Drouet Cyril a écrit :
Jefferson a écrit :
Lorsqu'un député écrivait qu'il fallait massacrer les Vendéens jusqu'au dernier, il entendait bien massacrer jusqu'à ce qu'il ne reste plus un insurgé vivant - et non pas un Vendéen vivant.
Peut-être pensez-vous là à Carrier qui, le 21 février 1794, à la Convention (discours publié dans le Moniteur du 23), disait ceci :
« Qu’on ne vienne pas nous parler d’humanité envers ces féroces Vendéens ; ils seront tous exterminés […] Tuons donc tous les rebelles sans miséricorde »
Mais la distinction que vous faites et que vous prêtez à votre député, entre l’insurgé et le Vendéen, n’est pas dans l’esprit de Carrier :
« Dans ce pays, citoyens, tout a combattu contre la République […] Je ne connais de patriotes que ceux qui ont fui de la Vendée et qui ont combattu avec nous. Le reste est brigand, et ceux-là doivent tomber sous le glaive de la loi. »
En somme, pour Carrier, à part les Vendéens réfugiés et incorporés dans les troupes républicaines, le reste, soit les habitants encore (restés ou retournés *) au pays en ce mois de février 1794, doit être exterminé.
* au sujet des administrateurs locaux, Carrier n’en reconnait de patriotes que moins de 4 %...
Si vous voulez, mais j'avais en tête les discours enfiévrés de nombreux députés ou orateurs républicains. Dont Robespierre, d'ailleurs (puisque Jérôme en parle, évidemment), qui s'exclamait en mai 93 :
"Afin qu'il ne reste aucun doute sur mon système, je déclare qu'il faut non seulement exterminer tous les rebelles de la Vendée, mais encore tout ce que la France renferme de rebelles contre l'humanité et contre le peuple [...] J'ai dit ce matin à la Convention que les patriotes de Paris iraient au devant des scélérats de la Vendée, qu'ils entraîneraient sur leur route tous leurs frères des départements, et qu'ils extermineraient tous... oui, tous les rebelles à la fois."
Est-ce que Robespierre, et d'autres, appelaient à massacrer les Vendéens jusqu'au dernier ? Allons bon. Est-ce qu'un humaniste comme Robespierre aurait pu accepter qu'on massacre sans discernement, qu'on tue des enfants, qu'on efface la Vendée de la nation ? Evidemment non. Il demandait, et d'autres avec lui, qu'on mène une répression sans pitié contre les rebelles. Qu'on les tue tous s'ils ne déposaient pas les armes. Et la contre-insurection (si l'on peut dire ainsi) a complètement dérapé avec l'excès de zèle de quelques généraux et représentants en mission, ivrognes ou sanguinaires. La violence appelle la violence, la répression la vengeance et la haine. Les non-combattants ont payé cher ce pourrissement de la situation.
Est-ce une guerre effroyable et sale ? Assurément oui. Est-ce un génocide ? Définitivement non. Des intervenants s'époumonent à vous l'expliquer depuis 37 pages (dont votre serviteur) : le code pénal n'est pas un outil d'analyse historique. Votre hypothèse de départ est fondée sur une définition qui ne peux servir de modèle interprétatif pour des événements historiques. Tant que vous n'aurez pas accepté de revoir votre définition de génocide, et donc votre problématique, il ne peut y avoir de discussion sereine.
À mes yeux, celle d'Annette Becker (et de Lemkin) est une bonne définition. Et si on l'accepte, ce qui est généralement le cas des historiens spécialistes du XXeme siècle, la guerre de Vendée n'est pas un génocide mais une guerre civile particulièrement violente.
Donc, comme sur un autre fil, "agree to disagree", je le crains. Des intervenants bien plus intelligents que moi vous ont apporté la contradiction depuis 2004 - je n'ai aucun espoir de vous faire changer d'avis sur votre problématique. Et c'est dur, parce que je trouve toutes vos remarques très intéressantes par ailleurs.