Je vais essayer de décrire le procédé de la technique de la peinture de façon simple et méthodique:
I- le support Au XVI°, il existe différents types de supports: _La fresque, dite technique a fresco, qui consiste à appliquer les pigments sur une préparation encore humide (tout l'intérêt de la technique réside dans la rapidité d'exécution). _Le panneau de bois, encore pratiqué au XVI° dans les pays germaniques pour les retables mais en nette récession en Italie. Cette oeuvre, confiée au charpentier comprenait parfois le panneau et le cadre dans une même structure. Le choix du bois dépendait principalement des espèces locales et s'avère souvent bien pratique pour déterminer l'origine d'une oeuvre: Tilleul/sapin/chêne pour les pays germaniques, majoritairement chêne pour les pays nordiques, la France mais aussi l'Espagne qui en importait, peuplier pour l'Italie. La peinture sur toile, d'abord très coûteuse au début se généralise au XVI° en Italie et au XVII° dans les pays germaniques, parallèlement à l'émergence du mécénat privé(le retable, sur bois étant plus approprié pour le décor d'église, moins pour le tableau de collectionneur).
II- La couche préparatoire C'est là que la différence entre la technique italienne, qui utilise surtout la tempera jusqu'au début du XV° et le monde germanique est la plus marquée: _Italie: on applique sur le panneau du gesso (un mélange d'eau, de colle et de craie) en appliquant des couches de plus en plus fines (du gesso grosso au gesso sotile). _Flandres: contrairement à la légende, Van Eyck n'a pas inventé la technique de la peinture à l'huile mais l'a améliorée. Le panneau est donc enduit d'un mélange de colle de peau et d'huile (le mélange sec italien ne supporterait pas la peinture à l'huile grasse).
_Les toiles quand à elles sont enduites de colle de peau afin d'unifier la surface, puis d'une première couche picturale de fond, la couleur étant plutôt dans les tons clairs ou foncés selon les époques ou les modes ou selon l'ambiance qu'on voulait donner à la toile.
Il y a parfois eu des tentatives de techniques mixtes consistant à appliquer une couche de colle par dessus du gesso pour pouvoir utiliser de la peinture à l'huile mais les résultats ne furent pas probants.
III- Le dessin sous-jacent
Au XVI° émerge le notion de dessin préparatoire, allant de pair avec un goût de l'antique que l'on copie allégrement, le papier devient l'outil indispensable du peintre en formation comme du peintre confirmé préparant son tableau. Le papier à l'époque comme à la fin du XIX° siècle est principalement constitué de chiffons mis en charpie et reconstitués sous presse avec de la colle L'outil pour tracer sur le papier, mais également sur la toile/le panneau dépend de l'époque, de la région, du type de support mais également du goût personnel du peintre: sanguine (utilisé entre autre dans les dessins de Léonard), fusain, stylet, mine d'argent (rarement utilisé en raison de son caractère irréversible après le tracé,apprécié néammoins de Raphaël), mine d'argent, mine de plomb, encres (métalogaliques ou sépia=surtout utilisés pour les tableaux plutôt que pour les dessins, présente l'inconvénient d'être invisible aux ultraviolets).
IV- La couche picturale
Une fois le dessin tracé, le peintre (et son équipe s'il s'agit d'un atelier) peut appliquer les pigments (broyés auparavant par les apprentis, la notion entre artiste et artisan commence à peine à se préciser au XVI°). Ces pigments sont mélangés, selon le support et la préparation: _ à de l'oeuf: il s'agit alors de ta technique de la tempéra _ à de l'huile: c'est la peinture à l'huile
Les pigments étaient choisis selon la couleur que l'on désirait obtenir et selon la préciosité que l'on désirait obtenir: bleu: cobalt, indigo,pastel, lapis-lazuli (pour les commandes de grand prestige)... rouge: kermès (très prestigieux),cochenille,garance... jaune: orpiment, safran... vert: malachite(très cher), végétaux divers... brun: racines, écorces, bitume...
Bien que cette technique tende à disparaître au XVI° siècle, de la dorure était parfois appliquée sur les compositions avant la pose de la couche picturale: On appliquait d'abord du bol d'arménie, une sorte d'argile rouge permettant à l'or d'adhérer à la structure du panneau. L'or était ensuite appliqué par la technique de la feuille d'or ou plus fréquemment de l'or coquille. La dorure était par la suite parfois poinçonnée pour rendre l'ensemble plus orné et plus raffiné(conformément au goût gothique international de la fin du XV°).
V- Les glacis et vernis
Une fois les différentes couches picturale posées, les peintres appliquaient des glacis, des couches colorées transparentes permettant des finitions plus soignées. Cette technique était utilisée uniquement dans la technique de la peinture à l'huile, la tempéra exigent une pose rapide et ne supportant pas trop de superpositions de couches. Ces glacis étaient composés principalement de pigments et d'un excipient de type aqueux voir proche de la térébentine.
Une fois la couleur finalisée la toile était, à partir du XVII° souvent vernie afin de la protéger. De nombreuses toiles ont également été vernies a posteriori. Le souci de ces vernis étant leur forte tendance à noircir et donc d'abîmer le rendu de la toile voir la toile elle-même, ces vernis étant souvent délicats à retirer, voir complètement fusioné avec les pigments colorés, ce qui aboutit parfois à des pertes irrémédiables.
_________________ Comme Agatha Christie, j'ai décidé d'épouser un historien, comme ça plus je vieillis et plus il m'aime.
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