Pierma a écrit :
Henri IV, alors roi de Navarre est resté plusieurs années enfermé au Louvre après qu'on ait tué dans sa chambre tous ses compagnons au cours de la nuit de la Saint Barthélémy
... hum hum ; le mythe dans toute sa splendeur !
Le futur Henri IV n'était pas enfermé ; mais seulement "retenu à la cour". Et quand la cour se déplaçait, le jeune prince la suivait. En trois ans et demi de vie "captive", Henri de Navarre a vécu autant à l'extérieur de Paris qu'à l'intérieur, que ce soit à Saint-Germain-en-laye, à Vincennes, à Lyon, à Reims, au siège de la Rochelle, etc.
Par ailleurs, Henri de Navarre avait l'entière liberté d'aller chasser et de courir la campagne, avec ses compagnons... On le sait de l'ambassadeur espagnol qui trouvait aberrant que le jeune Henri bénéficiât d'une telle liberté de mouvement. Au premier abord, la famille royale n'avait rien à craindre ; Henri ne risquait pas de s'enfuir. Moins parce qu'il était gardé par des espions, que parce qu'il était sous l'influence d'amis catholiques qui le dissuadaient de fuir.
Quand en février 1576, Henri de Navarre s'enfuit, il le fait avec des gens à lui, dont certains sont catholiques et qui le resteront... Ceci explique pourquoi le retour d'Henri au calvinisme n'a pas été très clair. Car lui-même, jeune homme, ne savait pas trop où il allait et ce qu'il devait faire... Cette indétermination religieuse devait d'ailleurs le rendre suspect chez les protestants. Pendant plusieurs années, c'est le prince de Condé, qui sera reconnu comme étant le véritable prince protecteur du protestantisme... Voltaire et l'historiographie romantique du XIXe siècle ont beaucoup contribué à effacer cet aspect-là de la vie humaine - et non héroïque et idéologique - du futur Henri IV.
Quand Henri de Navarre était "prisonnier" des charmes de la cour, il était le compagnon de jeu du duc de Guise. Les deux hommes se côtoyaient quotidiennement. Ils allaient aux mêmes parties de chasse, ils jouaient aux jeux de carte, etc. On ne peut pas dire qu'ils étaient "amis", du fait du très lourd contentieux existant entre leurs familles, des évènements de la Saint-Barthélemy et de la vie politique. Les deux hommes étaient politiquement des adversaires, mais dans la chambre du roi, ils étaient des compagnons de vie.
Même le plus violent des amis de Navarre, le très protestant Agrippa d'Aubigné qui était à cette époque son écuyer, a éprouvé de la sympathie pour le duc de Guise. A l'issue de la campagne de 1575, il serait même devenu "son ami". Si ceci s'explique notamment par le fait que Henri de Guise n'était pas un fanatique et qu'il ne trouvait pas gênant que d'Aubigné soit protestant...