Lecielmetombesurlatête a écrit :
Les Etats généraux collectaient les doléances, mais cela se passait de quelle façon ?
Quels Etats généraux ? Sur celui de 1615, on dispose d'assez peu d'informations. Par exemple, j'ai cherché à savoir comment le jeune Richelieu avait été choisi, quel travail préparatoire, il avait fait, mais je n'ai presque rien trouvé. C'était il y a près de quatre cents ans en arrière, et il est compréhensible que peu d'archives aient subsisté.
Lecielmetombesurlatête a écrit :
Le parlement avait un droit de remontrance, mais quels en étaient les tenants et les aboutissants ? Le roi les lisait-il ? par exemple.
Vous persistez à croire que la remonstrance est comme une doléance. Non c'est différent, comme une pomme est différente d'une chaise. Le droit de remontrance est le droit d'un parlement de remettre un édit royal en question avant l'enregistrement si cet édit est contre les intérêts du roi ou du peuple. Mais ce n'est pas la seule façon pour un parlement de manifester une opposition.
Par ailleurs, le roi n'est pas coupé des parlementaires, et surtout pas coupé du Parlement de Paris. Il connait très bien les principaux membres de ce Parlement. Il les voit très régulièrement. Donc, l'opposition, bien souvent n'a pas besoin de se manifester par un écrit formel et un vote. Il peut y avoir tout simplement quelques paroles échangées au cous d'une conversation entre le roi (ou un ministre) et un parlementaire. Tout le monde se connait en haut de la pyramide sociale.
La puissance des parlements a eu tendance a baisser aux cours des ans. Si on rentre dans le détail, la baisse n'est pas une ligne droite tout à fait régulière. En gros, Henri IV a eu parfois besoin des parlements pour appuyer ses actions, pour renforcer son pouvoir faible. Mais plus tard, la France n'a pas voulu suivre le modèle anglais. Marie de Médicis, Louis XIII et Richelieu ont réduit les pouvoirs des parlements, par diverses manoeuvres, par exemple, par la dilution en créant beaucoup de charges (et aussi parce que cela rapportait de l'argent), par le contournement en créant des nouveau présidiaux (voir le livre de Christophe Blanquie), par l'affrontement direct (exemple de la Fronde), par des nouveaux réglements (Paulette, la réforme Maupeou, etc.). A la fin du règne de Louis XV, les parlements n'avaient presque plus de pouvoir, et cela contribue à expliquer que l'on retrouve des bourgeois chez les révolutionnaires.
On dit souvent que le mot de "parlement" est un faux ami, est un mot trompeur. Le parlement d'ancien régime, et surtout au 17e et 18e siècle, a très, très, très peu de choses en commun avec notre parlement moderne.
Lecielmetombesurlatête a écrit :
l'exemple du prévôt de paris institué par philippe le bel
L'époque de Louis XV (1710-1774) est très différente de l'époque de Philippe le Bel (1268-1314).
Il y a moins d'années entre 2010 et 1710 (300 ans) qu'entre 1710 et 1268 (442 ans). Alors les choses ont beaucoup changées.
Le prévot de Paris est très différent des autres prévots. A partir de son cas, on ne peut pas du tout tirer de conclusions générales qui seraient valables pour les autres prévôts.
Lecielmetombesurlatête a écrit :
savoir si le prévôt avait la possibilité juridique de s'opposer au roi
Bien sûr, il y a eu à toutes les époques et dans tous les pays, quelques désaccords de temps en temps entre des fonctionnaires et leur hiérarchie. C'est normal. Mais le prévôt est en général une personne d'un niveau social relativement élevé par rapport à l'ensemble de la population, une personne qui a des idées modérées ou conservatrices, qui a pour but de contribuer à la stabilité du pays, plutôt qu'un rôle de déstabilisateur. Il faut chercher les opposants parmi les victimes, les mécontents, les artistes indépendants, les frustrés (par exemple les frères des rois), les puissances étrangères concurrentes.
Lecielmetombesurlatête a écrit :
y a t-il des exemples d'une charge qui a été transmise d'un père à son fils par exemple ?
Oui, il y a eu beaucoup de transmissions héréditaires des charges de conseiller au parlement. Par exemple, le père de René Descartes, qui a transmit sa charge de conseiller au Parlement de Bretagne, à son fils aîné. Mais il faut savoir qu'il était interdit qu'une même famille possède plusieurs charges de conseiller. Voir les généalogies de conseillers et de présidents au Parlement de Paris dans Popoff,
Prosopographie des gens du Parlement de Paris.
Lecielmetombesurlatête a écrit :
c'est effectivement au parlement de rennes que je pensais
Pour quelle époque ? Il y a un très bon livre que je vous recommande, mais pour une période précise : Henri Carré,
Essai sur le fonctionnement du Parlement de Bretagne après la Ligue (1598-1610), Paris, 1888, réédité à Genève en 1978.