments apportés sont plausibles et parfois bien déroutant, à tel point que la théorie elle même est crédible. Je pense que ce qui gêne le plus c'est le fait qu'on remette en cause la théorie officielle en cause. Après que Jeanne d'Arc ait fini sa vie tranquillement plutôt que sur un bûché, historiquement parlant, on s'en fou un peu. C'est plus du côté symbolique que ça coince, à cause de tout le remu ménage qui a été fait autour du personnage de la Pucelle. Imaginez par exemple les problèmes de crédibilité pour l'Eglise, si on adoptait officiellement la thèe "surviviste".
Je me souviens qu'un prof de fac nous en avait parlé, pour lui il n'y avait aucun doute sur le fait que Jeanne d'Arc n'ait pas été brûlée. Par contre une autre prof refusait même d'aborder ce sujet sous prétexte que "si on commnce à tout remettre en cause, on ne croit plus à rien et on n'avance pas"...
Chacun est donc libre d'avoir sa position sur ce sujet, mais la théorie officielle elle, n'est pas prête de changer ni même d'être débattue à mon avis...
Jeanne d'Arc est un de ces événements de l'histoire qui font fleurir périodiquement un nouvel ouvrage dont l'auteur prétend avoir découvert la vérité. En fait, ces "chercheurs" remâchent des thèses déjà largement examinées.
Je le dis comme je le pense : les survivistes, c’est-à-dire ceux qui prétendent démontrer que le bûcher de Rouen (et toute l’histoire de Jeanne d’arc) n’était qu’une supercherie et que Jeanne d’Arc n’a pas été brûlée, ne disposent d'aucun élément factuel qui permettrait d'affirmer quoi que ce soit à l'appui de leur thèse. Cela fait longtemps qu'on n’a rien trouvé de neuf au sujet de la fausse Jeanne d'Arc : ni documents nouveaux, ni preuves… ce qui n'empêche pas les survivistes de publier régulièrement un nouveau livre sur ce thème et généralement sur un ton qui donne l'impression que "l'histoire officielle" nous a tous roulés et qu'ils viennent de découvrir la vérité, eux !
En somme, on a d'un côté les historiens "classiques", comme Régine Pernoud par exemple, qui s’en tient aux sources avérées et qui fait preuve de la plus grande prudence lorsqu’elle se risque à émettre une hypthèse (Cf son livre « Jeanne d’Arc – la reconquête de la France » et "Jeanne d’Arc" dont elle est co-auteur avec Marie-Véronique Clin) et, en face, des chercheurs comme Michel Lamy, avec son "Jeanne d’Arc", passionnant lui aussi, et qui prétend "démontrer" beaucoup de choses.
En fait, ce livre de Michel Lamy (dont on a parlé ici :
Jeanne d'Arc par Michel Lamy) est essentiellement construit sur des suppositions. Et de supposition en hypothèse, et avec des renforts de "coïncidences troublantes" (des mots qu'il affectionne particulièrement), il donne l'impression qu'il "démontre" quelque chose et peut affirmer in fine que "
oui, la Dame des Armoises est bien la Pucelle d’Orléans" (page 425).
Mais Michel Lamy méconnaît ou oublie certaines archives d'époque, qui existent réellement, qui pourraient mettre à mal la thèse surviviste qu'il défend :
Ces documents sont les suivants :
Les comptes de la ville d’Orléans
Ils donnent, le 28 octobre 1436, le détail d’un voyage accompli par un messager, Cœur-de-Lys, à qui la ville a versé 6 livres "
pour un voyage qu’il a fait pour la ville par devers la pucelle qui était à Arlon au duché de Luxembourg, et pour porter les lettres qu’il apporta de Jeanne la pucelle à Loches par devers le roi qui là était" . Entre temps, le frère de Jeanne d’Arc, Jean, est venu à Orléans et à Loches pour attester que sa sœur était en vie.
En 1439, Robert des Armoises étant mort, Jeanne tente de nouveau sa chance à Orléans.
Les comptes de la ville indiquent qu’elle y fut reçue officiellement le 18 juillet 1439. On lui verse une forte somme d’argent et on prépare un dîner en son honneur. Dans le registre de la ville, on peut lire "
Pour 8 pintes de vin dépensées à un souper où étaient Jean L’Huillier et Thévenon de Bourges pour ce qu’on le croyait présenter à ladite Jeanne, laquelle partit plus tôt que le vin fût venu".
Ainsi, Jeanne des Armoises a quitté Orléans avant le dîner servi en son honneur . Pourquoi ? Etait-ce parce que le drapier L’Huillier avait connu la vraie Jeanne d’Arc (c’est lui qui lui avait fourni la huque de drap vert offerte par Charles d’Orléans après la levée du siège) ou parce que la venue du roi Charles VII était annoncée à Orléans pour ce même mois de septembre 1439 ?
Les chroniques dites du doyen de Saint-Thiébaut de Metz.
Une première version de ces chroniques raconte la venue en Lorraine de "
la Pucelle Jeanne qui avait été en France", ajoutant qu’elle se faisait alors appeler Claude. Il donne des détails sur la venue de ses deux frères, Pierre et Jean, qui "…
croyaient qu’elle avait été brûlée. Mais lorsqu’ils la virent ils la reconnurent et elle aussi les reconnut".
Mais dans une deuxième version de cette chronique, l’auteur écrit ceci : "
En cette année vint une jeune fille laquelle se disait la Pucelle de France et jouant tellement son personnage que plusieurs en furent abusés, et par espécial tous les plus grands". Après avoir reçu des cadeaux par les uns et les autres (une épée, un cheval, une armure) elle épouse un chevalier, Robert des armoises et s’installe à Metz.
Le «Formicarium», manuel d’inquisition rédigé par un l’inquisiteur alsacien Jean Nider, prieur des dominicains de Nuremberg, qui y raconte comment deux de ses collègues se disputent le siège épiscopal de Trèves. Il y est écrit que Jeanne des Armoises, "
se glorifiant de pouvoir et de vouloir, comme la vierge Jeanne l’avait auparavant pour le roi Charles de France, introduire l’un des deux. Bien plus, cette même Jeanne se disait suscitée par Dieu."
Nider raconte ensuite comment elle eut maille à partir avec l’inquisiteur de Cologne, qui la cita à comparaître. Là, Jeanne émerveille l’assistance avec des tours de passe-passe, comme de briser un verre et déchirer une nappe qui réapparaissent intacts. Nider termine son récit en indiquant qu’elle épousa un chevalier, dont il ne donne pas le nom.
Le "
Journal d’un Bourgeois de Paris", dont l'auteur nous apprend que Jeanne ou Claude des Armoises s'est rendue à Paris, où elle aurait avoué son imposture devant l’Université en 1440.
Ensuite, plus aucun document ou chronique n’évoque Jeanne des Armoises.