Citer :
Cela va donc au-delà des mésententes d'homme à homme entre tel ou tel souverain et l'Empereur?
Il faut bien prendre en compte un certain nombre de données pour saisir le problème je pense:
Les peuples qui s'installent dans l'empire romain d'Occident à partir du IVème siècle n'ont qu'une vague idée de ce qu'est un Etat centralisé. L'empire lui-même, depuis déjà un bon moment (IIIème siècle) est plongé dans la guerre civile et est largement divisé dans on unité (sic): tétrarchie, empire gaulois, usurpations diverses....etc.
L'idée d'universalisme associée à l'empire et au Christianisme, c'est Charlemagne qui la ressuscite. Et cette idée est mise à mal par la division de son empire en 843 et l'apparition du système féodal. Entretemps, l'empire d'Orient s'affaiblit de plus en plus. Ses frontières se réduisent peu à peu, et à sa chute en 1453, l'empire byzantins, c'est le Bosphore et une partie de la Grèce.... Inutile de dire qu'on est loin du prestige de la Rome impériale de Constantin ou même de Justinien.
En Occident, l'empire germanique connait tellement de vicissitudes (la querelle des investitures et la réforme grégorienne notamment, qui aboutira sur une domination du Pape sur l'Empereur) que la fonction impériale est généralement vidée de sa substance et soumise aux seigneurs féodaux (l'empereur est élu d'ailleurs....)
Alors qu'en Orient, l'empereur demeure le chef du culte, d'où le Schisme entre catholique et orthodoxes qui éloigne un peu plus orient et occident, déjà à cette époque, l'idée que Byzance est l'héritière de Rome a sacrément du plomb dans l'aile. L'héritier de Rome, en Occident, c'est surtout l'Eglise catholique, donc le Pape, pas l'empereur de Byzance.
Et les monarques occidentaux voient chacun midi à leur porte ("empereur en son royaume", effectivement).
A la Renaissance, l'idée de l'empire, l'antiquité étant à la mode, reste forte: François 1er et Charlequin s'y sont référés notamment, tout comme l'empire russe (le mot "Tzar" dérive de "César"). L'aigle à deux tête représente d'ailleurs l’association du pouvoir séculier et du pouvoir religieux, idée à la base de l'idéal impérial: un Dieu, une Eglise, un Empire, un empereur.....