Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 18:01

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 67 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 16 Juin 2014 18:49 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Le bonapartiste a écrit :
Je pense qu'il faut prendre le mot "prince" comme "souverain".

Pas comme il est souvent compris ou entendu en France...
Citer :
Vous prenez le cas de l'Autriche mais les Habsbourg sont très impliqués dans la contre réforme au sein même de leurs états comme en bohême et en moravie.

"...Très..." oui et non... Tout dépend déjà quel Habsbourg on évoque : Charles Ier, l'empereur Charles V, Ferdinand, son fils, son neveu etc. Chacun aura une politique d'ajustement très subtile et très ouverte (les unions seront autorisées entre catholiques et protestants...).
Citer :
En règle générale, la tolérance religieuse est subie parce qu'on ne peut faire autrement.

Une tolérance est un grand bien : on ne subit pas une tolérance, elle est un marqueur d'intelligence, peut-être de ce que vous nommez "grandeur" sans forcément briller grandement.
Citer :
Sinon pour le reste je suis d'accord. Juste concernant la grandeur je ne l'ai pas abordé et je crains qu'on devient très largement HS.

J'en suis consciente, maintenant le sujet est une question : il suffisait d'un post à réponse OUI/NON.
Chacun aura étoffé et la tolérance de la modération s'est montrée grande. L'avons-nous "subie" ? Nullement. ;)
De vous à moi, qu'Henri IV soit relaps ou pas, il a régné... Le reste (la foi) est du domaine de l'intime. Qui peut dire : "en revenant dans le giron de l'Eglise, Henri IV avait fait un cheminement personnel profond etc. " ? Personne... Je m'en tiens à la fameuse équation entre Paris et la messe.

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 16 Juin 2014 21:46 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 17 Mai 2014 15:38
Message(s) : 16
@ gaete59,
merci pour le lien et votre réponse.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 6:16 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
gaete59 a écrit :
Le bonapartiste a écrit :
Je pense qu'il faut prendre le mot "prince" comme "souverain".

Pas comme il est souvent compris ou entendu en France...


La France d'aujourd'hui ou celle de l'époque ? Parce qu'à l'époque "le prince", c'est "le souverain". En France, comme dans le reste de l'Europe.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 8:07 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 27 Août 2012 15:49
Message(s) : 745
gaete59 a écrit :
Une tolérance est un grand bien : on ne subit pas une tolérance, elle est un marqueur d'intelligence, peut-être de ce que vous nommez "grandeur" sans forcément briller grandement.


C'est le sens qu'on donne aujourd'hui de la tolérance. Tolérance est un mot qui avait un sens négatif, on tolère une chose que l'on ne peut "combattre", on la subit.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 10:11 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Narduccio a écrit :
... Parce qu'à l'époque "le prince", c'est "le souverain". En France, comme dans le reste de l'Europe.

En lisant votre seconde phrase, il serait aisé d'y voir -à la place du mot "souverain"- le mot "roi" : [...Parce-qu'à l'époque "le prince", c'est le "souverain"...] et le "souverain" c'est le "roi" ou "l'empereur" (on décline). En organisant cette légère dérive, en la programmant parfois, certain "prince", "consul" etc. ont payé de leur vie ce qui -au final- n'était qu'une nuance mais cette nuance faisait toute la différence.
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Cujus_regio,_ejus_religio

Le bonapartiste a écrit :
C'est le sens qu'on donne aujourd'hui de la tolérance. Tolérance est un mot qui avait un sens négatif, on tolère une chose que l'on ne peut "combattre", on la subit.

Tolérer une chose ne veut pas dire que l'on "subit". Tolérer une chose ne veut pas dire que l'on ne peut "combattre", on peut toujours "combattre". Là encore je ne pense pas au verbe tel que vous devez l'entendre : clairon, fanfare, force, panache, gloire et tout le toutim : nous nous sommes croisés sur le sujet "Empire"...
Si je vous disais que Marmont n'en pouvait plus de "subir" l'empereur ce qui l'a amener à "tolérer" l'idée que l'on puisse cesser de "combattre", j'imagine que le mot "trahison" va être de mise. B)
Pour d'autres moments de notre Histoire -ou de celle de nos voisins- je trouve que votre définition peut donner à justifier certains épisodes pas très glorieux : "...on ne pouvait pas combattre alors on a toléré...".
Maintenant si vous avez des exemples en accord avec votre définition et dont l'évidence ne porte pas à discussion, je suis preneuse. ;)

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 12:29 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2239
Le Petit Robert donne les définitions suivantes au verbe tolérer, du latin tolerare :
1. Laisser se produire ou subsister (une chose qu'on aurait le droit ou la possibilité d'empêcher). => Autoriser
2. Supporter avec patience (ce qu'on trouve désagréable, injuste). => Endurer, supporter
3. tolérer qn : admettre sa présence à contrecoeur
4. Supporter sans réaction fâcheuse (en parlant d'un organisme). tolérer un médicament

Lorsqu'on parle de tolérance religieuse au seizième ou au dix-septième siècle, il s'agit bien d'une autorisation laissée à contrecoeur. L'édit de Nantes autorise, sous certaines conditions, le culte réformé et donne aux Protestants des garanties d'exercice de cette autorisation telle la concession de places fortes. Il s'agit du règlement d'un conflit négocié avec l'adversaire. Il ne s'agit pas du tout de l'instauration d'une liberté religieuse qui serait de droit. Pour cela, il faudra attendre 1789. En 1598, on compose avec un adversaire qu'on n'a pas été en mesure d'écraser. La révocation de cet édit en 1685 n'est que le retour à la norme sans dérogation, l'adversaire n'étant plus alors capable d'imposer de dérogation. L'édit de Nantes est bien une mesure de tolérance stricto sensu, qu'on l'entende comme un acte de magnanimité du prince (définition 1.), par nature révocable, ou comme une concession arrachée sous la contrainte (définition 2.). En 1789, et a fortiori aujourd'hui, il n'est plus question de tolérance mais de liberté car désormais la liberté de conscience et la liberté de culte qui en résulte sont devenues la norme.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 13:03 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 27 Août 2012 15:49
Message(s) : 745
Barbetorte a écrit :
Le Petit Robert donne les définitions suivantes au verbe tolérer, du latin tolerare :
1. Laisser se produire ou subsister (une chose qu'on aurait le droit ou la possibilité d'empêcher). => Autoriser
2. Supporter avec patience (ce qu'on trouve désagréable, injuste). => Endurer, supporter
3. tolérer qn : admettre sa présence à contrecoeur
4. Supporter sans réaction fâcheuse (en parlant d'un organisme). tolérer un médicament

Lorsqu'on parle de tolérance religieuse au seizième ou au dix-septième siècle, il s'agit bien d'une autorisation laissée à contrecoeur. L'édit de Nantes autorise, sous certaines conditions, le culte réformé et donne aux Protestants des garanties d'exercice de cette autorisation telle la concession de places fortes. Il s'agit du règlement d'un conflit négocié avec l'adversaire. Il ne s'agit pas du tout de l'instauration d'une liberté religieuse qui serait de droit. Pour cela, il faudra attendre 1789. En 1598, on compose avec un adversaire qu'on n'a pas été en mesure d'écraser. La révocation de cet édit en 1685 n'est que le retour à la norme sans dérogation, l'adversaire n'étant plus alors capable d'imposer de dérogation. L'édit de Nantes est bien une mesure de tolérance stricto sensu, qu'on l'entende comme un acte de magnanimité du prince (définition 1.), par nature révocable, ou comme une concession arrachée sous la contrainte (définition 2.). En 1789, et a fortiori aujourd'hui, il n'est plus question de tolérance mais de liberté car désormais la liberté de conscience et la liberté de culte qui en résulte sont devenues la norme.


Merci, vous me dispensez de répondre :)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 15:59 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Barbetorte a écrit :
Lorsqu'on parle de tolérance religieuse au seizième ou au dix-septième siècle, il s'agit bien d'une autorisation laissée à contrecoeur. L'édit de Nantes autorise, sous certaines conditions, le culte réformé et donne aux Protestants des garanties d'exercice de cette autorisation telle la concession de places fortes. Il s'agit du règlement d'un conflit négocié avec l'adversaire. Il ne s'agit pas du tout de l'instauration d'une liberté religieuse qui serait de droit. Pour cela, il faudra attendre 1789. En 1598, on compose avec un adversaire qu'on n'a pas été en mesure d'écraser. La révocation de cet édit en 1685 n'est que le retour à la norme sans dérogation, l'adversaire n'étant plus alors capable d'imposer de dérogation. L'édit de Nantes est bien une mesure de tolérance stricto sensu, qu'on l'entende comme un acte de magnanimité du prince (définition 1.), par nature révocable, ou comme une concession arrachée sous la contrainte (définition 2.). En 1789, et a fortiori aujourd'hui, il n'est plus question de tolérance mais de liberté car désormais la liberté de conscience et la liberté de culte qui en résulte sont devenues la norme.

Vous évoquez "une autorisation laissée à contrecoeur", comment le savoir ? Comment être certain que l'Edit de Nantes fut signé à contrecoeur par Henri IV ? Existe-t-il des sources ? S'en est-il ouvert ?
En 1598, le roi ne semble pas dépassé par des adversaires protestants et en quoi -si tant est que le cas est- les forces protestantes ont de tels pouvoirs que le roi se montre en peine de les écraser ? Si cet édit est -comme vous l'écrivez- une [... concession arrachée sous la contrainte...], où donc est la contrainte si forte qu'elle ne puisse être combattue ?
Acte de magnanimité du prince ? Qui peut le dire ? Acte de transition ? Qui peut le dire à ce moment ? Bien sûr, avec la révocation il est aisé de revoir la copie. Mais le contexte a changé, tout a changé et surtout en Autriche où les ajustements ne sont plus de mise.
Les guerres de religion ont servi des souverains français dont la seule religion était d'abaisser certaines maisons ou certains états ni moins ni plus. Le goupillon a toujours servi le politique en France dans un sens comme dans l'autre.
Que les édits de Saint-Germain ou d'Amboise furent des tolérances, je puis le comprendre mais l'édit de Nantes est plus qualifié d'édit de "pacification". Je ne vois pas ceci comme [... le règlement d'un conflit négocié avec l'adversaire...], à ceci je donnerais plutôt le nom de "Traité". Il y en aura avec des conflits stériles sous Louis XIV n'entraînant ni vainqueur ni vaincu mais négociations de places, de villes.
Je vois plutôt un roi qui dans un souci de pacification et dont les rapports à la religion sont plus que fluctuant (vous l'avez vous-même évoqué : "Paris vaut bien une messe") obtenir une paix intérieure qui permette de relever un état, d'instaurer un absolutisme et de se contrer d'une Espagne prompte à démontrer que le catholicisme est la parole de Dieu sur terre si ceci peut atomiser les Pyrénées. J'ai du mal à croire que l'ancien Henri de Navarre voit en des coreligionnaires d'il fut un temps des ennemis.
Louis XIV dans sa révocation emploiera d'autres moyens pour se faire comprendre (dragonnades etc.) mais là aussi n'est-ce pas tant "se tromper de cible" et régler une fois pour toute une Fronde "restée sous la cravate" parce-que comme champion de la religion, sa vie personnelle laisse un peu à désirer et Bossuet s'en fait le porte-voix.
[... Négocié avec l'adversaire...] qui étaient donc les négociateurs face au roi ? "Adversaires", quel sens donner à ce mot ? Les Protestants étaient-ils tant nombreux que la France risquait de basculer dans le schisme ?
Les guerres de religion s'étendent sur un large temps, avec plusieurs souverains qui manoeuvreront différemment. Ce n'est pas un protestant qui assassine Henri III. Ce n'est pas un protestant qui salue tel un roi dans un Paris en barricades. Où est véritablement l'adversaire ?
Coligny occis, les choses auraient-elles changé ? Je ne le crois pas, Guise aurait trouvé une autre tête contre qui guerroyer et s'attacher au trône.
Louis XIV n'a rien "enduré" ni "supporté" quant à Louis XIII, on pourrait revenir sur sa position lors de la Guerre de Trente ans. Position qui d'ailleurs verra une France agrandie, plus forte mais -à ce moment- ennemie d'une Autriche qui n'entend plus transiger au niveau de la foi.
On pourra le lire avec Pascal reprenant Montaigne -injustement impliqué par les deux camps lors des guerres de Religion- ("Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà"), l'endroit est bien choisi... et je reprends La Bruyère :
[...Tout prospère dans une monarchie où l'on confond les intérêts de l'Etat avec ceux du Prince ... Nommer un roi "Père du peuple" est moins faire son éloge que l'appeler par son nom ou faire sa définition...]
Ceci n'est pas la période que je préfère et je possède bien des lacunes qui ne demandent qu'à être comblées. :wink:

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 16:05 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Le bonapartiste a écrit :
Merci, vous me dispensez de répondre :)

... Et d'apporter une quelconque argumentation... Alors oui, un grand merci est peu cher payer. B) / ;)

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 18:39 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 19 Mars 2005 18:17
Message(s) : 2159
Localisation : Paris
A propos de l’Édit de Nantes, on pourrait parler de contrainte pour Henri IV, dans le sens où l’Édit dessert complètement sa politique de "communication" à l'égard des catholiques. Henri a très tôt compris que pour devenir roi de France, il doit conquérir les Français par le cœur et l'esprit. Il sait qu'il ne peut pas faire autrement s'il entend conserver sa couronne.
Ceci explique son "plan com" : prouver ses valeurs chrétiennes, faire oublier son passé de rebelle protestant, etc. C'est également la raison pour laquelle il repousse sans cesse les demandes des protestants pour obtenir un édit de tolérance et lorsqu'il y est contraint, il ne fait pas de publicité autour.

De fait, Henri IV est dans une double contrainte politique. Il est contraint de séduire les catholiques (pour garder sa couronne si durement obtenue). Mais il est aussi contraint de séduire les protestants. La raison : ne pas les voir se retourner contre lui, ce que certains protestants ne vont pas manquer de faire. Pour Henri, rien de neuf : les protestants n'ont jamais cessé de râler contre lui. Depuis toujours même. Au sein du parti protestant, il y a toujours eu un parti anti-Henri de Navarre (notamment alimenté par son cousin Condé). La crainte d'Henri IV ? c'est de voir les protestants le lâcher. Certains le font dès le premier jour de son règne, mais plus grave fut la fronde protestante au moment du siège d'Amiens (1597). Sur cette période, les lettres du roi (à Sully notamment) sont éloquentes sur son inquiétude, son blues, voire même - n'ayons pas peur des mots - sur sa dépression.

L'Edit de Nantes est donc bien une contrainte pour le roi. Sa priorité était de plaire aux catholiques (dont il doit obtenir la confiance) avant de plaire aux protestants (dont il était déjà le chef).

Deuxième aspect que les historiens ont déjà beaucoup souligné. L'Edit de Nantes va à l'encontre des principes absolutistes qui sont très marqués chez Henri IV...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 22:37 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Quelque part je m'y retrouve : Henri IV ne "subit" rien.
Il agit avec les moyens du moment dans un but unique : optimiser ses chances de conserver le pouvoir...
Ce qui semble terrible avec l'Histoire est que pour la comprendre il faut s'affranchir absolument de toute foi en l'être humain.

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 17 Juin 2014 23:45 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2239
Aux seizième et dix-septième siècles, l'idée de liberté de conscience ne vient qu'à quelques rares esprits indépendants pour ne pas dire rebelles. L'idée généralement partagée est que la religion est une institution d'Etat à laquelle on est nécessairement soumis, d'où le principe déjà évoqué de cujus regio, ejus religio. Une doctrine qui s'écarte de la doctrine officielle est réprimée parce qu'elle est perçue comme une attitude de rébellion à l'égard du pouvoir. C'est ainsi que furent réprimés jansénisme et quiétisme qui, politiquement, ne représentaient aucune menace. A plus forte raison, il n'était pas question de laisser s'installer librement une nouvelle religion. La propension à l'intolérance était d'ailleurs aussi forte du côté des réformés que du côté de l'église romaine : le culte catholique devint interdit dans les républiques de Genève et de Strasbourg devenues respectivement calviniste et luthérienne. L'apparition d'une nouvelle croyance posait donc en soi un problème. Mais ce n'était pas tout. Car l'Eglise était aussi une institution intimement imbriquée dans les institutions laïques de l'Etat dont dépendaient notamment universités, hôpitaux et tribunaux ecclésiastiques de sorte que l'apparition d'une diversité de cultes avait pour conséquence un bouleversement des institutions de l'Etat. En outre, l'incidence économique était forte car paroisses, évêchés et abbayes étaient sources de revenus sur lesquels l'extension de la réforme représentait une menace sérieuse. Les protestants représentaient donc un triple danger : idéologique, institutionnel et financier.

gaete59 a écrit :
Vous évoquez "une autorisation laissée à contrecoeur", comment le savoir ? Comment être certain que l'Edit de Nantes fut signé à contrecoeur par Henri IV ? Existe-t-il des sources ? S'en est-il ouvert ?
Je pense qu'Henri IV, en tant que personne, ne devait éprouver que de la satisfaction à prendre des mesures favorables aux Protestants. Mais la personne du roi importe moins que l'Etat qu'il représente et, dans le royaume de France, ces mesures étaient une anomalie eu égard aux lois fondamentales du royaume défendues par une majorité de sujets et par l'institution ecclésiastique. C'est avant tout l'Etat qui a été contraint à accepter l'acte de tolérance. Que le roi ait eu ou non satisfaction ou déplaisir à le signer importe en fait assez peu. Le royaume était dans l'ensemble hostile aux concessions faites aux Protestants et le roi n'avait pas le pouvoir de changer cet état de choses.

gaete59 a écrit :
Les guerres de religion ont servi des souverains français dont la seule religion était d'abaisser certaines maisons ou certains états ni moins ni plus.
Au contraire, elles ont créé des troubles extrêmes. Des provinces entières sont entrées en rebellion. L'Espagne et la maison de Lorraine ont trouvé prétexte à intervenir et ont un temps menacé le trône.

gaete59 a écrit :
Le goupillon a toujours servi le politique en France dans un sens comme dans l'autre.
Le goupillon des curés des paroisses de Paris sous Henri III et Henri IV a plus servi le roi d'Espagne que le roi de France.

gaete59 a écrit :
Que les édits de Saint-Germain ou d'Amboise furent des tolérances, je puis le comprendre mais l'édit de Nantes est plus qualifié d'édit de "pacification". Je ne vois pas ceci comme [... le règlement d'un conflit négocié avec l'adversaire...], à ceci je donnerais plutôt le nom de "Traité".
C'est effectivement un traité. Dans la forme c'est un acte législatif, donc unilatéral, mais, dans la réalité, c'est un compromis en vue d'une pacification du royaume prenant en compte les attentes des Protestants.

gaete59 a écrit :
J'ai du mal à croire que l'ancien Henri de Navarre voit en des coreligionnaires d'il fut un temps des ennemis.
Peut-être, mais il n'est pas sûr que les huguenots considèrent encore que le roi converti au catholicisme est toujours des leurs. Ces Huguenots cherchent à se rendre maîtres de provinces ou de villes, ce qui va à l'encontre de la politique royale d'étendre un pouvoir absolu sur tout le royaume. Les sympathies personnelles sont une chose, ce que chacun fait en fonction de sa situation en est une autre.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 18 Juin 2014 7:22 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 27 Août 2012 15:49
Message(s) : 745
gaete59 a écrit :
Louis XIV n'a rien "enduré" ni "supporté" quant à Louis XIII, on pourrait revenir sur sa position lors de la Guerre de Trente ans. Position qui d'ailleurs verra une France agrandie, plus forte mais -à ce moment- ennemie d'une Autriche qui n'entend plus transiger au niveau de la foi.


Si justement, c'est bien une atteinte au pouvoir de Louis XIV. Avant la récovation, il y a une série de mesure pour limiter les droits des protestants afin de l'affaiblir considérablement. 1685 n'est que le retour à une situation "normal".
Concernant Louis XIII vous confondez politique extérieur et intérieur. A l'extérieur, il se "fou" de la religion de nos alliés tant qu'ils combattent nos ennemies.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 18 Juin 2014 14:11 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 05 Juil 2011 14:39
Message(s) : 1623
Localisation : Armorique
Je me doutais de la réponse mais j'espérais vaguement une sorte d'esthétique politique, enfin pas l'image d'ambitions qui profitent à qui a les dents les plus longues... Forte donc du fait que la religion n'est qu'un prétexte à former un contre-pouvoir, que les rois se "fichent" comme d'une guigne de l'orientation de leur âme une fois de l'autre côté mais qu'il est dit que la France est catholique, pourquoi :
1/ ... les Habsbourg sont toujours ressentis comme "ennemis" avec la psychose de l'encerclement et que c'est dans cette famille que l'on tire nos reines, à commencer par Marie de Médicis ?
2/ ... ne pas avoir optimisé Marie Stuart ? Elle voulait sa couronne écossaise, très bien mais rien n'empêchait de lui faire épouser Anjou puisqu'elle avait refusé Charles IX. L'Ecosse aurait été catholique et l'Angleterre aurait toujours eu une épine dans le pied et la France une alliance insulaire (remuante c'est certain mais au moment de se battre on s'en fiche, c'est le nombre des renforts qui compte) et la tête de pont.
3/... le choix d'Henri de Navarre ? Il est hors jeu si l'on considère la Réforme comme une rébellion face au pouvoir. Ecraser l'hérésie quitte à s'allier pour un temps avec l'Espagne, ce ne serait pas la première fois que la Navarre goûterait au joie de l'Espagnol.
4/... ce refus systématique des Guise ? Ceci semble tenir d'un rejet personnel initié par Catherine de Médicis ? il est évident que la reine Louise n'aura pas de descendance, pourquoi pas une alliance avec les Guise ? Ceci aurait coupé l'herbe sous le pied d'Alençon et ma foi, cette famille n'est pas dépourvue d'ambitions pour la France. En quoi les Guise devaient rester "sur la touche" ? On pouvait passer un traité. Une fois la couronne sur la tête, à eux de combattre ou de s'allier l'Espagne. En s'alliant avec l'Espagne, il aurait été possible d'envisager les Pays-Bas comme une tête de pont face à l'Angleterre. Après tout, quand on aime le pouvoir, on ne va tout de même pas lésiner sur la manière. 8-|
5/... une union princière trop proche du pouvoir entre Navarre et Marguerite de France ? Union ahurissante et qui montre une cruelle absence au niveau du pape (Navarre est huguenot, en cherchant bien un consanguinité doit être trouvable etc.). Au fait, que veut Rome ? A moins que l'on se fiche aussi de Rome.
6/... la France semble pusillanime à mener les princes récalcitrants au billot ? (Louis Ier de Bourbon et son engeance) ceci aurait évité pas mal de problèmes.
7/... quid du pape dans ces moments ? Rien ? Pas un encouragement ? Nul appui à attendre ? C'est étonnant, les papes de ces temps ne sont pas des hommes confits dans la contemplation mais de vrais hargneux pour certains, issus de familles qui ont fait leurs preuves dans l'art des disparitions soudaines et bienvenues.
8/... ne pas avoir vu dans le mouvement huguenot une nouvelle lubie comme nous avons eu les Cathares et autres et écrabouiller le tout avec une simple et juste guerre -telle une croisade-, le tout au nom du Dieu tout puissant ?
9/ ... avions-nous tant à craindre des états confettis allemands ? Et puis si rififi, c'est le problème du SERG, défenseur de la foi donc à lui de se retrousser les manches et de se salir les mains.
10/ ... "prendre en compte les attentes des Protestants" est déjà leur accorder de l'importance, justifier leurs idées etc. On ne prend pas en compte ce qui au sein d'un état se révolte au nom de vagues idées n'ayant rien à voir avec la juste Eglise, seule représentante de la "Vérité" (tant qu'à être ambitieux et tordu : au moins en tirer quelque chose et le mettre en place sur la longueur).
Il semble qu'en France, nous soyons champions des choses faites à moitié, histoire d'y revenir pour mieux recommencer...

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Henri IV était-il relaps ?
Message Publié : 18 Juin 2014 20:38 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 19 Mars 2005 18:17
Message(s) : 2159
Localisation : Paris
gaete59 a écrit :
Quelque part je m'y retrouve : Henri IV ne "subit" rien.
Il agit avec les moyens du moment dans un but unique : optimiser ses chances de conserver le pouvoir...
Ce qui semble terrible avec l'Histoire est que pour la comprendre il faut s'affranchir absolument de toute foi en l'être humain.

Vous vous y retrouvez ? Tant mieux pour vous ^^

Henri IV n'est pas un surhomme et encore moins un être exceptionnel. C'est un être humain qui éprouve aussi des sentiments négatifs : le doute, la peur, la dépression, la colère. C'est un être humain qui peut montrer des traits de caractères aussi bien négatifs que positifs : le mépris et la bienveillance, la condescendance et l’empathie, la goujaterie et la flatterie.

Donc, même si on regarde les choses de façon positive, on ne peut manquer d'observer qu'Henri IV a parfois baissé les bras et regretté d'être roi... Mais il n'est pas le seul monarque à avoir eu ce sentiment....
Et ce qui est curieux c'est que les protestants l'ont parfois autant exaspéré que les catholiques... On ne choisit pas son époque (une chance pour nous de vivre en 2014).


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 67 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 26 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB