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A priori au XVIIIè siècle quand ils rejoignent les Lumières.
Peut-on "rejoindre " les Lumières ? Je pense que le regard de Paul Hazard, avec sa Crise de conscience européenne permet une grille d'analyse pertinente.
Face à un pouvoir civil et religieux qui contraint des non-catholiques à singer la confession catholique (singer, car, au moins jusqu'en 1698, l'important était de forcer les Nouveaux Convertis à assister aux offices, même si au fond d'eux mêmes, ils n'adhéraient pas à ce qui se déroulait sous leurs yeux), une rupture s'opère entre des catholiques qui considèrent que ces actes de dévotion forcée sont des sacrilèges et ceux qui pensent que l'avenir lissera les résistances. Le doute sur la nécessaire alliance pouvoir religieux et pouvoir civil s'instille.
Les Protestants eux-mêmes oscillent entre des partisans d'un culte familial (plutôt au Nord du royaume) et les acharnés du culte public (avec les assemblées clandestines dès 1686). Et à l'intérieur de chacun des courants, des destins individuels disent le désarroi de certains. Afin de rester dans l'anachronisme qui m'a été reproché, je citerai telle famille dont les testaments des membres éminents vers 1690,les rattacheraient aux Nouveaux Convertis "sincères", dont les descendants au Second Empire, à la fondation de la Société pour l'Histoire du Protestantisme Français (1853, je crois) fournirent de fort intéressants documents sur la communauté protestante locale, montrant que ces papiers avaient été religieusement (sans jeu de mot) conservés et donc que les convictions des ancêtres de 1690 furent à tout le moins moins affirmés que ce que les documents d'archives pourraient laisser croire.