Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 9:10

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rien publier ou éditer.  [ 744 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46 ... 50  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 30 Juin 2017 19:59 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Une parenthèse :

Drouet Cyril a écrit :
Le 12 décembre 1793, Mogue, commissaire délégué par le Comité de salut public près l’armée et dans les département de l’Ouest », revenait sur ce thème dans sa lettre à la Convention :
« Que [la Vendée] soit entièrement régénérée par des colons républicains choisis dans les meilleurs départements de la République; que les enfants, les femmes des rebelles et le reste des habitants de la Vendée soient dispersés sur tous les points de la France, sinon exportés à Madagascar. Tels sont, à mon avis, les seuls moyens de prévenir de nouvelles rébellions dans un pays où le fanatisme royal et sacerdotal est devenu une frénésie incurable. »




Mogue en écrivant ces mots pensait sans doute au décret rendu le 1er novembre précédent. En amont, on trouve le décret du 15 octobre 1793 :

«Art. I. Le conseil exécutif fera connaître incessamment à la Convention nationale quel lieu il juge le plus propre à la transportation, et quels moyens il faudra employer pour mettre cet établissement en activité.
Art. II. Tout mendiant domicilié, repris en troisième récidive, sera condamné à la transportation.
Art. III. Tout mendiant ou vagabond arrêté une première fois, et mis dans la maison de répression, pour causes aggravantes, s'il est repris une seconde fois, subira la peine de transportation.
[…]
Art. V. Les mendiants mis dans les maisons de répression, et qui ne pourront justifier d'aucun domicile, après un an de détention, seront condamnés à la transportation.
[…]
Art. VII. La peine de transportation ne pourra être moindre de huit années ; elle n'aura lieu que pour les mendiants au-dessus de dix-huit ans, et au-dessous de soixante : elle pourra être prolongée, si la mauvaise conduite du banni le mérite ; comme elle pourra être abrogée, dans le cas seulement d'un service distingué rendu à la colonie.
Art. VIII. Le mendiant au-dessous de seize ans, qui aura encouru la peine de transportation, demeurera détenu jusqu'à ce qu'il ait atteint l'âge fixé pour subir son jugement
[…]
Art. XII. Tant que le transporté sera dans le terme de son jugement, il ne pourra travailler que pour le compte de la Nation ; il recevra seulement le sixième du prix de la journée de travail fixée pour la colonie. La moitié de cette rétribution lui sera délivrée chaque semaine, et le restant lui sera conserve pour l'époque de sa liberté.
Art. XIII. Le terme de la liberté étant arrivé, le transporté recevra une portion de terrain, telle qu'en travaillant sa subsistance puisse être assurée. La portion du produit de son travail qui lui aura été conservée aidera à lui fournir, en outils ou denrées, les moyens de mettre son fonds en activité.
Art. XIV. L'administration se chargera du produit de ses travaux, vendra ses denrées, lui en remettra aussitôt la moitié du prix ; l'autre moitié servira au remboursement des dépenses et entretien de l'établissement.
Art. XV. Il sera libre au transporté, lorsque la colonie ou sa population sera assez étendue, de vendre lui-même ses denrées aux marchands, en continuant de payer à la Nation la moitié du produit de ses rentes, à titre d'indemnité.
Art. XVI. Nul transporté ne pourra revenir en France qu'il ne se soit écoulé un an entre le moment de sa liberté et celui de son retour, et qu'il n'en ait obtenu l'agrément du conseil de surveillance ; et dans ce cas, les fonds qui lui auront été concédés rentreront à l'établissement, sans qu'il puisse en disposer autrement. »



En application de l’article 1er, le décret suivant fut adopté le 1er novembre :

« Art. 1er. Les mendiants condamnés à la déportation, et autres qui le sont et seront par suite de jugements des tribunaux criminels et révolutionnaires, seront transportés à la partis du sud quart sud-est de l'île de Madagascar, au lieu ci-devant dit Fort-Dauphin, qui se nommera de ce jour le Fort-de-la-Loi.
Art. 2. Le conseil exécutif donnera les ordres les plus précis, à l'Ile-de-France, pour faire réparer les bâtiments au Fort-de-la-Loi, et pour y en faire construire de nouveaux, susceptibles de contenir quatre cents hommes.
Art. 3. La force armée, pour la garde et le maintien du bon ordre dans cet établissement, sera de cinquante hommes; elle sera prise et envoyée de la ville de la Montagne.
Art. 4. Tous les déportés à Madagascar sont sous la discipline et direction immédiate du comité municipal et administratif de Sous-Pointe, et sous la surveillance des autorités constituées de l'Ile-de-France. Ce comité fera fournir les instruments d'agriculture et autres objets nécessaires pour un pareil établissement, en se conformant à la loi sur la mendicité, du vingt-quatrième jour du premier mois.
Art. 5. Dans le port de la ville de Lorient sera le dépôt où seront détenus les déportés jusqu'à leur embarquement. Le ministre de la marine désignera, à cet effet, un lieu convenable, et le fera pourvoir de même, et ainsi qu'il est réglé pour les maisons d'arrêt.
Art. 6. Le ministre de la justice fera conduire au dépôt les condamnés à la déportation, aussitôt que leur sentence aura été prononcée, et ils seront embarqués pour leur destination le plus promptement que faire se pourra.
Art. 7. Il n'est point dérogé par le présent décret à celui qui détermine le lieu de la déportation des prêtres. »

Avant l’adoption, Gouly avait présenté ce rapport :
« Vous avez renvoyé au comité des domaines et des colonies plusieurs adresses des ministres de la justice et de la marine, vous demandant de décréter un mode d'exécution des lois relatives à la déportation.
Vous lui avez pareillement renvoyé l'examen de la demande d'un de vos membres, en interprétation de la disposition de la loi sur la mendicité, qui déporte aux colonies les mendiants incorrigibles. Il pense qu'il est inhumain de laisser languir dans une prison, après jugement, les déportés; car si la loi commande impérieusement de se conformer à la sentence prononcée contre eux et de l'exécuter littéralement, elle veut aussi que le jugement soit strictement exécuté à leur égard, et qu'une peine n'y soit point substituée à une autre; or les laisser des mois, des années dans une prison après condamnation, c'est substituer une peine à une autre.
Quant aux mendiants, votre comité doit vous observer que les colonies en général, ne sont déjà que trop infectées de ces mauvais garnements, qui ne cessent d'y affluer depuis la Révolution. Ce sont de pareils gens qui, soudoyés par les ennemis intérieurs et extérieurs de la France, y ont suscité et fomenté les troubles qui règnent depuis trois ans ; en augmenter le nombre lorsque le salut public exige qu'on le diminue c'est vouloir y perpétuer le désordre et y propager l'esprit contre-révolutionnaire. D'après d'aussi fortes considérations, il estime que vous devez déporter les mendiants incorrigibles dans un heu où ils puissent vivre en travaillant.
La partie de l'île de Madagascar qui vous a été désignée, obvie aux grands inconvénients qui viennent de vous être démontrés, et renferme tout ce qui est essentiel pour faire vivre les déportés, même pour les y faire prospérer s'ils se corrigent et s'adonnent au travail seulement quatre heures chaque jour, et voici comment.
Dans la partie de cette île dont il est question, la République possède, en vertu de chartes passées par l'ancienne Compagnie des Indes avec les chefs et les anciens du pays, trois lieues environ de territoire; il est si fertile que le riz, le cambare blanc, les patates, les haricots rouges et quantité d'excellents fruits y croissent sans culture, et ne coûtent que la peine de les cueillir. Le cochon sauvage, le gibier de toute espèce, le poisson y abondent et sont aussi bons, pour ne pas dire meilleurs, qu'en France. Les bœufs, les cabris y prospèrent, et sont à très bas prix; le climat en est sain et tempéré; enfin, il s'y trouve des bâtiments pouvant contenir, en les réparant, 200 hommes. L'île de France y entretient un commissionnaire pour les achats de ces derniers objets; elle y envoie en conséquence pour les exporter, et par continuation de petites embarcations, et des navires de 3 à 600 tonneaux.
Il y a, de plus dans la même île et sur la même côte deux établissements plus considérables : Foulpointe et la baie d'Autougil; dans le dernier, il vient d'être organisé un comité municipal et administratif. Ce comité fournira aux déportés tous les instruments de culture et autres objets de première nécessité, et les contiendra dans la plus exacte discipliné avec cinquante hommes de guerre. Combien de pères de famille honnêtes, et laborieux, mais dans l'indigence, se regarderaient fort heureux d'y être avec leur famille !
Il n'en coûtera rien à la nation pour le transport des condamnés, et voici pourquoi ; la pointe du sud de l'île de Madagascar se trouve sur la route que l'on tient ordinairement pour aller aux îles de France et de la Réunion et autres adjacentes; la République est obligée d'envoyer tous les ans plusieurs vaisseaux et navires, afin d'approvisionner les magasins; elle pourra donc se servir des mêmes vaisseaux et navires, qui transporteront ces bannis, pour porter les objets d'approvisionnement nécessaires auxdites îles, et les faire escorter par les frégates en station dans la mer des Indes.
Les déportés une fois mis à terre, à Madagascar, ces vaisseaux, frégates et navires s'y répareront très facilement et sans frais, y prendront des bœufs et rafraîchissements, y feront même des salaisons pour les équipages, et pourront se charger en outre de riz et de petites mâtures pour les îles de France et de la Réunion. Ces mâtures ne coûtent que la peine de les couper dans les forêts très voisines du port et de les embarquer. Le temps de la relâche, ne fût-il que de douze jours, suffira pour ces opérations : ces moyens d'économie, trop longtemps négligés, ne sont certainement point à mépriser. »

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 01 Juil 2017 13:53 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Ourmilougue a écrit :
Les soldats ne sont pas aller chercher les vendeens jusqu'à fin fond du Tarn ou de la Champagne parce qu'ils étaient Vendeens.


A ma connaissance, la présence de réfugiés vendéens n’est pas attestée dans le Tarn (on en trouve cependant dans le Lot) ; en revanche, elle l’est pour les départements de l’Aube, de la Seine-et-Marne et de la Côte-d’Or.
Mais, vous avez parfaitement raison : les réfugiés ne connurent pas le sort (bien au contraire ; mais si leurs conditions de vie étaient loin d’être enviables) de ceux restés au pays.

Cependant la suspicion fut de mise. On peut à ce sujet citer l’arrêté des représentants Garrau, Hentz et Francastel, en date du 20 février 1794 :

« Instruits que les réfugiés de la Vendée et pays révoltés qui se sont retiré à Nantes , Angers, Ancenis, Saumur Cholet, Tours et autres villes qui environnent le théâtre de la guerre ; ne sont pas tous Patriotes ; qu'au contraire, il est reconnu que plusieurs correspondent avec les chefs des rebelles et leur envoient secrètement des secours de toute espèce; que le très grand nombre de ces prétendus Patriotes sont de ces hommes mitoyens qui, pour se ménager les deux causes, vivent avec les Républicains, tandis qu'ils rendent des services clandestins aux révoltés ; que c'est par leur moyen, que plusieurs contre-révolutionnaires de l'intérieur de la République et des Départements de la gauche de la Loire sont parvenus à se rendre dans la Vendée, ce qui a donné de la consistance au nouveau noyau qui vient de s'y former.
Considérant qu'il n'est d'autre moyen de calmer les justes inquiétudes de la Patrie sur un voisinage aussi suspect, que d’éloigner tous ces Patriotes, vrais ou faux, du théâtre de la guerre ; qu'il n'est pas douteux qu'ils ne se sont placés si près de leur demeure que parce qu'ils ne cessent pas de correspondre avec leurs pays et d'en tirer ou d'y donner des secours ;
Que ce qui prouve que leur voisinage est préjudiciable aux intérêts de la République, c'est que nos Généraux n'ont pu trouver en eux ni guide ni renseignements, tandis qu'il est reconnu que les uns ont leurs femmes, d'autres leurs maris, d'autres leurs enfants, d'autres leurs domestiques dans la Vendée ;
Que s'ils sont patriotes, et s'ils n'ont aucune correspondance avec l'intérieur de leur pays, ils souffriront volontiers de s'en éloigner ; et que s'ils sont amis des rebelles, il est également prudent de les en éloigner,
Arrêtent ce qui suit :
1°. Tous les réfugiés des pays révoltés des Départements de l’Ouest , qui se sont retirés dans toutes les Communes situées à six lieues au-delà des rives de la Loire et dans l'espace compris entre la Loire et la mer, depuis Nantes jusqu'à Tours, feront, dans les trois jours de la publication du présent arrêté, en leur Municipalité, la déclaration de leur nom et qualité , du lieu de leur demeure dans les pays révoltés, et du Département qu'ils voudront choisir, au moins à vingt lieues du théâtre de la guerre. »


Ou encore celui de Prieur, pris le 13 mai suivant :

« Art. Ier. Les réfugiés de la Vendée ne pourront fixer leur retraite dans les départements de la Loire- Inférieure, de la Charente- Inférieure, du Morbihan, de l'Ille-et-Vilaine, du Finistère, de la Manche, de la Seine- Inférieure et autres départements maritimes ; ils seront tenus de se retirer dans les départements de l'intérieur, conformément aux précédents arrêtés pris à leur égard.
Art. II. Les réfugiés qui pourraient se trouver dans quelques-uns des départements ci-dessus désignés, seront tenus dans les trois jours de la publication du présent arrêté dans chaque district, et sous peine d'être traités comme suspects, de faire, à la municipalité de la commune où ils s'étaient retirés, la déclaration du nouveau domicile qu'ils entendent choisir, et il leur sera délivré un passeport et les secours suffisants pour se rendre à leur nouvelle destination, conformément à l'arrêté du 23 ventôse. »

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 08 Nov 2017 21:53 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
En avril 2017 les éditions Perrin ont publié une "Nouvelle histoire des guerres de Vendée" de Jean-Joël Brégeon et Gérard Guicheteau.
L'ouvrage commence par un "avant-propos" de quelques pages qui fait allusion à des « controverses ».

Citer :
Dans les années 1990, les controverses ont porté sur la répression des soulèvements de l'Ouest, de la Vendée en Particulier, en 1793-1794. On a débattu, trop sans doute, de leur allure génocidaire, affirmée par les uns, niée par les autres. Tout cela avec des excès qui ont eu le mérite de crever l'abcès.

J-J. Brégeon et G. Guicheteau, 2017, p. 11


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 13 Nov 2017 16:42 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
Gracchus Babeuf est l'auteur de "La Guerre de Vendée et le système de dépopulation" publié en 1794.
Babeuf utilise les termes «populicide», « plébéicide », « nationicide » pour désigner l'extermination des Vendéens prescrite par les décrets des1er août et 1er octobre 1793.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 13 Nov 2017 18:53 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2011 21:37
Message(s) : 890
Jean-Joël Brégeon est un historien intéressant. Je n'ai pas lu le livre auquel vous faites allusion, mais j'ai regardé quelques entretiens. Je regrette ses sorties sur les "néo-jacobins de La Sorbonne", pas tout à fait "négationnistes", mais quand même avec des "positions inacceptables". Et ses parallèles sur la Seconde guerre mondiale, franchement déplacés, avec un air de ne pas y troucher. C'est bien de dire que les colonnes incendiaires ce n'est pas Daesh à Palmyre ou les Allemands à Ouradour, mais le simple fait de l'énoncer, pour immédiatement dire, sourire en coin, "On ne fera pas de parallèle", ce n'est pas très sérieux.

Et sinon, qu'en avez-vous pensé, de ce livre ?

_________________
"Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 13 Nov 2017 21:13 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Arkoline a écrit :
l'extermination des Vendéens prescrite par les décrets des1er août et 1er octobre 1793.


A noter que le décret du 1er août ordonnait d'épargner les femmes, les enfants et les vieillards. Le décret du 1er octobre, même s'il portait en lui les germes du plan de Turreau, ne disait pas autre chose.

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 13 Nov 2017 22:44 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
viewtopic.php?f=55&t=2297&start=600#p538784
Narduccio a écrit :
Mais, le problème est que vous ne compreniez pas que vous êtes exactement sur le même plan que les Allemands qui pensent que l'armée napoléonienne a pratiqué une guerre contre la population civile. Vous [Drouet Cyril] ressentez qu'il s'agit d'un génocide, ils ont un ressenti très proche.


Je ne sais pas précisément quel est le ressenti de la population allemande. A ma connaissance les historiens allemands ne parlent pas d'un crime génocidaire perpétré par l'armée napoléonienne. En revanche les historiens français, du moins certains d'entre eux, parlent ouvertement d'un génocide en Vendée.



Narduccio a écrit :
Mais, le problème est que vous ne compreniez pas que vous êtes exactement sur le même plan que les Allemands qui pensent que l'armée napoléonienne a pratiqué une guerre contre la population civile. Vous [Drouet Cyril] ressentez qu'il s'agit d'un génocide, ils ont un ressenti très proche. Mais les faits ... les faits montrent qu'eux sont dans l'erreur, comme vous l'êtes.


Il n'est pas certain que Drouet soit dans l'erreur. Il me semble que Turreau a encouragé ses soldats à détruire, en tout ou en partie, la population vendéenne.
Les officiers de Napoléon ont-ils adopté en Allemagne une stratégie qui ressemble à celle de Turreau en Vendée ? Ont-ils encouragé les soldats à détruire, en tout ou en partie, la population allemande ?

Drouet nous rappelle la définition du génocide donnée par le Code pénal français : « Constitue un génocide le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire ».
Le Code pénal étant ce qu'il est, on ne peut pas douter que le massacre de la population vendéenne est un massacre génocidaire. Si un historien, par exemple Jean-Joël Brégeon, parle d'un génocide en Vendée on doit prendre au sérieux ce qu'il dit. Mais je sais que les historiens ne sont pas tous d'accord sur ce sujet.
Le Code pénal étant ce qu'il est, on ne peut pas considérer que la population allemande a vécu un génocide.

Comme Drouet je considère que le plan édicté par Turreau était de nature génocidaire même si le mot « génocide » n'existait pas à l'époque.
Comme Drouet je considère que le groupe humain visé par le plan de Turreau était de nature géographique.
Le plan de Turreau est un plan qui tend à la destruction totale ou partielle des habitants d'une zone géographique.
Un génocide ne vise pas nécessairement un groupe ethnique, racial ou religieux (cf. Code pénal).


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 7:33 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2011 21:37
Message(s) : 890
Citer :
"En revanche les historiens français, du moins certains d'entre eux, parlent ouvertement d'un génocide en Vendée."


Non. Et je vais aller un peu plus loin : le code pénal n'a aucun intérêt, ici. Nous ne sommes pas sur un forum de juristes. A moins que vous ne vouliez faire l'histoire du code pénal, éventuellement. Ou que vous profériez des propos négationnistes, ce qui vous ferait tomber sous le coup de la loi. Mais sinon, le code pénal ne sert à rien. Turreau, Carrier ou Barrrère n'avaient pas de code pénal sous les yeux. Tout comme un homme préhistorique ne commet pas un "homicide volontaire" quand il écrase sa massue sur le crâne d'un congénère qui lui a piqué sa barbaque. Tout comme les Byzantins n'ont pas commis un "crime de guerre" quand ils ont crevé les yeux de tous les soldats de l'armée qu'ils venaient de vaincre avant de les renvoyer chez eux.

Personnellement, je vais oublier ce fil de discussion définitivement. Qualifier les guerres de Vendée, à part pour dire que c'était une guerre civile d'une très grande violence, avec son cortège de massacres et d'ignominies, de laquelle la jeune République ne sortie certainement pas grandie, ne sert à rien d'un point de vue historique. Parlons des événements, des ordres, des conséquences, du contexte, de Paris, des Anglais, des Chouans, de Nantes et de Carrier, de Turreau et de ses incendiaires, de Robespierre et de Barrère, mais pitié, arrêtons de parler de génocide.

On peut discuter des guerres de Vendée, et même avec une relative sérénité, mais dès qu'un intervenant prononce le mot fatidique, la discussion systématiquement part en vrille.

J'en suis venu à la conclusion que ceux qui l'emploient sont des trolls.

Et je trouve intéressant de ce point de vue que vous ayez préféré relancer la discussion sur le génocide plutôt que répondre à ma simple question "qu'avez-vous pensé de ce livre" ?

_________________
"Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 14:05 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Jefferson a écrit :
J'en suis venu à la conclusion que ceux qui l'emploient sont des trolls.


Sympathique... :rool:
Je m'en retourne donc dans ma caverne.

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 14:26 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2011 21:37
Message(s) : 890
Drouet Cyril a écrit :
Jefferson a écrit :
J'en suis venu à la conclusion que ceux qui l'emploient sont des trolls.


Sympathique... :rool:
Je m'en retourne donc dans ma caverne.


Vous faites bien de vous manifester ! Je vous le donne en mille, j'ai relu mon message quelques minutes après l'avoir rédigé et j'ai voulu l'éditer en écrivant "Cette réflexion ne concerne évidemment pas Drouet Cyril, qui a longuement argumenté ses positions, et plaide moins pour un "génocide" que pour une "volonté génocidaire" limitée à une certaine période et à certains ordres précis".

Manque de bol, c'était trop tard et je ne pouvais plus éditer :mrgreen:

_________________
"Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 14:31 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Bon, je vais ressortir de ma caverne alors. B)

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 17:05 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
Citer :
(...) une "volonté génocidaire" limitée à une certaine période et à certains ordres précis".

C'est donc un génocide.



Citer :
Drouet Cyril, qui a longuement argumenté ses positions

En l'occurrence des positions qui sont — volens nolens — inconciliables avec les votres.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 17:22 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15787
Localisation : Alsace, Zillisheim
Arkoline a écrit :
Citer :
(...) une "volonté génocidaire" limitée à une certaine période et à certains ordres précis".

C'est donc un génocide.



Citer :
Drouet Cyril, qui a longuement argumenté ses positions

En l'occurrence des positions qui sont — volens nolens — inconciliables avec les votres.


On ne va pas relancer le débat ...

Sauf pour ceux qui désirent vraiment passer pour des trolls ... et en subir les conséquences

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 17:42 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Narduccio a écrit :
On ne va pas relancer le débat ...


On peut toujours relancer les questions auxquelles vous n'avez toujours pas répondu :

-Pouvez-vous, s'il vous plait, nous citer des ordres donnés lors des campagnes vers lesquelles vous nous orientez [Espagne et Allemagne sous Napoléon, Rhénanie et Palatinat sous Louis XIV], "assimilables" aux ordres de Turreau ?

-Pouvez-vous nous parler des armées vendéennes de la rive droite de la Sèvre au moment du déclenchement de la campagne des colonnes de Turreau ?

-Que pensez-vous de l’avis de Kléber sur l’état militaire des forces blanches de ce même secteur géographique ?

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 14 Nov 2017 19:22 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2011 21:37
Message(s) : 890
Arkoline a écrit :
Citer :
(...) une "volonté génocidaire" limitée à une certaine période et à certains ordres précis".

C'est donc un génocide.

Citer :
Drouet Cyril, qui a longuement argumenté ses positions

En l'occurrence des positions qui sont — volens nolens — inconciliables avec les votres.


Il y a un truc, me semble-t'il, sur lequel vous ne percutez pas. Les mots ont un sens et un contexte d'usage. D'ailleurs, je peux me tromper, Drouet Cyril n'a jamais employé le mot "génocide". Plutôt que "volonté génocidaire", maladroit de ma part, peut-être aurais-je dû écrire "volonté d'extermination", qui est la théorie que soutient Drouet Cyril.

Et non, "volonte d'extermination" n'est pas égal à "génocide", ne vous en déplaise. Déjà parce que les moyens n'étaient pas là, pour mener à bien cette extermination, ensuite parce que les discours de l'époque sont d'une violence inouïe pour nos oreilles du XXIe siècle. Et que les discours doivent être recontextualisés. On appelle à la mort de tous les contre-Révolutionnaires. Vendéens compris. Mais pas qu'eux. Tous ceux qui mettent la Révolution en péril doivent être enfermés ou condamnés à mort. Et ces Vendéens sont autrement plus menaçant que les prêtres réfractaires planqués ici ou là.

A-t-on envisagé l'extermination d'une partie de la Vendée ? Certainement. Certains y ont songé et l'ont écrit. A-t-on envisagé d'effacer le territoire, de déporter tous les habitants ? Oui. Est-ce que les Républicains l'ont fait ? Non. Pourquoi ? Parce que les Vendéens ont perdu la guerre, tout simplement. Et que tous ces projets envisagés dans la panique de 1793-1794 n'ont pas été mis en œuvre. Les incendiaires de Turreau, c'est de la contre-insurrection radicale, dans le cadre d'une campagne militaire, menée par un boucher.

En parlant de génocide, non seulement vous utilisez une catégorie juridique contemporaine, mais en plus, vous dites en creux qu'il y a eu une sorte de plan visant à massacrer les Vendéens jusqu'aux dernier, parce qu'ils étaient Vendéens ; vous ne parlez pas d'une guerre civile, vous renvoyez des révoltés, révoltés pour des raisons très diverses, à leur statut de victimes. Vous en faites des martyrs.

Et je crois que c'est faux.

Quant à Drouet Cyril, oui, il a longuement argumenté ses positions. Et j'ai un grand respect pour son exigence intellectuelle et son érudition. Pour autant, nous ne sommes pas d'accord sur ce point. Nous analysons différemment les discours des uns et des autres. Ce qu'il interprète comme une volonté "génocidaire", je l'interprète comme une volonté d'une Convention et d'un CSP en pleine panique, exigeant de résoudre l'insurrection par tous les moyens imaginables. Y compris les pires.

Dans un contexte de discours, je le répète, qui nous semblent aujourd'hui abominables, mais qui relevaient à l'époque d'une réthorique fiévreuse (et on pourrait en citer des pages, y compris de certains "tièdes" comme Desmoulins).

Bref, s'il n'est pas question de faire des Bleus des héros de la République menacée, il est tout aussi aberrant d'en faire des monstres dignes des atrocités nées de l'idéologie nazie. Et c'est ce font certains historiens de la memoire vendéenne, en faisait ces parallèles grossiers - et en parlant de génocide. Histoire, mémoire, as usual.

On a eu deux grandes guerres civiles dans la France moderne : les guerres de religions du XVIe et la guerre de Vendee. Les guerres civiles sont toujours épouvantables et personne n'en sort grandi.

_________________
"Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rien publier ou éditer.  [ 744 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46 ... 50  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 15 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB