Narduccio, nous sommes juste en train de deviser au fin fond d'une taverne de la Tortue, au milieu des bouteilles de rhum, des rires gras et des catins.
Elgor a écrit :
Une invention littéraire ? pas sûr du tout.
Selon toute vraisemblance, vu qu'aucun document ne témoigne de cette île. Et si un petit repaire a vraiment existé, il était en tout cas très loin de la version idéalisée de Defoe.
Wallenstein a écrit :
Vous êtes bien chatouilleux sur la taxonomie je trouve, il est vrai toutefois que je préfère l'étiquette de flibustiers à celle de pirate pour le XVIIe siècle. Ensuite en ce qui concerne la lettre de marque dans les Antilles, cela ne me paraît pas si évident.
Bah si, vu qu'on a des tonnes d'archives là-dessus et que c'est un fait établi. Les gouverneurs français de la Tortue (Ogeron...) ou anglais de la Jamaïque distribuaient des dizaines de lettres de marque. On a le descriptif détaillé des tribunaux chargés de déclarer si la prise était légale ou non et de prélever un pourcentage pour l'autorité étatique. On sait même que, généralement, les autorités françaises étaient plus gourmandes et plus pinailleuses sur les démarches administratives que les autorités anglaises de la Jamaïque, ce qui poussait certains flibustiers français à s'établir à Kingston. Bref, tout cela est parfaitement établi, on a des centaines de pièces d'archive et n'importe quel livre sur la question le montre.
Mettre en doute le fait que les flibustiers du XVIIème siècle avaient des lettres de marque, c'est comme mettre en doute que l'homme a marché sur la lune. Au XVIIème siècle, les aventuriers que l'on nomme flibustiers sont des corsaires (ils ont une lettre de marque), non des pirates.
Par contre, je l'ai répété, ce sont des corsaires bien différents des corsaires du XVIème; ils sont plus autonomes, passent sans coup férir d'un pays à l'autre. En un mot, ce sont des mercenaires. Et l'on voit là une transition vers ce qui deviendra la piraterie.
Citer :
Pour répondre à l'auteur du sujet, Oexemelin, dans mes souvenirs, parle de brigades espagnoles à cheval qui traquaient les boucaniers sur Hispaniola. C'est la seule "unité spéciale" qui me vient en tête sachant que le boucanier était très souvent un flibustier débarqué et considéré comme un intru par les colons espagnols.
Oui, les Espagnols montaient parfois des expéditions à Saint-Domingue pour en chasser les boucaniers. Sur mer, ils avaient également mis en place des "armadillas", petites flottes rapides qui tentaient de pourchasser les flibustiers. D'ailleurs, l'un des derniers grands noms de la flibuste, le Hollandais Lorenzo de Graaf, ensuite naturalisé français, avait d'abord été pilote à bord de ces armadillas si mes souvenirs sont bons.