Narduccio a écrit :
On a chercher a estimer l'effet placebo du au médecin. C'est difficile parce que le charisme du médecin rentre en ligne de compte. Mais, on sait que pour 20 à 40% de la population, rien que la venue d'un médecin fait qu'on se sent mieux. J'ai bien écrit "qu'on se sent" et pas "que l'on va mieux". Cet effet placebo est connu depuis pas mal de temps. Mais, il a souvent été nié et en premier par pas mal de médecins.
Vous avez tout à fait raison et j'ai pu le remarquer. Lorsque le lien de confiance entre le malade et le médecin est mis à mal, c'est souvent l'occasion d'une rechute et le corps "bloque" à un autre endroit. Le malade est donc transporté dans un autre service et si le lien se recrée, étrangement, tout se remet en place. L'écoute du patient est essentielle. De nos jours, la chirurgie ambulatoire est de mise cependant chaque personne est un cas. Estimer que telle opération nécessite 4 jours d'hospitalisation, ce n'est que statistique et ceci peut "coller" pour plus de 50 % des cas. Pour le 51unième, le résultat est désastreux. Réhospitalisation en urgence, rupture de confiance avec le thérapeute, souvent un séjour plus long (donc pour le bénéfice, c'est zéro). Sans compter que les soins à donner ultérieurement sont souvent aussi sinon plus chers.
Le fait même de se "sentir mieux" est un plus. C'est déjà un pas vers la guérison et aussi le début d'une confiance qui s'installe entre le patient et son référent. Ce côté positif n'est pas à dédaigner.
Il est gênant pour un praticien de le reconnaître car ceci oblige à une chose : savoir passer la main à un collègue mais c'est aussi ceci, il me semble, le premier devoir d'un médecin, savoir passer la main.
Pour les thérapies c'est encore plus évident. Pour m'être entretenue alentour, certaines personnes seraient prêtes à accepter des thérapies placebo dans le cadre du "per os". Le tout est d'ignorer quand le placebo est délivré. Mais qui est prêt à revoir à la baisse sa marge de bénéfice ?
Citer :
Voire un effet nocebo, mais on cherche a l'éliminer.
J'ignorais tout de cet effet. Je vais creuser et je vous remercie pour cette piste. Le "mal de tête" : plusieurs choses peuvent en être à l'origine. Un épisode fébrile mais c'est aussi un marqueur de stress. Dans le second cas, une écoute, un mieux être et un placebo peuvent en venir à bout. La migraine est autre chose. Il semble y avoir des personnes "à migraine". J'ignore le traitement. Cependant il n'y a pas de hiérarchies, les deux sont à considérer comme des souffrances et à traiter comme telles.
Citer :
Il me semble qu'il y a même eu des études où on testé des médicaments en disant que c'était des placebo. En fait, il y avait plusieurs groupes, certains qui recevaient des placebos et on leur disait que c'était des placebo, d'autres qui recevaient des médicaments, mais on leur disait que c'était des placebo.
Pour optimiser un placebo, il faut en taire l'indication. Enfin c'est ce que je pense mais je ne suis pas médecin.
Le reste tient du rapport que l'on a avec son conscient et son inconscient, avec la raison et ce que nous pourrions nommer "les humeurs". En effet, l'être humain est très complexe. Le plus de notre bon vieux médecin de famille était l'écoute, c'était l'époque où pour faire "médecine", la filière littéraire était "le chemin". Puis ce fut les mathématiques avec les cases : tel symptôme fait partie de tel syndrome et voilà, la messe est dite. Le malade est devenu un numéro écrasé par le poids du savoir médical. C'est triste, d'autant plus triste que de nos jours qui voit un médecin "heureux" devant une guérison ? La médecine doit être une vocation, pas une filière. Un médecin doit savoir qu'il n'aura pas une vie de fonctionnaire comme son conjoint doit aussi savoir passer en second mais de nos jours, ceci fait un peu "vieux jeu".
Théodare a écrit :
Pourquoi une telle confiance des malades envers la médecine (surtout les saignées et purgations)? Et pourquoi un tel "acharnement" des médecins dans certains cas?
Cette phrase m'a interpelée : pouvait-on purger et saigner à tout va ? Voici concernant la fin de Louis XV :
[...
27 avril 1774 :
"depuis huit jours le roi avait souvent très mauvais visage et des malaises" (duc de Croÿ) ... le roi s'éveille avec de fortes douleurs dans la jambe. Il éprouve une forte migraine tandis que de longs frissons secouent son corps. Lors du déjeuner ... il trouve les mets rebutants ... il n'a goût à rien et même une vague envie de vomir ... Il ne renonce pas pour autant à la chasse ... Pourtant robuste, il ne peut aller plus avant ... saisi d'un grand froid ... le roi est malade ... La Martinière, premier chirurgien du roi diagnostique une fièvre sérieuse. Louis XV prend acte du diagnostic mais par crainte de la mort ne se résout pas à quitter Trianon ... La Martinière est contraint d'adresser un message dur, ferme et clair à l'encontre du souverain :
"Sire, c'est à Versailles qu'il faut être malade." Le transport est organisé suivant l'étiquette ...
Louis-Guillaume Le Monnier, premier médecin du roi s'entretient avec La Martinière pour envisager les soins à prodiguer ... Les deux hommes décident d'appliquer des mouches sur les tempes du malade et de lui administrer de l'opium ... agitation et torpeur du souverain pendant la nuit ... Le lendemain les médecins se résolvent à procéder à une saignée, seul remède qu'ils connaissent. Aucun effet. Ils envisagent d'en effecteur une seconde puis une troisième si nécessaire. Cela n'est pas sans inquiéter le roi ... le protocole exige qu'après une troisième saignée le souverain reçoive les derniers sacrements. La deuxième saignée sera seulement plus longue ... mesurant la gravité croissante de la maladie, La Martinière et Le Monnier mandent deux de leurs confrères pour les assister (de Bordeu et Lorry qui exerce la médecine à Paris. Pour l'heure, la Faculté tout de noir vêtue est incapable de donner un nom à ce mal. Dans la nuit du 28 au 29, une éruption apparait sur le visage royal ... La Martinière est alors le seul à oser un diagnostic et dire
"qu'il regardait le roi comme perdu" ... Tout le monde est averti ... le souverain réalise soudain la cause de son mal et s'écrie :
"c'est la petite vérole ! Cela est étonnant" ... Les médecins le rassure :
"Votre majesté a eu autrefois la varicelle. Cela ressemble à une rechute mais sans danger" ... Louis XV en effet croyait avoir contracté cette maladie au chevet de l'une de ses filles décédée de ce mal mais ce n'était qu'une banale éruption cutanée due à l'anxiété du souverain...] (Matthieu Geagea).
Ceci est étonnant : nulle note sur le déroulement d'une telle maladie à ce moment pour que vienne si tard le diagnostic ? Je laisse à l'appréciation les avances médicales de l'époque et de nouveau le rapport médecin-patient. Chacun sait le rapport qu'entretient Louis XV avec la mort, la terreur qu'il éprouve, chacun sait aussi que des décisions vont devoir être prise dont l'éloignement de la maîtresse en titre. Est-ce de l'empathie ? Les paroles d'un courtisan ? Je pense que Louis XV conscient du mal qui le frappe est tout de même apaisé pour un moment à l'écoute des paroles rassurantes des médecins. Cependant Louis XV s'accroche et refuse les derniers sacrements. Il a mandé le duc d'Aiguillon afin que celui-ci accueille Madame du Barry (nous sommes le 2 mai) puis il a un dernier entretient avec celle-ci. Le 6 mai il accepte enfin le secours de la religion et le 10 voit sa fin.
A noter qu'après le passage de son confesseur, les 6 et 7 mai verront un grand mieux chez le roi qui reprendra confiance, se fera tâter le pouls, demandera que ses vésicatoires soient observées et échange longuement avec Madame Adélaïde avec un "Je ne me suis jamais trouvé ni mieux ni plus tranquille." L'effet de l'échange avec le prêtre a peut-être initié ce mieux.