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Message Publié : 29 Avr 2010 13:44 
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Ce qui je pense caractérise le XVIIe siècle , peut-être plus que les autres, c'est la non distinction des tâches : un paysan est aussi pour partie un artisan et inversement. Dans certaine région, j'ai été surpris par la montée en puissance du travail à façon : à Réalmont (Tarn) les notes du greffier Cantié montrent que son frère est au chomage parce que les marchands de bas ne demandent plus que l'on tricote des bas. Un peu plus tard, ces gens deviendront des salariés ou quasi-salariés. La misère noire des villes ne doit pas caché la montée d'une certaine forme de salariat aussi dans les campagnes, où les petits propriétaires doivent céder leurs terres à des individus plus puissants financièrement : Jean Jacquart et la crise de l'Ile de France.
L'autre aspect économique du XVIIe est la montée de l'économie monétaire aux dépens d'une économie de troc : particulièrement sensible dans ce qui reste de droit féodal à cette époque : on rachète les corvées, on vend des justices etc... Ce n'était pas au XVIIe siècle, mais dans notre famille il se raconte toujours l'histoire de ce villageois du Tarn, compatriote de mon arrière-grand-père ,qui demanda à être payé pour les vendanges et le caractère scandaleux attaché à sa demande : au village, il y avait une économie informelle d'échanges de service que personne n'imaginait associer à une unité monétaire quelconque !


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Message Publié : 29 Avr 2010 14:28 
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Salluste
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Bergerac a écrit :
La misère noire des villes ne doit pas caché la montée d'une certaine forme de salariat aussi dans les campagnes


C'est la mise en place du domestic system, et ensuite du putting out system. Les paysans-ouvriers travaillent pour un patron lors de la saison creuse agricole. Dans le cadre du domestic system la production est orientée vers le marché locale, tandis que le putting out system s'oriente vers l'exportation. Cette proto-industrie est perçue comme étant la base du développement du capitalisme industriel, et donc de la désertification des campagnes dont vous parlez entre autre. L'économie agricole, largement tournée vers l'auto-consommation, va petit à petit se retrouver sur le marché de l'exportation, et donc intégrer le circuit économique monétarisée.


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Message Publié : 22 Juil 2010 15:14 
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Au XVIIe siècle, la qualité de la vie pour les petites gens, c'est travailler dur et entretenir un réseau social qui permet bien souvent de boucler le budget quotidien. En résulte une réputation, une reconnaissance positive, qui permet au ménage de ne pas être submergé par les aléas du temps. Par contre, que cette capacité à travailler dur soit mise en doute (visites au cabaret, incompétence, imbécilité de toute nature)et la réputation en pâtit, ruinant la capacité du ménage à survivre et débouchant souvent sur sa disparition (c'était une des raisons légalement admises, avec la violence, de séparation d'habitation pour l'épouse). Sur ce sujet le livre de J. Hardwick Family Business (Oxford 2009) développe les stratégies féminines dans la société du XVIIe siècle et apporte des éléments pour le sujet de la qualité de la vie [voir compte-rendu du livre sur mon site (profil)].
Dans les familles aisées cette nécessité du réseau social, mais entretenu dans un but de reconnaissance explique bien des points. D'où la recherche d'honneurs attachés à une terre ou des comportements liés au "don", destinés à recevoir cette "reconnaissance" : donner le terrain pour une nouvelle église permettait d'en être le patron et de s'assurer les places du "haut-bout" (d'honneur) pour la famille de tout temps.


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Message Publié : 22 Juil 2010 17:05 
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Pierre de L'Estoile
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Bergerac a écrit :
Au XVIIe siècle, la qualité de la vie pour les petites gens, c'est travailler dur et entretenir un réseau social qui permet bien souvent de boucler le budget quotidien. En résulte une réputation, une reconnaissance positive, qui permet au ménage de ne pas être submergé par les aléas du temps. Par contre, que cette capacité à travailler dur soit mise en doute (visites au cabaret, incompétence, imbécilité de toute nature)et la réputation en pâtit, ruinant la capacité du ménage à survivre et débouchant souvent sur sa disparition (c'était une des raisons légalement admises, avec la violence, de séparation d'habitation pour l'épouse). Sur ce sujet le livre de J. Hardwick Family Business (Oxford 2009) développe les stratégies féminines dans la société du XVIIe siècle et apporte des éléments pour le sujet de la qualité de la vie [voir compte-rendu du livre sur mon site (profil)].
Dans les familles aisées cette nécessité du réseau social, mais entretenu dans un but de reconnaissance explique bien des points. D'où la recherche d'honneurs attachés à une terre ou des comportements liés au "don", destinés à recevoir cette "reconnaissance" : donner le terrain pour une nouvelle église permettait d'en être le patron et de s'assurer les places du "haut-bout" (d'honneur) pour la famille de tout temps.


Là vous parlez des stratégies d'ascension sociale ou de maintien d'un standing social. Cela n'est qu'un élément de la qualité de le vie.

_________________
Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 23 Juil 2010 9:01 
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Justement non pas seulement des stratégies d'ascension sociale. C'est l'intérêt du livre de Julie Hardwick (son étude porte sur Nantes et Lyon) : elle montre qu'une femme au XVIIe siècle n'est pas contrainte à évoluer au gré de décisions qui lui échappent, malgré le caractère patriarcal de la société française. Elle exerce des choix , supportés par la législation. Dans la seconde partie qui est liée au problème de l'emprunt et du remboursement des dettes, la "reconnaissance" (notons la similitude sématique avec la société féodale et la fonction du "don") à l'intérieur d'un réseau social est primordial non pas tant pour gravir des échelons mais tout simplement pour survivre : obtenir des prêts ou des dons pour arriver à subvenir aux besins de la vie quotidienne.
Ces prêts peuvent être monétaires, gagés sur des objets hétéroclites (linge de maison par exemple) , souvent verbaux , ils peuvent ne jamais être réclamés : ils entrent dans une autre stratégie de "reconnaissance" d'une classe sociale plus aisée qui bâtit sa clientèle. Certes ce n'est qu'un aspect, mais il est fondamental pour le XVIIe siècle : sans ces réseaux, la vie, même dans ses fonctions les plus basiques comme se nourrir, est quasiment impossible.


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Message Publié : 21 Sep 2010 14:03 
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Je viens de trouver un petit texte dans un "-ana" (Saint Evremond, je crois) qui décrit Paris et il y a un passage sur les artisans. Il y est expliqué qu'un artisan qui travaille continuellement à Paris peut arriver à survivre, mais qu'il s'arrête (volontairement ou non) et il tombe vite dans la misère.
Ce me semble une illustration forte de ce qui construit une réputation et donc un réseau social au XVIIe siècle : travailler dur. Si par choix ou par incapacité l'homme ne peut pas remplir cette fonction, cela crée un trouble dans la famille qui ira jusqu'à sa destruction.
J'ai placé le texte en question sur un post sur le blog cité dans mon profil [La vie parisienne au temps des carrosses].


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Message Publié : 21 Sep 2010 15:00 
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Bonjour
Il m'apparaît évident que la notion de qualité de vie pose problème pour l'Ancien Régime, dans la mesure où c'est une conception anachronique, née d'un temps (le nôtre) où tout peut se mesurer. Il y aurait donc des qualités de vie supérieures ou inférieures.
Evidemment l'anachronisme n'empêche pas de discuter et peut même être fécond.

Il me semble que l'on peut envisager le problème de deux façons.
De notre point de vue, la qualité de la vie peut se mesurer à partir d'indicateurs "scientifiques" qui portent sur des réalités matérielles : la santé, l'éducation, l'alimentation, etc. Si avoir une bonne qualité de vie c'est vivre dans un appartement chauffé à 21°, manger une nourriture variée et de bonne qualité sanitaire, aller à l'école longuement, guérir de la plupart des maladies de l'âge adulte et s'éteindre à un âge avancé, l4ancien régime n'avait qu'une "mauvaise" qualité de vie. Pour le dire autrement, si on calculait l'IDH de l'Ancien Régime français (je crois que des tentatives ont été faites), notre pays s'y retrouvait sans doute en fâcheuse position, proche ces actuels "pays les moins avancés".

Pourtant il y a une autre façon de voir la "qualité de la vie", peut-être plus impressionniste et compréhensive (au sens sociologique). La qualité de la vie pourrait se mesurer comme une rapport, une adéquation, entre les espérances et les réalisations. Prenons l'exemple de la lutte contre le froid : il est évident que les populations anciennes avaient une conception du froid différente de la nôtre, puisque plus dépendante du climat. L'idée d'avoir une maison chauffée à 21° l'hiver n'était pas dans leur vision, tout simplement parce qu'elle n'était pas réalisable. Aujourd'hui si vous devez prendre votre douche dans une salle de bain à 15°, vous aurez l'impression de souffrir du froid. Les gens de l'AR plaçaient leurs espoirs certainement ailleurs (ne pas avoir froid la nuit, pouvoir s'acheter les vêtements pour résister au froid). Et si vous réalisez votre espoir, fut-il modeste, vous avez certainement l'impression d'être heureux.

Un autre élément est l'aspect social et collectif. dans ces sociétés holistes, ne pas se singulariser, être dans la norme sont des éléments importants de l'impression de bonheur. Une souffrance ressentie par tout le monde est moins insupportable que si on est seul à la ressentir. or ces données "objectives" (froid, faim, santé, etc.) étaient largement le lot d'une grande partie de la population. Bien entendu, les différences sociales existaient mais ne touchaient que certains points (les maladies touchaient tout le monde) et surtout n'étaient pas forcément vues comme scandaleuses, par suite d'une intériorisation.

Pour terminer, une remarque lue dans l'ouvrage de Robert Fossier sur le travail au Moyen-Age : aucune source médiévale ne relaie l'idée de la fatigue au travail... A l'heure où le stress au travail est vue comme l'un des signes les plus graves de la société actuelle, n'y-t-il pas matière à réfléchir ?


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Message Publié : 22 Sep 2010 9:42 
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Très intéressante contribution.

Bien sûr il ya anachronisme, mais c'est ce qui rend l'exercice "fructueux". En fait j'ai été étonné des contributions qui avaient été faites au CMR 17 de 1976 (Centre de Recherches Méridional sur le 17e siècle): Roger Duchêne qui en était l'instigateur avait suggéré ce sujet car à l'époque Giscard avait créé un minsitère de la Qualité de la vie dont tout le monde se demandait bien ce qu'il allait faire. Les contributeurs du colloque étaient, pour certains, dans le même état d'esprit face au sujet proposé. Je pensais que 35 ans plus tard, avec les progrès du sujet dans l'esprit de chacun, reprendre le thème pourrait amener des contributions originales. La vôtre montre que ce n'est pas dénué de fondement.

Vous faîtes un parallèle entre "Qualité de la vie " et "être heureux", c'est exactement le message subliminal (le marketing viral ?) de l'équipe giscardienne en créant le ministère, mais en réalité, la Qualité de la vie est indépendante de "être heureux" : s'occuper d'améliorer la santé en diminuant l'impact de l'environnement (moins de pollution) c'est de la qualité de la vie, pour autant vivre plus longtemps ne rend pas nécessairement heureux. Donc la question est plus riche : au XVIIe siècle, pet-on percevoir des éléments de qualité de la vie ? J'ai par exemple publié la méthode du RP Chaurand pour combattre la pauvreté [en fait il combat plus les pauvres que la pauvreté, mais ceci est un autre débat] qui date des années 1680 : il explique clairement qu'en suivant ses conseils, les villes gagneront en confort parce que les bourgeois [étymologiquement] ne seront plus importunés par des mendiants : c'est dans le contexte du XVIIe siècle un élément de qualité de la vie.

Si nous pouvons continuer ce débat, je suis très preneur.

Le Cabinet de Curiosités(XVIIe).


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Message Publié : 22 Sep 2010 17:02 
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Hérodote
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Zut ! je me découvre giscardien sans le savoir... lol

Vous faites bien d'expliciter les sous-entendus de la notion "giscardienne" de qualité de la vie, symptomatique d'un moment où l'on pensait que le bonheur naissait du bien-être matériel.

Mon propos avait justement pour but d'essayer de séparer les deux. Montrer que les éléments quantifiables du bien-être matériel, s'ils ont leur intérêt, ne pouvaient suffire à résumer la vie des siècles passés. Ce n'est pas parce qu'ils vivaient dans des conditions matérielles objectivement plus dures que les nôtres que les populations d'Ancien régime ne pouvaient avoir le sentiment d'avoir une vie agréable : il faut, sur l'Ancien Régime, à la fois sortir des tendances misérabilistes (les guerres, les pestes, la misère) et des tendances angéliques (le Grand Siècle). Pour cela une prise en compte "compréhensive" des perceptions et des attentes est nécessaire.

Si l'expression "qualité de vie" est évidemment anachronique, il est cependant intéressant de se demander si les notions qu'elle recoupe le sont également. Plus clairement, les populations d'Ancien Régime avaient-elles l'idée d'une amélioration possible de leurs conditions matérielles de vie (j'abandonne là l'idée de bonheur qui relève effectivement d'une autre problématique) ? Malgré l'exemple que vous donnez, je n'en suis pas sûr. L'idée de qualité de vie est liée à celle de progrès et, au XVIIe siècle, celle-ci est encore loin d'avoir le succès qu'elle aura au siècle suivant. Peut-être par exemple, pourrait-on déceler dans les mesures prises lors de la peste de Marseille de 1720 les prolégomènes de telles préoccupations.
Il me semble qu'au XVIIe siècle la dureté objective des conditions de vie (à partir d'un moment le froid cesse d'être une perception relative pour devenir une réalité vécue durement) engendrait un fatalisme, qui permettait d'y résister par on caractère consolateur. Or, le fatalisme me semble quelque peu incompatibles avec l'idée de progrès.


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Message Publié : 23 Sep 2010 14:47 
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Citer :
Zut ! je me découvre giscardien sans le savoir...


Cela va bientôt devenir un acte de résistance !

Il y avait une phrase de Nicole sur les niveaux de conscience (citée dans le recueil des travaux du CMR 17 de 1976) qui exprimait très clairement le point que vous faîtes sur la perception, du froid par exemple. Certainement que pour un certain nombre de sujets, cela pouvait conduire à un fatalisme, mais ce qui caractérisait l'époque moderne, c'est l'extraordinaire hétérogénéïté des niveaux de conscience qu'aucun outil de communication de masse ne pouvait lisser.

Si on arrive, par exemple, à comprendre ce qui poussait les gens à emigrer vers l'Amérique du Nord, on touche à un des ressorts de ce qu'ils définissaient comme "amélioration possible de leurs conditions matérielles de vie". Pas seulement matérielles d'ailleurs : des religieu(ses)x ont pu s'expatrier dans la recherche de rendre plus intense leur foi. Arriver à convertir ou à construire une communauté soudée apportait une satisfaction plus intense, que de prier Dieu dans un couvent en France, cela se lit dans certaines lettres.

Pour reprendre mon exemple du RP Chaurand et des pauvres, il y a aussi l'idée qu'une vie de qualité ne peut se comprendre qu'entre gens de qualité et souvent formant une communauté homogène, sans aubain. Toute catholique ou toute protestante. Ceci n'était pas obligatoirement vrai dans les sociétés d'Amérique du Nord. Un historien américain écrivant sur les guerres du roi Philipp (1675-1676), parlait, avant ces guerres, de société de "covalence" [allusion à la chimie]entre Anglais et Amérindien, détruite par la guerre. Il voulait dire par là qu'un équilibre, incluant des échanges entre les deux systèmes, coexistant et se respectant, avait été trouvé.

Le cabinet de Curiosités(XVIIe).


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Message Publié : 24 Sep 2010 0:28 
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Hérodote
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Je ne suis pas certain que la volonté d'améliorer la qualité de la vie ait été le ressort essentiel de l'émigration (vous le dites d'ailleurs).

Je crois que nous ne parlons pas exactement de la même chose, ou plutôt des mêmes gens. Les exemples que vous prenez - et me semble-t-il vos centres d'intérêt et de recherches - vous portent vers des individus à la fois intellectuellement équipés et socio-économiquement capables de chercher un ailleurs, disons un lieu et un espoir de progrès.
Je pense que pour l'essentiel de la population, la meilleure façon de se procurer une vie agréable, c'est de ne pas trop s'en occuper et de limiter leurs espoirs à des objectifs atteignables et pratiques. Ce que j'ai appelé le fatalisme, même si le mot n'est pas forcément adéquat.
Je vais ici me permettre de vous raconter une histoire dont j'ai bien peur qu'elle ne soit pas très rigoureuse sur le plan scientifique. Je n'ai jamais rencontré (malheureusement lol ) d'hommes d'Ancien régime, mais je connais un vieux Monsieur, un paysan d'un village de ma région qui est une espèce de conservateur de traditions ancestrales. A lui tout seul, il illustre la Vie quotidienne des paysans français de Goubert. Il a connu son village avant-guerre sans l'électricité ni l'eau courante, a vu des reliquats de pratiques agraires communautaires, etc. Son rapport à la notion de vie agréable est très simple. Une vie agréable c'est quand on a un toit qui ne fuit pas sur la tête et de quoi manger en suffisance dans son assiette. Le reste, c'est bien si c'est là (il apprécie les avantages matériels du monde moderne), mais on s'en passe si ce n'est pas là. Ce qui le rassure, c'est que les choses soient à leur place et il déteste l'imprévu (de ce point de vue, il n'est pas loin de "l'aubainphobie" que vous évoquez). Je ne crois pas qu'au cours de sa vie il ait jamais cherché à améliorer son confort de vie (c'est sa femme qui a été à l'origine des quelques timides apparitions des objets modernes), réservant ses efforts à son outil de travail (sa ferme), conçu comme patrimoine à transmettre.
Alors bien sûr, bien que très âgé, il n'est pas né au XVIIe siècle lol mais il me semble l'héritier (sans doute le dernier de sa lignée) d'une conception de la vie pour qui la qualité de la vie ne passe certainement pas par le confort. Ce n'est pas du stoïcisme, simplement l'acceptation de la vie telle qu'elle passe et la certitude qu'on ne peut pas changer grand chose. Me trompe-je en pensant que cet état d'esprit n'est pas très éloigné de celui des populations d'AR ?

EN écrivant, je m'aperçois que j'ai négligé, mais que vous avec un peu abordé : le rôle (consolateur ?) de la religion. peut-on évoquer la qualité de vie de l'AR sans elle ?


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Message Publié : 24 Sep 2010 13:32 
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Vous avez raison en précisant que nous ne parlons pas des mêmes individus, mais c'est aussi ce que j'ai cherché à expliquer en évoquant les "niveaux de conscience" et l'hétérogénéité en la matière du XVIIe siècle. Le personnage que vous décrivez avait certainement trouvé une vie dont la qualité constituait un équilibre pour lui. Par contre je reviens à mes émigrants, même si les raisons qui poussent à bouger sont multiples, on ne peut que constater que cet équilibre n'était pas atteint en ce qui les concernait. Leurs espérances donneraient de bonnes indications sur ce qu'était la qualité de la vie pour eux.

Sur la religion, "consolation", oui certainement, mais aussi formidable creuset intellectuel, parfois paradoxal, qui permet justement de réfléchir à "comment mieux vivre ensemble". Mais là aussi, il y a certainement un abîme entre les gens, entre les différents "niveaux de conscience".


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Message Publié : 25 Sep 2010 7:50 
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Jean Froissart
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Inscription : 26 Août 2008 7:11
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Je suis un peu plus terre à terre, la définition de la qualité de la vie qui me satisfait le plus est celle du rappel des fondamentaux par Montaigne :
« De n’avoir plus mal c’est le plus grand bien que l’homme puisse espérer »
Citation déjà mentionnée précédemment que je me permet d’adapter pour la circonstance :
« De n’avoir plus mal c’est la meilleure qualité de vie que l’homme puisse espérer »
Toute la question est de savoir ce que l’on entend par « avoir mal » et « n’avoir plus mal ».
Peut-on concilier « qualité de la vie » et « avoir mal » ?
« avoir mal » intègre la notion relative à toutes choses et la part déterminante de la subjectivité.


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Message Publié : 27 Sep 2010 13:55 
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Localisation : France
"n'avoir plus mal" a le mérite de rassembler dans une "pique" un principe très vaste, mais comme vous le dîtes n'explique pas grand chose.

Ce n'est pas une caractéristique humaine que de chercher à "n'avoir plus mal", ce qui caractérise l'humain c'est de "se sentir bien". Or souvenons qu'il n'y a d'histoire que de l'humain.

Alors aujourd'hui l'évolution du concept lié à la "qualité de la vie" fait qu'il s'affranchit de ces appréciations. Réduire la pollution (moins de nitrates en Bretagne par exemple) ne fera pas que tel ou tel "n'aura plus mal" ou "se sentira bien", par contre cela aura un impact sur les finances publiques en diminuant la fréquence des pathologies à la charge de la collectivité.

Par contre vous avez certainement raison qu'au XVIIe siècle, la qualité de la vie était ceratienemnt très liée à des sensations et tout ce qui permettait de dominer la nature (conçue alors comme hostile) était perçue comme une amélioration.


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Message Publié : 02 Fév 2011 17:00 
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un lien sur le sujet :

http://mauran.space-blogs.com/blog-note ... yoto-.html.


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