Sur hérodote.com: " Les idées du prédicateur sont à bien des égards rétrogrades : ... Il ne tolère pas les résistances, fût-ce de ses propres amis. En tout, pas moins de 58 sentences capitales et 76 bannissements sont prononcés entre 1550 et 1555. Michel Servet, un esprit universel poursuivi par l'Inquisition en France, croit trouver à Genève de la compréhension. Mais son ami Calvin le fait juger et brûler vif pour hérésie. "
Et sur Clio.fr: " Pendant presque deux ans, Calvin et Farel œuvrent donc à faire des Genevois le peuple de Dieu, avec l'appui des Conseils de la ville, où domine le parti des Eidgenossen – les confédérés, d'où viendra le français « huguenots ». L'opposition est violente. En 1538, Farel et Calvin sont chassés de la ville. Calvin se retire à Bâle, puis à Strasbourg, où il est nommé pasteur de la paroisse française. Il se marie à une veuve, Idelette de Bure, qui mourra dix ans plus tard. Il traduit en français l'Institution mais, dès 1541, il est rappelé à Genève après de graves troubles civils. Désormais il sera genevois, bon gré mal gré, jusqu'à sa mort ; peu à peu il deviendra le maître de la petite République, en y créant une sorte d'État théologique, qu'on pourrait comparer à la République islamique de l'ayatollah Khomeini en Iran. Calvin, à vrai dire, n'a jamais eu de titre officiel dans la République. Celle-ci continue à fonctionner avec ses Conseils, ses magistrats, ses tribunaux. Mais, d'année en année, les partisans de Calvin prennent la majorité dans les Conseils et les opposants sont réduits au silence, chassés de Genève, condamnés à la prison, voire à la mort. ... Le contrôle de la population porte autant sur la doctrine théologique et la pratique religieuse que sur la morale, surtout sexuelle. Là encore, la comparaison s'impose avec les États islamistes d'aujourd'hui, où la charia, la loi coranique, tient lieu de loi civile. On a pu, avec à peine d'exagération, qualifier la Genève de Calvin de dictature théologique. C'est l'archétype de ce que sera, au siècle suivant, la dictature puritaine en Angleterre après la chute de Charles Ier. Quelques exemples. De braves Genevois et Genevoises sont condamnés au fouet ou à l'amende pour avoir récité le Pater en latin, pour avoir tiré la galette des rois – coutume païenne –, pour avoir prié Marie mère de Dieu, pour avoir récité le chapelet. On brûle publiquement le roman à la mode Amadis de Gaule – si cher à Don Quichotte ! Le simple fait d'insulter un pasteur conduit droit à l'excommunication : le conseiller Pierre Ameau, pour avoir déclaré que le Conseil « ne fait pas un pet » sans consulter le Consistoire, est condamné à faire amende honorable publique et à « crier merci à Dieu et à M. Calvin ». En 1555, l'émeute éclate même à propos de l'excommunication du conseiller Philibert Berthelier, qui, réprimandé pour avoir toussé pendant le prêche de M. Calvin, a répliqué que « s'il ne veut pas que nous toussions, nous péterons et roterons ». L'affaire se conclut par plusieurs condamnations à mort. ... Sous son « règne », le bourreau travaille à plein temps ; la torture est pratiquée dans la République du Léman comme à Paris, à Londres ou à Rome. Même le feu – le supplice des hérétiques – n'est nullement aboli : le théologien espagnol Michel Servet, qui nie la Trinité des personnes divines – il les compare aux trois têtes de Cerbère ! – et la divinité de Jésus, est condamné au bûcher et brûlé vif le 27 octobre 1553. Le scandale sera énorme, mais Calvin se justifie en invoquant la Bible, puisque Dieu lui-même a ordonné de mettre à mort quiconque chercherait à détourner le peuple du vrai culte."
_________________ Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.
|