Arturus Rex a écrit :
Je ne sais pas si le roi gouverne, je pense plutôt qu'il règne, tranche... mais surtout qu'il a su s'entourer des meilleurs, nobles ou pas (Séguier, Phélypeaux, Colbert). De toutes les façons Aristocratie n'appartient pas au vocabulaire de l'époque classique, je suis bien d'accord là-dessus, donc à quoi reviendrait de méconnaître l'étymologie - quel que fût le mot !
aristocratie ne fait pas partie du vocabulaire de l'époque classique? Surprise! s'il est vrai que c'est l'époque de l'Ancien régime où le plus grand nombre de familles refusent de se dire bourgeoises répétant qu'elles vivent noblement et se plaignant - pour finir- d'être traités en inférieurs par les gentilhommes. Les solidarités à l'intérieur du groupe social se découvrent dans leur opposition aux "anoblis". Relisons Roland Mousnier pour qui il est extrêmement difficile de "devenir" gentihomme analysant avec une rare finesse la quasi impossibilité de tracer des limites entre les ordres tant il y a imbrication. Les les plus hauts degrés d'un ordre inférieeur se trouvant dans la réalité sociale quotidienne au dessus des derniers degrés de l'ordre immédiatement supérieur. Il faut donc bien, et c'est aussi l'avis de G.Lefevre pour la région d'Orléans au 18es, comme celui de Goubert dans le Beauvaisis de la fin du 17e s, repérer les noyaux sociaux et constater leur hiérarchie, chacun de cers noyaux étant entouré d'une nébuleuse d'individus. On se trouve donc dans une situation ou chaque ville chaque pays
a sa propre stratification sociale ( ainsi la haute bourgeoisie d'une ville moyenne plutot ville d'industrie serait la "moyenne" de Toulouse ou de Bordeaux . Dans un "ordre" donné les différents " Etats" ne sont pas identiques selon les lieux et les temps. Ainsi une famille de noblesse immémoriale ( donc coeur de l'aristocratie) repousse-t-elle par sa seule présence dans un pays donné les familles approchant ou souhaitant se fondre avec la noblesse puiqu'il lui sera impossible de se fondre avec la
gentilhommie l dans la région et la zone d'influence de cette " famille immémoriale". L'aristocratie ou la gentilhommie ( il est vrai plus employé dans notre période) ne s'acquièrent pas elle est
de naissance. L'anoblissement se fait lui par ordre du roi d'où vient la maxime que " le roi peut faire un noble non un gentilhomme". Il y a quelque chose de profondément "raciste" ( au sens de la distinction des races) dans la gentilhommie ( que d'ailleurs ne permet pas l'étymologie du terme "aristocratie" qui se borne à offrir une définition sociale en partant du "meilleur" c'est-à-dire du mieux vivant noblement si j'ose dire).
Pour les contemporains de cette réalité sociale . Quoiqu'on dise, des familles fortunées parviennent bien à s'
agréger à l'ancienne gentilhommie leur statut social ne change finalement pas le statut
anthropologique de cette famille si elle change son statut juridique par les exemptions de diverses natures accordées au second ordre. Relisons la description que Saint-Simon fait de l'alliance que fait Alpin de Béthune avec jeanne fille de Jouvenel
dit des Ursins. La permanence des "aristocraties" doit aussi beaucoup au choix politique. Ainsi celui de la dynastie ducale bretonne des Montfort de faire prédominer l'aristocratie locale depuis les guerres civiles du milieu du 14 e s. Les grandes familles baroniales y étaient encore nombreuses ( il faut ajouter que ce gouvernement aristocratique favorisa l'accès ainsi que la progression dans l'ordre de la noblesse par la création "d'ordres" princiers de chevalerie utilisé avec souplesse ( ordre de l'Ermine, ordre de l'Epi)
S'il existe une sociologie de l'aristocratie il en existe également une géographie. La bretagne du nord dominée longtemps par l ancienne famille des Penthievre jusqu'à la confiscation de leurs biens pour trahison et la distribution des chatellenies, seigneureries, evechés etc...aux parents et Féaux de FrançoisV.
Nous sommes donc au coeur d'une controverse sur les ordres et les états : Le débat sur les ordres est bien au contraire dominant au 17e s ( v. le traité des ordres de Loyseau)
La vérité est que les historiens contemporains sont dans l'incapacité de répondre à la double question pourquoi et comment de mouvement d'accession des classes inférieures à la noblesse ( Mousnier et M.Bloch se posent la question) .G.Lefevre, lui, en 1962 souligne dans ses
Etudes orléanaises que la noblesse des "raffineurs de sucre" étaient tout à la fois niée par l'opinion publique ainsi que par les assemblées de la noblesse. Le coeur de la question est bien la réussdite ou l'échec d'une usurpation