Que les noyés aient été moins nombreux que ce que les relations fréquemment laudatives ont évoqué, c'est effectivement plus que très vraisemblable.
Mais qu'en est-il de ceux qui ont été précipités dans les eaux gelées, du fait de leur poids et de celui de leurs montures ou attelages ou du fait de l'artillerie française ? Un soldat habillé précipité dans de l'eau à température négative ou s'en approchant, devant faire un effort physique pour s'en sortir et n'ayant pas la possibilité (faute de temps ou du fait de l'action de l'ennemi) de se remettre en condition après cette épreuve n'est-il pas condamné à la mort ou à tout le moins à une convalescence longue ? N'est-ce pas en pire ce qu'ont subi les pontonniers du général Eblé en 1812, qui y ont sauf erreur de ma part quasiment tous laissés la vie ?

Ou alors j'ai une vision très pessimiste de la chose ?

CNE503

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"

Il me semble que c'était des étangs peu profonds.
Les températures n'étaient pas non plus aussi froides que sur la Bérézina. Là les pontonniers ont plongé au moins jusqu'à la taille ou aux aisselles et beaucoup sont morts après coup.

Oui, mais ils ont plongé nus et ont pu se sécher immédiatement après. Là les hommes précipités dans les étangs étaient habillés et n'ont pu procéder à une remise en condition aussi brève eût-elle été.
Il n'y a rien de pire que de rester dans des habits trempés alors qu'il fait froid (et si la neige tombe, cela signifie que les températures sont sensiblement égales à 0°C, c'est-à-dire... qu'il fait froid). C'est pour ça qu'au-delà des morts directes, qui purent être très limitées, il dût y avoir des morts indirectes liées à l'épisode. De toute manière, perdre 36 canons et leurs attelages, ça signifie que ça a dû être un moment terrible quand bien même il fut moins morbide que ce qui en a été narré.

CNE503

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"

Une centaine de pontonniers travaillèrent dans l'eau à la construction et l'entretien des ponts de la Bérézina. Sur ce nombre, douze seulement survécurent.
On doit quand même noter que les conditions de la campagne d'Austerlitz n'étaient pas si effroyables que celle de Russie (avant ou après la Bérézina). Ainsi, les 3/4 des pontonniers qui ne s'étaient pourtant pas jetés dans les eaux glacées de la Bérézina ne survécurent pas à la campagne. Mais, comme vous le dites, on peut sans doute penser que, parmi ceux ayant pataugé péniblement dans les étangs d'Austerlitz, un certain nombre a du mourir par la suite.
J'ignore malheureusement tout de ce point, le but de mon intervention dans ce fil portant plus sur le mythe des morts par noyade.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

En effet, les pontonniers n'étaient heureusement pas tous dans l'eau, certains démontaient les maisons pour disposer du bois (que le reste de l'armée volait pour faire du feu...), d'autres troupes de génie créait route et batteries pour accéder au pont et le protéger.
A ce propos je recherche actuellement le registre matricule du Bataillon du Danube qui participa à la construction des ponts (ou a faire la route d'accès au pont).

Pour revenir au sujet, quelques œuvres relatives à l'étang de Satchan (Menitz étant souvent associé à Satchan et le cas de celui de Kobelnitz étant moins connu, ces deux derniers étangs semblent avoir bien moins inspiré les artistes...) :

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Quelques photographies des lieux. Les trois étangs ont été asséchés.

1-L’étang de Kobelnitz pris à partir de la digue le coupant en deux l’étang et servant de chemin entre Turas et Kobelnitz. A l’arrière plan : Kobelnitz ; à droite, l'ancien emplacement de l’étang du même nom.









2-L’étang de Satchan pris de la digue servant de chemin pour relier Aujezd à Satchan. A gauche, l’ancien emplacement de l’étang de Satchan ; à droite les anciens marais de la Littawa ; à l’arrière plan, Aujezd. La flèche indique (plus exactement le petit point blanc sous la flèche) la chapelle Saint-Antoine de Padoue d’où Napoléon dirigea la dernière phase de la bataille (située à environ 1 km 700, vol d'oiseau, du point de prise de vue).





La chapelle inspira logiquement les artistes :







Elle fut reconstruite en 1843 :








3-Vue prise à partir du secteur de la digue reliant Menitz à Satchan et séparant les deux étangs du même nom. A gauche, l’ancien emplacement l’étang de Menitz ; à droite, celui de Satchan. La route à gauche mène à Menitz, celle de droite à Telnitz. A l’arrière plan, on peut voir les hauteurs d’où la cavalerie alliée protégea la retraite sur Satchan.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Merci pour se beau reportage photos !
Avec les cartes à l'appui c'est très parlant.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Un autre mythe :

« Tout fuyait. Le lac de Socolnitz, couvert d'une glace fort épaisse, paraissait devoir faciliter sa retraite. Les Russes s'y précipitèrent imprudemment avec artillerie et bagages. Mais une batterie de la Garde, placée au bord du lac, tira sur eux, d'abord sans grand effet : les boulets ricochaient sur la glace, sans la rompre. Napoléon survint. Nous le suivions. A la vue de cette folle retraite, je l'entendis s'écrier plusieurs fois : « Ils vont tous se noyer ! » Et, jugeant avec la sûreté de son coup d'œil le boulet inefficace en cette circonstance, il ajouta vivement : « Ce ne sont pas des boulets qu'il faut leur envoyer, mais des obus à... » Je ne pus entendre la suite, mais il voulait évidemment parler de la courbe des projectiles. Une foule d'ennemis trouva son tombeau dans ce lac. Et cependant, j'ai vu l'Empereur lui-même donner la main aux soldats de sa Garde pour les aider à tirer de l'eau le plus grand nombre possible de Russes, et les encourager par l'exemple et la parole. »
Billon (Souvenirs) :


En illustration, ce bon vieux Job :

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Intéressant.
On peut se questionner sur la présence de ce passage chez Billon.
Surenchère ?

Vu les talents de communiquant de Napoléon, un tel événement avait les plus grandes chances d'être relayé dans les Bulletins. Le silence de ceux-ci ne plaide pas pour la version de Billon.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

D'accord avec vous, rester mouillé par ces températures c'est minimum la convalescence pour moitié et pour autant autant la mort.
Il y un médecin militaire ou pas sur ce forum ?


5- les accidents dus au froid

Lorsque le froid est trop intense et que les moyens physiologiques et artificiels dont nous disposons sont devenus insuffisants , le corps se refroidit progressivement. La gravité de l’hypothermie s’apprécie en fonction de la valeur de la température interne.

à 35° : l’organisme frissonne à une intensité maximum mais l’esprit reste lucide
entre 31°et 35°: les fonctions physiologiques se dégradent et la volonté de survie diminue
à 32°: le frisson régresse progressivement et disparaît à 32°
à 31°: apparaît la perte de conscience
entre 32° et 30°: le frisson est remplacé par une rigidité musculaire qui persiste jusqu'à 30°. A ce stade la respiration se fait plus lente , des troublent du rythme cardiaques apparaissent et une fibrillation ventriculaire s’installe(contactions très rapides et incoordonnées)
à 24°: la mort survient. Des réanimations exceptionnelles ont toutefois été obtenues à

http://eps.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/pedagogie/houdayer/adaptation_au_froid_et_au_chaud.htm

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« L'honneur défend des actes que la loi tolère. »
Sénèque

Si Napoléon n’a pas participé aux secours donnés aux Russes imprudemment avancés sur les étangs d’Austerlitz, il convient de préciser que l’Empereur s’attacha bien à secourir les blessés du champ de bataille :
« L'empereur revint le soir tout le long de la ligne où les différents régiments de l'armée avaient combattu. Il était déjà nuit; il avait recommandé le silence à tout ce qui l'accompagnait, afin d'entendre les cris des blessés; il allait tout de suite de leur côté, mettait lui-même pied à terre, et leur faisait boire un verre d'eau-de-vie de la cantine qui le suivait toujours. Je fus avec lui toute cette nuit, pendant laquelle il resta fort tard sur le champ de bataille ; l'escadron de son escorte l'y passa tout entière à ramasser des capotes russes sur les morts, pour en couvrir les blessés. Il fit lui-même allumer de grands feux auprès desquels il les fit réunir, envoya chercher partout un commissaire des guerres, et ne se retira point qu'il ne fût arrivé. Lui ayant laissé un piquet de sa propre escorte, il lui enjoignit de ne pas quitter ces blessés qu'ils ne fussent tous à l'hôpital.»
(Savary, Mémoires)

« Dès cet instant, l’Empereur ne s’occupa plus que de secourir les blessés. Il traversa lentement toute la ligne, donnant des ordres pour le transport de ceux qui étaient encore sur le champ de bataille, entrant dans les ambulances provisoires, faisant distribuer de l'eau-de-vie et même des vivres qu'il avait fait arriver en toute diligence, remettant de l’argent aux soldats comme aux officiers. »
(Thiard, Souvenirs)

De tels faits furent logiquement rapportés dans le 31e Bulletin du 5 décembre (là aurait été de toute évidence la place de la version de Billon si les actes qu’il rapporte avaient réellement eu lieu) :
« Le soir de la journée, et pendant plusieurs heures de la nuit, l'Empereur a parcouru le champ de bataille et fait enlever les blessés : spectacle horrible s'il en fut jamais ! L'Empereur, monté sur des chevaux très vites, passait avec la rapidité de l'éclair, et rien n'était plus touchant que de voir ces braves gens le reconnaître sur-le-champ. Les uns oubliaient leurs souffrances et disaient : « Au moins la victoire est-elle bien assurée ? » Les autres : « Je souffre depuis huit heures, et depuis le commencement de la bataille je suis abandonné; mais j'ai bien fait mon devoir. » D'autres : « Vous devez être content de vos soldats aujourd'hui. » A chaque soldat blessé l'Empereur laissait une garde qui le faisait transporter dans les ambulances. Il est horrible de le dire, quarante-huit heures après la bataille il y avait encore un grand nombre de Russes qu'on n'avait pu panser. Tous les Français le furent avant la nuit. »

La Relation de Tranchant de la Verne reprend textuellement ce passage.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Un extrait du poème de Gaston Armelin (Le poème de la Grande Armée) :

« Les Russes s'enfuyaient, affolés, haletants,
Cernés de toutes parts, ne voyant d'autre issue
Que la nappe de glace en arrière aperçue;
Ils s'y ruèrent tous. Elle plia sous eux.
Ce soleil de décembre était si radieux,
Aux flammes des canons du dieu voulant répondre,
Qu'il réchauffait la glace et qu'il la faisait fondre.
Les lacs n'avaient gelé, le soleil n'avait lui
Que forçant la nature à combattre pour Lui
Et comme s'ils voulaient assurer sa victoire.
Il contemplait du haut de son observatoire
Ces troupeaux de fuyards, ces tas de moribonds;
Et ses canons rangés, faisant de brusques bonds,
Hurlant, baissant le nez, sautant de la culasse,
Eructaient leurs boulets de fonte sur la glace,
Achevant la débâcle et l'envahissement d'eau.
Un banc énorme, épais, véritable radeau,
Supportant à lui seul des milliers de victimes,
Majestueusement sombra dans les abîmes,
Laissant à la surface un cercle de frissons;
Et les noyés, luttant, s'accrochant aux glaçons,
Assourdissant le ciel de cris épouvantables,
S'entre-poussaient, hagards, et coulaient, lamentables.
Puis l'eau se fit tranquille et refléta les cieux »

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)