Oliviert a écrit :
Jérémy76 a écrit :
"Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la messe papale, inventée directement contre la sainte cène de notre Seigneur, seul Médiateur et seul Sauveur Jésus Christ. J'invoque le ciel et la terre en témoignage de Vérité, contre cette pompeuse et orgueilleuse messe papale (...)" (placards de la fameuse affaire, 1534).
Merci pour ces références, parce que les anglicans ayant toujours été très opposés au pape, et les historiens anglophones ayant une certaine influence, je craignais qu'il n'y ait eu une exagèration du sentiment anti-papal des protestants français, mais apparemment, je me suis un peu trompé.
Cerrtainement, pour les protestants allemands. Mais, en France, le commerce des indulgences y a-t-il été important ?
Par exemple, pour l'inquisition, chaque pays était libre (au moins dans la pratique) d'avoir ces propres tribunaux ecclesiastiques, qui jugent des affaires spirituelles indépendamment du pape, qui décident de tenir compte ou pas de la liste des livres mis à l'index par "la congrégation romaine de l'index" (qui n'est pas le pape). L'inquisition espagnole a agi indépendamment du pape. Les ouvrages de Copernic et de Galilée n'étaient pas censurés en France (en théorie, mais pas dans les faits).
C'est vrai. On peut ajouter le culte des saints, les images, les reliques, et la dime (les affaires financières ne sont pas négligeables). Les protestants ont chassé les sorcières, en Allemagne ainsi qu'en France. Donc, à mon humble avis, je vois plutôt la critique des protestants français, dirigée essentiellement contre les dérives païennes.
Le pape est déjà un peu décrédibilisé, en France, au moment du Grand Schisme d'Occident. Mais tout semble revenir normal une fois la crise terminée, même si la France et le pape se disputent sur la Pragmatique Sanction de Bourges, que le roi continue d'appliquer, et que le pape veut abolir. La question est réglée lors du Concordat de Boulogne, qui donne de larges pouvoirs au roi (nomination des évêques et abbés, et gestion des bénéfices). Le Concile de Trente est mal vécu en France. Si les évêques s'empressent d'enregistrer la Réforme Catholique dans leur diocèse, plus tard les français, surtout par le biais des Parlement, contestent plusieurs modalités de la Contre-Réforme car elles porteraient atteintes aux libertés gallicanes.
L’Inquisition, chaque pays à serte le droit de l'installer ou pas, mais l'orthodoxie de l’Église est l'affaire seule du pape. En France on a décidé de refuser cette institution, et on préfère donner, au début, la répression de l'hérésie au Parlement de Paris, dans une chambre spécialisée, qui ne dure que trois ans (la Chambre Ardente). La Chambre ardente est vite supprimée, car elle ne fait que jeter de l'huile sur le feu. Puis, pour les édits de pacifications, on donne les questions de cohabitation aux présidiaux, puis dans les chambres des édits.
On donne tardivement ces prérogatives aux Parlements car le roi a peur d'un blocage par les magistrats des Parlements qui s'étaient fortement opposés à l’Édit de tolérance de Saint-Germain-en-Laye (1562). D'ailleurs pour comprendre l'opposition à l’Édit de Nantes peut se comprendre par les débats autours des autres édits, car l’Édit de Nantes est conçu comme tous les autres édits de pacification (il est même plus contraignant que l'édit de Monsieur, qui donnait presque toutes les libertés aux protestants). Quand on regarde l'édit de Nantes, une bonne partie des articles reprennent ou se référent au précédent édit de pacification de Poitiers (1577).