Alain.g a écrit :
Isidore a écrit :
Citer :
Chez les musulmans, le tout religieux a été un empêchement au développement industriel, il fallait se référer au Coran qui ne permettait pas d'innover car le texte révélé devait être respecté.
J'ai quelques doutes quant à cette approche quand même. La corrélation entre les deux me parait un peu hardie. En effet les spéculations philosophiques ou bien mathématiques, biens plus risquées et innovantes, ont trouvé une belle place dans la vie intellectuelle de l'aire musulmane médiévale.
Braudel explique bien l'arrêt brutal en islam au 12è siècle du "progrès scientifique et philosophique, la puissance de la vie matérielle" après un âge d'or (grammaire des civilisations).
Mais c'est Landes qui précise le mieux la raison de cet arrêt brutal de la science islamique: " La science islamique dénoncée comme hérésie .. s'inclina devant des exigences théologiques de conformité spirituelle. Pour l'islam
la vérité avait déjà été révélée.Tout ce qui pouvait ramener à cette exigence était utile et acceptable. le reste n'était qu'erreur et tromperie .
Landes s'inspire de Hoodbhoy, Islam and Science. Il cite l'interdiction durant un temps de l'imprimerie aux musulmans, les juifs et les chrétiens impriment à istambul.
Ce n'est qu'une opinion bien sur mais elle me parait vraisemblable.
L'église catholique n'a pas toujours été favorable de son côté au progrès et c'est en s'en libérant qu'est née la Renaissance et une nouvelle économie basée sur le profit et le capitalisme, lit-on parfois. Thèse controversée.
Les religions monothéistes en désacralisant la nature, ont permis de la réifier et donc d'en faire un objet d'étude. Après, il me semble que selon les matières, l'institution religieuse fut plus ou moins tolérante. Les mathématiques, par leur abstraction extrême, n'ont pas entraîné, il me semble, les foudres des instances religieuses, alors que l'astronomie, qui touchait à la Création, était un domaine périlleux,
Giordano Bruno, un peu plus tard, le paiera de sa vie.
La réforme grégorienne (
voir le très bon article de Florian Mazel, dans L'Histoire n°318, novembre 2012) au début du 11eme siècle contribuera à distinguer le monde de clercs, du monde des laïcs, et contenait en son sein, la future sécularisation du monde. En terre d'islam, il me semble que cette séparation entre politique et religieux n'existent pas vraiment, le calife se confondant avec le chef temporel. Cette séparation stricte, chez les catholiques, entre espace profane et espace sacré à contribuer à libérer les énergies humaines.
Par contre, cette même réforme grégorienne, en faisant le ménage en son sein et créant une véritable bureaucratie ecclésiastique, assujettie à
Rome, à contribuer, aussi, à plus de répression envers les savants. Sous la pression du pape, l'évêque de
Paris,
Etienne Tempier, va condamner, le 7 mars 1277, 219 erreurs que certains étudiants des arts de
Paris font, une condamnation, d'après
Gimpel, qui va freiner le progrès scientifique à
Paris.
Il apparaît que les périodes du 10eme, 11eme et 12eme siècles étaient assez "libérales", avec des philosophes comme
Daniel de Morley ou
Pierre de Blois, qui ne jurent que par la raison et la connaissance des Anciens, et qui ont bénéficié, certainement, d'une administration catholique permissive car trop faible.