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L'essor urbain du Moyen Age
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Auteur :  Fannette [ 06 Mars 2006 12:00 ]
Sujet du message :  L'essor urbain du Moyen Age

bonjour à tous, je suis en train d'étudier l'essor urbain entre le XI° et le XIII°s . Auriez-vous quelques informations à ce sujet ? merci d'avance. :D

Auteur :  Romeo [ 07 Mars 2006 12:15 ]
Sujet du message :  Quelques informations

Une fois les Normands, les Sarrasins, les Hongrois éliminés ou établit, les européens ont enfin put retravailler et défricher les forêts avec l'aide du clergé.
Avec le développement de l'agriculture de nombreuses villes furent créées, offrant tout ce dont les agriculteurs peuvent avoir besoin (marchés, etc...)
En Italie, on assite au formidable développement de Venise et et de Gènes, grandes cités commerciales, bien protégés par la mer, ainsi que Milan et les villes Toscanes.
En France, les villes avaient une certaine indépendance face aux Rois et aux seigneurs, (communes), pas mal de paysans vinrent s'y réfugier et ces villes devaient être très riches quand on voit les superbes cathédrales qui y furent construites.
Il en alla de même dans une mesure différente en Allemagne.

La présence de monarchies solides (France, Angleterre, Espagne, Byzance dans une certaine mesure) a dut établir un sentiment de confiance qui a contribué à l'essort urbain.

Auteur :  Helios [ 16 Mai 2006 18:58 ]
Sujet du message :  Re: Quelques informations

Romeo a écrit :
La présence de monarchies solides (France, Angleterre, Espagne, Byzance dans une certaine mesure) a dut établir un sentiment de confiance qui a contribué à l'essort urbain.

A l'inverse en Italie, l'absence de souverain, ou plutôt son caractère très lointain, a joué comme facteur de développement des villes, en tant qu'acteur politique, mais aussi, de pair, démographiquement.
Depuis la fin du Xè siècle, l'empereur germanique est aussi roi d'Italie. Royaume qu'il gouverne très indirectement, par l'intermédiaire d'évêques qui, contrairement aux féodaux, résident en ville, et s'entourent rapidement d'une cour. C'est de cette cour que naîtront les hommes faisant émerger la commune à la faveur de la régression du pouvoir impérial entre la fin du XIè et le milieu du XIIè siècle.

Certes, apparition d'une commune ne signifie pas essor urbain, mais les deux mouvement sont liés. Les villes s'affirment comme des puissances politiques parce qu'elles sont déjà des puissances démographiques et inversement cette autonomie politique est facteur de développement urbain.
L'espace le plus urbanisé de l'Europe est, de loin, l'Italie. Seules les Flandres peuvent rivaliser de ce point de vue. En 1300, quatre des cinq plus grandes villes d'Europe sont italiennes. Un citadin européen sur trois est italien.

J'ai pour ma part une question : comment expliquer l'incroyable essor urbain des Flandres et l'autonomie importante de ces villes? Y a-t-il des raisons politiques, économiques, formant là un terrain particulièrement propice?

Auteur :  Ungern [ 16 Mai 2006 20:04 ]
Sujet du message : 

Ce n'est pas mon domaine Je donne "mon avis" ,rien qu'un avis .

Les Flandres étaient situées à la croisée des chemins Nord-Sud et Est-Ouest de l'Europe .
Point de vue commercial elles étaient idéalement situées .
L'industrie drapière a pu se développer assez facillement (matière première + clientèle + main d'oeuvre .

L'industrie drapière est le premier stade de développement économique : il est possible à cette époque de passer du stade "artisan" au stade "pré-industriel" moyennant une mise de fonds "raisonnable" et grâce à un saut intellectuel et technologique "raisonnable" lui aussi .
(Ce ne sera pas du tout la même chose au stade suivant celui de l'acier... ) .

Le féodal jusqu'ici est habitué à voir se développer une ville et la capitalisation de ses sujets suivant un concept grossièrement "linéaire" : la richesse globale augmente en fonction de la taille de la population,ce qui se traduit en termes de surfaces cultivées (nous sommes encore à une époque où la surface cultivée était fonction du nombre de cultivateurs et non une constante indépendante de l'effectif global de la population) .

L'arrivée de l'industrie transforme certain de ses sujets en "possédants" .
Pour a première fois la richesse n'est pas fonction de la surface de la terre possédée ,mais du savoir technologique .
Le savoir technologique est une notion "inaccessible" aux féodaux,et donc ils doivent admettre qu'une autre classe de la population se développe ,d'autant plus qu'elle lui rapporte etne le gène pas (du moins dans un premier temps....).

De toutes façons,la richesse quelle qu'elle soit est à la fois un bienfait et une malédiction (voir à ce sujet le problème du pétrole découvert dans les pays pauvres,versus le même pétrole découvert dans des pays riches) .
Bref le "féodal" si il veut survivre à la fois vis à vis de sa population qui explose socialement et vis à vis de ses voisins qui commencent à sérieusement lorgner sur ce qui se passe chez lui,il doit "lacher du lest",et laisser se développer le commerce,l'industrie et la ville,en échange de taxes qui à leurs tour servent au développement du commerce,et au développment de la force militaire (avec la bénédiction de tous,car sans celà c'est l'invasion assurée) .

Tous les ingrédients sont réunis pour que la cité progresse,à la fois en termes d'effectifs,mais aussi d'organisation sociale et politique .

Auteur :  Yongle [ 01 Fév 2011 12:29 ]
Sujet du message :  Re: L'essor urbain du Moyen Age

Bonjour à tous,
Faisons revivre tel le poenix les anciens sujets qui auraient parfois mérité un autre sort que l’abandon (et en plus cela évite les doublons ;) ) ;
«le taux d’urbanisation à 10% environ de l’ensemble de la population européenne (sans la Russie) vers 1300»alors qu’en Italie le taux d’urbanisation y atteignait de la sorte un pourcentage très élevé, qui s’établissait entre 20 et 25%. Ce qui ne nous empêche pas de relativiser ce mouvement d’urbanisation car, même en Italie, avant la peste noire, on à 75 % de ruraux. Prenez cela comme un clin d’œil, mais c’est à l’époque (ou à peu près)où la question de ce fil a été posée que la population urbaine a égalée la population rurale…
«Quantifier, de manière même grossière, l’ampleur et le rythme de la croissance démographique des villes médiévales entre le XIe et le XIIIe siècle est à l’heure actuelle une entreprise vouée à l’échec, faute de disposer des outils méthodologiques appropriés.»Eh oui, l’indigence des sources de cette époque nous contraint à une extrême prudence dans nos assertions.
«Il convient avant tout de démonter les mécanismes variés des processus d’urbanisation, d’en identifier les différents promoteurs et de mettre en évidence leurs motivations pour comprendre comment les villes, confrontées aux flux – partout énormes – de populations nouvelles, spontanés ou suscités selon les cas et les périodes, ont résolu le problème, comment, en d’autres termes, elles ont construit leurs patrimoines immobiliers pour répondre à la demande massive de nouveaux logements.»
l’expansion urbaine italienne a donc été en partie spontanée mais on n’est pas encore (si tant est qu’on puisse l’être un jour) sur de ses proportions. L’autre partie semble avoir été contrôlée par les propriétaires fonciers tant religieux que laïques pour conforter leur emprise sur le « popolo ». À partir du XIIIe siècle le mouvement communal a su prendre les devants en matière de rationalisation urbaine. Intervention tardive, l’urbanisation avait largement pris son essor avant ce mouvement ; en plus des exemples comme Vérone montrent qu’il n’a pas toujours été si actif que ça.Dans un premier temps, les pouvoirs communaux ont délaissé l’ aspect purement urbanistique pour s’intéresser aux conséquences juridiques et social de l’essor des villes.C’est vrai que la nature des contrats en vigueur entre les propriétaires et les habitants pouvaient être aliénants(pensez aux contrats de type emphytéose) .Sinon, il y a des communes qui, limitaient les futurs abus des propriétaires alors que d’autres allaient encore plus loin édictaient carrément des planifications urbaines : XIIe siècle,l’ouverture à Bologne des deux faubourgs de Saragozza et de Barberia (1117-1118) semble être le premier cas documenté d’une planification urbaine organisée par les organes municipaux.La plus importante dans ces proportions se trouve au XIVe siècle à Assise (oui, oui celle de Francisco) qui a littéralement annexé une portion de terrain considérable autour de l’enceinte romaine pour y imposer une politique de lotissements contrôlée(et bien contrôlée ! Je peux vous en donner les détails si vous voulez, vous allez rigoler) par la commune.
Ce qu’il faut retenir, c’est l’importance des grands propriétaires fonciers (ecclésiastiques ou laïques) dans les débuts de l’urbanisation italienne. La part de ces propriétaires, comme la part des ecclésiastiques dans ces propriétaires est variable et indéterminée.
Les communes, presque de manière autoritaire, ont rétabli la balance d’une manière qui leur paraissait plus juste ou plus susceptible de pérennité. Comme d’habitude, les sources sont plus nombreuses quand elles sont plus récentes.
Ce que vous trouvez entre guillemets est tiré d’un article d’Étienne Hubert(directeur de recherche à l’ EHESS et spécialiste en Histoire et archéologie de l’occupation du sol et du peuplement dans les pays de la Méditerranée occidentale au Moyen Âge, principalement en Italie : formation des espaces et des territoires ruraux et urbains en relation avec l’histoire des pouvoirs, de l’économie et de la société.Son article est intitulé«La construction de la ville Sur l’urbanisation dans l’Italie médiévale», il est d’une clarté agréable et je le conseille à qui s’intéresse au sujet.
A vous et bien à vous.

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