Traitons vos questions dans l'ordre :
1. Citer :
A La Rochelle notamment, la majeure partie des cargaisons de vins de Guyenne importées était en fait destinée au commerce colonial vers les Antilles ou le Canada et, de ce fait, ne payait pas de droit
A cette époque, le commerce des vins au dedans du royaume est un objet d'une telle importance qu'on le compte pour une des sources abondantes qui fournissent aux besoins de l'état. Pour régler ce commerce et fixer les droits qui en doivent revenir au roi, il y a quantité d'édits, de déclarations et d'arrêts du conseil, mais particulièrement une ordonnance de Louis XIV donnée à Fontainebleau au mois de juin 1680. Par cette ordonnance, tout vin qui se vend au gros doit au roi le droit appelé
droit de gros, qui se paie à raison du vingtième du prix de la vente. Indépendamment de ce droit, les vins exportés du royaume payent un
droit de sortie, relativement élevé.
Plusieurs cantons de France jouissent cependant d'une modération sur les droits dus par les vins de leur crû : ainsi les vins du Languedoc passant à l'étranger par les ports de Sète, Agde, la Nouvelle, Aigue-Mortes, ont obtenu la modération d'un tiers des droits de sortie. Ceux de Provence jouissent de la même exemption et peuvent sortir par tous les ports où il y a un bureau.
Les vins destinés pour les colonies françaises quant à eux, à l'exception des vins d'Anjou et de la rivière de Loire, sont exempts des droits de sortie et de tout autres de route.
Ainsi, pour répondre à votre question, ni Bordeaux, ni la Rochelle, ni Nantes ne payait ces droits, et ne s'acquittait que des droits de gros.
2. Christian Huetz de Lemps ne dit pas que Bordeaux n'exportait pas, il déclare seulement :
Citer :
...des navires de la Rochelle, de Nantes et des autres ports armant pour les îles venaient en grand nombre compléter leur cargaison à Bordeaux...
En effet, pour prendre l'exemple de la Nouvelle-France, ce sont, dès le milieu du XVIIe siècle, principalement les vins blancs de Saintonge et d’Aunis qui parviennent dans la colonie expédiés par La Rochelle, mais lorsque ses propres vins ne suffisent pas, la ville expédie ceux des régions sous son influence, comme l’île de Ré, Oléron, Saint-Jean d’Angély et Cognac, mais aussi des vins de la région de Bordeaux
(Huetz De Lemps, 1975 : 133 ; Trocmé et Delafosse, 1952 : 198).
De 1700 à 1760, Bordeaux prend le relais de l’exportation de vin au Canada et le bordeaux devient le vin le plus répandu dans la colonie.
D’après les registres de départ des navires de l’Amirauté de Guyenne, entre 1699 et 1716, Bordeaux expédie en moyenne de cent à cent cinquante tonneaux de vin à Québec annuellement, ce qui correspond à environ 130 000 litres
(MG6, A17, 6B, vol. 30 : 298 à 306).
Toujours est-il qu'il est certain qu'à cette époque, les vins qui se portent aux colonies sont envoyés autant par les marchands de Bordeaux que ceux de la Rochelle et de Nantes.