Caesar Scipio a écrit :
Sur l'allégorie du poker, je dirais plutôt qu'à Tilsitt, Napoléon, après avoir décavé Alexandre a "royalement" décidé de lui rendre la quasi-totalité de ses pertes
Au poker, le vainqueur ne rend rien et en face il est plutôt d'usage de payer "
rubis sur l'ongle". Pour le bluff -on le verra à Erfurt- sauter sur un chapeau de manière hystérique est quelque peu inconséquent face à celui qui regarde. Ce qui conforte l'idée que manifestement, hors le saut du chapeau ou l'étalement d'une quinte impériale (la Grande Armée) assez dans le rouge, il n'y a pas de mesures intermédiaires. Le bluff anglais a fonctionné car l'économie commençait à sérieusement plonger, il s'en est fallu de peu. Une constante, ne jamais bluffer lorsque de gros intérêts sont en jeu ou alors être intouchable, l'insularité aide... Un beau carré d'as pour la fin (Russie, Angleterre, Prusse, Autriche) !
Je suis Aigle dans l'anglophobie ambiante en Russie, il n'est jamais bon de n'avoir qu'un débiteur : avec plusieurs on peut déjà faire un choix de marchés.
La Pologne pour Napoléon n'est pas même source d'étincelles, Alexandre se montrera pesant dans ses exigences après Tilsitt. Crainte véritable d'un homme timoré, j'en arrive à douter. D'autre part, Petersbourg ne prise guère les Bourbons mais il est vrai que dans les salons, Napoléon est montré comme le fossoyeur de ce qui fut les idées nouvelles, l'ambitieux liberticide mais tout autant un brûlot qui pourrait bien semer en Russie des graines que tous admirent mais que nul n'est près à voir germer au niveau de la caste inférieure. On peut admirer Les Lumière et leurs idées ; la liberté est toujours agréable en discussion tant qu'elle ne vous prend rien de matériel.
Un axe franco-russe fut tenté avec Paul Ier -Lieven semble ne pas l'évoquer-, les Anglais y ont mis bon ordre : je crois que parmi les acharnés de l'abdication, un anglais faisait partie du groupe (idem pour la fin de Raspoutine un peu trop pacifiste).
Alexandre et les élites russes sont deux choses différentes, ce qui fait trois en ajoutant l'armée. Je pense qu'une biographie d'Alexandre peut montrer qu'il était loin d'être le conservateur que vous décrivez à cette époque, en ceci il faudra attendre 1820-25. Au sein même de sa famille, il se trouve encore des personnes dont il est obligé d'écouter l'avis -parfois rude d'ailleurs et encontre à ses idées-.
"
...L'anarchie révolutionnaire en matière navale..." me paraît être l'arbre qui cache la forêt. Napoléon -quoiqu'ayant failli être orienté vers la marine
- n'a jamais semblé maître en ce domaine. "
...Neutraliser le continent..." ? Pourquoi tant qu'il se montre bon client ? Il est vrai que l'Angleterre -en plus de posséder la maîtrise des mers- doit écouler sa marchandise et en cela le continent est "racquetté" dans la mesure ou les chalands sont nombreux et le commerçant atomise toute éventualité de concurrence.
Une question qui va vous paraître bien idiote : pourquoi pas une alliance entre les Russes et l'Empire Ottoman, une sorte de droit de passage des marchandises indiennes via le continent, les Ottomans prenant un pourcentage ou négociant ce droit de passage autrement ? Si cette union eut été possible, ceci laissait à Alexandre deux choix de marché : l'Angleterre par mer et directement dans ses ports ou les marchandises via l'Empire ottoman. Chacun aurait été obligé d'équilibrer ses prix avec une paix retrouvée côté orient.
@ Aigle :
Je serais assez curieuse d'avoir quelqu'extraits concernant l'opinion des officiers russes. Vous vous avancez en parlant d'un défilé russe à Paris avant même la conclusion de la Campagne de Russie, voire avant même qu'elle n'ait été envisagée. Si c'est du "Lieven" manifestement pour le même livre lu, deux compréhensions du texte apparaissent bien souvent. "
...L'opinion de nombres d'officiers...", ceci est bien vague : quels officiers ? Ceux d'origine russe, en minorité (le gros problème de l'encadrement) ou Barclay, Benningsen et consorts ? Citer l'auteur est toujours meilleur d'autant plus que vous semblez quitter Lieven parfois sans indiquer le moment où vous reprenez le fil.
Concernant les "
Principicules allemands", c'est encore léger sachant que le Wurtemberg est quasiment familial tout comme la Saxe (Grand Duché d'Anhalt-Zerbst) qui vit la naissance de la future Catherine II et il en est ainsi pour beaucoup de places. La Saxe démultipliée en maisons ainsi que la Hesse : ça commence à faire beaucoup si on y ajoute Oldenburg, on est sur un des casus belli. Certains de ces "
principicules" sont devenus royaumes sous Napoléon. Là encore, l'analyse est légère et j'imagine de grandes libertés prises avec Monsieur Lieven.
Pour le parallèle avec Yalta, il est tout aussi léger (Cf. :
"Yalta ou le partage du monde" - A. Conte). Il y a un dommage à tout ceci : les approximations ne sont pas au crédit de Lieven et de son livre, ce qui n'est tout de même pas le but d'ouverture de ce fil qui semblait nous montrer un livre révolutionnaire.