Jean-Claude a écrit :
Antoine NOUIS, "La prédestination, impossible et fondatrice",
Réforme, n°3177, 25 mai 2005.
http://www.reforme.net/archive2/article ... 7&ref=1505Je comprends mieux d'où vous tirez vos théories et cette position partisanne. Vous nous donnez-là un site de prosélytisme protestant qui montre donc obligatoirement une image idyllique de cette religion. Je pourrais vous proposer des centaines de liens à la gloire du catholiscime, de l'église romaine et du Pape. J'espère au moins que vous vous rendez compte que la source que vous citez n'est pas objective. Si ce n'est pas le cas, je pense que votre capacité d'analyse est très compromise et dès lors une vision équilibrée de l'histoire est impossible.
Il n'y a d'autre assurance de salut que dans la volonté divine et cela quelle que soit la famille chrétienne dont nous parlions. La prédestination, au XVI ème siècle, inscrite dans la Réforme ne se veut pas une exemption complète de toute rectitude morale dans le comportement terrestre de ses adeptes, tout au contraire. Elle indique que la voie d'un individu est tracée par sa foi et que celui-ci doit s'y tenir le plus strictement possible. Le salut passe donc par la foi et cela entraine une obédience totale à la volonté de Dieu qui lui trace le chemin.
Si la structure et le poids de l'église protestante sont bien évidemment moins lourds que dans celle romaine, les textes saints restent et tout croyant est tenu de s'y plier à la lettre. La libération est effective vis à vis du Clergé et par voie de conséquence des hommes, notamment des puissants, mais elle s'arrête devant les paroles de Dieu que des livres, écrits et manipulés par des hommes, énoncent. On comprend tout de suite que la différence est finalement très ténue entre les deux églises sinon que la partie clergé est beaucoup plus réduite. C'est surtout cela qui fit tous les conflits entre religion; le clergé, et le pouvoir qui s'y appuyait, étant parfaitement hostiles à l'idée.
Pour revenir à la prédestination, elle n'exclut pas l'Enfer. Cette question est un dilemme permanent car si Dieu est amour pourquoi intègre-t-il le péché et le mal ? L'Enfer est présent dans les textes saints, comment le situer exactement dans la notion de prédestination et de salut ? Car ce que vous omettez de dire c'est que le destin d'un homme peut s'écrire en bien mais également en mal. La damnation en fait partie et ainsi un individu peut passer son existence à souffrir ou à faire du mal. Cet aspect des choses est beaucoup moins attractif, vous l'avouerez, et pourtant nous constatons tous les jours qu'il est très présent. La vie n'est pas toujours merveilleuse et je pense que les contemporains de Calvin s'en étaient aperçus. Ils adhéraient cependant à la Réforme, non pour un seul espoir de salvation après leur mort, mais bien pour une vie meilleure moins soumise aux hommes puissants (clergé et noblesse). Je signale au passage que l'espoir de salvation, de vie éternelle, d'un Dieu d'amour est commune à tous les chrétiens. Un catholique ne vit pas dans l'angoisse comme vous le répétez à foison. Il espère aussi que, dans une vie conforme à la volonté de son Dieu, il atteindra le salut et le paradis. Si son attitude terrestre est conforme, il y parviendra. Le calvinisme est plus "automatique" pour offrir ce salut à ses croyants mais le comportement terrestre doit être encore plus droit et plus strict.
Vous savez, je crois, comme je l'ai déjà expliqué dans une autre de mes interventions, que la condition terrestre est plus importante que celle céleste dans une adhésion à la Réforme. Sortir du joug du clergé, et ainsi un peu de la noblesse, est vraiment le but recherché. La notion de "république" est très souvent évoquée que ce soit à Genève, à La Rochelle ou ailleurs et associé à la Réforme. La libération dont nous parlons ici se situe plus dans ce concept que dans celui d'une condition meilleure après la mort. Réduire l'expansion du protestantisme au simple salut post-mortem est extrêmement réducteur, même s'il peut être un facteur marginal. Une meilleure condition, plus de justice, plus d'équité, un monde plus près de la parole du Christ, une certaine liberté, et tout ceci dans la vie, ont été, à mon avis, beaucoup plus mobilisateurs.