Friedrich II Von Hohenstaufen, « stupor mundi ».

Le jeune Frédéric Roger naquit dans la famille royale des Hohenstaufen en l’an 1194. Petit-fils de Frédéric Barberousse, il reçut de sa mère le surnom de « Constantin ». Ce surnom faisait référence à cet empereur romain du IVème siècle dont la particularité fut, à la différence de ses prédécesseurs, de renoncer à la religion romaine polythéiste, lui préférant la religion chrétienne. A posteriori, il est frappant de constater que ce nouveau « Constantin » avait une logique toute autre. Benoist-Méchin ne s’y trompe pas en commençant sa biographie de Frédéric par une référence à l’empereur Julien, à qui il avait consacré une biographie précédente. Car Frédéric II sera, sa vie durant, un bien mauvais chrétien, au point d’être à plusieurs reprises excommunié par le pape.
Disposant du pouvoir temporel sur le Saint empire romain germanique, Frédéric rencontre sur sa route un adversaire à sa hauteur, l’Eglise. Celle-ci n’entend aucunement renoncer à ses prérogatives spirituelles. Frédéric se veut le successeur des empereurs romains et entend bien que la fonction impériale de souverain pontife, pontifex maximus, lui revienne. Or celle-ci a été récupérée par l’évêque de Rome depuis le Vème siècle, évêque qui est devenu au fils des siècles le pape, gardien de la foi catholique. Dès lors, l’affrontement était inévitable. A cet aspect politique s’ajoute une autre dimension. Frédéric II en effet n’est pas un roi très chrétien. C’est avant tout un humaniste, pétris de culture classique. Il discute avec des savants byzantins, dont beaucoup ont conservé les textes sacrés du paganisme antique, et aussi avec des savants musulmans. Pire encore, il est considéré comme au mieux athée ; il aurait parlé de Moïse, Jésus et Mahomet comme de « trois imposteurs », adoptant une philosophie résolument antimonothéiste. Frédéric parle le latin, le grec, le français et l’arabe, accueille à sa cour les savants de toute l’Europe et du monde musulman. Il est passionné de science, d’astronomie, de médecine, mais aussi de poésie et surtout de philosophie. Il est passionné par Aristote mais n’hésite pas à le critiquer.
Byzance prise en 1204, Frédéric II renonce à la tradition monarchique byzantine pour se tourner vers la romanité ancestrale. Il se fait ainsi représenter en toge romaine à la manière de l’empereur Auguste, et sous une effigie de Jupiter Capitolin. Tout cela est plus qu’aggravant aux yeux de l’Eglise.
Celle-ci est une force qui compte à cette époque et, quelle que soit la pensée véritable de l’empereur, il se doit de la ménager. C’est ainsi qu’il part pour une croisade en Orient mais, au lieu de guerroyer, il préfère faire la paix avec les musulmans, ce qui est un crime aux yeux du pape. De plus, des musulmans font partie des corps d’élite de l’empereur.
Philosophe, il entend forger une nouvelle cité impériale, dont on peut penser qu’elle aurait été inspirée de la cité platonicienne, qu’il baptise du nom de Victoria, nom de la déesse romaine de la victoire. C’est donc un empereur au sens fort et la papauté doit lui céder, ce qu’elle ne fait pas.
Sous l’égide de l’empereur Frédéric, la Sicile devient le carrefour de l’Europe et les sciences s’y épanouissent, au point de faire refuser les mythes chrétiens. L’empereur lui-même, féru d’anatomie, pratique la dissection ce qui est formellement interdit par l’Eglise.
Frédéric reçut ainsi un nouveau surnom, bien plus adapté que ce « Constantin » de sa jeunesse, « Stupor mundi », la stupeur du monde. En plein XIIIème siècle, Frédéric rejette la tradition chrétienne au profit de la tradition antique revivifié par ses soins. Il se met à dos l’Eglise et les aristocraties d’Italie qui tiennent à leurs privilèges, alors que lui veut ramener à la vie l’empire romain. A une époque de grande intolérance religieuse, il accueille toutes les fois dans son palais, catholique romaine, orthodoxe byzantine, musulmane et même juive. Passionné de médecine, il profite des connaissances de l’Inde, de la Perse et de la Grèce par l’intermédiaire de savants musulmans qui s’en étaient faits les interprètes. Frédéric annonce, plus de deux cents ans à l’avance, ce que sera la grande Renaissance du XVème siècle.

Tom Stahler

J'apprécie beaucoup Friedrich II. C'était un empereur visionnaire qui s'entourait de gens de nombreuses civilisations, ce qui enrichissait son savoir. Il a aussi été un souverain tolérant envers les Juifs et les Arabes.
J'ai vu son tombeau soutenu par des lions à Palerme.
Je crois que c'est le seul empereur Hohenstaufer qui ne repose pas à Speyer (je n'y était encore jamais).
Je crois qu'il était deux fois durant sa vie en Allemagne.

F.

Tiens, saviez-vous que Pierre Boulle (celui du Pont de la rivière Kwaï et de la Planète des singes, si si) lui a consacré un livre ? Et c'est une étude historique, pas un roman : "L'étrange croisade de l'empereur Frédéric II", Flammarion, 1968.

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Friedrich II a-t-il fait une croisade?

F.

Oui.

Son voeu de croisade reprenait celui de son grand-père (Frédéric Barberousse) et de son père (Henri VI).

Ses atermoiements pour partir au lendemain de son échec devant la résistance des communes lombardes en 1225 le plaçaient en mauvaise posture vis-à-vis d'une papauté qui espérait, par ce départ, desserrer l'étau que faisait peser le souverain sur ses États temporels.

Ayant trop louvoyé avec le pape Grégoire IX, Frédéric II finit par être excommunié. Et c'est là l'un des paradoxes de la croisade de Frédéric II : un souverain qui a épousé la fille du roi de Jérusalem part en Orient excommunié. Or, grâce à sa connaissance de l'arabe, il entre en relation avec le sultan d'Égypte et obtient sans combattre la restitution de la Ville sainte avec le Saint-Sépulcre au traité de Jaffa (1229).

Scandale pour les chrétiens qui ne peuvent concevoir la reconquête de Jérusalem que les armes à la main ! Et de plus par un excommunié !

Frédéeric II fut relevé de l'excommunication à son retour, mais ses relations avec la papauté furent désormais inscrites dans un climat de méfiance.

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Merci pour vos informations. Comme vous semblez comprendre l'allemand, vous devez surement connaître le poème de Ludwig Uhland:
Als Kaiser Rotbart Lobesam,
Ins Heilige Land gezogen kam,
Da kam er mit dem grossen Heer,
In ein Gebirge wüst und leer...

Fialin

Je comprends un peu l'Allemand, en effet, mais je ne connais pas ce poème... pas plus que le poète Ludwig Uhland...

Et qu'arriva-t-il quand l'empereur à la barbe rousse parvint avec son armée dans cette montagne désertique et vide ?

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Ludwig Uhland (1787-1862) est un poète allemand assez connu, même s'il n'atteind pas le génie de Goethe. Parfois on doit lui reprocher un peu trop de patriotisme. Mais ses poèmes me plaisent beaucoup.
Celui-ci je le connais par coeur. Avez-vous compris les premières strophes? Kaiser Rotbart Lobesam est naturellement Barberousse.

Fialin

Tiens, puisqu'on parle de poèmes allemands sur Barberousse, est-ce que quelqu'un connaît celui qui commence par "Der alte Barbarossa" et fait de lui une Belle au bois dormant ou un Rip van Winkle, je veux dire qu'il dort pour des siècles et que son réveil sauvera l'Allemagne ? J'ai oublié le nom de l'auteur, mais j'avais lu ça il y a longtemps...

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S'agit-il de ce poème de Friedrich Rückert ?

1.Der alte Barbarossa,
Der Kaiser Friederich,
Im unterird'schen Schloße
Hält er verzaubert sich.

2. Er ist niemals gestorben,
Er lebt darin noch jetzt;
Er hat, im Schloß verborgen,
Zum Schlaf sich hingesetzt.

3. Er hat hinabgenommen
Des Reiches Herrlichkeit
Und wird einst wiederkommen
Mit ihr zu seiner Zeit.

4. Der Stuhl ist elfenbeinern,
Darauf der Kaiser sitzt;
Der Tisch ist marmelsteinern,
Worauf sein Haupt er stützt.

5. Sein Bart ist nicht von Flachse,
Er ist von Feuersglut,
Ist durch den Tisch gewachsen,
Worauf sein Kinn ausruht.

6. Er nickt als wie im Traume,
Sein Aug' halb offen zwinkt,
Und je nach langem Raume
Er einem Knaben winkt.

7. Er spricht im Schlaf zum Knaben:
Geh hin vors Schloß, o Zwerg,
Und sieh, ob noch die Raben
Herfliegen um den Berg!

8. Und wenn die alten Raben
Noch fliegen immerdar,
So muß ich auch noch schlafen
Verzaubert hundert Jahr.

Je trouve que le poème d'Uhland est beaucoup plus amusant:

Als Kaiser Rotbart lobesam
Zum heil'gen Land gezogen kam,
Da mußt er mit dem frommen Heer
Durch ein Gebirge wüst und leer.
Daselbst erhub sich große Not,
Viel Steine gab's und wenig Brot,
Und mancher deutsche Reitersmann
Hat dort den Trunk sich abgetan;
Den Pferden war's so schwer im Magen,
Fast mußte der Reiter die Mähre tragen.

2. Nun war ein Herr aus Schwabenland,
Von hohem Wuchs und starker Hand,
Des Rößlein war so krank und schwach,
er zog es nur am Zaume nach;
Er hätt' es nimmer aufgegeben,
Und kostet's ihn das eigne Leben.
So blieb er bald ein gutes Stück
Hinter dem Heereszug zurück;
Da sprengten plötzlich in die Quer
Fünfzig türkische Ritter daher.

3. Die huben an auf ihn zu schießen,
Nach ihm zu werfen mit den Spießen.
Der wackre Schwabe forcht sich nit,
Ging seines Weges Schritt vor Schritt,
Ließ sich den Schild mit Pfeilen spicken
Und tät nur spöttisch um sich blicken,
Bis einer,dem die Zeit zu lang,
Auf ihn den krummen Säbel schwang.

4. Da wallt dem Deutschen auch sein Blut,
Er trifft des Türken Pferd so gut,
Er haut ihm ab mit einem Streich
Die beiden Vorderfüß' zugleich.
Als er das Tier zu Fall gebracht,
Da faßt er erst sein Schwert mit Macht,
Er schwingt es auf des Reiters Kopf,
Haut durch bis auf den Sattelknopf,
Haut auch den Sattel noch zu Stücken
Und tief noch in des Pferdes Rücken;
Eur Rechten sieht man wie zur Linken,
Einen halben Türken heruntersinken.

5. Da packt die andern kalter Graus;
Sie fliehen in alle Welt hinaus,
Und jedem ist's, als würd' ihm mitten
durch Kopf und Leib hindurchgeschnitten.
Drauf kam des Wegs 'ne Christenschar,
Die auch zurückgeblieben war;
Die sahen nun mit gutem Bedacht,
Was Arbeit unser Held gemacht.

6. Von denen hat's der Kaiser vernommen.
Der ließ den Schwaben vor sich kommen;
Er sprach: "Sag an, mein Ritter wert!
Wer hat dich solche Streich' gelehrt?"
Der Held bedacht sich nicht zu lang:
"Die Streiche sind bei uns im Schwang;
Sie sind bekannt im ganzen Reiche,
Man nennt sie halt nur Schwabenstreiche."

copié à partir de http://www.acronet.net/~robokopp/Lieder/alskaise.html. Écrire en récitant par coeur prend trop de temps .

Fialin

J'adore le personnage de Frederic II ! Plusieurs fois excommunié et détesté par le Pape, c'était un homme ouvert et de grande culture ! Les Cathares esperaient son intervention, mais celle ci ne viendra hélas jamais (Frederic avait sans doute suffisament de problemes de son coté) ! C'était aussi un mystique qui réunissait des savants et alchimistes Arabes, Juifs et autres dans son mysterieux chateau magique de "Castel del Monte" en Sicile !

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VIVE L'EMPEREUR !!!
Hypolite.

Certains racontent que Friedrich II de Hohenstaufen avait un "harem" dans son palais. Qu’en est-il réellement ?

Jamais entendu parler de ca, mais on a dis tout et n'importe quoi sur Frederic II !

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VIVE L'EMPEREUR !!!
Hypolite.

Il est toujours facile de prétendre des choses quand les sources sont rares...

Fialin