Aigle a écrit :
Pierre Branda dans les " secrets de Napoléon " fait un sort à ses légendes propagées par Guillemin. Par exemple pour l'épilepsie (simples malaises vagaux)
On trouve trace d’une « crise » dans « Le journal du voyage à Mayence » de Mme Vaudey de Vellexon, dame du Palais :
« Coblentz, 10 septembre [1804 ; à noter que Napoléon à cette date est à Aix-la-Chapelle et n’arrivera à Coblence que le 17]
Il paraît que Napoléon a eu cette nuit, une attaque violente de la maladie de nerfs ou d’épilepsie à laquelle il est sujet. Il a été longtemps très incommodé, avant que Joséphine, qui occupait la même chambre, ait osé demander du secours ; mais enfin, cet état de souffrance se prolongeant, elle a voulu avoir de la lumière. Roustam, qui couche toujours à la porte de l’Empereur, dormait si profondément qu’elle n’a pas pu le réveiller. L’appartement du préfet était si éloigné du luxe, qu’on n’y trouve pas même les objets de simple commodité. Il n’y avait pas une sonnette ; les valets de chambre étaient logés fort loin, et Joséphine, à moitié nue, a été obligée d’aller entrouvrir la porte de l’aide de camp de service, pour avoir de la lumière. Le général Rapp, un peu étonné de cette visite nocturne, lui en a donné ; et, après plusieurs heures d’angoisse, cette attaque s’est calmée.
Napoléon a défendu à Joséphine de dire un seul mot de son incommodité. Aussi a-t-elle imposé le secret à tous ceux ou celles auxquels elle l’a racontée ce matin. »
Constant, qui a retranscrit ce passage dans ses Mémoires, fait ce commentaire :
"Jamais l’empereur n’a été sujet à des attaques d’épilepsie : c’est encore là une de ces histoires dont on a tant débité sur son compte."
Une autre supposée (et fort douteuse) crise a été rapportée par Lewis Goldsmith, ex-interprète près les Cours de Justice et le Conseil des prises de Paris (Histoire secrète du cabinet de Napoléon Bonaparte et de la Cour de Saint-Cloud):
« Il y a quatre ans que mademoiselle Georges Weymar, célèbre actrice du Théâtre Français, passant la nuit avec Buonaparté à Saint-Cloud , le héros eut une attaque d'épilepsie. Mademoiselle Georges somma, appela à grands cris du secours ; toutes Ies personnes de service, et la bonne Joséphine, accoururent. Quand le tyran recouvra l'usage de ses sens, la première question qu'il fit fut comment l'impératrice et les gens de service se trouvaient dans sa chambre. Quand il sut qu'ils étaient venus aux cris de mademoiselle Georges , il se précipita sur elle, la battit outrageusement, et la jeta à la porte à demi-nue. Le lendemain elle eut ordre de quitter Paris, et partit pour Pétersbourg, où elle est encore. Buonaparté fit dire par les journaux français qu'elle avait décampé de Paris, déguisée en homme. »
Il convient de rappeler, qu’en vérité, Mlle George, couverte de dettes, quitta Paris pour rejoindre Benckendorff, qui, dit-on, lui avait promis le mariage avant de quitter la capitale.
Il y a également les Mémoires Talleyrand :
« Un accident de santé qu’eut l’empereur au début de cette campagne m’effraya singulièrement. Le jour même de son départ de Strasbourg [1er octobre 1805], j’avais dîné avec lui ; en sortant de table, il était entré seul chez l’impératrice ; au bout de quelques minutes il en sortit brusquement ; j’étais dans le salon, il me prit par le bras et m’amena dans sa chambre. M. de Rémusat, premier chambellan, qui avait quelques ordres à lui demander, et qui craignait qu’il ne partît sans les lui donner, y entra en même temps. A peine y étions-nous que l’empereur tomba par terre. Il n’eut que le temps de me dire de fermer la porte. Je lui arrachai sa cravate parce qu’il avait l’air d’étouffer. Il ne vomissait point, il gémissait et bavait. M. de Rémusat lui donnait de l’eau, je l’inondais d’eau de Cologne. Il avait des espèces de convulsions qui cessèrent au bout d’un quart d’heure. Nous le mîmes dans un fauteuil. Il commença à parler, se rhabilla, nous recommanda le secret et une demi-heure après, il était sur le chemin de Carlsruhe. »
Mais de là à parler d’épilepsie, il y a un pas que je ne suis certainement pas prêt de franchir…