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À 55 ans, lassé de tout, malade et usé, Charles Quint est une nouvelle fois éprouvé par son échec à Augsbourg, face aux protestants d'Allemagne.
Le 25 octobre 1555, dans la grande salle du château de Bruxelles, devant les députés des dix-sept provinces bourguignonnes, ainsi que les chevaliers de l'ordre de la Toison d'Or et les ambassadeurs et représentants d'une grande partie de l'Europe, le souverain le plus richement doté d'Europe se dessaisit des États bourguignons en faveur de son fils Philippe. C'est ainsi que le 16 janvier suivant, Philippe devient roi des Espagnes et des Deux Siciles sous le nom de Philippe II.
Le 12 septembre 1556, Charles Quint cède à son frère Ferdinand les États autrichiens et le titre d'empereur d'Allemagne, soit tous les domaines et titres hérités des Habsbourg. Il se plie en cela à la règle de partage en vigueur dans le Saint Empire romain germanique.
Ferdinand était déjà roi de Bohème et de Hongrie depuis la mort du souverain de ces États à la bataille de Mohacs, en 1526.
En se retirant dans une résidence voisine du monastère de Yuste, en Estrémadure, où il mourra le 21 septembre 1558, le vieil empereur liquide le rêve médiéval d'un empire chrétien universel. Désormais, en Europe, la paix dépendra de l'équilibre entre les États nationaux et non plus de l'autorité d'un empereur ou d'un pape.
En 2000, l'abdication de Charles Quint a fourni le prétexte à une création théâtrale de Jacques Attali, avec Gérard Depardieu dans le rôle de l'empereur : Les portes du ciel.
La paix d'Augsbourg fut-elle l'unique cause qui écoeurera Charles Quint du pouvoir ?
Pour l'Espagne, le non-respect de ses traités en faveur des Amerindiens, systématiquement afoués par les conquistadors a-t-il pu jouer un rôle important dans son abdication en faveur de son fils ?