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Message Publié : 10 Juil 2008 0:30 
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Plutarque
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Enki-Ea a écrit :
Connait-on grosso-modo le nombre de Catholiques ainsi assassinés?

Non, c'est impossible à savoir. Même le nombre de victimes des massacres n'est pas connu avec précision alors pour faire le tri entre ceux qui étaient de "vrais" protestants et les autres, comment faire ?

Ce sont surtout les récits de témoins de ces assassinats qui font penser que les motifs des exécuteurs n'étaient pas toujours très "catholiques, si je peux me permettre l'expression.

Je me souviens, par exemple, d'une narration qui rapportait que le pont Notre-Dame, habité à l'époque, fut vidé de ses occupants. La plupart furent simplement jetés à la Seine par les fenêtres, certains déjà morts, d'autres agonisants, et même des vivants qui furent achevés à coup de pierres qu'on leur lança alors qu'ils essayaient de s'accrocher aux piliers. Quand on parle de massacre, le mot n'est pas exagéré ! Une vraie boucherie !

Mais ce que je veux dire par là, c'est surtout qu'à mon avis, tout le pont n'était pas uniquement habité de huguenots. Par cet exemple, on peut en déduire que bien d'autres personnes périrent simplement pour être volés ou parce qu'elles se trouvaient à l'endroit où il ne fallait pas au mauvais instant...

A certains moments, il était très dangereux de tout bonnement sortir de chez soi sans être lourdement protégé. Il suffisait de tomber sur un groupe qui vous suspectait de faire partie de la "religion" pour être immédiatement égorgé. Qui vous dit que ce n'était pas plutôt votre bourse qui était visée ?


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Message Publié : 10 Juil 2008 22:14 
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Pierre de L'Estoile
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Enki-Ea a écrit :
Que sait-on exactement de l'attitude du futur Henri III pendant ces journées? Sur quoi se base-t-on pour dire qu'il n'était pas mécontent du massacre des chefs huguenots ?

Si il y a bien une personne dans la famille royale qui n'est pas trop mécontente de voir la disparition des chefs huguenots, c'est bien le duc d'Anjou. Même s'il a baigné dans un milieu humaniste et qu'il a participé à mettre en œuvre la politique de conciliation de sa mère, au sein de la famille royale, il est celui qui appuie le plus fortement pour une politique de rigueur contre les Protestants.
Qu'a donc fait le duc d'Anjou durant le massacre ? Bonne question. Il a probablement fait comme les membres de sa famille, il s'est calfeutré dans la forteresse du Louvre, le temps que ça se calme.

Je voudrais maintenant revenir sur le caractère soit disant faible de Charles IX (et de son conseil, car l'un ne vas pas sans l'autre). L'opération chirurgicale de la Saint-Barthélemy est quand même une démonstration incontestable de la "poigne" autoritaire du roi. Charles IX organise ce jour-là un coup de force des plus remarquables. A côté de ce coup de maître, l'assassinat de Concini ou l'arrestation de Fouquet sont des événements qui font pâles figures. Avec l'aide de son conseil, Charles IX "tape sur la table" comme un véritable roi de fer.

D'ailleurs, c'est le développement d'Arlette Jouanna dans son dernier ouvrage. Le règne de Charles IX a contribué à l'élaboration de la monarchie absolue.

Maintenant, il est clair que le roi a complètement été dépassé par la situation. Il s'est passé des choses horribles qu'aucun roi humaniste comme lui n'aurait voulu voir sous son règne. Toutefois, on ne peut pas l'accuser d'avoir regardé faire. Non seulement, il n'avait pas le choix, la ville étant en insurrection, mais en plus, cela pouvait l'arranger dans l'application du fameux adage un roi une foi. Le roi a utilisé, après coup, la Saint-Barthélemy à des fins religieuses et politiques. En septembre, il a mis un terme à l'édit de Saint Germain et a ordonné aux gouverneurs de rassembler les nobles protestants pour les appeler (de manière pacifique, mais cela n'exclut pas les pressions) à se convertir au catholiscime. Et c'est bien ce qu'on peut lui reprocher (mais bon en même temps, c'était la mentalité de l'époque).


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Message Publié : 10 Juil 2008 23:53 
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Plutarque
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Inscription : 16 Mai 2008 21:29
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Châtillon a écrit :
................Maintenant, il est clair que le roi a complètement été dépassé par la situation. Il s'est passé des choses horribles qu'aucun roi humaniste comme lui n'aurait voulu voir sous son règne. Toutefois, on ne peut pas l'accuser d'avoir regardé faire. Non seulement, il n'avait pas le choix, la ville étant en insurrection, mais en plus, cela pouvait l'arranger dans l'application du fameux adage un roi une foi. Le roi a utilisé, après coup, la Saint-Barthélemy à des fins religieuses et politiques. En septembre, il a mis un terme à l'édit de Saint Germain et a ordonné aux gouverneurs de rassembler les nobles protestants pour les appeler (de manière pacifique, mais cela n'exclut pas les pressions) à se convertir au catholiscime. Et c'est bien ce qu'on peut lui reprocher (mais bon en même temps, c'était la mentalité de l'époque).

Vous êtes en totale contradiction dans tout votre raisonnement. A croire que vous vous êtes imprégné de Charles IX et que vous dites à la fois une chose et son contraire.

Vous nous racontez que le roi aurait été un homme de fer à la conduite admirable, à la stratégie à toute épreuve et dans la même phrase, ou presque, vous nous dites qu'il fut dépassé par les évènements. S'il savait ce qu'il faisait et que cela était issu de l'esprit d'un être équilibré, il aurait su contrôler l'évènement. Or il a été complétement dépassé, comme tout le monde d'ailleurs, à tel point que vous précisez que le roi est resté enfermé au Louvre, entouré de sa famille. La réalité est qu'ils ont tous été épouvantés et effrayés par ce qui se passait ! Vous parlez de stratèges !

Je peux même ajouter, je ne sais pas si vous le savez, que le roi de Navarre et le prince de Condé ont été associés à certaines décisions prises tout au début des troubles. La situation était si cahotique et si confuse qu'il fallait unir toutes les énergies pour ne pas laisser l'incendie se transformer en bûcher pour les institutions elles-même. Des lettres envoyées dans tout le pays en témoignent.

Ensuite vous nous dites que la Saint-Barthélemy aurait été une opération "chirurgicale" ! Mais de quoi parlez-vous ? S'il est exact que l'intention de départ était peut-être celle-là, autrement dit juste couper quelques têtes de la Réforme (que le roi assimile à un complot contre lui, j'insiste !), il n'était en aucun cas envisagé une telle barbarie et un massacre aussi énorme. Personne, et certainement pas la famille royale, n'avait prévu une dérive aussi gigantesque. Je vous rappelle, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, que la Saint-Barthélemy reste encore ancrée dans les mémoires comme un des plus épouvantables évènements de notre Histoire: la preuve, nous en débattons encore ! Je ne vois pas où vous voyez du "chirurgicale" là-dedans, à moins que vous ne vouliez faire référence à la boucherie sans nom que ce fut !

Je crois qu'il est nécessaire de revenir sur la chronologie et sur la raison de la Saint-Barthélemy. D'abord, cette opération n'est en aucun cas préméditée. Cette horreur va survenir accidentellement.

Le mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois a pour but de trouver une issue aux troubles qui ne cessent d'épuiser la France au travers de guerres qui arrêtent régulièrement toute activité économique et tout essor culturel. Chacun se résoud, tant bien que mal, à faire un effort et la réunion de ces familles est un signal fort donné à tous pour qu'ils essayent de vivre ensembles, quelle que soit la nature de leurs croyances (enfin limitées, bien évidemment aux stricts chrétiens).

Dès le départ, l'arrivée des seigneurs huguenots à Paris est très mal vécu par la population qui n'est pas prête à accepter ce qu'on lui propose. Il faut dire que la Ligue et les abbés dans les églises sont aussi de la partie et font tout pour jeter de l'huile sur le feu. Ensuite, si la cérémonie du mariage se déroule, elle se fait mal. Navarre fait aussi le réticent, se marie mais veut rester protestant, refusant en partie la messe, n'entrant pas complètement dans Notre-Dame....Enfin, cela ne sent pas l'entente cordiale et la réconciliation.

Enfin, survient l'attentat contre Coligny que personne n'attendait et qui est directement l'oeuvre des Guise. Il n'y a qu'eux qui pouvaient avoir réellement intérêt à ce type d'incident. Le mariage était un véritable camouflet pour les ultra catholiques et ils ne pouvaient rêver mieux que de s'attaquer à l'amiral. Ce sont eux qui organiseront la Saint-Barthélemy et les massacres.

Maintenant la position de Charles IX: il n'est pour rien dans ce qui vient de se passer, il ne fait que subir, vous appelez ça de la poigne ? Il voulait avec sa mère une réconciliation avec la Réforme et ils se retrouvent avec un attentat que l'on ne tardera pas à attribuer au roi, ou au moins à sa mère ! Mais le résultat est le même, que va-t-il se passer avec tous ces seigneurs huguenots en colère, outrés, insultés qui se voient trahis alors qu'ils viennent fêter le mariage d'un de leur chef ? Que faut-il faire ? N'y aurait-il pas un complot en gestation ? Ne voudrait-on pas s'en prendre au roi et à la famille royale ? Voilà les questions que Charles IX et ses proches se sont posées. Et ils ont tranché....Certainement mal conseillés...Car d'autres solutions étaient possibles s'ils s'étaient servis de Navarre, de Condé, et même de Coligny qui aurient peut-être pu appaiser les tensions.

Ils ont décidé de couper les têtes...Et, comme je l'ai déjà dit, tout s'est embrasé dans une catastrophe qui a réouvert le trou béant des guerres et de la haine ! Et cela a continué jusqu'en 1589 et leurs fins ! 17 ans de conflits qui ont accompagné les Valois à leur extinction. Un pays ingérable où les massacres se sont succédés aux crises. Des décisions prises dans un sens puis dans l'autre, une fois il fallait satisfaire l'Espagne, la Ligue et les catholiques, une autre, il ne fallait pas mécontenter les protestants ! Vous trouvez que cela ressemble à un pouvoir stable et fort qui mène à une monarchie absolue ? Surtout Charles IX ? Il meurt seulement 2 ans après le massacre dans les conditions que vous savez, vraiment pas clair dans son esprit et avec 24 ans ! Quel bel exemple ! Comment peut-on même prononcer le nom de Louis XIV quand on évoque celui de Charles IX ? Ce sont les opposés même..Enfin....

Chatillon, j'ai généralement plaisir à vous lire car vos propos me semblent plutôt intéressants, plein de contenu et équilibré. Mais là, je suis vraiment surpris. Je crois que vous devriez lire les documents les plus originaux possibles, les analyser et en tirer vos propres conclusions. Vous avez trop tendance à vous appuyer sur l'ouvrage de Jouanna, et aussi complet soit-il, il ne représente que la vision de son auteur.

Vous allez me dire que la mienne n'a aucune valeur, peut-être, mais en tous cas, je la crois cohérente et basée sur des documents d'époque, ou pas très éloignés. En lisant les lettres de la reine, du roi, de témoins du drame, en suivant la chronologie des évènements, on finit par se rendre compte que ce fut un cataclysme sans nom dont les répercussions pourrirent la vie des français pendant au moins 30 ans... Et qu'a fait Charles IX ? Donner des ordres confus qui le rende directement responsable !


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Message Publié : 11 Juil 2008 6:42 
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Jean Mabillon
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Châtillon a écrit :
Enki-Ea a écrit :
Que sait-on exactement de l'attitude du futur Henri III pendant ces journées? Sur quoi se base-t-on pour dire qu'il n'était pas mécontent du massacre des chefs huguenots ?

Si il y a bien une personne dans la famille royale qui n'est pas trop mécontente de voir la disparition des chefs huguenots, c'est bien le duc d'Anjou. Même s'il a baigné dans un milieu humaniste et qu'il a participé à mettre en œuvre la politique de conciliation de sa mère, au sein de la famille royale, il est celui qui appuie le plus fortement pour une politique de rigueur contre les Protestants.

Bonjour Châtillon!
Ce n'est pas vraiment l'opinion de Solnon dans sa biographie d'Henri III. Auriez-vous certaines informations plus précises sur cette politique de rigueur vis-à-vis des Protestants preconisée par Henri III?


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Message Publié : 11 Juil 2008 6:47 
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Jean Mabillon
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indefini a écrit :
Maintenant la position de Charles IX: il n'est pour rien dans ce qui vient de se passer, il ne fait que subir, vous appelez ça de la poigne ? Il voulait avec sa mère une réconciliation avec la Réforme et ils se retrouvent avec un attentat que l'on ne tardera pas à attribuer au roi, ou au moins à sa mère ! Mais le résultat est le même, que va-t-il se passer avec tous ces seigneurs huguenots en colère, outrés, insultés qui se voient trahis alors qu'ils viennent fêter le mariage d'un de leur chef ? Que faut-il faire ? N'y aurait-il pas un complot en gestation ? Ne voudrait-on pas s'en prendre au roi et à la famille royale ? Voilà les questions que Charles IX et ses proches se sont posées. Et ils ont tranché....Certainement mal conseillés...

En est-on si sûr? Que sait-on exactement des délibérations du Conseil?


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Message Publié : 11 Juil 2008 11:52 
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Plutarque
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Enki-Ea a écrit :
En est-on si sûr? Que sait-on exactement des délibérations du Conseil?

Non, nous ne sommes sûr de rien ! Même aujourd'hui nous ne savons pas exactement le fond des choses de notre actualité alors imaginez la certitude de nos connaissances sur les évènements du XVI è siècle !

S'il faut être sûr pour pouvoir parler d'histoire, autant ne plus discuter... :wink:

Ce que je voulais dire dans le paragraphe que vous reprenez, c'est que Charles IX et sa mère voulaient une réconciliation religieuse avec le mariage. Le mois d'août 72 aurait dû retenir cela, telle était la stratégie. Le résultat fut exactement l'inverse avec un drame que l'histoire leur reprochera à jamais et un gouffre entre les communautés.

On ne peut pas dire que ce fut une totale réussite et que le roi ait pu calculer quoi que ce soit et planifier ce qui allait arriver. C'est en cela qu'il a subi l'évènement même s'il en est responsable par ses mauvaises décisions et ses hésitations...

Qu'il ait essayé par la suite de sauver ce qui pouvait l'être et de récupérer le désastre, ne change rien au fait que ce fut, justement, "un désastre"...Il fallait bien faire quelque chose après une telle catastrophe et un raté comme celui-là...


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Message Publié : 11 Juil 2008 19:41 
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Pierre de L'Estoile
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indefini a écrit :
Vous êtes en totale contradiction dans tout votre raisonnement. A croire que vous vous êtes imprégné de Charles IX et que vous dites à la fois une chose et son contraire.


Désolé Indefini, j’ai beau relire ce que j’ai lu, je ne vois rien de contradictoires dans mes propos. Je n’ai jamais dit que Charles IX était un roi absolu d’un pays stable. La seule chose que j’ai dit, est que ce soir-là (le 23 août), le roi s’est comporté comme un roi de fer, prenant avec son conseil la décision la plus autoritaire qu’il ait pu prendre. Je voulais montrer par-là que Charles IX pouvait aussi entreprendre des actes d’une rare fermeté.

Autre chose encore : oui, la Saint Barthélemy a effectivement approfondi le fossé et la division du royaume, mais elle a également renforcé l’autorité du roi. Il n’y a pas de contradiction. Les années 1572-1574 constituent l’époque où Charles IX se montre le plus autoritaire. On voit le roi s’impliquer personnellement dans son gouvernement ce qu’on avait jamais vu jusqu’à alors. Et puis, surtout, il gère le complot des Malcontents d’une manière qui interdit de dire de lui qu’il n’est qu’un pantin faible et attardé. Juste avant de mourir, Charles IX envoie François de Montmorency et le maréchal de Cossé à la Bastille. Ce n’est pas là un acte anodin. François de Montmorency en prison ! C’est à faire retourner le connétable dans sa tombe !

Une dernière chose. Vous devriez faire attention de ne pas trop rendre les Valois responsables des troubles des guerres de religion. Qui aurait pu faire mieux qu’eux ? Henri IV lui-même l’a reconnu ; la monarchie française ne pouvait absolument rien faire devant la volonté des clans familiaux et des communautés religieuses à s’affronter. ;)

Enki-Ea a écrit :
Chatillon, j'ai généralement plaisir à vous lire car vos propos me semblent plutôt intéressants, plein de contenu et équilibré.
Mais qu’est-ce que j’ai pu dire comme bêtise aussi. Lorsque je relis mes premières contributions sur le forum, je me dit que j’aurais mieux fait me taire. lol


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Message Publié : 11 Juil 2008 21:26 
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Jean Mabillon
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Indefini, Châtillon,

ce que j'aimerais savoir c'est comment vous pouvez être sûrs de l'attitude de Charles IX au Conseil (même si vous divergez ensuite sur l'interprétation à en donner)? A-t-on les minutes des déliberations au Conseil? A-t-on des témoignages sérieux?

Amicalement


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Message Publié : 11 Juil 2008 23:35 
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Plutarque
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Châtillon a écrit :
Je voudrais maintenant revenir sur le caractère soit disant faible de Charles IX (et de son conseil, car l'un ne vas pas sans l'autre). L'opération chirurgicale de la Saint-Barthélemy est quand même une démonstration incontestable de la "poigne" autoritaire du roi. Charles IX organise ce jour-là un coup de force des plus remarquables. A côté de ce coup de maître, l'assassinat de Concini ou l'arrestation de Fouquet sont des événements qui font pâles figures. Avec l'aide de son conseil, Charles IX "tape sur la table" comme un véritable roi de fer.

Bien, je me vois obligé de reprendre votre raisonnement puisque vous ne semblez pas comprendre ce que je lui reproche. Vous parlez ici même d'un coup de force remarquable et d'une opération chirurgicale. Vous êtes même si admiratif que vous allez jusqu'à parler de coup de maître. Celui à l'origine d'un tel éloge serait Charles IX que vous qualifiez de roi de fer.

Cependant vous oubliez de dire que votre coup de maître est un désastre comme rarement l'histoire de France a connu. Il se solde par un échec et se conclut par un massacre qui est exactement l'inverse de ce qui était voulu. Quel est le coup de maître quand ce que l'on entreprend échoue ? Qu'a de chirurgicale une opération qui tue aveuglément des milliers d'innocents ? Est-ce que l'on devient "homme de fer" quand on exécute un projet fou lié à une crise de paranoïa ? Admirez-vous toujours ainsi les hommes qui sont à l'origine de massacres, de génocides ou autres horreurs ? Pour ma part, j'ai quelques réticences à faire l'éloge de ceux qui provoquent des guerres civiles juste parce qu'ils n'ont pas su prendre la bonne décision au bon moment. Un dirigeant doit savoir faire cela.

Car enfin, Châtillon, que s'était-il passé de si grave pour que le roi décide d'assassiner tous les seigneurs huguenots ? Un coup d'arquebuse sur un amiral ? Vous trouvez donc "normal" de tuer des dizaines ou des centaines de personnes juste parce qu'un attentat vient d'être commis ? Cela ne vous interpelle pas ? Vous ne vous dites pas que la réaction est étrange ? Moi si.

Vous comparez cette affaire à celle de Concini: elle n'a rien à voir ! Si l'assassinat de Concini avait entraîné des massacres et des guerres, elle aurait été un échec cuisant et une stupidité. Or elle s'est juste traduite par la mort du maréchal et de sa femme, voyez-vous la différence ? Dans un cas c'est un échec et dans l'autre une réussite. Par ailleurs, l'importance de l'acte n'est vraiment pas le même, ni la situation. Il est beaucoup plus délicat d'assassiner des gentilshommes à cause de leur religion, que d'abattre un seul homme un peu encombrant pour des motifs politiques. Louis XIII devient un roi entier et respecté, ce jour-là. Charles IX devient un boucher le 24 août au matin. Ce n'est pas du tout pareil !

S'il est certain que les gentilshommes huguenots étaient très affectés par l'attentat contre Coligny, il est très improbable qu'ils aient osé un coup de force. Les chefs protestants, plus sereins que le roi, n'auraient pas pris l'initiative d'un conflit ouvert contre Charles IX, et cela dans une ville qui leur était très hostile. Ils se seraient contentés de protestations, se seraient plaints de l'accueil qu'on leur avait réservé à Paris et auraient fini par se retirer. Les quelques excités qui auraient tenté quelque chose auraient facilement été maîtrisés. Avec une action auprès de Navarre, qui était respectivement mari de Marguerite, beau-frère du roi et beau-fils de la reine mère, en s'occupant sérieusement de Coligny (ce qu'ils commencèrent à faire pour changer finalement d'avis), en discutant avec d'autres seigneurs et peut-être en promettant quelques nouvelles libertés de culte, le roi aurait montré sa bonne foi dans ce qui s'était produit. Il était crédible puisqu'il venait de donner la main de sa soeur à Navarre !

Je crois que ce qui s'est passé, c'est que votre "homme de fer" a eu peur ! Voyant l'hostilité des seigneurs huguenots auprès de Coligny blessé, il a cru au complot et à sa fin proche. Sa réaction a été de s'enfermer dans le Louvre et de donner l'ordre d'en chasser les seigneurs huguenots. Tout est partie de là, de la peur incontrôlée d'un roi fragile et effrayé. C'est tout le contraire de ce que vous croyez: un être fort aurait fait face et ne se serait pas réfugié au Louvre. Il aurait tapé sur la table pour dire aux Guise, à Aumale, à Birague, à Tavannes que le temps des tueries était passé. Il aurait organisé une réunion avec les chefs protestants pour s'expliquer avec eux. Cela aurait été un acte admirable et digne d'éloges: pas de se cacher et de risquer de faire assassiner la moitié de la ville !

Châtillon a écrit :
D'ailleurs, c'est le développement d'Arlette Jouanna dans son dernier ouvrage. Le règne de Charles IX a contribué à l'élaboration de la monarchie absolue.

Mais sur quoi se base-t-elle? Tous les règnes mènent à la monarchie absolue ! Mais celui de Charles IX est partagé entre de nombreux pouvoir: le Parlement, les Guise, les chefs huguenots et les très nombreuses villes qui échappent au contrôle du roi. Vous dites vous-même en parlant de lui "et son conseil", ça veut tout dire sur son autorité absolue ! Et que dire de Catherine de Médicis ? Et du duc d'Anjou ? Et d'Alençon ? et...Ils ne comptent pas ? C'est ainsi qu'on élabore une monarchie absolue ? Ah bon...Il aurait fallu le dire à Louis XIV, ça l'aurait beaucoup intéressé de savoir comment faire... ;)

Châtillon a écrit :
En septembre, il a mis un terme à l'édit de Saint Germain et a ordonné aux gouverneurs de rassembler les nobles protestants pour les appeler (de manière pacifique, mais cela n'exclut pas les pressions) à se convertir au catholicisme.

Alors voyons les édits puisque vous en parlez: sous Charles IX, c'est du n'importe quoi ! Une fois, on en promulgue un pour accorder quelques libertés aux protestants et quelques mois après, on fait exactement le contraire ! J'en veux pour preuve les décisions prises en 1568: l'édit de Longjumeau en mars 68 est plutôt en faveur de la liberté de culte, améliorant celui d'Amboise 5 ans plus tôt, et en septembre (!!), l'édit de Saint-Maur interdit carrément le culte protestant! Et celui dont vous parlez, en 1570 à St-Germain, revient en arrière et annule celui de St-Maur ! Euh.....Ah oui, c'est vraiment l'oeuvre d'un roi fort et droit dans sa réflexion ! Rien qu'en les listant, on s'y perd, alors imaginez ce que devaient en penser ses concitoyens et notamment ceux de la religion réformée !

Soyons sérieux : je veux bien que les Valois aient eu des circonstances atténuantes mais il est impossible de dire que leurs règnes après Henri II soient exemplaires. Comme je l'ai déjà dit, 1559 est un tournant qui sera dur à prendre. Trop d'à peu près, trop de changements, trop de déséquilibres, trop de gens non préparés au pouvoir ont augmenté les troubles qui ont jalonné toutes ces années. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre aurait fait mieux mais en tous cas, eux n'ont pas été à la hauteur. Et la Saint-Barthélemy est le point d'orgue de toute cette incompétence....

Ils ont des excuses, mais est-ce que cela suffit à en faire de grands souverains ? Chacun se fera son opinion.


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Message Publié : 12 Juil 2008 6:00 
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Jean Mabillon
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Je suis à peu près d'accord avec Indefini.
Je précise tout de suite que je n'ai pas lu Jouanna mais, d'après ce que vous en dites, Châtillon, j'ai l'impression qu'elle pousse un peu trop mémé dans les orties...
Les historiens sont des gens comme les autres: pour avoir une utilité, pour vendre, bref pour exister, il faut apporter quelque chose de nouveau, se demarquer de ce qui a été fait. Ce faisant, certains d'entre eux ont trop tendance à vouloir à tout prix apporter "un nouvel éclairage", à voir des choses nouvelles là où il n'y a rien à voir. J'ai l'impression que Jounna entre dans cette catégorie (mais encore une fois, je ne l'ai pas lue. Je ne fais que me baser sur ce que vous en dites). Vouloir faire d'un des rois les plus faibles de l'histoire de France un maillon de l'absolutisme est franchement tiré par les cheveux.
Il faut faire la part des choses bien sûr. Certains historiens apportent réellement une vision neuve sur leur thème: je pense au Louis XI de Jacques Heers par exemple. Mais il faut aussi reconnaître que d'autres n'ont pas cette qualité.


Une remarque Indefini:
indefini a écrit :
Cela aurait été un acte admirable et digne d'éloges: pas de se cacher et de risquer de faire assassiner la moitié de la ville !

N'exagerons pas! L'estimation du nombre de victimes faite par Garrisson et d'autres est de 2000 morts à Paris et 5000 dans tout le royaume. La moitié de la ville... :rool:


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Message Publié : 12 Juil 2008 11:03 
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Pierre de L'Estoile
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lol lol

Enki-Ea, faites attention à ce que vous dites. Jouanna est aujourd'hui la référence dans ce domaine.

Il y a peu, elle a sorti un ouvrage sur la Saint Barthélemy qui aujourd’hui peut être vu comme la référence. Elle a le mérite d'avoir synthétisé tout ce qui avait été dit jusqu'à présent. Elle s'aligne notamment beaucoup sur ce qu’avait écrit Crouzet.

Dans les années 1990, il y a eu, autour du massacre de la Saint Barthélemy, un débat très vif entre les historiens. Aujourd'hui, ce débat n'est plus. Malgré quelques divergences, les historiens ont peu à peu accordé leur violon. Et Jouanna est celle qui a synthétisé tout ça.

En faite, son livre peut être vu comme la grande conclusion au débat historiographique de ces 30 dernières années.

Maintenant concernant l'absolutisme, Jouanna pose dans son ouvrage le principe que le règne de Charles IX a permis aux gens de se poser la question si la monarchie devait être absolue ou modérée. A partir de 1572, on voit en effet le développement du mouvement des monarchomaques et celui des Politiques et on sait très bien l'importance joué par les Politiques dans l'avènement du roi Henri IV. Voilà ce que dit Jouanna.


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Message Publié : 12 Juil 2008 11:48 
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Pierre de L'Estoile
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Indefini vous devriez faire extrêmement attention de ne pas interpréter les propos de vos interlocuteurs avec trop hâte. Ne vous inquiétez pas, je ne vous en fait pas le reproche car il m’arrive très souvent moi-même de faire la même chose.

Si je dis qu’Hitler a été un roi de fer (entre guillemet) cela veut-il dire que je suis admiratif de son action ? Non, naturellement. Si vous relisez ce que j’ai lu, vous verrez que je n’ai pas fait part de mes sentiments.

Maintenant revenons sur la décision prise par Charles IX et son conseil.

Premièrement, vous ne pouvez rendre Charles IX, responsable de la mort de milliers de gens. Charles IX est seulement responsable de la mort des chefs huguenots. Point.

Deuxièmement, vous ne pouvez prétendre qu’un autre que lui aurait fait mieux. Vous savez très bien que la monarchie a complètement été dépassée ce jour-là. Vous ne pouvez vous monter des films, comme vous le faites dans votre propos. D’ailleurs, j'aimerais relever les choses de votre discours qui ne peuvent pas passer.

indefini a écrit :
Il est beaucoup plus délicat d'assassiner des gentilshommes à cause de leur religion, que d'abattre un seul homme un peu encombrant pour des motifs politiques.
Je vous rappelle que si l'ordre d'exécuter les chefs huguenots, a été donné, ce n'est pas parce que ce sont des Protestants mais parce que sont des hommes de guerre qui ont porté les armes contre leur roi et qu'ils ont commis le crime de lèse-majesté.

indefini a écrit :
Louis XIII devient un roi entier et respecté, ce jour-là. Charles IX devient un boucher le 24 août au matin. Ce n'est pas du tout pareil !
Je n'ai pas de commentaires à faire dessus. Manque de recul et de neutralité dans votre propos.

indefini a écrit :
S'il est certain que les gentilshommes huguenots étaient très affectés par l'attentat contre Coligny, il est très improbable qu'ils aient osé un coup de force. Les chefs protestants, plus sereins que le roi, n'auraient pas pris l'initiative d'un conflit ouvert contre Charles IX, et cela dans une ville qui leur était très hostile. Ils se seraient contentés de protestations, se seraient plaints de l'accueil qu'on leur avait réservé à Paris et auraient fini par se retirer. Les quelques excités qui auraient tenté quelque chose auraient facilement été maîtrisés. Avec une action auprès de Navarre, qui était respectivement mari de Marguerite, beau-frère du roi et beau-fils de la reine mère, en s'occupant sérieusement de Coligny (ce qu'ils commencèrent à faire pour changer finalement d'avis), en discutant avec d'autres seigneurs et peut-être en promettant quelques nouvelles libertés de culte, le roi aurait montré sa bonne foi dans ce qui s'était produit.
Mais vous rêvez Indefini. Vous êtes sur la lune. Vous savez très bien que le roi ne pouvait accorder quelque chose qui ne pouvait pas l’être. Vous savez très bien qu'une fois que Coligny a été blessé, les parisiens n'avaient qu'une idée en tête, celle d’en découdre avec les protestants. Charles IX aurait été très stupide, s'il avait fait ce genre de propositions.

indefini a écrit :
C'est tout le contraire de ce que vous croyez: un être fort aurait fait face et ne se serait pas réfugié au Louvre. Il aurait tapé sur la table pour dire aux Guise, à Aumale, à Birague, à Tavannes que le temps des tueries était passé. Il aurait organisé une réunion avec les chefs protestants pour s'expliquer avec eux. Cela aurait été un acte admirable et digne d'éloges !
Haha, je me marre. Après le roi aurait pu distribuer des fleurs, et chacun aurait pris des fleurs comme cocarde. Et pour finir, ils se seraient mis à danser main dans la main sur un air de Beatles. lol lol

indefini a écrit :
pas de se cacher et de risquer de faire assassiner la moitié de la ville !
Extrapolation. je vous pardonne, ça peut arriver à tout le monde.

Châtillon a écrit :
Alors voyons les édits puisque vous en parlez: sous Charles IX, c'est du n'importe quoi ! Une fois, on en promulgue un pour accorder quelques libertés aux protestants et quelques mois après, on fait exactement le contraire ! J'en veux pour preuve les décisions prises en 1568: l'édit de Longjumeau en mars 68 est plutôt en faveur de la liberté de culte, améliorant celui d'Amboise 5 ans plus tôt, et en septembre (!!), l'édit de Saint-Maur interdit carrément le culte protestant! Et celui dont vous parlez, en 1570 à St-Germain, revient en arrière et annule celui de St-Maur ! Euh.....Ah oui, c'est vraiment l'oeuvre d'un roi fort et droit dans sa réflexion ! Rien qu'en les listant, on s'y perd, alors imaginez ce que devaient en penser ses concitoyens et notamment ceux de la religion réformée !

Soyons sérieux : je veux bien que les Valois aient eu des circonstances atténuantes mais il est impossible de dire que leurs règnes après Henri II soient exemplaires. Comme je l'ai déjà dit, 1559 est un tournant qui sera dur à prendre. Trop d'à peu près, trop de changements, trop de déséquilibres, trop de gens non préparés au pouvoir ont augmenté les troubles qui ont jalonné toutes ces années. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre aurait fait mieux mais en tous cas, eux n'ont pas été à la hauteur. Et la Saint-Barthélemy est le point d'orgue de toute cette incompétence....
Alors ça, ça ne passe pas du tout, mais alors pas du tout. Je ne suis pas content. Qui êtes vous pour croire qu'un autre aurait pu faire mieux ? Si aujourd'hui on peut dire que les Valois, en particulier Catherine de Médicis, ont eu un immense mérite, c'est justement pour leur admirable gestion d’un pays composé de personnes qui ne rêvent que de s'entretuer. Le gestion du massacre peut être débattu. Mais pour le reste, vous ne pouvez pas descendre les Valois de la sorte. Henri IV a été le premier à reconnaître le mérite qu'a eu cette famille. Je ne cherche pas à défendre spécialement Charles XI et Henri III mais les hommes qui composent leur conseil ainsi que leur mère.


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Message Publié : 12 Juil 2008 12:03 
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Plutarque
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Enki-Ea a écrit :
Les historiens sont des gens comme les autres: pour avoir une utilité, pour vendre, bref pour exister, il faut apporter quelque chose de nouveau, se demarquer de ce qui a été fait.

C'est à mon tour d'être d'accord avec vous. Il faut se méfier des phénomènes de mode et ne pas s'arrêter à un seul ouvrage. L'aspect commercial est, bien sûr, à prendre en compte aujourd'hui, peut-être plus que jamais.

Nous nous apercevons tous les jours qu'actuellement ce n'est pas de dire la vérité qui est important mais de choquer et de faire parler de soi. Avec la promotion qui s'en dégage, on fait d'énormes bénéfices et voilà l'essentiel.

Je ne dis pas que ce soit précisément le cas de Jouanna, mais si elle disait la même chose que tout le monde, elle aurait vendu 2 ouvrages grâce à la photo de couverture. En faisant preuve d'originalité et d'imagination, le succès est plus au rendez-vous.

Quant à la "synthèse" dont nous parle Châtillon, elle n'existera jamais sur la Saint-Barthélemy. Il y a trop de zones d'ombres et d'interprètations possibles pour arriver à cela. Jouanna nous fait sa synthèse comme des centaines d'historiens ont fait la leure. La dernière semble toujours la plus complète, et cela peut sembler exact car elle se base sur ce qui s'est dit avant. Mais en même temps, elle est aussi la plus éloignée de l'évènement et en cela elle le comprend moins et augmente l'incertitude. Ajouter toutes les versions et en faire une synthèse ne donne pas obligatoirement la bonne version.

Enki-Ea a écrit :
N'exagerons pas! L'estimation du nombre de victimes faite par Garrisson et d'autres est de 2000 morts à Paris et 5000 dans tout le royaume. La moitié de la ville... :rool:

J'ai écrit "risquer d'assassiner la moitié de la ville" ! Cela ne signifie pas que ce soit les faits. J'ai exagéré justement pour souligner que la décision pouvait être très lourde de conséquences. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle le fut ! Si vous trouvez que plusieurs milliers d'innocents sont un "détail de l'histoire", j'ai bien peur que nous ne soyons plus d'accord. :wink:

Entre nous, personne ne connait le nombre des victimes. On en fait des estimations mais sans vraiment en préciser la marge d'erreur. La seule certitude est que ce fut une horreur absolue et qu'elle toucha la population civile sans discernement. Nous avons les témoignages, quelques noms et ce qu'étaient ces personnes. Même 436 ans après, il est encore émouvant de les découvrir....


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Message Publié : 12 Juil 2008 12:42 
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Plutarque
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Inscription : 16 Mai 2008 21:29
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Châtillon a écrit :
Indefini vous devriez faire extrêmement attention de ne pas interpréter les propos de vos interlocuteurs avec trop hâte. Ne vous inquiétez pas, je ne vous en fait pas le reproche car il m’arrive très souvent moi-même de faire la même chose.............................

Décidément vous baissez dans mon estime, Châtillon. Au lieu de répondre directement à mon raisonnement et à mon argumentation, vous vous livrez à un saucissonnage en règle. Cette technique est bien connue et elle permet de détourner le sens général des éléments exposés.

S'il est exact qu'elle permet d'occuper le terrain, elle n'apporte rien de constructif. Commencer à parler de Hilter, des Beatles, me traiter d'être dans la lune et dire que je fais des films n'est pas très digne et ne sert qu'à masquer les "bêtises" que vous aviez précédemment exprimées.

Comme je n'ai pas envie d'entrer dans un conflit navrant qui se terminera immanquablement par une modération, et donc par l'effacement de propos trop véhéments, j'arrête d'exposer ma vision de la Saint-Barthélemy ici-même. Après tout, j'ai dit ce que j'en pensais, cela est suffisant.

J'espère cependant qu'il sera possible d'échanger quelques opinions dans d'autres sujets sans se voir découpé en rondelles et dans une discussion où chacun expose ses thèses intelligemment. Si cela n'exclut pas l'humour et la pirouette, le dialogue ne doit pas tourner au grotesque et au n'importe quoi. Or, c'est bien vers cela que nous nous orientons ici... :wink:


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Message Publié : 12 Juil 2008 14:21 
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indefini a écrit :
Comme je n'ai pas envie d'entrer dans un conflit navrant qui se terminera immanquablement par une modération, et donc par l'effacement de propos trop véhéments, j'arrête d'exposer ma vision de la Saint-Barthélemy ici-même. Après tout, j'ai dit ce que j'en pensais, cela est suffisant.

Je suis amplement d'accord avec vous. Inutile d'aller plus loin dans cette discussion. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai écrit ; pour moi, tout est clair, il n'y a rien à masquer. Je considère qu'il n'y a ni bêtise, ni contradiction, mais chacun est libre de le lire comme il l'entend. :wink:

Cela fait, je peux enfin aborder un sujet qui me taraude depuis quelques jours.

J’aimerais revenir sur un point évoqué il y a quelques jours. Jean-Claude avait rappelé avec justesse que durant le massacre de la Saint-Barthélemy, les princes de sang ne pouvaient pas être inquiétés. Je le rejoins évidemment. Leur rang et leur jeune âge les rendaient intouchables.

Si je reviens dessus c’est que je reste toujours sceptique quand je lis les nombreuses affirmations sur les menaces de mort dont aurait fait l’objet Henri de Navarre, de la part du roi et de son entourage, le jour du 24 août pour l’amener à se convertir. Trop souvent, on lit dans les ouvrages : Henri de Navarre sauva sa vie en se convertissant au catholicisme, il ne doit son salut que dans l'abjuration, il fut épargné du massacre par sa conversion, etc.

On en fait une vérité alors que ce sont des affirmations qui sont en partie erronées.

Même s’il est évident que Navarre a du craindre pour sa vie, durant les funestes événements, on sait très bien que la conversion d'Henri de Navarre a eu lieu plus d'un mois après le massacre. Même chose pour les autres membres de sa famille ; sa sœur Catherine, sa tante Françoise, sa cousine Marie et ses cousins, Condé, Conti et Soissons. Leur conversion n'ont eu lieu qu'après plusieurs semaines de prêches, assidument répétés par le cardinal de Bourbon.

En tant que chef de la maison de Bourbon (c'est ce qu'il pensait être), le cardinal de Bourbon avait à cœur de ramener à l’Eglise toutes les brebis égarés de sa famille. D’ailleurs, il avait déjà commencé à le faire dès la venue de Jeanne d’Albret à la cour quelques mois plus tôt. Après la Saint-Barthélemy, connaissant les limites de sa rhétorique; il a recruté un jésuite chargé de venir à bout des réticences de ses neveux et nièces. Il n'y a là officiellement aucune menace de mort.

On sait par ailleurs, que pour plusieurs de ces princes et princesses, ce ne fut pas sans déplaisir qu'ils retournèrent au catholicisme. Jeanne d’Albret avait imposé à ses pupilles, une éducation religieuse assez rigide qui avait laissé amer plus d’un. Ce fut tout autre pour l'austère prince de Condé, jeune ado de 17 ans et la petite Catherine de Bourbon, restée fidèle corps et âme à sa mère Jeanne d'Albret.

Ce qu'il faudrait maintenant savoir, c'est quel fut le degré de pression qui fut exercé sur leur personne pour les convertir. Et cela ne touche pas qu'aux princes de sang. Il y a de nombreuses personnalités protestantes à la cour de France à cette date qui sont dans ce cas. Je pense en particulier au duc et à la duchesse d'Uzes, deux personnalités protestantes qui sont en très grande intimité avec la famille royale. Comment sont-il revenus au catholicisme ? Quels furent leur sentiment ? Même question pour le frère du duc, le baron d’Acier, Jacques de Crussol, épargné sur l’ordre de Catherine de Médicis. Comment sont-ils parvenus à faire de ce chef de guerre protestant très renommé parmi les siens, un chef de guerre catholique fidèle à la monarchie ?

Les historiens affirment qu'apres le massacre, de nombreux protestants avaient fini par croire que Dieu n'était pas de leur côté. Ceux qui avaient encore des doutes sur leur engagement du côté de la Réforme, finirent par revenir sagement au catholicisme. On peut penser que ce fut le cas pour certaines personnes de la cour. Pour autant, cela ne suffit pour expliquer certaines conversions, notamment celle de Navarre, Condé et Catherine qui retourneront plus tard à la Réforme.

Leur vie ont-ils été mis en danger ? Ont-ils reçu des menaces de mort pour se convertir ? Je n'en suis pas persuadé mais disons que le contexte en leur défaveur les obligeait à le faire.


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