Châtillon a écrit :
Je parlais des évènements antérieurs à 1519. Ferdinand d'Aragon avait élevé Ferdinand comme un probable héritier au trône de Castille et d'Aragon.
Rien ne présageait en effet Jeanne à devenir reine de Castille et d'Aragon.
Maximilien et Marie de Bourgogne optent pour leurs enfants des unions puissantes et du -
tout sauf la France-. Les souverains catholiques semblent un bon choix : leur fils Philippe épouse Jeanne et leur fille Marguerite, Don Juan, infant d'Espagne.
Jeanne se dirige en bonne épouse sur les terres de son seigneur, aux Pays-Bas, et lui donne des enfants. Ses soeurs ont toutes fait des mariages royaux (Portugal pour Isabelle et Marie avec Manuel Ier, Angleterre pour Catherine avec Arthur puis Henry au décès d'Arthur son aîné).
Don Juan décède sans enfant et voici que Jeanne se trouve héritière et Philippe prince consort. Marguerite retrouve son frère aux Pays-Bas.
Au décès de sa mère, Jeanne réclame donc la Castille. Il s'avère que Ferdinand ne se montre rien moins que pressé de la céder. Il s'engage une politique de mariages, espère un héritier. Philippe intervient au nom de son épouse.
1501 : tous deux partent pour l'Espagne, Philippe laisse Marguerite "
gouverneur des Pays-Bas" et il lui incombe aussi de trouver des précepteurs pour Charles et sa fratrie. Philippe et Jeanne ne reviendront jamais aux Pays-Bas.
Ferdinand II laisse entendre que sa fille est inapte à gouverner, que la Castille lui revient. Philippe de Habsbourg, roi consort entend bien pousser son épouse à réclamer son dû. Ils sont reconnus par les Cortes comme justes et bons héritiers de Castille, rejetant les insinuations de Ferdinand II.
1506 : c'est le couronnement. L'attitude de Ferdinand II a ébranlé sa fille Jeanne durant ces 5 années de lutte interne à la famille. Deux enfants sont nés en Castille : Ferdinand et Catherine. En novembre Philippe décède. Jeanne bascule. Les Cortes
rappellent alors Ferdinand II pour un rôle de régent en attendant la majorité de Charles.
Au décès de Ferdinand II, Jeanne est nommée reine de Castille et d'Aragon. Charles est
régent vu l'état de sa mère. Il s'essaie à faire passer un acte où il a signé "
Charles, Roi". Les Cortes rejettent l'acte. Il est cependant admis en
1516 que Charles est roi "
conjointement avec sa mère". Jusqu'au décès de celle-ci, les actes devront avoir les deux signatures.
Citer :
Élevé comme un espagnol, Ferdinand était appelé à devenir régent, au mieux roi.
Qu'entendez-vous par "
élevé comme un espagnol" ?
Lorsque Charles arrive en Espagne, il envoie son cadet aux Pays-Bas afin d'y parfaire son éducation et de pouvoir pallier, en cas de décès, son aîné.
La noblesse n'est pas un C/C de la noblesse française et les états de Charles trop étendus pour y faire régner un absolutisme. L'arrivée de la Réforme n'arrange rien. Cependant les Pays-Bas resteront longtemps "
espagnols" (
1549 et la Pragmatique Sanction : les Pays-Bas possèdent une certaine autonomie mais sont rattachés à la couronne espagnole). Les fameuses dix-sept provinces chères à Charles Quint éclatent en
1581, sept reformant les Provinces-Unies à majorité protestante. Je passe sur la répression espagnole...
Les Pays-Bas catholiques (dix états), avec la guerre de succession d'Espagne retomberont dans le giron du Saint Empire Romain Germanique, donc chez les Habsbourg d'Autriche sous le nom de Pays-Bas autrichiens. Pour l'indépendance il faudra attendre
1790.
Citer :
A la mort de Ferdinand d'Aragon, les regards espagnols se cristallisent sur le petit Ferdinand. Charles étant considéré comme un étranger, la noblesse espagnole était peu enthousiaste à l'idée de l'accepter pour roi.
A la mort de Ferdinand d'Aragon, les regards n'ont pas à se cristalliser puisque Jeanne devient reine de Castille et d'Aragon. C'est à ce moment que son fils Charles vient en "
régent" et Ferdinand envoyé aux Pays-Bas sous la tutelle de Marguerite afin d'apprendre le métier de "
roi" en cas de décès de son aîné.
Le modèle Castillan et Aragonais puis Espagnol n'est pas un copié/collé du modèle français dont l'Etat n'est pas démultiplié, le pouvoir centralisé et absolu.
Pour ceci il faudra attendre Philippe II en Espagne et Ferdinand II en Autriche avec la cascade de pertes territoriales et une Europe en guerre. Si Charles Quint privilégiait les voyages aux Pays-Bas et en Bourgogne, Ferdinand s'ouvrira plus à l'Autriche.
Citer :
Sur ce Charles débarque en Espagne, prend le pouvoir avec autorité et envoie/exile le petit Ferdinand âgé de 14 ans aux Pays-Bas...
Je serai curieuse de connaître vos sources, surtout lorsque l'on connait l'attachement de Charles à la famille. Attachement qui justement amènera, en voulant satisfaire tout le monde, l'éclatement des Etats. Certes le nom Habsbourg demeure et les unions se font en famille mais dès Philippe II, il y aura l'Espagne et l'Autriche : les politiques, les objectifs, tout concoure à la différence, religion excepté pour le "
rois des romains".
On peut voir des alliances incroyables contre la crainte de l'encerclement : la France n'hésitent pas à s'allier aux Pays-Bas révoltés, aux princes germaniques en rupture ; Henri II si sourcilleux chez lui encouragera indirectement Luther chez le voisin etc.
Lorsque nous parlons d'Autriche, il faut y voir aussi les apports de la couronne de Saint Venceslas (Bohême, Silésie, Moravie) et celle de Saint Etienne (Croatie, Slovénie, une partie de la Transylvanie et la "
Hongrie royale" ; l'autre partie de la Hongrie étant aux mains des Turcs).
L'élection au trône d'Empereur demande un peu plus de diplomatie que Philippe II n'en est capable, un peu plus de tolérance aussi car il faut aussi compter avec les Etats germaniques dont les us et coutumes, diètes et constitutions ne seront changés que par touches lors du déroulement de l'histoire de la Maison Habsbourg côté autrichien.
Côté espagnol, la Maison s'éteint, devenue plus religieuse que le pape qui maintes fois interviendra auprès de Philippe II dans ses répressions délirantes face à ceux que l'on appelle désormais les "
Protestants" dans le Saint Empire, de par leur "
protestations" à vouloir user d'une religion choisie.
Ceci dit, Ferdinand Ier verra sa branche bourgeonner alors qu'avec Philippe II l'Espagne entre dans une stagnation intellectuelle et une centralisation forcenée appuyée par un absolutisme qui étonne grandement par un soudain mutisme de la noblesse et ceci jusqu'au XVIIIème. L'Espagne ne sera plus qu'un état satellite des Habsbourg d'Autriche.
Au final et si tant est que la noblesse ou la préférence puissent se substituer aux lois successorales -ce serait bien le premier et seul pays- avec ce que ceci entraînerait comme opposition des pays environnants (il n'est jamais bon de donner dans ce genre d'innovation en ces temps) ; Ferdinand est celui qui s'en "
sort" le mieux. Son rôle est pourtant loin d'être évident face au péril ottoman.