Bonjour,
J'aurais aimé avoir quelques éclaircissements et informations par rapport au voyage d'Henri III en Italie durant l'été 1574.
En effet, à la mort de son frère Charles IX, il quitte précipitamment le trône de Pologne pour occuper celui de France, mais il ne rentre pas directement en France et s'attarde quelques semaines en Italie, notamment à Venise et Turin. Je n'ai trouvé que très peu d'informations par rapport à son périple italien et j'aurais aimé obtenir plus de précision vis à vis de celui-ci, ses buts et ces faits marquants (si il y'en a eu) et surtout si ce voyage a eu des conséquences et de l'importance sur le monarque et son règne (au niveau personnel, politique...).
Voila, si vous avez quelques idées la dessus ou des livres à conseiller, ce serait avec grand plaisir!
amicalement!

Je ne sais pas si ce livre çi vous sera visible et c'est en italien
http://books.google.com/books?id=2QUKAA ... ry_s&cad=0

Henri III a souvent été critiqué sour son lent retour à la France, mais pour mettre ça en contexte
- Il a aussi pris beaucoup de temps à arriver en Pologne - c'est un long voyage
- Au retour , c'était soudainement un souverain très puissant - avec la Pologne et la France aux deux extêmités de l'Empire.
- Tous les pays visités lui faisient l´ honneur de la maison - une chose très importante et rare - les souverains quittaient rarement leur pays. Et la grandeur des fêtes - au moment d'une visite étrangère - était une mesure importante, de l'estime du pays pour la nation en visite. Les ambassadeurs rapportaient souvent à ce sujet - une petite fête c'était une insulte.

Il s'est retardé à Vienne avec l'Empereur qui souhaitait le marier à sa belle-soeur veuve , Elisabeth d´ Autriche.

A Turin, il fallait parler des Montmorencys, parents de la famille royale savoyarde et des Valois. Après tout, Francóis de Montmorency et Cossé étaient emprisonnés et Damville s'était enfui ..

Venise, c'était une puissance maritime qui avait des relations diplomatiques avec tout l´ Europe au 16e et depuis longtemps, on a tendence à oublier ça de nos jours, puisque cette ville n'est plus une république de inédpendente de nos jours, et il fallait essayer de soustraire Venise au sphère Habsbourg.

L'une des raisons de son passage en Italie, qui rallonge sa route, est l'hostilité de l'Allemagne à son égard. Certains allemands, solidaires des protestants français, n'étaient pas favorable à ce monarque catholique. D'autres allemands avaient été choqués que le français se soit porté candidat au trône de Pologne et ait finalement emporté l'élection au détriment de leur candidat, l'archiduc Ernest.

Une autre raison est l'attrait de l'Italie. C'était un pays avancé et riche, que souhaitaient visiter beaucoup de touristes. Justement en 1574, l'un des voyageurs français en Italie fut Jacques-Auguste de Thou, dont les mémoires rapportent ceci :Ce récit montre que le nouveau roi de France ne resta pas très longtemps en Italie, puisque de Foix et de Thou n'ont à peine le temps de faire un petit voyage à Rome, que déjà le roi se trouve à la porte de la France. Les dates confirment cela, puisque Henri III arrive à Venise le 18 juillet (selon Pierre de Lestoile), à Turin le 11 août (selon Lestoile), et à Chambéry le 2 septembre.

Et comme Henri III n'est même pas allé saluer le grand duc à Florence, ni le pape à Rome, je ne crois pas qu'Henri III ait eu un dessein politique particulier en passant par l'Italie. Je ne crois pas non plus que ce voyage d'un ou deux mois ait eu beaucoup de conséquences car il y avait déjà par ailleurs de nombreuses relations entre la France et l'Italie. Jean-François Dubost dans La France italienne. XVIe - XVIIe siècle montre que les italiens installés en France venaient principalement de Toscane et du Milanais plutôt que de Venise et de Turin où Henri III s'est un tout petit peu attardé.

L'un des buts d'Henri III dans ce voyage a été de renouveler l'amitié de la France avec les états italiens pro-français.

Depuis la traité du Cateau-Cambrésis (1559) et la bataille de Lépante (1571) (étapes marquantes de la puissance espagnole), la diplomatie italienne balance largement en faveur des Français.

En traversant l'Italie, Henri III ne fait que répondre aux demandes d'amitié que lui témoignent les Italiens, trop heureux de pouvoir contrebalancer la présence espagnole dans la péninsule.

Henri III a donc rendu visite aux états relativement pro-français, ou relativement neutres. En revanche, il a évité Florence et Rome, alliées naturels de l'Espagne.

La Savoie, limitrophe à la France, a un statut plus particulier. La famille ducale est traditionnellement alliée aux Habsbourg mais elle est francophone et parentée aux Valois. Henri III se devait de passer à Turin rendre visite à sa tante, la fameuse Marguerite si chère à Catherine de Médicis.

Henri III aurait voulu s'attarder davantage en Italie, mais on le pressait de rentrer. La France était en guerre. Le duc de Retz et Cheverny l'avaient rejoint à cet effet. Henri III ne semblait pas particulièrement conscient de l'importance des troubles qui avaient eu lieu en son absence. Et puis, l'amour tenait le roi. Il était trop heureux de retrouver celle pour qui son coeur battait d'un feu si puissant (Marie de clèves).

De son voyage, Henri III apporta la fourchette, ce dont il fut abondamment moqué. Il renforca également la présence du théâtre italien.

Le voyage en Italie de Henri III est en effet un thème passionnant: l'année dernière, à Venise, je suis allée à la recherche des traces que ce souverain laissa dans cette ville merveilleuse, et j'ai quand même été étonnée d'en trouver quelques-unes

Lesquelles ? (de traces)

Je ne connais que la peinture du Titien dans le palais des Doges.

Je n'ai pas vu votre message, voilà pourquoi je réponds si tard :

- il y avait d'abord une exposition sur le Tintoret à la Scuola Grande où était fait allusion, à plusieurs reprises, aux relations d'Henri III avec ce peintre (le Tintoret aurait refusé d'être fait chevalier par Henri III etc.)

- Palais Barbarigo: a de larges mosaïques aux reflets d'or recouvrant sa façade. L'une d'elles représente un souffleur de verre, illustration destinée à rappeler que les propriétaires du palais étaient des industriels de la verrerie de Murano. On y voit le doge Alvise Mogenico montrant au jeune roi de France Henri III le travail du souffleur.

- Ca' Foscari, où se trouve aujourd'hui l'université: plaque commémorative portant le nom des hôtes illustres qui logèrent là.

-Museo Correr: Portrait d'Henri III

- et bien sûr, le portrait dans la Sala delle Quattro Porte du Palazzo Ducale, peint par le Tintoret et Vicentino

Toutes les raisons évoquées sont justes mais il n'en reste pas moins que le doute n'a pas été totalement levé quant à ce séjour.
Pressé de rentrer (n'ayant même jamais quitté des yeux et du coeur le trône de France), se précipitant pour s'échapper de Pologne, craignant son cadet, le voilà qui traîne en Italie...

Et moi-même, je vous réponds à nouveau tard (mais simplement par manque de temps et par flegme, désolé).

Je vous remercie de votre très bonne réponse. Savez-vous si - à tout hasard - le portrait d'Henri III du musée Correr et celui d'un d'après Titien ?

C'est plus que du flegme, je dirais carrément que c'est de la flemme, mon cher Châtillon.
Blague mise à part, comment allez-vous?

A oui flemme, le mot est préférable. Je souffre d'une déficience d'intelligence avancée, à part ça, ca va.

J'attends avec beaucoup d'intérêt la sortie sur France 2 du film sur Henri IV. La bande annonce me paraît plutôt amusante. Voilà un bon moyen de faire un état de l'image actuelle du roi. On ne peut pas briser tous les clichés mais le film a reçu les conseils de Garrisson. Le résultat devrait donc être plutôt satisfaisant. Espérons-le.



Pour revenir à notre Henri III, existe t-il des fictions italiennes (ou des documentaires) qui ont traitées du passage du roi, à tout le moins de la période titienne de Venise ?

j´ai perdu le fil général sur les moeurs de Henri III alors je dépose cette trouvaille içi

Je viens de lire un livre sur Queen Elizabeth et le Comte de Leicester - son amant éternel, et j´ai remarqué que l´auteur cite des ambassadeurs espagnols en invoquant une histoire d´Angleterre de Froude. Evidemment le livre de Froude a des trductions de plusieurs dépêches et c´est plus facile pour les anglais de relire la trduction anglaise de Froude que de consulter le texte en espagnol. Cést un peu comme les livres de Champion souvent cités pour les dépêches d´Alava.

Assez pour la provenance de la citation , donnons le contexte. C´est août 1571 à Londres. Des Spes, l´ambassadeur espagnol veut dissader la Reine contre le mariage avec Anjou, il dit "le Conte de Leicester fait démonstration extérieure d´approuver le mariage, mais de troisième main fait autrement, ayant fait entendre à la reine par sa fille et autres femmes que M d´ Anjou souffre de la lèpre."

C´est la citation la plus ancienne que j´ai trouvée ou l'on fait courir des faux bruits au sujet de la santé d´Anjou. C´est presque une rumeur sur les moeurs d´Anjou. Il faut entendre qu´il avait une maladie dégoutante presque la syphilis par cette citation. Cést rare qu´on trouve une révélation si affreuse dans le courrier diplomatique qui risquait toujours d'être intercepté, donc on utilisait souvent des euphemismes au lieu de descriptions détaillées.

Donc le bad press sur les moeurs de Henri III a commencé dès 1571.

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El Conde de Leicester hace demostracion exteriormente de desear el
casamiento de la Reyna de Inglaterra, mas por tercera mano hace lo con-
trario, habiendo hecho a entender a la Reyna por su hermana y otras mujeres
que M. de Anjou estaba llagado de lepra." — MS. Londres de Agosto 23. Simancas

http://books.google.com/books?id=vFsNAA ... #PPA231,M1

C'est un ambassadeur italien qui disait également que le duc d'Anjou avait eu des maladies pour avoir trop fréquenté les femmes. C'est donc peut-être vrai.

Mais les Espagnols n'étaient pas avares en médisances. Catherine de médicis écrivait régulièrement à ses "agents" en Espagne (dont sa fille) pour rétablir les vérités sur les rumeurs qui se véhiculaient en Espagne.

Le séjour d'Henri III à Venise est dans le film de 1998 La Courtisane, où l'héroïne Véronica Franco est sa maîtresse.
http://www.e-venise.com/art-peintres/ti ... franco.htm

Merci pour cette info. C'est film qui parait très romantique et très classique, mais c'est bon à noter dans la filmographie du XVIe siècle.
La bande annonce