mandarin a écrit :
La Renaissance : pourquoi tout a commencé en Italie à Florence ?
De 1220 à 1346 :
- Milan, encore médiévale, est en train de se constituer en duché autour des Visconti.
- Naples, monarchie féodale, est enlisée dans les problèmes de succession dynastique.
- Rome ne s’est pas encore relevée de l’exil des papes en Avignon.
- Venise, puissante, riche et volontiers conservatrice, reste fidèle à la tradition byzantine.
- Il ne reste plus donc que Florence qui détient idéal républicain fort. La ville n’échappe pas au climat de guerre civile qui règne partout en Italie et qui voit s’opposer Guelfes (partisans du pape) et Gibelins (partisans de l’empereur). Mais l’idéal républicain qui anime Florence favorise la dé-féodalisation de l’administration et l’émergence d’une haute conscience politique. Le taux de scolarité y est le plus élevé d’Europe.
De nouveaux chantiers vont être possibles. Forte de ses recettes fiscales (l’équivalent de 4,13M d’euros en 1338) et de l’esprit civique de ses 90000 habitants, la commune se lance dans une politique de grands chantiers religieux (cathédrale, campanile) et civils (palais du Bargello, Palais de la Seigneurie) sur lesquels vont se former de nombreux artistes.
L’humanisme franciscain est diffusé dans la ville à partir du prestigieux ensemble du couvent de Santa Croce. L’esprit du poverello, comme on appelait saint François, débouche sur une approche plus “sentimentale” et humaine de la religion. Le message sacré n’est plus véhiculé par une image figée comme une icône. La vie du Christ, sa Passion et sa résurrection sont anecdotiquement racontés comme une expérience à laquelle le fidèle est convié à participer. Giotto et ses élèves, mais aussi des écrivains comme Dante, Pétrarque, et Boccace rendent compte, chacun à leur manière, de cette nouvelle spiritualité qui repositionne l’homme face à Dieu et à sa création.
Les cités-États du Trecento
L’extraordinaire développement industriel, commercial et bancaire dont bénéficient la Toscane et le nord de l’Italie favorise l’émergence de cités-États où l’art a pour mission de servir les intérêts religieux et d’exalter l’idéologie des nouvelles classes au pouvoir. C’est dans ce contexte que s’épanouissent à Florence et à Sienne les deux plus grandes écoles de peinture du Trecento. De plus en plus, ce sont les “cités” qui deviennent les véritables foyers permanents de création artistique: l’invention picturale s’y développe en même temps que s’y fixent les ateliers de maîtres parfois prolifiques. Vers la fin du siècle, après un ralentissement général de la production due à la Peste noire (1348) et à la retentissante faillite des banques Bardi et Peruzzi, en 1346, ruinant la plupart des vieilles familles florentines, les initiatives proviennent des milieux lombards et véronais. Le phénomène est évidemment lié à l’expansion des communes au cours du Trecento: les cités, gagnant et défendant leur autonomie politique et économique, se transforment en foyers de culture, où l’art a pour charge, en particulier, l’exaltation du gouvernement local et de son esprit. La culture picturale, fondée déjà sur des traditions propres et spécifiques, acquiert une diversité organisée selon les cités, et les régimes politiques à l’intérieur desquels travaille l’artiste. On avait un art religieux lié, dans sa spiritualité et son iconographie, aux grands ordres commanditaires ; c’est un art laïc qui naît, intimement lié aux cités qui l’organisent maintenant. À Sienne, nous trouvons l’expression de ce sentiment civique dans les fresques d’Ambrogio Lorenzetti, où est représenté pour la première fois un milieu caractérisé par l’activité humaine dans la ville et dans la campagne. C’est à cette époque, qui prirent une importance croissante les “associations de métiers”, appelées “arti” (corporations). L’image que la ville veut donner d’elle-même, symbole de son importance et de son identité, se manifeste dans le souci du décor urbain et de la viabilité. Des architectes célèbres son nommés par les communes pour donner un visage nouveau à l’espace citadin : on érige des remparts et des palais neufs, on construit des cathédrales, on voit surgir de monumentales fontaines publiques, des loges de marchands, des niches pour images sacrées.
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Vie de saint François : Saint François chasse les démons d’Arezzo, fin du XIIIe siècle, Giotto et son atelier, (Assise, basilique San Francesco, église supérieure). La ville est ceinte de murs surmontés de tours qui protègent l’homme médiéval de ses innombrables peurs. L’espace extérieur à la ville est un espace dangereux, habité par les démons et les forces du mal. Ici, Giotto représente seulement les édifices civils de la ville, avec en face, une église aux dimensions gigantesques qui témoigne de la sainteté des deux personnages. La porte délimite le passage de la ville à la campagne. Son aspect a une grande importance et des sculpteurs, des peintres, des maîtres verriers participent à sa construction. Elle est souvent décorée d’images augurales et commémoratives. Les remparts, reconstruits surtout au XIIIe siècle, deviennent le symbole de la puissance de la cité.bien à vous