Mina a écrit :
D'ailleurs, comment définiriez-vous la distinction entre noblesse (les individus au "sang bleu") et tiers état dans la France d'ancien régime? Ici aussi, il existe un phénomène d'exclusion/différenciation issu de l'ascendance, mais peut-on pour autant parler de racisme?
C'est vrai, j'avais pensé à votre objection, sans savoir comment y répondre.
En effet, je me suis basé sur le fait que le "sang" prenait plus d'importance que la croyance religieuse dans l'Espagne de la Renaissance. Mais comme vous le dites, l'exemple de la noblesse montre que faire une distinction sur le sang n'est pas forcément du racisme.
Peut-être que quand la distinction sur le sang rejoint des divisions entre groupes religieux, culturels ou physiques différents, alors on entre dans le racisme. Ici, s'agissant de juifs, on pourrait admettre qu'il y a une sorte de conception raciale qui apparaît.
D'ailleurs, il se peut qu'une distinction sociologique où l'asendance, donc le sang, joue beaucoup, dérive en une certaine forme de racisme. Je pense par exemple à la théorie selon laquelle les nobles français descendaient des Germains et les roturiers des Gaulois. Mais il est vrai qu'on est là au XVIIIè siècle et les choses ont changé.
La Renaissance est à mon sens un moment où va pouvoir émerger le racisme, même si je suis bien d'accord que ce terme n'a pleinement de sens qu'à partir du XVIIIè siècle. La découverte de l'Amérique va faire se poser la question : les Indiens sont-ils des hommes? Et alors, le polygénisme (pourtant non-conforme à la Bible) va pouvoir émerger. C'est l'époque où l'on commence à déporter les Noirs outre-atlantique et, même si cette traite n'a rien de raciste, elle est en partie un facteur de l'apparition du racisme.
Ainsi l'obsession de pureté de sang qui prime en Espagne sur la considération religieuse me parait être l'un des premiers balbutiements du racisme. Ceci dit, j'admets que le poids de l'ascendance joue à cette époque dans beaucoup de domaines qui ne relèvent aboslument pas du racisme.