Dupleix,
bah non, il n'y a aucun mépris. Si vous avez pu sentir cela d'après mes mots, veuillez m'en excuser.
Dupleix a écrit :
Enki-Ea, j'aurais aimé me réjouir de votre retour, mais votre mépris me fatigue.
Wikipédia se trompe peut-être, mais me dit qu'en 1588 la flotte partie d'Espagne comptait 18000 soldats, qui devaient être complétés par 30000 autres venant des Pays-Bas. 18000 soldats, c'est autant que l'armée royale à Moncontour, davantage que les effectifs des deux camps à Coutras, et davantage que n'en avait le duc d'Albe en 1566.
La flotte donc est loin d'être à vide et il y a 30000 hommes à Gravelines, Paris est en révolte, et malgré le contexte diplomatique "complexe" que vous évoquez, en 1588 l'Espagne reste un adversaire qui finance les séditieux dans le royaume. Est-ce si extravagant de craindre ce que Philippe II pourrait faire de ces 2 armées après un éventuel revirement diplomatique, une victoire militaire rapide contre l'Angleterre, ou une opportunité quelconque ? Mais non, "tout le monde savait pertinemment qu'elle était destinée à envahir l'Angleterre, pas la France! "
Tout comme, en 1566, tout le monde savait également que le duc d'Albe se rendait aux Pays-Bas ?
J'ai bien noté que je fais des contresens et des parallèles qui n'ont aucun sens, mais en matière de "raisonnements à géométrie variable" que vous m'attribuez aussi, pour le coup vous me surpassez.
Désolé, mais je persiste à dire que cela ne fait aucun sens.
Quand un pays en entoure totalement un autre et est présent à presque toutes ses frontières, il ne monte pas une expédition amphibie extrêmement coûteuse et difficile (particulièrement à l'époque) pour l'envahir: il l'envahit par voie terrestre. On ressort à l'expédition navale quand on ne peut pas faire autrement, surtout à cette époque, où la mer provoque aléas, retards, désastres.
Monter une flotte en Espagne, passer par l'Atlantique et la Manche (pas à vide, vous avez raison) pour aller chercher le gros des troupes aux Pays-Bas, les ramener et débarquer sur les côtes françaises qui, en plus, ne représentent pas un point stratégique bien important... Alors qu'une simple invasion terrestre amène les troupes aux portes de Paris. Vous constatez bien que ce n'est pas logique...
Le parallèle avec les armées du Duc d'Albe est donc mal choisi. Tout le monde savait que cette expédition était destinée à envahir l'Angleterre, pas la France. D'ailleurs, je peux me tromper mais je crois que personne à l'époque n'a parlé du risque que cette armada faisait courir à la France, personne ne l'a vue comme une menace militaire pour le royaume de France.
Enfin, cette histoire d'armada est elle-même un point de détail dans le débat qui nous occupe, à savoir les forces et faiblesses de la politique extérieure du royaume pendant les Guerres de religion. J'espère avoir montré (énormes expéditions aux Açores, quasi prise du Brésil, tentative en Floride...) combien il faut tordre le cou au cliché qui voudrait que la France des Guerres de religion était faible, sans puissance ni portée extérieure. C'est tout simplement un mythe. Même dans les heures difficiles (et Dieu sait que la période 1559-1598 en a fournies), le pouvoir n'a jamais cessé de penser à la politique internationale et d'œuvrer dans ce domaine. Il y a de ce point de vue une remarquable continuité, qui va de François Ier à Louis XIV, en passant par Henri II, Catherine de Médicis, Henri IV (contre Sully), Richelieu (Mazarin faisant quelque peu exception).
Cordialement.