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Message Publié : 18 Juil 2012 23:24 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Châtillon a écrit :
gaete59 a écrit :
Je ne vois pas comment Charles Ier d'Espage, devenu Empereur "dégage son frère". Qu'il nantisse son fils c'est une chose, qu'il "impose" un pacte dans un souci familial d'alternance à Ferdinand de son vivant, pacte acté du bout des lèvres par son cadet, la réponse est toujours dans la main des princes électeurs qui -dans le contexte du moment- préféreront Maximilien à Philippe II.

Je parlais des évènements antérieurs à 1519. Ferdinand d'Aragon avait élevé Ferdinand comme un probable héritier au trône de Castille et d'Aragon. Élevé comme un espagnol, Ferdinand était appelé à devenir régent, au mieux roi. A la mort de Ferdinand d'Aragon, les regards espagnols se cristallisent sur le petit Ferdinand. Charles étant considéré comme un étranger, la noblesse espagnole était peu enthousiaste à l'idée de l'accepter pour roi. Sur ce Charles débarque en Espagne, prend le pouvoir avec autorité et envoie/exile le petit Ferdinand âgé de 14 ans aux Pays-Bas...


Intéressante remarque, Châtillon...et je joins Yughurtha avec son bravo pour l'excellente synthèse de Gaete...

Cordialement et avec estime pour les trois,

Paul.


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Message Publié : 19 Juil 2012 15:48 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
Je parlais des évènements antérieurs à 1519. Ferdinand d'Aragon avait élevé Ferdinand comme un probable héritier au trône de Castille et d'Aragon.

Rien ne présageait en effet Jeanne à devenir reine de Castille et d'Aragon.
Maximilien et Marie de Bourgogne optent pour leurs enfants des unions puissantes et du -tout sauf la France-. Les souverains catholiques semblent un bon choix : leur fils Philippe épouse Jeanne et leur fille Marguerite, Don Juan, infant d'Espagne.
Jeanne se dirige en bonne épouse sur les terres de son seigneur, aux Pays-Bas, et lui donne des enfants. Ses soeurs ont toutes fait des mariages royaux (Portugal pour Isabelle et Marie avec Manuel Ier, Angleterre pour Catherine avec Arthur puis Henry au décès d'Arthur son aîné).
Don Juan décède sans enfant et voici que Jeanne se trouve héritière et Philippe prince consort. Marguerite retrouve son frère aux Pays-Bas.
Au décès de sa mère, Jeanne réclame donc la Castille. Il s'avère que Ferdinand ne se montre rien moins que pressé de la céder. Il s'engage une politique de mariages, espère un héritier. Philippe intervient au nom de son épouse.
1501 : tous deux partent pour l'Espagne, Philippe laisse Marguerite "gouverneur des Pays-Bas" et il lui incombe aussi de trouver des précepteurs pour Charles et sa fratrie. Philippe et Jeanne ne reviendront jamais aux Pays-Bas.
Ferdinand II laisse entendre que sa fille est inapte à gouverner, que la Castille lui revient. Philippe de Habsbourg, roi consort entend bien pousser son épouse à réclamer son dû. Ils sont reconnus par les Cortes comme justes et bons héritiers de Castille, rejetant les insinuations de Ferdinand II.
1506 : c'est le couronnement. L'attitude de Ferdinand II a ébranlé sa fille Jeanne durant ces 5 années de lutte interne à la famille. Deux enfants sont nés en Castille : Ferdinand et Catherine. En novembre Philippe décède. Jeanne bascule. Les Cortes rappellent alors Ferdinand II pour un rôle de régent en attendant la majorité de Charles.
Au décès de Ferdinand II, Jeanne est nommée reine de Castille et d'Aragon. Charles est régent vu l'état de sa mère. Il s'essaie à faire passer un acte où il a signé "Charles, Roi". Les Cortes rejettent l'acte. Il est cependant admis en 1516 que Charles est roi "conjointement avec sa mère". Jusqu'au décès de celle-ci, les actes devront avoir les deux signatures.
Citer :
Élevé comme un espagnol, Ferdinand était appelé à devenir régent, au mieux roi.

Qu'entendez-vous par "élevé comme un espagnol" ?
Lorsque Charles arrive en Espagne, il envoie son cadet aux Pays-Bas afin d'y parfaire son éducation et de pouvoir pallier, en cas de décès, son aîné.
La noblesse n'est pas un C/C de la noblesse française et les états de Charles trop étendus pour y faire régner un absolutisme. L'arrivée de la Réforme n'arrange rien. Cependant les Pays-Bas resteront longtemps "espagnols" (1549 et la Pragmatique Sanction : les Pays-Bas possèdent une certaine autonomie mais sont rattachés à la couronne espagnole). Les fameuses dix-sept provinces chères à Charles Quint éclatent en 1581, sept reformant les Provinces-Unies à majorité protestante. Je passe sur la répression espagnole...
Les Pays-Bas catholiques (dix états), avec la guerre de succession d'Espagne retomberont dans le giron du Saint Empire Romain Germanique, donc chez les Habsbourg d'Autriche sous le nom de Pays-Bas autrichiens. Pour l'indépendance il faudra attendre 1790.

Citer :
A la mort de Ferdinand d'Aragon, les regards espagnols se cristallisent sur le petit Ferdinand. Charles étant considéré comme un étranger, la noblesse espagnole était peu enthousiaste à l'idée de l'accepter pour roi.

A la mort de Ferdinand d'Aragon, les regards n'ont pas à se cristalliser puisque Jeanne devient reine de Castille et d'Aragon. C'est à ce moment que son fils Charles vient en "régent" et Ferdinand envoyé aux Pays-Bas sous la tutelle de Marguerite afin d'apprendre le métier de "roi" en cas de décès de son aîné.
Le modèle Castillan et Aragonais puis Espagnol n'est pas un copié/collé du modèle français dont l'Etat n'est pas démultiplié, le pouvoir centralisé et absolu.
Pour ceci il faudra attendre Philippe II en Espagne et Ferdinand II en Autriche avec la cascade de pertes territoriales et une Europe en guerre. Si Charles Quint privilégiait les voyages aux Pays-Bas et en Bourgogne, Ferdinand s'ouvrira plus à l'Autriche.

Citer :
Sur ce Charles débarque en Espagne, prend le pouvoir avec autorité et envoie/exile le petit Ferdinand âgé de 14 ans aux Pays-Bas...

Je serai curieuse de connaître vos sources, surtout lorsque l'on connait l'attachement de Charles à la famille. Attachement qui justement amènera, en voulant satisfaire tout le monde, l'éclatement des Etats. Certes le nom Habsbourg demeure et les unions se font en famille mais dès Philippe II, il y aura l'Espagne et l'Autriche : les politiques, les objectifs, tout concoure à la différence, religion excepté pour le "rois des romains".
On peut voir des alliances incroyables contre la crainte de l'encerclement : la France n'hésitent pas à s'allier aux Pays-Bas révoltés, aux princes germaniques en rupture ; Henri II si sourcilleux chez lui encouragera indirectement Luther chez le voisin etc.
Lorsque nous parlons d'Autriche, il faut y voir aussi les apports de la couronne de Saint Venceslas (Bohême, Silésie, Moravie) et celle de Saint Etienne (Croatie, Slovénie, une partie de la Transylvanie et la "Hongrie royale" ; l'autre partie de la Hongrie étant aux mains des Turcs).
L'élection au trône d'Empereur demande un peu plus de diplomatie que Philippe II n'en est capable, un peu plus de tolérance aussi car il faut aussi compter avec les Etats germaniques dont les us et coutumes, diètes et constitutions ne seront changés que par touches lors du déroulement de l'histoire de la Maison Habsbourg côté autrichien.
Côté espagnol, la Maison s'éteint, devenue plus religieuse que le pape qui maintes fois interviendra auprès de Philippe II dans ses répressions délirantes face à ceux que l'on appelle désormais les "Protestants" dans le Saint Empire, de par leur "protestations" à vouloir user d'une religion choisie.
Ceci dit, Ferdinand Ier verra sa branche bourgeonner alors qu'avec Philippe II l'Espagne entre dans une stagnation intellectuelle et une centralisation forcenée appuyée par un absolutisme qui étonne grandement par un soudain mutisme de la noblesse et ceci jusqu'au XVIIIème. L'Espagne ne sera plus qu'un état satellite des Habsbourg d'Autriche.

Au final et si tant est que la noblesse ou la préférence puissent se substituer aux lois successorales -ce serait bien le premier et seul pays- avec ce que ceci entraînerait comme opposition des pays environnants (il n'est jamais bon de donner dans ce genre d'innovation en ces temps) ; Ferdinand est celui qui s'en "sort" le mieux. Son rôle est pourtant loin d'être évident face au péril ottoman.

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Message Publié : 19 Juil 2012 17:03 
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Pierre de L'Estoile
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Gaete, je parlais des évènements antérieurs à 1519. Ferdinand d'Aragon avait élevé Ferdinand comme un probable héritier au trône de Castille et d'Aragon. Comme le dit très bien Jean-Claude : tout dans leurs prénoms et dans leur lieu et mode d'éducation destinait le petit Ferdinand à recueillir l'héritage espagnol et Charles l'héritage bourguignon et allemand.

Avec la candidature de Charles a la gouvernance espagnole, les Espagnols craignaient de voir leur pays passer sous domination flamande. Ils ne voulaient pas devenir les vassaux du souverain des Pays-Bas. Ceci explique
1) que le petit Ferdinand ait pu susciter l'espoir des Espagnols désireux de garder leur indépendance, le petit Ferdinand ayant été élevé à l'Espagnole.
2) que Charles ait été accueilli avec méfiance, voire parfois avec hostilité par les Espagnols, des troubles éclatant ici et là contre l'envahisseur flamand et non sans raison, vu que Charles tenta d'imposer des seigneurs flamands à des postes clé de l'Espagne
3) que conscient du danger que pouvait représenter son frère, Charles l'a rapidement fait évacuer loin de l'Espagne (Ferdinand était d'autant plus dangereux pour son frère qu'il était jeune adolescent et du coup facile à instrumentaliser)


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Message Publié : 19 Juil 2012 22:15 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
Ferdinand d'Aragon avait élevé Ferdinand comme un probable héritier au trône de Castille et d'Aragon

Charles nait en 1500 et Ferdinand en 1503 sur terre d'Espagne, il est vrai. Il voit ses parents couronnés en 1506 et est orphelin de père la même année.
J'ignorais que Ferdinand II d'Aragon, rappelé par les Cortes simplement en tant que "régent" jusqu'à la majorité de Charles qui fut d'ailleurs avancée (son grand-père Maximilien ayant demandé et obtenu l'émancipation) avait élevé l'enfant en vue d'en faire un héritier. De plus, les Cortes de Castille n'avaient jamais très apprécié Ferdinand II et on le verra dans sa lutte contre sa fille : les Cortes de Castille donnant raison à Jeanne. En Castille, Ferdinand II est loin d'être "chez lui". Qu'il ait élevé Ferdinand pour en faire un roi d'Aragon, peut-être, sans doute que les Cortes d'Aragon l'aurait accepté mais non les Cortes de Castille. C'est une royauté bicéphale et Ferdinand n'a rien à imposer à la Castille.
Ferdinand nommé "régent" se fait représenter à Valladolid par Jimenez de Cisneros, archevêque de Tolède et pour éviter que l'Aragon ne passe à sa fille il va épouser Germaine de Foix, héritière de Navarre : un fils nait pour quelques heures. Si cet héritier avait vécu, l'Aragon ne revenait alors plus à Jeanne et par là, pas à Charles. En manque d'héritier, à la mort de Ferdinand II, l'Aragon revient à Charles et la Castille en indivis avec sa mère Jeanne. Il faut se rappeler que Charles n'a que 6 ans au décès de son père et Ferdinand 3 ans. Si Charles avait été majeur, nul appel de la Castille à Ferdinand.

Citer :
Comme le dit très bien Jean-Claude : tout dans leurs prénoms et dans leur lieu et mode d'éducation destinait le petit Ferdinand à recueillir l'héritage espagnol et Charles l'héritage bourguignon et allemand.

Ceci n'est pas un argument, il faudrait que vous puissiez démontrer que Jeanne et Philippe aient décidé d'appeler leur fils "Ferdinand", comme son grand-père, en ayant dans l'idée qu'il devienne roi de Castille et d'Aragon car à ce moment rien ne laissait prévoir le décès de Philippe et la folie de Jeanne.

Citer :
Avec la candidature de Charles a la gouvernance espagnole, les Espagnols craignaient de voir leur pays passer sous domination flamande.

Il n'y a pas de candidature puisque Charles est l'héritier de Jeanne. Dès sa majorité, il prend le relais de Ferdinand en Castille et au décès de Ferdinand, en Aragon. Le roi d'Espagne n'est pas élu. Compte la primogéniture mâle, sinon femelle.

Quid de l'éducation de Charles ? La religion occupe une place importante. Son précepteur Adrien d'Utrecht est un humaniste et ses idées marquent le jeune duc de Bourgogne. L'éducation religieuse de Charles est assurée par des prêtres espagnols (Alfonso Manrique, évêque de Badajoz, le chanoine Mota -futur évêque de Badajoz- son confesseur est Michel Pavye).
Emancipé, Charles de Bourgogne se voit confier à 15 ans le comté de Bourgogne, le Mâconnais, l'Auxerrois, le pays d'Avallon et des terres relevant du Saint Empire : le Brabant, les comtés d'Artois, de Flandre, du Hainaut, de Namur, de Hollande, Zélande, le marquisat d'Anvers et les duchés de Luxembourg et de Limbourg. Il doit veiller au respect des autonomies locales. Ses représentants et ceux des villes siègent aux Etats-Généraux dont la fonction est de voter l'impôt. Il faut composer avec cette noblesse turbulente. Très jeune, trop jeune, il a l'habitude du pouvoir, de la diplomatie et s'il le faut de la force.
Il est vrai que la proclamation -le 14 mai 1516- de Charles à Bruxelles comme "roi de Castille, souverain d'Aragon et des deux-Siciles et souverain d'Amérique" pour nombre de Castillans constitue un coup d'état. Les Cortes n'avaient pas été consultés pour le serment et même si le nom de Jeanne était associé à celui de son fils, ça sentait l'abus de pouvoir. Maximilien et les conseillers bourguignons de Charles avaient proprement ignoré les coutumes.

Citer :
2) que Charles ait été accueilli avec méfiance, voire parfois avec hostilité par les Espagnols, des troubles éclatant ici et là contre l'envahisseur flamand et non sans raison, vu que Charles tenta d'imposer des seigneurs flamands à des postes clé de l'Espagne

Charles ne voulant pas heurter ses futurs sujets reconduit Cisneros dans ses fonctions de régent et confère à l'archevêque de Saragosse les mêmes pouvoirs pour l'Aragon. Parallèlement il signe avec François Ier le traité de Noyon (le roi de France s'engage à laisser le duc de Bourgogne agir librement en Espagne, renonce à ses droits sur Naples, Charles rétrocède la Haute-Navarre).
Ce n'est qu'en septembre 1517 que Charles se rend en Castille. Cisnéros décède en allant à sa rencontre. En novembre Charles fait connaissance de son frère Ferdinand et c'est avec lui qu'il entre à Valladolid.
On songe à doter Ferdinand d'une vice-royauté car il est populaire mais n'a jamais été mis aux affaires. De plus, il est vrai que Charles entend assurer son autorité sur ses possessions d'Espagne. Ferdinand est envoyé aux Pays-Bas : il a 14 ans et encore beaucoup à apprendre.
Début 1518, Charles prête serment devant les Cortes à Valladolid, s'engage à respecter les "fueros" de Castille. En mai il prête serment à Saragosse de préserver les privilèges aragonais. Le chancelier du roi qui était bourguigon fait place à Mercurio Gattinara (piémontais). Le malaise semble dissipé.
C'est après l'élection à la dignité d'Empereur que les Castillans craignent de voir l'Espagne devenir satellite de l'Empire. Pedro luiz de la Mota se fait le porte parole du souverain : la dignité impériale est acceptée non pour conquérir de nouveaux territoires mais pour s'opposer dans la tradition des rois catholiques à la poussée des Infidèles et Charles affirme que les royaumes d'Espagne ne seront jamais assujettis à l'Empire, les privilèges conservés et inviolablement respectés. Cette promesse ne sera pas vaine, on le verra lors de l'acte d'abdication de Charles Quint.
Là encore nous sommes bien loin de turbulences civiles.

Citer :
3) que conscient du danger que pouvait représenter son frère, Charles l'a rapidement fait évacuer loin de l'Espagne

Qui aurait voulu instrumentaliser Ferdinand ? Il aurait déjà fallu un parti ouvertement "pro Ferdinand" ce qui n'était pas.
Si Charles Quint n'avait pas abdiqué en partageant ses possessions -ce qu'il n'était nullement obligé de faire- tout revenait à l'infant Philippe, déjà père et un vague titre ronflant à Ferdinand comme ceci se passe en France. La suite montrera qu'il souhaite une politique familiale : sa sœur Marie de Hongrie est devenue régente des Pays-Bas au décès de Marguerite ; Ferdinand administre la Basse-Autriche, l'Autriche intérieure, le Tyrol, le Würtemberg et a la haute main sur l'Empire en l'absence de Charles.
La politique matrimoniale de Maximilien Ier donne ses fruits. En 1526 Louis II "Jagellon", roi de Bohême et de Hongrie dont l'épouse est la tante de Charles et Ferdinand décède lors d'une bataille contre les Turcs. Il ne laisse aucun héritier. Avec le "pacte de succession mutuelle" doublé des deux unions, Ferdinand est élu roi de Bohême par la Diète en 1526. La Croatie, la Slavonie et la Hongrie, tout en gardant leurs institutions particulières reconnaissent en Ferdinand un roi pour entraver l'avancée ottomane.
Charles Quint ne s'insurge pas dans les affaires de son frère. Ce pacte souhaité par son aïeul ne concerne que Ferdinand. Il le respecte et le comprend.

Il est évident que le duc de Bourgogne est différent de Charles Ier d'Espagne puis Charles Quint, Empereur : c'est pourquoi le personnage est assez fascinant. Je le trouve assez proche de son frère alors que l'on a tendance à en faire une icône espagnole, les Pays-Bas et la Bourgogne resteront chers à son coeur. Ferdinand trouvera tout à fait sa place en Autriche, une question reste à se poser : Ferdinand II d'Aragon voulait, certains espéraient mais le cadet de Charles ne semble pas avoir regretté l'Espagne et sa manière de conduire sa politique au sein de l'Empire lorsqu'il sera Ferdinand Ier le montre bien ainsi que son fils Maximilien et son petit-fils Rodolphe, tous véritablement princes de la Renaissance.

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Message Publié : 20 Juil 2012 6:47 
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Philippe de Commines
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gaete59 a écrit :
Citer :
Comme le dit très bien Jean-Claude : tout dans leurs prénoms et dans leur lieu et mode d'éducation destinait le petit Ferdinand à recueillir l'héritage espagnol et Charles l'héritage bourguignon et allemand.

Ceci n'est pas un argument, il faudrait que vous puissiez démontrer que Jeanne et Philippe aient décidé d'appeler leur fils "Ferdinand", comme son grand-père, en ayant dans l'idée qu'il devienne roi de Castille et d'Aragon car à ce moment rien ne laissait prévoir le décès de Philippe et la folie de Jeanne.


Je ne réponds que sur ce point, car Chastillon fera sans doute une meilleure réponse complète que moi, mais vous semblez ignorer (étonnamment) que les princes ne donnent pas à leurs enfants des prénoms au hasard, mais pour transmettre une mémoire familiale. Donner à un enfant un prénom issu de la branche paternelle et à l'autre un prénom de la branche maternelle a un sens. Ce n'est pas la peine que ce soit explicite, c'est le genre de choses que la société des princes comprend. Alors effectivement (et ça s'est vu ensuite) une telle répartition n'est pas automatique, mais il est sûr qu'en donnant ces prénoms, un message est transmis aux noblesses des Etats sur lesquels ils vont régner.

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Message Publié : 20 Juil 2012 17:20 
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Jean-Claude a écrit :
Donner à un enfant un prénom issu de la branche paternelle et à l'autre un prénom de la branche maternelle a un sens. Ce n'est pas la peine que ce soit explicite, c'est le genre de choses que la société des princes comprend. Alors effectivement (et ça s'est vu ensuite) une telle répartition n'est pas automatique, mais il est sûr qu'en donnant ces prénoms, un message est transmis aux noblesses des Etats sur lesquels ils vont régner.

Ce n'est pas une argumentation historique, le dernier des manants de l'époque agit ainsi et transmet son prénom à son aîné.
Il est vrai que pour avoir balayé wiki concernant Ferdinand Ier, ce n'est pas en cet endroit totalement dépourvu de bibliographie que l'on peut étayer une argumentation avec des dates, des faits, des traités etc. De même d'ailleurs pour ce qui concerne Ferdinand II d'Aragon.
La caricature est posée : Ferdinand devait régner en Espagne, spoliant son aîné qui se montrera tyrannique vis à vis de son cadet en "l'obligeant à se marier avec Anne Jagellon" en 1521, alors que lui ne prend femme qu'en 1526. C'est vite oublier que ceci tient d'alliances passées par Maximilien et qui s'avèreront fructueuses pour Ferdinand Ier.
Je suis prête à compter avec un tel paramètre si une référence écrite sérieuse m'est donnée : biographie ou autre.

Ceci pose problème pour qui souhaite connaitre de manière objective Ferdiand Ier, ses orientations politiques, les traités, les alliances et les paix passées sans omettre les fréquentes diètes, ce qu'il en est sorti, l'agrandissement des possessions (fruit de la politique matrimoniale de Maximilien Ier) etc.
On pourrait voir en Ferdinand, le simple jouet d'un aïeul accroché au pouvoir, se remariant après tout juste une année de veuvage dans l'espoir d'un héritier, s'opposant aux droits de sa fille à la Castille, Leon et Grenade, créant la zizanie au sein même de ses petits-enfants en espérant spolier l'ainé pour le cadet.
L'éducation "espagnole" à la cour de Ferdinand II n'a rien à voir dans cette histoire vu que l'enfant restera longtemps à Burgos (jusqu'en 1509 assuré), date à laquelle Ferdinand II est prié de revenir en tant que "régent" jusqu'à la majorité de Charles. Des textes le mentionnent dans au moins deux biographies de Charles Quint ainsi que dans l'histoire de la Maison des Habsbourg.
J'ai pu lire que la double alliance germano-hispanique était le fruit de Ferdinand II d'Aragon, vous dire si l'on est loin de l'histoire. On oublie un peu vite que la seconde épouse de Maximilien est une Sforza, une alliance donc avec l'Espagne ne peut être que bénéfique, ceci afin de mener à bien une seconde expédition en Italie, comptant sur un soutien familial pour contrer la France. Ne pas oublier que Maximilien fut aussi l'époux d'Anne de Bretagne, même si le mariage fut annulé par la régente du moment.

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Message Publié : 20 Juil 2012 18:09 
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Inscription : 26 Déc 2005 21:13
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Vous ne trouverez jamais de texte explicite présentant la division que nous supposons. mais parfois l'historien doit faire avec des indices. Ferdinand porte le prénom d'un roi d'Aragon, est élevé à l'espagnole, alors que Charles porte un nom bourguignon et est élevé à la flamande. C'est ce que l'on appelle des indices convergents. Parfois, malheureusement, l'historien doit s'en contenter.

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Message Publié : 20 Juil 2012 21:32 
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Jean-Claude a écrit :
Vous ne trouverez jamais de texte explicite présentant la division que nous supposons. mais parfois l'historien doit faire avec des indices. Ferdinand porte le prénom d'un roi d'Aragon, est élevé à l'espagnole, alors que Charles porte un nom bourguignon et est élevé à la flamande. C'est ce que l'on appelle des indices convergents. Parfois, malheureusement, l'historien doit s'en contenter.

Je vous remercie pour cette explication.
Je pense que Ferdinand II a pensé se servir de son petit-fils Ferdinand, diviser pour mieux régner semblait son credo.
Les deux frères ne s'étaient jamais rencontrés et (là je n'ai pas mes livres) il me semble que Ferdinand II n'a jamais vu Charles.
Les éléments dont Charles disposent sur son aïeul sont ceux entendu à la Cour des Pays-Bas. Je puis imaginer le discours.
Si Ferdinand II n'avait pas été aussi querelleur au niveau de la Castille, la reine Jeanne n'aurait pas sombré dans cet état et qui sait le roi Philippe serait peut être encore ici...
Pour un enfant qui dès 7 ans se voit porter l'ordre de la Toison d'or, très tôt mis au fait du pouvoir qui lui appartient (si chèrement "payé" qu'il s'en trouve orphelin), tout ceci est bien lourd. Cette atmosphère de méfiance jouera certainement lorsqu'il arrivera en Espagne. Il est associé aux affaires depuis bien longtemps et il trouve un frère inconnu, certainement présenté comme soutenu et par son aïeul et par la noblesse. Il est évident que le temps de s'imposer, l'on doit "oublier" Ferdinand, ce qui explique en partie l'envoi aux Pays-Bas, et bien avoir en tête que le seul et unique héritier est lui, Charles.
Cependant les deux frères se ressemblent étrangement et Ferdinand secondera toujours loyalement son aîné. De son éducation espagnole portée sur la piété rigoureuse, il semble qu'il saura se défaire et s'adapter. J'ose croire que les projets de l'aïeul aragonais n'auraient pu faire de l'archiduc Ferdinand un bon roi d'Espagne et il est heureux que sa tante ainsi que son grand-père paternel surent anticiper les manoeuvres d'un homme retors à souhait.
Le partage des possessions fait par Charles Quint ne lui est pas si défavorable, c'est la demande d'alternance du titre de "rois des romains" qui semble difficile mais les princes électeurs trancheront.
Dans cette époque où Machiavel côtoie Erasme et Luther (moine augustin), Léon X, il faut savoir être tolérant. La politique menée par Ferdinand "roi des romains" n'aurait pu l'être par son frère s'il n'avait souhaité déléguer.

Je crois que la décision d'abdiquer fut une décision "familiale". Epuisé, ayant subi de nombreux revers, Charles Quint se retire "en famille", en effet il est accompagné à Yuste par ses soeurs Eléonore (veuve de François Ier) et Marie de Hongrie (anciennement gouverneur des Pays-Bas).

Ferdinand Ier réussira là où Philippe II aurait échoué, de même Maximilien II saura maintenir un équilibre au sein de l'Empire, avec des possessions personnelles agrandies.
Le tort de Maximilien II fut d'avoir trop de fils. Si Rodolphe II donne des signes d'inquiétude à son entourage, Mathias Ier ne sera pas le bon remède et son neveu, fils de Charles de Styrie un catastrophe.
Ernest et Albert feront de bons gouverneurs des Pays-Bas et l'archiduc Maximilien un bon maître de l'ordre teutonique, un peu rétif et indépendant certes.
Ferdinand Ier reste un personnage fascinant dans ses rapports, sa politique, ses prises de positions, son anticipation face à des possessions étéroclites et des sujets germaniques bien turbulents et parfois brouillons.
Pour Ferdinand, l'idéal aurait été une réconciliation entre catholiques et luthériens et c'est en vain que ses représentants plaidèrent en faveur de cette solution d'apaisement au Concile de Trente.
Cependant il fit la même erreur que son aîné. Il rédigera un testament reprenant une ancienne tradition des Habsbourg, celle du partage entre les héritiers mâles.
Maximilien recevra -outre la couronne impériale- les duchés de basse et haute-Autriche, les pays de Saint Venceslas et la Hongrie royale. Ferdinand aura le Tyrol, les possessions d'Allemagne du sud et l'Alsace. Charles aura l'Autriche intérieure, la Styrie, le comté de Görtz et Trieste. Cette Autriche intérieure allait rapidement devenir le bastion de la contre-Réforme et le centre de la reconquête catholique des états habsbourgeois.
Le fils de Charles de Styrie sera empereur sous le nom de Ferdinand II. :'(

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Message Publié : 20 Juil 2012 23:00 
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gaete59 a écrit :
Je pense que Ferdinand II a pensé se servir de son petit-fils Ferdinand, diviser pour mieux régner semblait son credo.

... ou tout simplement pour empêcher son royaume de tomber dans des mains étrangères. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour expliquer la méfiance de Ferdinand à l'égard de Charles. Pour le roi d'Aragon, Charles n'est qu'un étranger.
Par ailleurs, comme beaucoup d'autres, Ferdinand d'Aragon devait avoir suffisamment de lucidité pour sentir qu'il n'était pas possible pour un seul homme d'être à la tête d'un aussi grand empire. C'est une démarche pragmatique que de séparer l'héritage en deux... Il n'allait pas de soi que Charles s'accapare tout.

Toujours est-il que dans le testament dit de Burgos, Ferdinand II avait fait de son petit-fils Ferdinand son héritier. Ferdinand était appelé à devenir régent, au mieux roi (ici je ne fais que résumer le Charles Quint de Chaunu et Escamilla).
Sur ce, les Flamands entreprennent des démarches pour convaincre le vieux roi et ses conseillers de changer d'avis. Ferdinand va alors changer de position et révoquer son testament. Pour expliquer ce revirement, les historiens pensent -entre autres - que le vieux roi entend éviter un conflit avec la Castille. Le petit Ferdinand perd ainsi son statut d'héritier mais pour éviter les réactions d'hostilité, on le cache à son entourage (preuve qu'il existe bien un parti pro-Ferdinand). Quelques temps plus tard, Ferdinand d'Aragon meurt et le petit Ferdinand est proclamé régent : des circulaires sont diffusés pour annoncer son avènement... Après reste à savoir comment cette proclamation fait flop...

Charles Quint débarque en Espagne et - sur les conseils de son grand-père Maximilien, expédie Ferdinand hors d'Espagne. Les Espagnols protestent. Les Cortes réclament à Charles de laisser Ferdinand en Espagne. Des menaces d'enlèvement pèsent sur le jeune homme. Quant au bateau chargé par les Flamands de le transporter aux Pays-Bas, il est accidentellement ou intentionnellement incendié...


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Message Publié : 24 Juil 2012 2:42 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
... ou tout simplement pour empêcher son royaume de tomber dans des mains étrangères

J'évite aussi de penser "politique" à la place d'un souverain.
L'état de Jeanne ne cessant d'empirer, la Castille aurait été gouvernée par Philippe s'il n'était décédé et ce jusqu'à la majorité de son fils. Je prends donc le mot "étranger" pour ce qu'il vaut.
Il doit être facile de connaître les premières années et l'entourage de l'archiduc ? Où se trouvait-il entre le décès de son père et 1509, année où enfin son père est inhumé sur ordre de Ferdinand II rappelé pour une "régence" ?
Il faut tout de même intégrer que Ferdinand II sera appelé deux années après le décès de Philippe, alors que Jeanne est dans une totale incapacité de gouverner dès la fin de l'année 1506, elle n'arrive déjà plus à se gouverner elle-même. La Castille a donc pu pendant ce temps s'autogérer.
Le terme général "comme beaucoup d'autres" renforce votre point de vue mais qui sont ces autres si nombreux.
La lucidité est une chose et les lois successorales une autre.
Ferdinand II n'est pas roi de Castille et n'a en rien à supputer de ce que peut faire son petit-fils. Il est certainement au courant de la maturité de l'enfant, de son éducation puisque ce sont des précepteurs espagnols qui sont en charge de la religion. Les Pays-Bas ne sont pas au pays du Grand Khan, on sait ce qui s'y passe. Maximilien et sa fille manifestent un sens politique plus affiné que le roi d'Aragon, ne serait-ce que par la politique d'unions.
Pour ce qui est de la lucidité de Ferdinand d'Aragon, elle me semble douteuse pour avoir été jusqu'à risquer la scission de la toute nouvelle Espagne avec un testament.
Pourquoi l'union des rois catholiques n'a pas entérinée sous un seul sceptre ? Isabelle craindrait-elle pour la Castille, Leon et Grenade ? A-t-elle grande foi en les capacités de son époux ou est-ce une union par "défaut" ? Promise enfant à Ferdinand, l'union n'est que politique. Elle fut aussi demandée par le Portugal, nulle suite ne fut donnée, il fallait déjà peut être se fédérer. Le mot "accaparer" me gêne un peu. La loi est ainsi faite. Ferdinand II a déjà voulu en tourner le sens pour Jeanne et s'est vu renvoyé par les Cortes castillans. Charles ne demande rien et c'est le hasard qui le fait souverain d'aussi grandes possessions. Les lois ne vont changer en fonction de ce paramètre. L'expression "il n'allait pas de soi" me gêne tout autant : pourquoi ? D'où vient cette analyse ? Depuis quand les lois sont adaptables sur ce qui semble aller ou ne pas aller de soi ? Une reine ne semble pas gêner en Castille alors pourquoi chercher à contourner. Si Isabelle, mariée à Manuel Ier du Portugal n'était pas décédée ainsi que son fils, celui-ci serait peut être devenu infant d'Espagne. Il se trouve que la suivante est Jeanne et que Jeanne a des enfants dont deux fils. Que dit le testament de Burgos exactement ? Que Ferdinand II fait de l'archiduc l'héritier de ce qu'il possède, c'est à dire l'Aragon. Politiquement c'est une catastrophe : déjà il a du mal avec les Castillans mais le Portugal peut alors revendiquer l'Aragon (Manuel Ier s'est remarié avec Marie). Ce genre de politique ouvre la porte à toutes envies. L'archiduc Ferdinand ne peut être "régent", il est mineur. En cas de décès de Ferdinand II, dans ce cas d'autres peuvent demander la régence : la France pouvait aussi abaisser les Pyrénées bien avant Louis XIV. L'union gagnée par la politique des rois catholiques peut donc se déliter et l'Aragon d'être pris entre la Castille, le Portugal, la France. Là où est la France, l'Angleterre talonne, Henry VIII de part son épouse peut revendiquer l'Aragon, il peut considérer ceci comme allant "de soi". On peut tout imaginer et le calcul est loin d'être le fruit d'une fine politique.
Ferdinand se laisse soudain convaincre par des "étrangers flamands", avait-il donc le couteau sous la gorge ? Pas même puisqu'il revoit sa copie de crainte d'affliger une nouvelle fois les Castillans. Ferdinand ne perd aucun statut. Il n'a jamais été infant. Ceci se saurait puisque l'on a pu connaître le testament de "Burgos" pas même évoqué devant les Cortes castillans. Les mots sont importants, il existe une différence entre un "entourage" et un "parti". Guise avait un entourage, La Ligue était un parti... Idem pour Condé et la Fronde. Oliviert nous cite des passages des écrits de Charles Quint, j'ai cité des échanges entre Marguerite et Maximilien, il doit bien exister dans le livre que vous citez des extraits afin d'appuyer de telles théories. Vous parlez de "circulaires", était-ce possible à ce moment ? N'était-ce pas plutôt quelques placards ?

Citer :
Charles Quint débarque en Espagne et - sur les conseils de son grand-père Maximilien, expédie Ferdinand hors d'Espagne.

Là encore je préfère les extraits du livre. Qui proteste, les Castillans ? Les Cortes ? Y-a-t-il des troubles de l'ordre public réprimés ? Ceci ne se peut dans la mesure où Charles laissera tant en Castille qu'en Aragon, les gouverneurs existant.
A un moment, Charles mécontentera les Cortes castillans, il saura prudemment ajuster la situation. Ferdinand est déjà aux Pays-Bas. Charles Ier n'est pas un forcené du pouvoir et ceci peut être pris comme acquis -on le verra lors du partage de ses possessions, de son vivant- maintenant, il n'est pas non plus -dans sa jeunesse- homme à se faire dépouiller.
Pour l'épisode du bateau, le livre ne semble pouvoir affirmer si ceci est accidentel ou autre. Il faut donc que ce soit le lecteur qui tire les évidences d'un livre sensé être une biographie et ce qui paraît évident à l'un semble totalement ahurissant au voisin. Nul écrit de Marguerite réputée grande épistolière, nul chroniqueur alors que plus tôt chacun connait les moindres faits, gestes, édits, traités de François Ier, d'Henry VIII (ses échanges avec le pape entre autres). J'ai beaucoup de mal à croire qu'il n'y ait trace de rien, sachant qu'Isabelle et Ferdinand existaient sous Alexandre VI, les Médicis, période riche s'il en est et lorsque l'on sait que la résidence favorite de Ferdinand II était Naples, je trouve étrange ce flou dans les faits et ce conditionnel récurrent.
Je vous remercie d'avoir cité votre source, je vais me procurer le livre en question car pour ce qui est des biographies, une de plus est toujours bonne pour recroiser des éléments.

http://idt.uab.cat/erytheis/numero3/mestre.html

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Message Publié : 24 Juil 2012 19:38 
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Pierre de L'Estoile
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gaete59 a écrit :
...Le terme général "comme beaucoup d'autres" renforce votre point de vue mais qui sont ces autres si nombreux. La lucidité est une chose et les lois successorales une autre...
Justement. Il ne faut pas enlever aux princes, aux gouvernants et aux hommes politiques, le mérite d'être pragmatique. Il ne manque pas d'exemples dans le XVIe siècle de grands mariages pour lesquels on espère la naissance de deux héritiers afin de répartir l'héritage parental à l'un et à l'autre et éviter ainsi les frustrations des nations mises sous tutelles ou attachées : Philippe II d'Espagne et Élisabeth II d'Angleterre, Marie Stuart et François II, et .. Isabelle et Ferdinand..
Ceci étant, cela n’empêche pas les ambitieux de rêver après des fusions supranationales (on le voit avec les Guise qui projettent d'asservir l’Écosse à la France).

Pour ce qui est de l'héritage de Charles Quint, il existe forcément une opinion en faveur de la séparation (oui cela va de soi, le pragmatisme et la prudence ne sont pas nées d'hier). La question est de savoir si cette pensée a été activement soutenue ? à quel degré ? si elle a été partagée ? par qui ? par quels groupes sociologiques et politiques ? à quelle période ? etc.
Le livre de Chaunu parle de la tante Marguerite. Une fois que Ferdinand est envoyé aux Pays-Bas (1518), l'idée aurait été émise de faire de lui, l'héritier de Maximilien (puisque Charles est en Espagne..). L'idée a normalement traversé l'esprit de Marguerite ; reste à savoir, si elle en a parlé ? si c'est quelqu'un de son entourage qui en a émis l'idée ? si, autour d'elle, cela a fait l'objet de discussion et jusqu'où ont été ces discussions ? existe t-il des écrits qui ont soutenu à l'époque cette idée ? y a t-il eu une réflexion autour de ce sujet ?

Citer :
il doit bien exister dans le livre que vous citez des extraits afin d'appuyer de telles théories.
Je ne sais pas si c'est une théorie. On part d'une certitude : il existe une pensée politique qui consiste à ne pas laisser l'Aragon aux mains des étrangers Flamands et les gens qui ont véhiculé cette pensée ont émis des espérances sur le petit Ferdinand. La question est de savoir si ces espérances ont fait l'objet de discussions, de lettres, de textes politiques ? sous quelle forme ont pris ces espérances ? y avait-il un parti déclaré ? quelle était l'influence politique de l'entourage de Ferdinand (je ne sais pas si cette influence est importante, mais il faut croire qu'elle existait, vu que le vieux roi a caché à cet entourage qu'il a secrètement fait annuler son testament) ? y a t-il eu des troubles ? de quelle nature ont été les protestations des Cortes ? etc.

Citer :
...je trouve étrange ce flou dans les faits et ce conditionnel récurrent.
Je pense que pour répondre à nos question, il faut davantage chercher dans une bibliographie espagnole...

Citer :
Pour ce qui est de la lucidité de Ferdinand d'Aragon, elle me semble douteuse pour avoir été jusqu'à risquer la scission de la toute nouvelle Espagne avec un testament.
Ceci est votre opinion personnelle. Depuis le début de cette discussion, vous semblez prendre le parti de l'Espagne unie et de l'Empire de Charles Quint, faisant fie des susceptibilités régionales et nationales. Vous avouerez que c'est problématique.


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Message Publié : 24 Juil 2012 23:29 
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Philippe de Commines
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Gaete,

un grand merci pour cet article intéressant:
http://idt.uab.cat/erytheis/numero3/mestre.html

Je vous remercie aussi vous et Chatillon pour le grand débat dans ce fil.

Cordialement et avec estime pour les deux,

Paul.


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Message Publié : 25 Juil 2012 21:50 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
Ceci est votre opinion personnelle. Depuis le début de cette discussion, vous semblez prendre le parti de l'Espagne unie et de l'Empire de Charles Quint, faisant fie des susceptibilités régionales et nationales.

Je ne prends aucune position qui ne soit cautionnée par des faits et n'entre pas dans des querelles uchroniques.
Je ne me base pas sur des "il est écrit que...", "on aurait pensé...", "il paraitrait..." etc. Il est vrai que bien souvent l'Histoire n'est pas ce que nous souhaiterions qu'elle soit.
Le sujet est Ferdinand Ier. J'essaie en vain d'y revenir. Un amalgame semble être fait : les possessions immenses de Charles "Empereur" sont donc un Empire d'autant plus qu'elles sont vastes et disséminées contrairement à un état compact comme la France (ce qui n'empêche en rien les divisions) et bien non. Définition de wiki :
"...Le complément Deutscher Nation (en latin Nationis Germanicæ) a été ajouté au XVe siècle. L'étendue et les frontières du Saint-Empire ont été considérablement modifiées au cours des siècles. Au temps de sa plus grande extension, l'Empire comprend presque tout le territoire de l'actuelle Europe centrale ainsi que des parties de l'Europe du Sud. L'époque moderne marque pour l'Empire l'impossibilité structurelle de mener des guerres offensives, d'étendre son pouvoir et son territoire [..] Dès lors, ses principales missions sont la défense du droit et la conservation de la paix. L'Empire doit assurer la stabilité politique et la résolution pacifique des conflits en endiguant la dynamique du pouvoir : il offre une protection, aux sujets contre l'arbitraire des seigneurs, et aux ordres moins importants contre toute infraction au droit commis par les ordres plus importants et par l'Empire même."

Citer :
Justement. Il ne faut pas enlever aux princes, aux gouvernants et aux hommes politiques, le mérite d'être pragmatique.

Si vous estimez que les unions du prince Philippe avec Mary Tudor et non Elisabeth II ou de celle de Marie Stuart avec Lord Darnley comme des exemples de réussite de pragmatisme alors nous n'avons pas la même conception du pragmatisme.

Citer :
Pour ce qui est de l'héritage de Charles Quint, il existe forcément une opinion... ? à quel degré ? si elle a été partagée ? par qui ? par quels groupes sociologiques et politiques ? à quelle période ? etc.

Manifestement cette biographie génère chez vous plus de questions que de réponses. L'héritage de Charles Quint est hors sujet concernant Ferdinand Ier. Il est à voir en amont ou sur un fil concernant Charles Ier. Il n'y a pas d'héritage de Charles Quint mais de Charles Ier. En ceci Oliviert a fourni tous les éléments et moi aussi dans un précédent post où j'évoque les possessions de Charles à différentes périodes de sa vie : Charles de Gand, puis de Bourgogne, puis Don Carlos ensuite Charles Ier.
Lorqu'il abandonne le titre d'Empereur, deux sont en lices : le prince Philippe d'Espagne et l'archiduc Ferdinand roi de Hongrie et de Bohême. Ensuite pour ce qui est de l'abdication et des cessions de possessions ceci aussi a été énuméré. Là encore, Ferdinand est toujours archiduc et roi mais non encore Empereur couronné ni même élu. Il n'est donc toujours pas Ferdinand Ier.
Pour la succession, elle se passe comme en France exception faite de la loi salique. C'est ainsi que Jeanne se retrouvera reine. Il se trouve que la branche autrichienne sera régulièrement élue au trône du Saint Empire. Léopold Ier est père de deux fils qui ont chacun deux filles. Il instaure la loi Léopoldine. Ses fils règneront : Joseph Ier puis Charles VI ensuite la couronne reviendra à l'aînée de Joseph Ier. Par la Pragmatique Sanction, Charles casse cette loi et fait de l'aînée du dernier régnant l'héritière du trône. Marie-Thérèse sera donc impératrice.

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Message Publié : 26 Juil 2012 7:09 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Si vous estimez que les unions du prince Philippe avec Mary Tudor et non Elisabeth II ou de celle de Marie Stuart avec Lord Darnley comme des exemples de réussite de pragmatisme alors nous n'avons pas la même conception du pragmatisme.
Il y a un autre défaut dans votre discours et cette phrase en est un exemple. Votre interprétation des faits est souvent biaisée par la connaissance que vous avez de la suite de l'histoire. On appelle ça de l'anachronisme. Vous avez le point de vue de l'historienne qui sait, mais qui aurait pu croire que le mariage de Marie Tudor et de Marie Stuart se serait mal passé ? ... Il faut se positionner dans l'idée que les gens ne savent pas ce qui va se passer. Il faut donc se demander ce qu'ils peuvent penser au moment des faits. Donner des hypothèses et par conséquent utiliser le conditionnel..

Alors évidemment, ça donne l'impression de faire de l'uchronie, alors que non. Il s'agit juste se mettre à la place des gens. Comprendre leur peur, leur crainte, pour pouvoir comprendre leur comportement. Pourquoi Charles Quint expédie Ferdinand aux Pays-Bas ? c'est qu'il peut potentiellement représenter un danger pour lui.. (et à partir de là, il faut se demander ce que Charles a pu penser). Et si on a des éléments dans les sources qui permettent de faire des hypothèses, c'est encore mieux... :)

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Manifestement cette biographie génère chez vous plus de questions que de réponses.
Oui, tout à fait. C'est ce qui est passionnant avec l'Histoire ; c'est qu'on en sait jamais assez.


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Message Publié : 26 Juil 2012 14:14 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
Oui, tout à fait. C'est ce qui est passionnant avec l'Histoire ; c'est qu'on en sait jamais assez.

Que pensez-vous du positionnement de Ferdinand lors des diètes de Wörms puis de Spire ? Et pourquoi deux diètes à Wörms, pourquoi cette attitude du prince de Saxe ?
Comment un homme aussi avisé que Ferdinand n'ait pas anticipé une succession multiple comme l'a fait son frère et comme le fera Léopold Ier avec une loi face à quatre petites-filles ? Ferdinand se retrouve face à quatre petit-fils et semble déjà avoir bien cerné Mathias. Qu'en pensez-vous ? A-t-il laissé passer l'occasion d'éviter une succession brouillonne à Maximilien ?
Ferdinand Ier ne peut ignorer la future division des possessions, il connaît déjà les gouverneurs -ceci a été étudié avec son fils-. Pourquoi le "roi des romains" n'aurait pu que se contenter d'un arbitrage et céder -dès son élection- son patrimoine à son cadet ? Ce qui sera... ;)

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