Châtillon a écrit :
Jeremy Foa voudrait-il reprendre les thèses de Michelet ?
Non, du tout.
Jéremie Foa ne s'intéresse pas du tout à la famille royale, ni au massacre des gentilshommes protestants. Ce n'est pas le sujet de son livre. Coligny, Navarre est les autres en sont complètement absents. L'originalité du livre de Foa est qu'il est consacré au peuple et au massacre populaire. Foa cherche à mettre des noms sur les tués et les tueurs. Il montre que ceux qui commandent ces derniers sont des bourgeois bien établis, qui ont des fonctions de police dans la milice.
Foa a cette excellente formule :
Le massacre n'était pas prémédité mais il était préparé de longue date. Pendant des années, les miliciens catholiques ont pris l'habitude d'arrêter les protestants pour les mettre en prison. Ils les connaissent ; ce sont leurs voisins.
Cette formule peut être réemployé pour le gouvernement de Catherine de Médicis. Le massacre de la Saint-Barthélemy n'a pas été prémédité par Catherine de Médicis, mais au sein du gouvernement, il y avait des hommes de guerre qui désiraient la confrontation et qui se tenaient prêts au pire. Et Henri d'Anjou en était le chef.
Non pas que le jeune prince était un leader charismatique : Henri d'Anjou est un jeune homme sans expérience, tout juste sorti de l'adolescence, mais derrière lui, il y a un parti politique qui a misé sur lui. Ce parti c'est celui des catholiques intransigeants. Quand Henri s'exprime au conseil, il se fait leur porte parole. D'ailleurs, ses mots ne sont pas toujours de lui, car c'est souvent le duc de Nevers, Louis de Gonzague qui écrit ses discours.
Aubenas a écrit :
Je n'ai pas lu cet ouvrage. Quelles sont les reproches que Jeremy Foa adresse à Henri d'Anjou ?
Henri est-il soupçonné d'avoir commandité l'attentat (manqué) contre Coligny ?
Henri est-il soupçonné d'avoir favorisé le massacre de plusieurs centaines de protestants pendant la "nuit de la Saint Barthélemy ?]
Henri d'Anjou est soupçonné d'avoir couvert les exactions commises par les hommes de "sa troupe", mais quand on parle d'exactions, on ne parle pas forcément de massacre. La Saint-Barthélemy, ce n'est pas que des meurtres, c'est aussi du pillage et du rançonnement dont sont victimes les protestants mais aussi quelques catholiques...
Henri d'Anjou est aussi soupçonné d'avoir exploité la situation et les forces en présence pour mieux renforcer son influence au sein du gouvernement. Le livre de Foa confirme ce que l'on savait déjà notamment grâce aux travaux de Nicolas Le Roux (
Les favoris du roi) et avant lui Thierry Wanegffelen. On parle ici d'un éventuel coup d'état, ou d'un coup de pression mis sur Catherine de Médicis via son fils préféré.
Catherine de Médicis, Henri d'Anjou ne sont pas les seuls acteurs du théâtre politique. Je ne dirais pas que ce sont des pantins, mais derrière eux, il y a des partis et des opinions qui s'opposent et s'affrontent.