Jean-Marc Labat a écrit :
J'ai voté pour Philippe Ier qui a eu un des plus long règne de la monarchie (48 ans !), et aussi un des plus vide. Il n'a participé à aucun des grands mouvements européens de son temps, a fait semblant de s'agiter un peu dans sa jeunesse avant de s'éteindre et de laisser le temps s'écouler. Heureusement, son fils commencera vers 1100 à donner les coups d'épée qui nettoieront le domaine Capétien de ses barons-brigands.
Mon propos n'est pas de contester ce choix mais de relativiser ce qui peut-être dit au sujet de Philippe 1er, ce roi que l'on nous présente toujours comme un gros homme sensuel vautré dans un lit.
Or, Philippe 1er n'est pas resté inactif, bien au contraire. Il est le premier rassembleur de terre proprement dit, terres qu'il n'acquiert pas par les armes mais le plus souvent par la diplomatie, en marchandant sa neutralité. Ainsi fait-il du Gâtinais et du Vexin Français et, par le biais du mariage de son frère (mariage qu'il a lui-même arrangé) du Vermandois. Il tentera toujours de semer des embûches à son vassal Guillaume le Conquérant, conscient de la puissance grandissante de ce dernier.
Peut-on lui reprocher de ne pas avoir participé à la 1ère croisade ? S'il l'avait fait, il eut été le seul souverain présent, avec les risques que cela sous-entend. La croisade de Louis VII ne fut pas une réussite et son prestige s'en ressentit. La captivité de Saint Louis lors de la 6éme croisade couta très cher au Royaume. Ne parlons pas de la 7éme... Mais, tout de même, Philippe 1er s'y fit représenter par son frère Hugues de Vermandois.
Enfin, il lutta pendant 12 ans contre la papauté pour imposer Bertrade de Montfort en qualité de reine et légitimer leur union. A l'époque où il s'agit de déterminer les limites du pouvoir spirituel face au pouvoir temporel, Philippe 1er relève le défi... pour perdre finalement, certes, mais lutte tout de même 12 ans ! Il ne s'agit donc pas là du tableau d'un prince mou que les chroniqueurs, généralement des moines, donc partisans en l'espèce, nous dresseront, mais d'un roi qui défend à la fois ses prérogatives et la légitimité de sa descendance.
Enfin, Philippe 1er avait toujours préferé l'ordre de Saint Benoît sur Loire à celui de Saint Denis... Ces derniers, omniprésents sous le règne de Louis VI le Gros, abaisseront la silhouette du père pour mieux rehausser celle du fils et de son conseiller Suger, moine de... Saint Denis.