LibiusPerseus a écrit :
Châtillon a écrit :
Je l'ignore précisément. Le roi devait venir à Rome demander pardon au pape avant le 1er juillet ou 1er aout, je ne sais plus.
Ah d’accord. Je n’avais pas compris qu’Henri III devait se rendre à Rome directement. Si l’échéance était fixée au 1er juillet ou même au 1er aout, ça veut dire qu’il n’a pas respecté le délai accordé puisqu’il est mort le 2 aout.
Ce serait donc logique que l’excommunication s’applique. Mais, est-ce que son application est automatique ou est-ce que le pape doit la prononcer officiellement ? Et, dans le second cas, l’a-t-il fait ? Si ça se trouve, Sixte Quint est passé à autre chose en apprenant la mort d’Henri III et ce dernier s’est retrouvé dans un statut pas clairement défini. Il reste aussi cette histoire comme quoi la reine Louise aurait obtenu la levée de l’excommunication mais je ne sais pas si on peut s’y fier.
Pas étonnant qu’on trouve tout et n’importe quoi sur ce sujet.
Un grand merci pour ces éclaircissements en tout cas.
C'est une question compliquée, car quelques années avant le pape reconnaissait au roi certains "privilèges", et le fait qu'Henri III se soit fait absout sur son lit de mort pour les exécutions des Guise devrait avoir fait en sorte que Henri III soit mort en règle. Le pape reconnaissait en effet au roi que l'absolution de tout péché, même les plus graves, pouvait être administré par n'importe quel religieux, le roi étant Lieutenant de Dieu il n'avait pas à rendre compte au pape, mais à Dieu seul. Sachant que pendant le sacrement du pardon le prêtre ne sert que de personne intermédiaire qui signifie le pardon divin, Henri III, en théorie, a été pardonné par Dieu (pour les croyants). Le monitoire du pape ne signifie pas l'excommunication immédiate (
grosso modo se sont des conditions assortis d'un
ultimatum), mais quoiqu'il en soit le pape se contredisait lui-même, sachant qu'il reconnaissait aussi au roi de France le droit de juger les ecclésiastiques; l'excommunication du pape est surtout un acte politique, car le roi avait exécuté le cardinal, dans sa lettre il dit qu'il a jugé bon de décider lui-même l'exécution (principe de justice retenue, le roi étant le juge suprême du royaume), et que plusieurs théologiens affirmèrent le droit au roi de pouvoir juger et prononcer une peine de mort contre un religieux (même évêque) s'il est prouvé qu'il conspiré contre le prince.
Les Ligueurs voient un assassinat sacrilège, et les espagnols voient un moyen de de débarrasser d'un roi qui n'a cessé de vouloir amoindrir la puissance du Roi Catholique, notamment avec politique ambigüe concernant les Pays-Bas (le frère du roi n'est pas officiellement soutenu par le Henri III, mais il y voit deux avantages: on éloigne Monsieur le Frère qui est un élément perturbateur dans la politique du royaume, et on enquiquine les espagnols), l'intervention française aux Açores (qui se terminent serte en échec), et l'attitude attentiste et en tout cas non hospitalière envers l'Armada (Henri III refuse que la flotte espagnole mouille en France avant l'assaut de l'Angleterre).