Bergerac a écrit :
Je pense que ce n'est pas exactement comme cela. L'hommage est dû par un vassal à son suzerain; ce dernier peut, par respect particulier pour le premier, le dispenser de lui rendre hommage, cela ne rompt pas le lien féodal entre les deux. Refuser de se soumettre à la justice du suzerain, c'est rompre le lien féodal et courir le risque de voir ses biens confisqués pour félonie.
Maintenant, dans la réalité, si le vassal est plus puissant que le suzerain, il cherchera à le lui faire savoir en tentant de casser, ou à tout le moins d'affaiblir le lien féodal et naturellement la justice est le domaine prévilégié de l'affirmation de la souveraineté.
La réalité est différente. L'incident est établi, il y a eu refus du comte de Nevers de déférer le conflit au roi et celui-ci a pris un grand risque de conflit, ce qui était
fréquent au 12è siècle, s'il n'avait pas une dispense au sens féodal, en la forme.
Par exemple, le comte de Macon dans un cas identique ne s'inclinera qu'après une expédition royale. C'était fréquent pour les grands au 12è, et presque l'habitude, car juridiquement dit ma documentation, le roi ne disposait pas encore des moyens juridiques pour faire plier pacifiquement un vassal puissant.
La commise, confiscation du fief, par jugement, n'est pas encore en vigueur. Le 1er exemple de commise est de 1202 quand Jean sans terre fils d' Henri II et d'Alienor, duc d'Anjou enlève la fiançée du comte de la Marche. Ce dernier saisit en justice le roi de France, son suzerain. Philippe Auguste cite à comparaitre devant sa cour le Plantagenet son vassal pour l'Anjou, qui refuse en arguant qu'il est duc de Normandie et à ce titre ne doit l'hommage " qu'en marche". Philippe lui répond qu'il le cite comme duc d'Aquitaine et pas comme duc de Normandie. Il fait condamner Jean sans Terre à la commise de tous ses fiefs et rattachement à sa personne de tous les vassaux de Jean. Puis il entre en guerre à cet effet pour confisquer la Normandie, l'Anjou, le Poitou.
Comme le comte de Boulogne refusait comme d'autres de reconnaitre la justice du roi pour un différend avec un vassal, un arrière vassal du roi, Philippe Auguste à présent bien installé, fait prononcer contre son vassal un jugement de commise en 1212.
Pour en revenir à Nevers, mon ouvrage de référence ne dit pas ce qu'il est advenu après le refus du comte. J'ai supposé qu'il était dans son bon droit et avait une dispense d'hommage en la forme, contractuelle, mais il a pu aussi ne pas l'avoir et plier par la suite. A ce moment,
le refus n'emporte pas encore en 1166 rupture juridique du serment féodal comme vous le suggérez. Il n'y a que l'emploi de la force pour que le vassal accepte de se rendre en justice royale comme pour le comte de Macon.