Sully a sans doute été écarté par l’entourage proche de Marie de Médicis. Cependant, il semble que la régente n'ait jamais exprimé aucune animosité particulière à l'encontre du serviteur de son mari, comme le montre le fait qu'elle ait souhaité qu'il reste en place après l'attentat de Ravaillac :
Citer :
"la Reine commença par régler ses heures, et séparer les affaires des divertissements, afin de ne rien confondre. Elle prist donc, à l'exemple du feu Roy, le matin pour les affaires, ordonnant que messieurs le chancelier, de Sully, de Villeroy, et president Jeannin, avec les quatre secrétaires d'Estat, viendroient tous les jours à onze heures luy rendre compte de ce qui se passoit, en présence des trois princes du sang"
(Mémoires de Fontenay-Mareuil, 1610, page 109).
Sans doute qu'à partir de 1608, Sully agaça une partie de la cour en sollicitant des dons pour son projet grandiose de création de la ville d'
Henrichemont (aujourd'hui dans le département du Cher).
Avant déjà, il avait suscité le mécontentement de quelques personnes :
Nicolas Rapin le compare dès 1599 à un dragon qui est "inexorable", "inaccessible", "mal plaisant", "plutôt un rocher qu'un homme", "trop rude, impétueux et sévère". De 1603 à 1607,
John Barclay, un humaniste anglais exilé et très apprécié dans quelques salons parisiens, écrit Euphormionis Satyricon, dans lequel il décrit Sully comme étant despotique, cynique, avide, et injuste. Des libellistes s'en prirent à Sully, comme cela fut rapporté par Pierre de L'Estoile. (Bernard et Ségolène Barbiche,
Sully, Fayard, 1957, pages 316 à 319).
Après 1610, Marie de Médicis fit revenir auprès d'elle des anciens adversaires de Sully :
Le duc d'Epernon, éternel querelleur.
Le duc de Bouillon, qui n'avait pas apprécié le coup de force de Sedan en 1606. Et surtout
le comte de Soissons, proche de Claude Barbin, lui-même très apprécié de Leonora Galligai. Soissons avait plusieurs griefs contre Sully, dont l'échec de son mariage avec Catherine de Bourbon, soeur d'Henri IV, dont il avait été follement amoureux.
Richelieu a aussi émis un jugement assez sévère contre Sully : "
Citer :
Ce grand prince [Henri IV] méditoit de notables changemens en l'administration de ses affaires, et ne savoit cependant comment les mettre en exécution. Il étoit peu satisfait de la personne du sieur de Sully, il pensoit à lui ôter le maniement de ses finances, et vouloit en commentre le soin à Arnaud. Il avoit dit plusieurs fois à la Reine qu'il ne pouvoit plus souffrir ses mauvais humeurs, et que, s'il ne changeoit de conduite, il lui apprendroit à ses dépens combien la juste indignation d'un maître étoit à craindre. Son mécontentement étoit formé, sa résolution prise de dépouiller de sa charge, mais le temps en étoit incertain. Le grand dessein qu'il avoit en tête lui faisoit penser que peut-être il n'étoit pas à propos de le commencer par un tel changement : d'autre part, les contradictions du duc de Sully, et le soupçon qu'il avoit, non de la fidélité de son coeur, mais de la netteté de ses mains, faisoient qu'il avoit peine à se résoudre de le supporter davantage."
(Mémoires du Cardinal de Richelieu, édition Michaud et Poujoulat, vol. 7, Paris, 1837, page 13)
Nonobstant ces critiques, la postérité a retenu une image positive du marquis de Rosny, duc de Sully, qui fut un excellent gestionnaire des deniers de la France, comme le montre très bien l'excellente biographie de Barbiche chez Fayard, précitée.