L'hypothèse du rôle de Descartes dans la conversion s'appuie sur une lettre de Christine à Antoine de Courtin en 1667. Mais ce n'est pas une preuve suffisante, car cette lettre est ambigüe et a été écrite dans un contexte très particulier. Descartes ne faisait pas de prosélytisme. Non seulement, il n'a convertit aucune personne de son entourage, mais de plus, il a écrit que l'on est de "la religion de sa nourrice", autrement dit que l'on garde la religion à laquelle on s'est familiarisé dès l'enfance. Descartes est le plus connu des invités de la reine. Elle en eu beaucoup d'autres, par exemple Claude Saumaise qu'elle appréciait beaucoup. Claude Saumaise était un catholique convertit au protestantisme. Antonio Macedo, chapelain de l'ambassadeur du portugal, avait été choisi par Rome pour pousser la reine à se convertir, mais cela ne marcha pas. Elle avait un caractère fort, comme son père, et elle ne se laissait pas influencer facilement.
Avant de penser à sa conversion, elle pensait à quitter le pouvoir dès juin 1651, car elle savait qu'elle était assez impopulaire à cause de sa mauvaise gestion, et car l'exercice du pouvoir l'intéressait beaucoup moins que les "doux plaisirs" des études classiques, "les conversations des morts qui me rendent la vie, au lieu que les vivants me donnent à tout moment la mort", écrivait-elle à Vossius. Le 7 août 1651, elle annonça sa décision à un comité du sénat, en donnant des raisons qui n'ont rien à voir avec un quelconque désir d'aller vivre dans le sud. D'ailleurs, elle avait plutôt pensé se retirer sur une ile scandinave, soit celle de Gotland, soit celle d'Oland (source : Françoise Kermina, Christine de Suède, Perrin, 1995, page 83). Mais elle resta encore à son poste jusqu'en 1654. Entre temps, elle avait aussi décidé de se convertir. Pour cela, il fallait qu'elle alla dans un pays catholique, ce qu'elle fit en partant pour Bruxelles, où se déroula sa conversion.
Christine n'avait pas de raison particulière d'être attirée par le sud. D'ailleurs elle s'est arrêté à Rome, alors qu'elle aurait pu aller en Sicile ou en Espagne. Le climat de la Suède lui convenait bien. Elle ne s'en est jamais plainte. Et surtout, elle était un rat de bibliothèque, affectionnant les livres et les manuscrits qu'elle collectionnait en abondance. En route pour Rome, à Rimini, que fit-elle ? Bien sûr, elle visita la bibliothèque de Malatesta, en compagnie du savant Holstenius. Puis à son arrivée à Rome, avant même d'être reçue par le pape, que fit-elle ? Elle alla dans la bibliothèque du Vatican. Voltaire dira que Rome l'attirait beaucoup plus par son histoire que par la présence du pape. On ne peut pas comprendre la vie des personnages de la Renaissance et du début des Temps Modernes si on sous-estime la passion pour l'antiquité que l'on avait alors.
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