Nicolas M. a écrit :
Drouet Cyril a écrit :
Encore une légende forgée à Sainte-Hélène :
"J'ai jeté le manche après la cognée lors du désastre de Trafalgar. Je ne pouvais pas être partout, j'avais trop à faire avec les armées du continent."
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)
On peut se demander pourquoi il affirme cela.
Difficile à dire, mais prononcer de tels mots tend à atténuer sa responsabilité dans un bilan (malgré tous les efforts) très négatif. L’après-Trafalgar, ce sont les colonies qui tombent les unes après les autres, et la perte (1806-1810) de 20 vaisseaux et 50 frégates, contre 10 vaisseaux et 26 frégates (1806-1813) du côté de la Royal Navy (sur l’ensemble des pertes britanniques, 7 frégates seulement tombent au combat).
Après Trafalgar, on n’en est plus à l’époque du « Grand dessein » et les efforts sont principalement dirigés vers les opérations terrestres, mais l’Empereur est en effet bien loin d’avoir « jeté le manche après la cognée ».
Nicolas M. a écrit :
Angamaïte a écrit :
En effet et je vous remercie de ces précisions. Napoléon a lui même participé à l'élaboration de cette "légende" de même que beaucoup d'historien qui indique qu'après trafalgar, tout est joué et que la Navy est assurée d'être la maîtresse absolue des mers avec un Empire qui se désinteresse complétement de la question. Certes du fait de la guerre continentale il ne peut pas y lancer tous ses moyens (mais c'est le problème de la France depuis toujours de l'équilibre netre la Mer et la Terre) mais ce n'est pas l'état d'abandon qu'une certaine imagerie (m')a laissé.
Sur ce point (passage surligné), ils ont raison. Seule une longue période de paix aurait pu, éventuellement, donner l'occasion à Napoléon de reconstituer une marine du niveau de celle de l'Ancien Régime.
Si en 1813, les forces navales impériales et alliées s'élevaient à 88 vaisseaux et 66 frégates ; la Royal Navy alignait à la fin de l’Empire 125 vaisseaux et 145 frégates. Et encore, il ne s’agit que de données quantitatives…
Le temps manqua à l’Empereur et la guerre continentale exigeait des efforts financiers colossaux.
Pourtant cela n’empêchait pas Napoléon de rêver (lettre à Decrès, 6 décembre 1811) :
« Il résulte de mes différents renseignements que j'ai en France seize millions d'arbres ayant 5 pieds de tour, ou 480 millions de pieds cubes, ou de quoi faire quatre mille huit cents vaisseaux.
Ainsi, avec un seul ordre, je puis, d'ici au mois de février, faire couper dans tout mon empire une quantité de bois suffisante pour faire quatre mille huit cents vaisseaux, et cela sans porter préjudice à mes forêts; car on ne couperait que des arbres ayant cent cinquante à deux cents ans, et, dès lors, cette coupe ne ferait aucun tort au martelage ordinaire. Si l'on voulait prendre des arbres de 3 pieds de circonférence, comme la marine en emploie aujourd'hui, je pourrais faire deux mille quatre cents vaisseaux de plus, de sorte que j'aurais de quoi construire sept mille deux cents vaisseaux. Et enfin, si l'on voulait employer les bois dont les Hollandais se servent dans les constructions, avant moins de 3 pieds de circonférence, j'en aurais une quantité infinie. »
A noter qu’en terme d’ordres, il en vient à la fin de sa lettre à des constructions bien moindres à la fin de sa lettre, envisageant tout de même le projet de 55 à 56 vaisseaux.