Bergerac a écrit :
. ET dans cette symbolique, il est aussi possible de porter un autre regard qui fait non plus de Bismark et la Prusse des vecteurs d'unité, mais plutôt de division, car l'unité c'était celle qui existait avant 1806, et que l'on balayait comme initéressante parce que a priori condamnée par l'Histoire (c'était ce que l'on pensait au siècle dernier). Naturellement lui ne se présenta jamais en "diviseur".
Je crois que le mot Reich est neutre (Das Reich) mais c'est moi qui n'avait pas compris le sens de votre post. Ce n'est en effet pas le genre de la Prusse de rester neutre dès 1826.
Le Ier Reich se serait voulu la renaissance dans le contexte du moment du SERG ?
La Confédération du Rhin se transforme en Confédération Germanique en 1815 ; les seuls changements apportés le sont au niveau des dénominations démultipliées essentiellement pour les grands-duchés, langraviats et duchés. On ampute l'un, donne un nouveau nom pour en créer un autre mais dans l'essentiel personne n'est lésé.
1817 ne voit disparaître qu'Arenberg, Saxe-Cobourg, Saxe-Gotha et Saxe-Weimar. Certaines Maisons s'éteignent et sont réorganisées (Saxe-Gotha-Altenbourg est divisée : S-G revient à S-G-Saafeld qui se défait du Saafeld au profit de S-Meiningen : nait alors S-C-Gotha ; Altenbourg est donné au duc de Hildburghausen : nait Saxe-Altenbourg qui se défait d'Hilburghausen au profit de Saxe-Meningen etc.).
1849, la Prusse récupère les Hohenzollern-Hechingen et Sigmaringen suite à des abdications successives puis en
64, entrée du Schleswig -accolé au Holstein- dans la confédération qui sera dissoute à la suite du conflit austro-prussien.
Je pense que la Prusse sort grande gagnante du Congrès de Vienne et souhaite se reconstruire de manière durable. L'Autriche devient alors une sorte de "boulet" à traîner avec cette ancienne image ancrée d'une Autriche toute puissante. Territorialement certes mais avec les remous inhérents à la mosaïque de ses états alors que la Prusse va intégrer doucement le rang de leader puis glisser vers le Ier Reich.
Depuis le premier conflit Austro-prussien, on peut voir déjà que malgré certaines alliances (Bavière et Autriche), d'autres alliances sont passées en secret devant une sorte d'évidence du sort de l'Autriche et aussi l'ampleur de réseaux germanophiles. Le tout jeune roi de Bavière ira "négocier" avec Bismarck afin que le chancelier soit bien certain que les lignes bavaroises seront présentes (union avec l'Autriche oblige) mais "molles".
J'ai du mal à imaginer une renaissance du SERG qui ne pouvait se faire sans l'Autriche : il n'y avait qu'un Empereur qui depuis des lustres était extrait de l'Autriche, la donne a changé depuis les coalitions.
1848 sera une année difficile pour l'Autriche, toujours en train de ramer avec son puzzle d'états et de devoir lâcher des concessions. En face s'élève un autre état qui s'établit justement sur le fait de ne rien lâcher quel qu'en soit le prix et se prend à espérer devant les victoires qui s'enchaînent face à l'Autriche, devant aussi les mauvais choix autrichiens (Mexique). On sent déjà un Empire chancelant, rongé d'un intérieur trop éclaté étatiquement et parallèlement trop statique politiquement.
La Prusse saura prendre la vague tout simplement parce-qu'elle a pour elle un nationalisme jeune, qui a encore tout à prouver et qui a le vent en poupe. Les conflits s'enchaînent et la Prusse sort gagnante. Elle ne se perd pas non plus dans les états d'âme que l'on verra en Italie. C'est une ligne, une politique, une conclusion facile à tirer de cette fédération d'Etats, qui donc mieux que Guillaume Ier peut coiffer le titre de Kaiser ? D'où vient la fédération des impulsions nationalistes qui auraient pu se morceler. En politique, il faut aussi reconnaître le meneur sinon la meute va à vau l'eau.
C'est en ceci que j'ai du mal à vous suivre : l'Autriche est la tête du Saint Empire mais bien avant la dissolution de la CG, elle n'est plus très présente, en proie à ses propres déchirements internes. La Prusse ne demande qu'à fédérer sans annexer, tout est dans l'impulsion et il apparait comme normal pour beaucoup de reconnaitre à Versailles le chef de meute. Bien sûr ceci ne se fait pas sans quelques grincements de dents mais au final, l'intelligence de Bismarck sera de bien montrer qu'ainsi, tout un chacun y trouve à gagner : le titre est ronflant mais offrons le au plus "méritant" et puis ce n'est pas une sinécure. Ainsi la première marche est franchie.
Où je suis en accord avec vous, c'est que ce n'est pas Bismarck qui est stricto sensu l'auteur de l'unification : ce sont les victoires emportées par la Prusse, les annexions réussies... mais qui est derrière tout ceci ?
Vous évoquez d'autres circonstances, un autre contexte pour une symbolique mais quelle est donc cette symbolique qui m'échappe pour y porter un autre regard ? Quels que soient le temps, le contexte, les motivations : je ne vois rien de commun entre ce qui était le SERG, a évolué en Confédération du Rhin puis Germanique et le Ier Reich. Au contraire, il y a un fort désir de se démarquer de l'Autriche dont l'hégémonie n'est plus qu'une image et la forme de gouvernement déjà sclérosée. Le retournement définitif et indiscutable se fera en mars 1938 et avec le fameux slogan déjà évoqué sous Guillaume Ier mais de manière plus soft : "Ein Volk, Ein Reich... Ein Führer".
L'unité d'avant 1806 avait bel et bien vécu et n'était plus de mise, les historiens ne se sont guère trompés en la condamnant ne serait-ce qu'en prenant un seul paramètre : le temps... qui inexorablement se complait à défaire ce qui semble immuable dans un réflexe sain : la vie, le renouveau, le futur. En Histoire, malheur semble attaché à celui qui reste sur ses acquis ou ne sait se renouveler ; il semble terrible que le renouveau trouve ses bases dans des conflits maintenant ce n'est que mon avis... du moment.
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Je viens de poster et de lire votre citation : elle ne bétonne en rien votre argumentation, laissant au lecteur plusieurs pistes. Au final, vous optez une seconde fois pour Erlanger.