Citer :
Je pense que plus que ce qu'on peut considérer comme les "dépouilles espagnoles", Louis XIV a la volonté, dès le début de son règne (même s'il attend 1667 pour passer à l'acte), de faire retrouver au royaume de France des territoires qui lui étaient historiquement rattachés (Franche-Comté, Hainaut, Flandre, Savoie) et qu'il estimait être siens de droit (logique des Réunions après 1678).
Il y a eu des écrits polémiques qui effectivement pouvaient appuyer les prétentions territoriales dans ce sens, mais n'oublions pas que l'on a enseigné à plusieurs générations que Richelieu aurait exprimé le souhait de remettre la France dans les limites de la Gaule, pour s'apercevoir dès 1919 que cette expression était certainement apocryphe. Pourquoi ? Parce que Wilson, le président américain, plaidait pour une paix sans annexion à la fin de la première guerre mondiale et que baser le retour de l'Alsace-Lorraine sur le désir d'annexion de Richelieu n'offrait pas une solidité diplomatique à toute épreuve. Louis Battifol est donc arrivé en exliquant que cette histoire était inventée, mais que la réalité était que l'Alsace avait appelé le royaume de France à son secours et s'était placée sous sa protection, cela cadrait mieux avec la thèse de la liberté des peuples à disposer d'eux mêmes! Je suis très circonspect sur une vision à long terme de Louis XIV, je pense qu'il a plus exploité des opportunités avec l'idée que la succession dynastique espagnole s'interromperait.
Citer :
L'épisode de 1661 est très largement représentatif de la volonté d'absolutisme de Louis XIV dès le départ. En effet, à la mort de Mazarin, Louis XIV affirme qu'il n'aura plus de principal ministre. Cette volonté a une portée hautement symbolique. En plus de cela, il décide d'écarter du gouvernement les princes du sang, les ducs et pairs (traditionnellement associés au pouvoir) et même sa mère Anne d'Autriche. Il finira par se débarrasser du surintendant des finances, Nicolas Fouquet, car avec la magnificence de ces fêtes au château de Vaux-le-Vicomte (perle de Le Vaux, Lenôtre etc.)
Etes-vous sûr que c'est Louis XIV qui affirme cela ? Ne peut-on imaginer que Colbert travaille en sous main pour que, sans apparaître au premier plan, lui et son clan aient la réalité du pouvoir, laissant la "gloire" au roi ? Souvenons nous de ce que Daniel Dessert a écrit : celui qui a le pouvoir réel, c'est celui qui a l'argent et le contrôle du système fisco-financier du XVIIe siècle, c'est une sacrée expertise ! Que Colbert a, pas Louis XIV.
Quant à l'épisode de Fouquet, là c'est sûr, les magnificiences des fêtes, cela ne tient pas debout : c'est Colbert qui va tenter de faire exécuter un rival qui avait une connaissance aussi pointue que lui (y compris la connaissance fine des entourloupes mazarines!) des flux financiers. Fouquet échappera à la mort grâce au courage de quelques parlementaires.