Stavroguine a écrit :
Je me demandais quelque chose en pensant à cette guerre de Succession... Dans quelle mesure l'histoire du monde aurait changé si Louis XIV n'avait pas accepté la succession ? Il est toujours difficile de faire des uchronies de ce genre, mais il a choisi de placer un Bourbon à Madrid plutôt que d'accepter un compromis, et il s'est lancé dans un conflit dévastateur sur le plan humain et financier pour la France (dont les conséquences se feront encore sentir largement sous la Régence et Louis XV). Les équilibres européens et mondiaux auraient été différents si Louis XIV ne l'avait pas accepté ?
Pour ma part je suis persuadé de la très grande importance historique de ce conflit. (D'ailleurs si je ne m'absue, dans ses mémoires, Louis XIV indique qu'il a lui aussi compris l'importance du moment lorsqu'il a dû choisir d'accepter ou refuser la succession. )
Selon moi, la guerre de la ligue d'Augsbourg (la précédente) était déjà la guerre de trop, celle où les prétentions de Louis XIV avaient ligué presque toute l'Europe contre la France, et où celle-ci avait finalement été tenue en échec.
Outre l'effort économique énorme réclamé par cette nouvelle guerre (la plus longue de toutes celles de Louis XIV), et les difficultés financières qui en résulteront sous la Régence, il me semble que l'issue de la guerre marque plusieurs points importants :
- le début du conflit colonial franco-anglais, de l'ascension maritime et coloniale anglaise (un symbole : la prise de Gibraltar) et du déclin colonial français : la France commence en 1713 à perdre ses colonies nord-américaines, ce qui va se poursuivre jusqu'à Napoléon
- la poursuite du déclin espagnol
- le renversement d'alliances de l'Espagne : celle-ci, ennemie ou rivale de la France depuis 200 ans, devient son alliée pour le prochain siècle. Mais c'est un allié qui va aller en s'affaiblissant.
Est-ce qu'un compromis lors de la succession d'Espagne aurait permis d'éviter ou d'infléchir ces tendances de fond, je n'en sais rien. Il y a tout de même en Agnleterre Guillaume III, farouche adversaire de Louis XIV. La rivalité personnelle, religieuse et/ou coloniale aurait peut-être éclaté à une autre occasion.
D'un autre côté, on peut aussi se dire que les paix d'Utrecht et de Rastatt sont finalement assez proche du compromis qui aurait pu être trouvé en 1700, la seule différence étant qu'il a fallu 13 ans de guerre pour y parvenir...