Alain.g a écrit :
Je dirais plutôt que la féodalité au sens des historiens, et pas seulement des médiévistes, a pris fin vers le 13è siècle avec l'établissement de la royauté mais que des "survivances de la féodalité" ont perduré. Mais, c'est par facilité qu'on accepte de continuer à dire à tort que la Révolution a supprimé "la féodalité", en confondant les droits et privilèges des seigneurs avec le système féodal qui est autre chose de spécifique, si j'ai bien compris!
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Je ne pense pas que les historiens soient en droit de dénier aux contemporains leurs mots. Si les historiens modernistes ont conservé le mot féodal, c'est par exemple parce que le mot fief est d'un usage courant jusqu'au XVIIIe siècle. Et avec le fief, les réalités qui vont avec, droits féodaux, seigneurie etc...Même la cascade de fidélités entre seigneurs existe encore. Une seule chose a changé: le renforcement du pouvoir royal qui vient effectivement perturber cette cascade de fidélité. Mais que je sache, il n'y pas eu de révolution qui ait radicalement bouleversé les structures sociales entre les 13e et le 18e siècle. Quand les nobles à la fin du XVIIIe siècle s'occupent de la "réfection des terriers", il s'agit de documents du moyen âge qui pour eux ont encore une valeur juridiquei. Même pour l'usage du mot "vassaux" nous sommes d'un purisme qui en réalité peut conduire au contresens. Nous expliquons à nos élèves qu'un vassal est aussi un seigneur, mais la réalité des textes, c'est que le mot vassaux est très souvent utilisé pour désigner l'ensemble des populations soumises à la juridiction du seigneur. La société féodale n'a pas disparu mais la façon dont elle est envisagée a évolué. Si on essayait de s'en tenir aux prescriptions de Jacques Heers, on serait totalement privé de concepts pour envisager l'étude des campagnes à la période moderne.