Bergerac a écrit :
Il existe aussi une Revue germanique, de très haute tenue, qu'il serait délirant de qualifier d'archaïque. De même qu'il est regrettable que nous comptions de moins en moins de germanistes dans nos lycées (on emploie (yait?) le terme essentiellement pour les collégiens et lycéens ayant choisi allemand en première langue en France).
En lisant votre seconde phrase, je constate que rien n'a changé. Le problème manifestement est que les profs d'allemands sont
"mal à l'aise" et se trompent de cible entraînant dans leur sillage un malaise, une sorte de culpabilité rejetée sur les élèves parce-qu'incapable à gérer le leur. J'ai connu cette époque. Alors ils donnent dans l'élitisme, exactement le genre de phrase que vous servez comme si l'allemand en 1ère langue était un passeport à la réussite intellectuelle, impulsé en ceci par des a priori. Les germanistes (1ère ou 2nde langue) se recrutaient chez les
"meilleurs", dont l'option
"latin" était évidente ou de rigueur.
On m'aurait voulu "germaniste", les a priori étant que commencer cette langue en 4ème était trop tardif (faut le faire).
L'espagnol traînait un complexe de facilité. Pourtant chacun sait que l'espagnol est loin d'être une langue facile pour qui veut correctement la parler. En 4ème l'allemand me semblait attractif, le malaise des enseignants de ce moment l'a rendu détestable et puis entre la 4ème et la 2nde, le rideau se déchirait : ce qui nous avait soigneusement été épargné et vite survolé s'écrasait soudain devant un mur de questions. Dans ces années de questionnement, le son même de la langue paraissait soudain une insulte, une incongruité dans un temps ou le mot
"patrie" était encore
"chaud", où l'on admirait des personnalités comme Moulin bref tout ce qui avait pu s'opposer -gauche ou droite confondues- à... Nous jetions même un voile complice sur le pacte germano-soviétique et le pire était d'entendre cette génération opposer la peste au choléra : je pense à Paul et à ses exemples. Nous avions dépassé le stade "gestapo" trop facile à shunter pour les profs d'allemand (HS) et ceux d'histoire (zut, il fallait se prononcer tout en marchant sur des oeux). Pas de chance, la littérature stagnait sur Zola : le fameux
"J'accuse" ressortait et la discussion n'était plus à évaluer le destin de Dreyfus mais soudain d'un pan de l'humanité. Alors l'apologie de la langue germanique, allemande ou qui, que, quoi : on sature vite.
Votre style de phrase élitiste me renvoie à une interrogation : vous êtes-vous posé les bonnes questions ?
Ce sujet évoque
in fine un débat linguistique initié par vous. L'orientation des posts shuntaient allègrement l'histoire dont visiblement les lacunes (je pense à Léopold Ier) étaient perceptibles. Rien n'empêche la modération d'ouvrir un lien dont le sujet serait
"l'évolution de la langue allemande et ses subtilités au travers des âges".
@ Jean-Claude :Merci de rappeler que nous évoquons le XVIIème mais il faut se résoudre à acter qu'au XVIIème, la réponse à la question posée en sujet est donnée depuis bien longtemps. Il serait peut être bon de déplacer le sujet tant dans le temps que dans son intitulé. Visiblement nous sommes dans un échange plus linguistique qu'historique. On peut noter la difficulté à s'étendre sur l'histoire de la Prusse et de l'Autriche au XVIIème pour en revenir à des passes de langage et de compréhension de titulature qui vont jusqu'à évoquer la sémantique médiévale. L'allemand semble occuper plus de place dans sa rigueur grammaticale que le français dans son écriture actuelle. Bientôt nous arriverons à la querelle du
"Lutrin" de Boileau.
Je pose aussi ma question linguistique : quid du Yiddish qui prospère depuis le XIe en "Basse Lotharingie" (réhnanie) et autres places, de son évolution du médiéval à la fin ? Cette langue germanique (si, si...) est riche et s'étendra bien au-delà des frontières de l'Allemagne
"médiévale", de la Prusse et du
"Reich" (le mot est-il employé justement ?).
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Yiddish@ LeBonapartiste :La Prusse s'est appuyée sur ce qui restait de fort à l'Autriche tout en lui laissant ses faiblesses. L'expansion prussienne a tiré leçon de la mozaïque autrichienne et c'est sans doute pour cette raison que l'expansion se fera au nom des allemands peuplant différentes zones et étant majoritaires puis ensuite, le majoritaire devint très optionnel.
La Bavière catholique (dont l'histoire est très intéressante) jouera longtemps le jeu de l'alliance avec l'Autriche, tout en essayant de tirer son épingle du jeu sous Maximilien Ier. C'est pour moi l'exemple type de l'Etat nation... qu'il est resté pour qui connait et apprécie. Les spécificités ne furent pas bradées. La Bavière ne semble étonnement ni autrichienne ni allemande mais bavaroise.
Pour votre première question, je partage l'avis de Narduccio. Il faudra la force soviétique pour constater qu'une Allemagne peut être temporairement bipolaire et coincée par des frontières enfin figées par l'extérieur puisque dans l'incapacité de s'en fixer. C'est peut être dans cette dynamique que je ressens l'effet Bismarck comme quelque peu dévastateur. Tout un chacun ne peut
"faire du Bismarck" surtout lorsqu'il devient le pivot d'une médiocrité revancharde et populiste. La
"dépêche d'Ems" avait un but bien précis à un moment bien précis aussi, pour la suite chacun peut apprécier : j'entends par
"suite", la politique de Guillaume II sans ce chancelier ce qui -par effet domino- entrainera ce que l'on connait.
Pour la seconde, je m'en remets à votre avis ou à celui de connaisseurs de l'histoire de ce moment. Je sais que Victoria tenait à une union prussienne, ceci en vue d'une union sur le continent et comme l'époque était aux unions concluent par des unions familiales, l'aînée de Victoria et Albert fut toute désignée pour le Kronprinz. Il est à noter que la Prusse est tout à fait contre cette union. Victoria aura gain de cause : la vie et les idées du couple en feront des reclus en leur demeure. Vicky voulant apporter sa pierre à l'édifice avait une vue de la Prusse totalement biaisée, la déception fut brutale. Les difficultés d'adaptation énormes. La personnalité de cette princesse voulant distiller les idées et le mode de vie anglais dans sa nouvelle patrie ne trouvera qu'incompréhension. Guillaume tout comme Bismarck craindront cette influence des idées insulaires. L'aîné du couple se retrouvera plus dans la ligne de son aïeul d'où, là encore des difficultés de compréhension avec "la petite cour". Dès le décès de son père, il éloignera sa mère.
Victoria tout comme Albert fondaient de gros espoir avec cette union : à noter que la Prusse par la voix de Guillaume refusera que la cérémonie se passe au Royaume-Uni ; il faudra déployer un trésor de diplomatie. Le décès prématuré de Frédéric-Guillaume III ne peut nous donner une idée d'un éventuel changement de cap politique. Il était évident, de toute façon que ce cap se ferait sans Bismarck et sans l'aval de l'aristocratie berlinoise. Ce fut le challenge génial de Bismarck : faire penser à la Prusse que sans lui, le bateau prendrait l'eau et lui seul possédait la solution au colmatage.
Cette façon de penser se retrouve chez Talleyrand qui n'hésitait pas à exprimer qu'étrangement, les pouvoirs qui l'avaient écarté n'avaient guère tenu longtemps : fallait-il y voir l'empreinte, là aussi, d'une certaine destinée ?
Maintenant il existe certainement des explications plus poussées politiquement mais il ne faut pas oublier les unions des autres filles de Victoria, unions qui encerclent la Prusse : Alice avec Louis IV de Hesse dont les filles s'insinueront chez les Battenberg, en Russie, avec un prince prussien (Henri) ; Hélène avec la maison de Schleswig-Holstein-sonderbourg-Augustenbourg avec là encore un ancrage fort sur terre allemande, allant même jusqu'à la Grèce, Béatrice avec un Battenberg mais dont la fille par son union avec Alphonse XIII prend pied en Espagne. Pour les fils : Arthur épouse une princesse prussienne (d'où descendance), Léopold une Waldeck et Pyrmont (sans descendance) mais toujours ancré dans les familles allemandes relativement incontournables. Quant à Alfred, il épouse une grande duchesse de Russie, des cinq enfants du couple : Marie épouse un Hohenzollern-Sigmaringen qui se retrouve roi de Roumanie, Victoria-Mélita : Louis V de Hesse puis le grand duc Cyrille vladimirovitch (descendance), Alexandra se verra épouser Charles-Ernest II de Hohenlohe-Langenbourg (descendance) et Béatrice un Orléans, infant d'Espagne, duc de Galliera.
L'Angleterre se trouve donc bien enracinée sur le continent et les "petits états" toujours dirigés ou non comme la Hesse ou les Pyrmont, les Battenberg et autres familles prestigieuses se voient sollicités par une Reine très déterminée à voir aboutir ses désirs politiques, soutenue en ceci par un prince consort vraiment exceptionnel qui n'oublie pas ses racines (Saxe-Cobourg et Gotha, Thuringe etc.). Ceci peut paraitre le côté anecdotique mais il existe tout de même une volonté politique bien dessinée d'exporter le modèle anglais. Il se trouve qu'avec le temps, la Russie se montrera sur une ligne politique plus proche. Les liens familiaux y seront aussi pour beaucoup : plus chaleureux et le mélange le plus délicieux se fera au détriment de Guillaume II : Alice de Hesse et le Tsarévitch Nicolas, futur Nicolas II. Il est à noter à ce moment une franche brisure au sein de ce qui était entretenu comme "une grande famille", nous sommes en 1894. Edouard s'inquiétera des visées expansionnistes comme du caractère belliqueux de son neveu. La famille se tournera alors vers le côté russe, ceci devient une évidence dans le choix. Il se trouve aussi que l'épouse d'Edouard et celle du Tsar Alexandre III sont soeurs et nées princesses de Danemark. Elles ont vécu l'affaire du Schleswig-Holstein qui reste -chez Alexandra- une plaie ouverte. Une fois reine, on assistera à un rejet viscéral plus ou moins dissimulé sous Victoria, de la Prusse. Les époux royaux sont donc sur la même ligne pour des raisons différentes mais des causes identiques : la volonté d'hégémonie prussienne.