Je cite le professeur Jacques Heers, qui écrit ceci dans son livre "
Le clan des Médicis" (Ed. Perrin; 2008) :
Jacques Heers a écrit :
A quelques années d'intervalle, plusieurs clans de l'aristocratie florentine, les Donati, les Frescobaldi et les Strozzi avaient lancé leurs hommes de main, parents, seguacci ou manasdieri, aussitôt suivis par une foule de petites gens accourus à la rumeur, contre la Seigneurie: combats sanglants, dérobades lamentables, affaires d'un jour. Cependant, l'une de ces émeutes provoquées par les grands, le « tumulte des ciompi », a, en 1378, généré non une tyrannie comme le voulaient les conjurés, mais la mise en place de nouveaux modes de désignation des magistratures. Pour quatre années, pas davantage.
Alors que personne n'avait tenté de définir ce mot de ciompi, sans équivalent ailleurs, et d'en donner une traduction moderne nuancée, certains auteurs en ont fait des prolétaires, travailleurs opprimés, dressés en foule contre les puissants qui les exploitaient. Les textes de l'époque parlent d'un tumulto mais, eux, traduisent tumulte par révolte, alors qu'échauffourées, vacarmes et bagarres conviendraient mieux.
Certes, la société, dans Florence, n'était nullement égalitaire, ni vraiment harmonieuse, assurant à tous le bonheur ou le droit au bonheur. A n'en pas douter, la hiérarchie des conditions et des fortunes s'y affichait importante et de grands écarts séparaient les puissants, chefs des grandes familles et des compagnies marchandes ou bancaires, des petits artisans et des compagnons des métiers. Mais les structures politiques, les solidarités, les groupes capables d'agir ou de peser sur le destin politique ne furent à aucun moment le reflet de ces différentes conditions sociales.