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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 13:06 
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Alain.g a écrit :
J'ai plutôt l'impression que le Parlement s'est gardé de choisir, tout en proclamant, pour faire oublier la Commune et créer un large consensus autour de la République naissante, qu'on retenait l'idée de concorde. Un impératif politique. Il y a donc une dose d'équivoque dans le choix du Parlement.
C'est ainsi que je vois les choses mais reste ouvert à des arguments contraires faute d'avoir lu suffisamment sur le sujet.
Dans les faits, la nation commémore la prise de la Bastille et peu disent le contraire, sauf les initiés au débat.


Tout à fait d'accord. Si on avait fait une loi disant qu'on ne célébrait que le 14 juillet 1789, les députés de gauche ne l'auraient pas votée. Si on avait fait une loi oubliant le 14 juillet 1790 et se mettant clairement dans la filiation de 89, c'était la droite qui aurait pu s'abstenir. En parlant de 14 juillet, on crée un consensus de façade.

Il me semble qu'une bonne partie des lignes de fractures qui divisent la classe politique à l'époque se réfère à la Révolution. Il serait intéressant d'avoir un débat sur la vision de la Révolution au cours du XIXème et au début du XXème.

En fait, le 14 juillet 1789, c'est la chute d'un symbole. Symbole qui représentait quelque chose pour une partie de l'opinion. On se gausse souvent du fait que Louis XVI ai noté "rien" sur la page de son journal à cette date. Mais, pour moi, cela veut dire que pour une partie des gens de la cour et du gouvernement, la Bastille ne représentait plus rien. Pour eux, ce n'était pas un symbole.

Effectivement, quand un symbole chute, ça ne veut pas toujours dire que l'on se retrouve devant une étape importante de l'histoire. Lorsque les étudiants chinois ont manifestés en masse sur la place Tien-an-men, nous fûmes nombreux a y voir la chute d'un symbole ... Et puis, plus rien.

En fait, la chute de la Bastille, c'est le premier rameau de quelque chose. Cette première brindille qui montait aurait pu être fauchée de suite. Ce ne le fut pas. Après, il y a tout un tas évènements qui se passe. Et certains furent en faveur d'un retour à un nouvel équilibre (monarchie parlementaire, par exemple), d'autres entrainèrent plus d'instabilité. Une partie du peuple de gauche pense qu'on a étouffé la Révolution et que celle-ci doit être reprise. Une partie du peuple de droite pense que l'on aurait pu économiser pas mal de morts et écrire l'histoire différemment.

En fait, la Chute de la Bastille, c'est devenu un symbole, un symbole sur lequel s'est bâti un peu de notre identité culturelle et historique. Un symbole qui ne plait pas à tous, certains aimeraient l'effacer de notre mémoire. D'autres trouvent qu'on ne lui accorde pas assez de place. Mais, puisqu'il s'agit d'un commencement, on peut lui accorder pas mal de valeurs. La Chute de la Bastille des Girondins représente-elle la même chose que la Chute de la Bastille des Montagnards ? Ou de celle des légitimistes ? ou des Orléanistes ?

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 16:22 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
On se gausse souvent du fait que Louis XVI ai noté "rien" sur la page de son journal à cette date. Mais, pour moi, cela veut dire que pour une partie des gens de la cour et du gouvernement, la Bastille ne représentait plus rien.


Parce que pour vous le « rien » du 14 a un rapport avec la vison que l’on pouvait avoir de la Bastille ?

Pour mémoire, voici ce que l’on trouve au côté du « rien » du 14, pour le mois de juillet dans ce journal auquel il ne faudrait pas donner plus d’importance qu’il n’en avait :

MERCREDI 1er. Rien. Députation des Etats.
JEUDI 2. Monté à cheval à la porte du Maine pour la chasse
du cerf à Port-Royal. Pris un.
VENDREDI 5. Rien.
SAMEDI 4. Chasse du chevreuil au Butart. Pris un et tué vingt-neuf pièces.
DIMANCHE 5. Vêpres et salut.
LUNDI 6. Rien.
MARDI 7. Chasse du cerf à Port-Royal. Pris deux.
MERCREDI 8. Rien.
JEUDI 9. Rien. Députation des Etats.
VENDREDI 10. Rien. Réponse à la députation des États.
SAMEDI 11. Rien. Départ de M. Necker.
DIMANCHE 12. Vêpres et salut. Départ de MM. de Montmorency.
Saint-Priest et La Luzerne.
LUNDI 15. Rien.
MARDI 14. Rien.
MERCREDI 13. Séance à la salle des Etats et retour à pied.
JEUDI 16. Rien.
VENDREDI 17. Voyage à Paris à l'Hôtel-de-Ville.
SAMEDI 18. Rien
DIMANCHE 19. Vêpres et salut. Retour de MM. de Montmorency
et de Saint-Priest.
LUNDI 20. Promenade à cheval et à pied dans le Petit-Parc. Tué deux pièces.
MARDI 21. Rien. Retour de M. de La Luzerne. Le cerf chassait au Butart. Audience du cardinal de Montmorency.
MERCREDI 22. Rien.
JEUDI 25. Rien.
VENDREDI 24. Promenade à cheval et à pied au Butart. Tué treize pièces.
SAMEDI 23. Rien.
DIMANCHE 26. Vêpres et Salut.
LUNDI 27. Rien. Le cerf chassait à Marly.
MARDI 28. Rien. Le mauvais temps m'a empêché de sortir.
MERCREDI 29. Rien. Retour de M. Necker.
JEUDI 30. Rien.
VENDREDI 31. Rien. La pluie m'a empêché de sortir.

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 17:06 
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Georges Duby
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On dit que ce rien signifiait rien pris à la chasse!

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 17:25 
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Thucydide
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Le 19 juillet 1789, M. De Simolin, Ambassadeur de Russie à Paris, écrit à son chancelier le Comte d'Ostermann un récit des évènements qui commence ainsi : "Monsieur, La révolution en France est consommée et l'autorité royale anéantie."
Après avoir évoqué brièvement les événements et joint un article de presse, il poursuit : "La cruauté et la férocité du peuple français s'est montrée dans cette occasion avec tous les traits qu'on lit encore avec horreur dans ce qui s'est passé à la Saint-Barthélémy, avec la différence qu'au lieu d'un fanatisme religieux, les esprits d'à présent sont guidés par un enthousiasme politique dont on trouve le germe dans la guerre et la révolution d'Amérique. Si le Roi avait fait de la résistance de se soumettre à ce que le comité de l'hôtel de ville a exigé, il y a toute apparence que le peuple se serait porté a détrôner ce Monarque [...] On est frappé d'étonnement en considérant qu'en l'espace de trente-six heures la Monarchie française est anéantie, et son chef réduit a souscrire à tout ce qu'un peuplé effréné, cruel et barbare exige avec insolence et d'un ton impératif, fort-heureux encore qu'il veuille se contenter du sacrifice de son autorité et de ses droits.[...]"

Le 19 juillet 1789, Thomas Jefferson, ambassadeur des États-Unis d'Amérique écrit à son ministre des affaires étrangères Johan Jay. Après avoir évoqué l'assaut de la Bastille et le retour au calme suite à l'arrivée du roi à l’Hôtel de ville le 17 juillet, il écrit en guise de conclusion "Nous ne pouvons supposer que ce paroxysme se confine à la seule ville de Paris. Le pays tout entier devrait y succomber, et espérons que cela se termine aussi vite et bien qu'à Paris"

Le récit des ambassadeurs d'Angleterre, d'Autriche, de Suède, de Prusse, d'Espagne, de Naples à leurs cours respectives ne laissent que peu de doute sur le caractère des journées du 12 au 17 juillet. Les journées du 17 juin ou du 9 juillet n'ont pas donné lieu a de semblables rapports, quand elles ne sont pas tout simplement passées sous silence.


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 17:47 
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Polybe
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Caesar Scipio a écrit :
Louis XVI ne notait pas que des propos de chasse dans son carnet de chasse.

Relisez cet extrait de mon post : "Louis XVI tenait un "journal" dans lequel il notait ce qu'il faisait à Versailles. Il notait sa participation aux chasses, réceptions, cérémonies civiles ou religieuses. [...] Le « Rien » écrit dans le journal signifie que le roi n’avait fait aucune prise de gibier ou n’avait pas directement participé à un événement."

http://www.passion-histoire.net/n/www/viewtopic.php?f=55&t=29954&start=105

Caesar Scipio a écrit :
Pardon Gaete, mais sur quoi se fonde Rey pour affirmer que l’assassinat du duc d’Enghien avait eu un retentissement incroyable en Russie ?
Ça a tout du topos, de la même manière que la prise de la Bastille le 14 juillet serait un événement historique alors que c’est un mythe construit a posteriori : confère notamment le journal de Louis XVI qui note pour ce 14 juillet 1789 : « rien ».

Le 14 juillet est un événement historique et tragique. Le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, a ordonné d'abaisser les ponts-levis. La foule s'est ruée dans la forteresse. Le marquis de Launay, qui a tenté de se suicider, est traîné dans les rues de la capitale avant d'être décapité par un boucher.
Le mercredi 15 juillet Louis XVI se rend à l'Assemblée nationale. Il ordonne que les troupes du Champ-de-Mars quittent Paris. Il pense sans doute que c'est le seul moyen de calmer les Parisiens.

Louis XVI tenait un "journal" dans lequel il notait ce qu'il faisait à Versailles. Il notait sa participation aux chasses, réceptions, cérémonies civiles ou religieuses.
Louis XVI a écrit « Rien » dans son journal à la date du 14 juillet 1789. Dans ce journal le roi note seulement ce qu’il fait. Et ce jour-là, il ne s’est rien passé à Versailles.
Le journal n’est pas tenu chaque jour mais rédigé le mois suivant, à partir de notes quotidiennes qu’ensuite il jetait. « Mardi 14 : Rien » n’a donc pas été écrit le 14 juillet 1789, mais en août. Le roi ne peut pas ignorer les événements tragiques qui se sont déroulés à Paris à la mi-juillet.
Le « Rien » écrit dans le journal signifie que le roi n’avait fait aucune prise de gibier ou n’avait pas directement participé à un événement.
Concernant le mardi 7, le journal mentionne « Chasse du cerf à Port-Royal, pris deux. »
Concernant le mercredi 8, le journal mentionne « Rien. »
Concernant le lundi 20, le journal mentionne « Promenade à cheval et à pied dans le petit parc, tué dix pièces. »


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 17:52 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
On dit que ce rien signifiait rien pris à la chasse!


Le mot "rien" se rencontre très souvent.
Il signifie qu'il n'a pas été à la chasse ce jour là.

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 26 Oct 2012 19:42 
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Polybe
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En 1790, la fête de la fédération prend pour date la prise de la Bastille. Pourquoi choisir cette date si elle n'est pas celle d'un "événement historique" ? Cela me semble beaucoup trop paradoxal. Le meilleur moyen de sortir de ce paradoxe ne serait-il pas d'admettre que l'évènement du 14 juillet est historique ?


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 27 Oct 2012 16:08 
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Eginhard
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Il conviendrait d'abord de définir ce qu'est un événement historique :)

Et n'oublions pas que la prise de la Bastille a été fêtée jusqu'aux États-unis. Ça n'est pas rien.

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 27 Oct 2012 22:25 
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Eginhard
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Mercure de France, pour la date du 14 juillet (au soir). Divers commentaires sur les discussions de l'Assemblée, ce jour là, puis :

Citer :
Cette discussion fut interrompue par M. le Vicomte de Noailles qui arrivoit de Paris,et avoit été témoin des malheurs qui affligeoient cette ville. "J'ai vu, dit-il, la Bourgeoisie de Paris en armes, dirigée dans sa discipline par les Gardes-Françoises, l'Hôtel des Invalides investi, ses canons et dépôt d'armes enlevés : toutes les familles nobles sont obligées de se renfermer dans leurs maisons ; on dit la Batille prise d'assaut, et son gouverneur, M de Launay, qui avoit fait tirer le canon sur les citoyens, égorgé."

Ce cruel récit produisit la plus terrible impression sur l'Assemblée.

M. de Mirabeau proposa de rédiger sur le champs un arrêté ou une adresse au Roi (...). Il falloit donc envoyer une Députation très nombreuse à Paris, afin de sauver les Citoyens honnêtes qui pouvoient être compromis (...), accompagnée de M. le Vicomte de Noailles, pour lui rendre compte des scènes effrayantes dont il avoit été le témoin.

Un membre du Clergé a observé qu'il falloit dire au Roi que Paris étoit sous les armes, que toutes les provinces pourroient dans le premier moment de la consternation, prendre la résolution de venir au secours des Députés, et que malheureusement, il y auroit beaucoup de sang répandu.

(on juge urgent de demander le renvoi des troupes qui menacent Paris - on rédige une motion et on l'envoie au Roi dans l'heure. Tandis que la députation se trouve chez le Roi, on confirme que la Bastille a bien été prise. On rapporte les exigences des Parisiens, les massacres commis, les risques d'une "guerre civile". Le Roi signe une fin de non recevoir, à deux reprises.).

(Le lendemain, le 15, le Roi reçoit les députés et leur adresse un bref discours) : Messieurs, je vous ai assemblés pour vous consulter sur les affaires les plus importantes de l'Etat ; il n'en est pas de plus instantes, et qui affectent plus sensiblement mon coeur, que les désordres affreux qui règnent dans la capitale (...) C'est moi qui me fie à vous. Aidez-moi dans cette circonstance à assurer le salut de l'Etat. Je l'attends de l'Assemblée nationale (...) et comptant sur l'amour et la fidélité de mes sujets, j'ai donné l'ordre aux troupes de s'éloigner de la capitale et de Versailles. Je vous autorise et vous invite même à faire connaitre mes dispositions à la capitale".


On est bien loin d'un "rien" noté dans un journal :mrgreen:. La révolte des Parisiens provoque de sérieux remous à l'Assemblée, entraine le départ des troupes qui se massaient autour de Paris.

C'est une source parmi d'autres. Mais force est de constater que le Mercure de France ne présente pas la prise de la Bastille comme un événement anodin. Evidemment, personne n'envisage vraiment la portée de cette journée, mais dans l'esprit de tous, il s'est clairement passé quelque chose ce jour là, et quelque chose de grave.

Que l'année suivante, on préfère fêter la Concorde plutôt que les têtes coupées, et un siècle plus tard encore, on préfère oublier les horreurs dont sont capables les petits Parisiens quand ils prennent peur ou se mettent en colère, je veux bien le croire. Ca ne change rien au fait qu'il y a bien là un "événement" - au sens d'objet historique digne d'étude, marqueur de dynamiques sociales et politiques d'une grande richesse.

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 04 Nov 2012 15:50 
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Georges Duby
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Il y a eu de nombreuses célébrations du 14 juillet 1789, avant qu'en 1880 le Parlement ne décide sur proposition de loi, de retenir le 14 juillet comme fête nationale, sans choisir entre 14 juillet 1789 et 14 juillet 1790, cette dernère date étant préférée ensuite dans les commentaires gouvernementaux qui suivront le vote pour la concorde de la nation:
"- Le 14 juillet 1797 eut lieu la première cérémonie militaire.
- Le 14 juillet 1799 fut celui de la Concorde ; il se résuma à un défilé militaire.
- Le 14 juillet 1800, la Garde consulaire défila des Tuileries au Champ de Mars.
- Le 14 juillet 1831, Eugène Planiol, président de la Société des amis de l’Egalité, organisa des fêtes nationales avec plantations d’arbres de la Liberté.
- Le 14 juillet 1848 fut choisi comme Fête des Travailleurs mais la manifestation dut être annulée à cause des émeutes de juin.
- En 1878, le ministère Dufaure fixa au 30 juin une fête parisienne en l’honneur de la République.
- Le 14 juillet 1879, déclaré « jour de la fête de la Patrie », prit un caractère semi-officiel. Après une revue des troupes à Longchamp le 13, une réception était organisée le 14 à la Chambre des députés à l’initiative de Gambetta qui la présida et une fête républicaine eut lieu au pré Catelan en présence de Louis Blanc et de Victor Hugo."

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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 04 Nov 2012 16:15 
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Pierre de L'Estoile
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Les premières cérémonies du 14 juillet ont lieu en juillet 1789, dans les jours qui suivent la Prise de la Bastille.

Elles sont organisées avec le concours du curé du village, des notables et de tous les citoyens..


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 04 Nov 2012 22:12 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
- Le 14 juillet 1800, la Garde consulaire défila des Tuileries au Champ de Mars.



Premier 14 juillet du Consulat.
Si les festivités continuèrent par la suite, elles finirent par disparaître au profit d’autres dates plus en phase avec le nouveau régime comme le 2 décembre ou le 15 août.

Petit retour sur ce 14 juillet de l’année 1800.

Ce jour là, Bonaparte se rendit aux Invalides escorté par un détachement de la garde consulaire, arrivée d’Italie le matin même. Là, dans l’église, Lucien Bonaparte, ministre de l’Intérieur, prononça un discours dont voici quelques extraits :

« Citoyens, l'expérience des siècles nous apprend combien les révolutions sont redoutables. Leur action se compose de toutes les passions humaines ; la violence en est toujours l'élément principal, et jusqu'à la fin de ces crises terribles nul ne peut affirmer si leur commencement fut un bien, ou s'il ne fut pas le plus grand de tous les maux.
Ce caractère est commun à toutes les révolutions : soit qu'une cause méprisable interrompe l'ordre accoutumé des empires, ou que cette interruption soit due à l'excès de la tyrannie et à l'élan de la liberté, la tempête n'en est pas moins effrayante ; elle n'en menace pas moins toutes les classes de la société.
Ce qu'apprend l'histoire des siècles, l'expérience de quelques années vient de nous le confirmer. La vieillesse d'un corps politique ne peut se mouvoir sans un grand péril : celte profonde vérité est écrite aujourd'hui par le malheur sur le chaume de nos cabanes comme sur les voûtes de nos palais.
En parlant au premier peuple de la terre, ma voix provoque cette réflexion conservatrice, parce qu'elle offre des idées dignes d'être émises : l'anniversaire du quatorze juillet 1789.
La première de ces idées est que les annales du monde ne retracent point de révolution plus louable dans son but, plus nécessaire aux hommes, plus auguste par la réunion rapide de tant de volontés, de tant de bras ; aussi les philosophes qui ont illustré la fin de ce siècle ont-ils appelé par leurs vœux un changement de système. L'injustice et l’oppression, l'ignorance et le fanatisme, le désordre et l'immoralité régnaient encore dans le pays le plus éclairé de l'Europe : c'était la médiocrité qui planait sur le génie, les ténèbres qui dominaient sur une région de lumières.
Un pareil état ne pouvait pas subsister davantage
[…]
La révolution, qui devait marquer la fin du siècle, approchait tous les jours.
Déjà les idées hardies, d'abord renfermées dans quelques têtes, saisissent toutes les têtes; les opprimés songent à leurs forces, et comptent les oppresseurs.
Soudain le feu sacré jaillit, et parcourt toutes les veines du corps politique ; des millions de bras se lèvent ; le mot de liberté résonne de toutes parts... La Bastille est conquise !
Je ne retracerai point tous les détails de ce jour à jamais mémorable, qui fit germer dans tous les coeurs le même enthousiasme; de ce jour où les habitants les plus éloignés vinrent célébrer au milieu de la plaine voisine la même solennité qui nous réunit dans le temple de la valeur. Cette grande époque de la confédération nationale rassemble pour la onzième fois le peuple français sous les auspices de la liberté victorieuse. Les plus nobles pensées, les sentiments les plus élevés, les vœux les plus unanimes consacrèrent la fondation de cette fête, et doivent accompagner son retour. Nulle image funèbre ne se mêle à son premier souvenir, car elle fut instituée au milieu de la joie, de la concorde, et de l'espérance universelle. Alors les enfants de cette grande famille, placés entre les deux mers, le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, se trouvèrent en présence pour la première fois ; alors, devant le monde et le ciel, ils jurèrent tous ensemble de vivre et de mourir libres : ils ne jurèrent point en vain, et les trois parties de la terre, aujourd'hui couvertes de leur sang et de leurs trophées, savent comme ils tiennent leurs promesses!

[…]
Mais pourquoi faut-il que l'esprit humain, en déployant toute sa force, ne sache pas toujours la retenir !
La philosophie, qui avait prévu la révolution, voulut la diriger : que peut le pilote contre tous les vents déchaînés à la fois ? Souvent les amis de la patrie posèrent une digue qu'ils croyaient insurmontable, et que le torrent bientôt après entraînait dans son cours. Découragés, les uns cédèrent à l'orage; d'autres expirèrent victimes de sa fureur, et la liberté, travestie, défigurée, devint tour à tour le jouet et l'idole des factions assassines. Alors les jours de deuil, alors les années funestes, alors les guerres intestines !... Ce temps appartient à l'histoire des fureurs humaines; qu'il reste loin de nos souvenirs !

[…]
Si la révolution la plus nécessaire, la plus favorable aux hommes a tant vu d'événements déplorables, combien cette grande leçon doit nous pénétrer d'un sentiment conservateur ! Elle nous a coûté bien cher !.... Dans les siècles à venir qu'elle arrête le bras de quiconque pourrait encore penser sans frémir à des révolutions nouvelles ! Ainsi, en observant la marche des événernents qui séparent ce jour de celui dont nous célébrons l'anniversaire, nous trouvons à chaque pas des motifs pour nous défier des secousses politiques ; l'expérience de nos maux nous répète qu'on ne peut pas en prévoir le terme, et cette observation nous ramène au sentiment de la concorde, dont nous célébrons aussi la fête. Si le peuple le meilleur, le plus éclairé, fut entraîné par le tourbillon révolutionnaire, faut-il s'étonner que les hommes soient aussi faibles que les peuples ! Au milieu de ces tourmentes, où tous les yeux sont couverts de ténèbres, sur cette mer orageuse qu'agitent de toutes parts des vents contraires, quelle main peut tenir le gouvernail avec fermeté? Ni le vaisseau , ni les passagers, ni les pilotes eux-mêmes ne reconnaissent la route qu'ils doivent parcourir ; on se rapproche, on s'éloigne, on se heurte au sein des tempêtes et de la nuit; chacun s'arme , et frappe au hasard ; on méconnaît quelquefois son allié le plus fidèle pour marcher sous l'étendard de son ennemi; on ne s'aperçoit de ses méprises qu'au moment où les signaux salutaires se montrent à la clarté du jour, et tous alors s'étonnant d'être si éloignés du port qu'ils voulaient tous atteindre. Dans ces époques de délire, les erreurs, les fautes, les fureurs mêmes n'appartiennent qu'à la démence du temps ; démence dont les individus ne sont point coupables, et dont nulle révolution ne fut, ne sera jamais exempte.
Aujourd'hui !e règne des erreurs et des divisions est passé; que sa mémoire périsse, et que le sentiment philosophique et religieux de la concorde, qui fait le bonheur des états comme le charme de la vie privée, achève de remplir tous les cœurs !

[…]
Ne conservons de la révolution que la mémoire des grandes choses : c'est à l'excès des maux que nous devons ses premiers élans ; c'est au désordre inséparable de toutes les révolutions que nous devons attribuer les crimes et les malheurs; et ces crimes, ces malheurs, ayant enfin rendu la nation à elle-même, c'est encore à leur excès que nous devons notre retour à la philosophie, qui depuis si longtemps demandait l'ordre de choses qu'elle vient d'obtenir.
Ainsi, après des obstacles sans cesse renaissants, nous nous retrouvons aujourd'hui au point que depuis dix années nous voulions atteindre ; aujourd'hui la nation a repris les sentiments patriotiques et généreux des premiers jours de son éveil : un acte, sanctionné par son vœu unanime, a affermi sur des bases solides la liberté, l'égalité, conquises le 14 juillet 1789. L'Ouest pacifié est redevenu français. La liberté civile, le premier de tous les biens, garantie par un pouvoir judiciaire indépendant, donne,à tous les citoyens le repos et la sûreté, sans lesquels il n'est point de patrie. Et comme si le retour au véritable patriotisme et à la concorde n'était pas encore assez pour le triomphe d'un si beau jour ; il semble que pour mieux l'embellir la victoire ait voulu multiplier ses prodiges. La renommée les redit du haut des Alpes, et ses cent voix, prolongées du Rhin à l'Eridan, et du Danube jusqu'au Nil, reviennent retentir avec plus de force sous ce dôme majestueux qui rassemble les chefs de l'Etat et les plus fameux de nos guerriers.

[…]
O France! République cimentée par le sang des héros et des victimes ! que la liberté , d'autant plus précieuse qu'elle l'a coûté plus cher ; que la concorde , réparatrice de tous les maux, soient à jamais tes divinités tutélaires ! Le 18 brumaire a achevé l'ouvrage du 14 juillet ; tout ce que le premier a détruit ne doit plus reparaître ; tout ce que le dernier édifie ne doit plus se détruire.
Et nous, sachons conserver l'es biens dont nous jouissons ! Tous les écueils nous sont aujourd'hui connus; la maîtresse de tous les siècles et de toutes les nations, celle qui ne se trompe jamais, et que l'on ne dédaigne jamais impunément, l'expérience a placé tous ses flambeaux sur le chemin que nous venons de parcourir : que leur clarté nous dirige sans cesse! Français, portons avec orgueil le nom du grand peuple ; que ce nom soit l'objet de l'amour et de l'admiration du monde; que dans les siècles les plus reculés les héros du 14 juillet, les défenseurs et les soutiens de l'empire soient offerts aux respects de nos derniers neveux, et que la République, fondée par leurs travaux, soit impérissable aussi bien que leur gloire ! »


Suite à la cérémonie, le Premier Consul se fit présenter cinq invalides par Berruyer, commandant des Invalides et Carnot, ministre de la Guerre. Les cinq braves furent décorés d’une médaille.
Bonaparte prit ensuite la route du Champs de Mars où il passa en en revue les troupes qui s’y étaient amassées.
Nombreux furent les drapeaux ennemis que l’on présenta à Bonaparte pour l’occasion.
Lannes apporta ceux de la bataille de Marengo et prononça ces mots :
« Vous n’avez cherché dans les combats, citoyen consul, que ces résultats seuls véritablement grands qui consolent l’humanité des maux de la guerre. Elles attestent vos vertus les réclamations universelles qui nous suivent en tous lieux. La paix doit affermir les destinées des Français. »
Le chef d’escadron Burthe, aide de camp de Masséna, portant les drapeaux pris par l’armée d’Italie, vint ensuite conter le siège de Gênes. Wadelen et Grometry déposèrent enfin les drapeaux pris par l’armée du Rhin sur cette allocution :
« Ces drapeaux ne sont pas les seuls gages de valeur ni le seul hommage que l’armée du Rhin peut présenter à un gouvernement honoré et chéri d’elle ; 50 pièces de canon, 18 000 prisonniers de guerre, des trésors pour payer les troupes, de riches magasins pour les nourrir, des faits d’armes que la postérité aura peine à croire ; tels sont les autres trophées que depuis deux mois elle élève à la gloire immortelle du nom de Français. »

Bonaparte répondit en ces termes :
« Les drapeaux présentés au gouvernement devant le peuple de cette immense capitale attestent le génie des généraux en chef Moreau, Masséna et Berthier ; les talons militaires des généraux leurs lieutenants, et la bravoure du soldat français.
De retour dans les camps, dites aux soldats que, pour l'époque du premier vendémiaire, où nous célébrerons l'anniversaire de la République, le peuple français attend ou la publication de la paix, ou, si l'ennemi y mettait des obstacles invincibles, de nouveaux drapeaux, fruit de nouvelles victoires.»


Un dîner fut offert aux Tuileries. Trois carrosses du gouvernement vinrent y déposer les invalides honorés le matin même ainsi que quelques officiers de l’hôtel.
A la fin du repas, six toasts furent proposés.
Bonaparte : « Au 14 juillet et au peuple français, notre souverain. »
Cambacérès : « A nos armées, et aux vainqueurs de l’Italie et du Danube. »
Lebrun : « A la paix, qui sera le fruit de nos victoires. »
Roger-Ducos : « A la constitution, qui a rallié tous les Français. »
Jard-Panvilliers : « A la liberté, et à la liberté civile. »
Berthier : « Au gouvernement, au sénat conservateur, au corps législatif et au tribunat. »


Le soir, les Champs-Élysées et les Tuileries furent illuminés et des bals se prolongèrent fort tard dans la nuit.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 05 Nov 2012 11:08 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
On peut voir que c'est le 14 juillet 1789 qui est célébré, pas la fête de la Fédération.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 05 Nov 2012 19:07 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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C'était encore le cas en 1802.
Proclamation de Bonaparte, le 10 juillet :

"Français, le 14 juillet commença, en 1789, les nouvelles destinées de la France. Après treize ans de travaux, le 14 juillet revient plus cher pour vous, plus auguste pour la postérité. Vous avez vaincu tous les obstacles, et vos destinées sont accomplies. Au dedans, plus de tête qui ne fléchisse sous l'empire de l'égalité ; au dehors, plus d'ennemi qui menace votre sûreté et votre indépendance ; plus de colonie française qui ne soit soumise aux lois, sans lesquelles il ne peut exister de colonie. Du sein de vos ports, le commerce appelle votre industrie et vous offre les richesses de l'univers ; dans l'intérieur, le génie de la République féconde tous les germes de prospérité.
Français, que cette époque soit, pour nous et pour nos enfants, l'époque d'un bonheur durable ; que cette paix s'embellisse par l'union des vertus, des lumières et des arts ; que des institutions assorties à notre caractère environnent nos lois d'une impénétrable enceinte ; qu'une jeunesse avide d'instruction aille dans nos lycées apprendre à connaître ses devoirs et ses droits ; que l'histoire de nos malheurs la garantisse des erreurs passées, et qu'elle conserve, au sein de la sagesse et de la concorde, cet édifice de grandeur qu'a élevé le courage des citoyens.
Tels sont les vœux et l'espoir du Gouvernement français ; secondez ses efforts, et la félicité de la France sera immortelle comme sa gloire."

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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 Sujet du message : Re: 14 juillet 1789
Message Publié : 22 Nov 2012 20:56 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 19 Mars 2005 18:17
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Localisation : Paris
Pour fermer la bouche aux détracteurs du 14 juillet 1789, voici quelques extraits des Archives parlementaires, témoins écrits des débats à l'Assemblée nationale. Ils concernent les discussions évoquant la Bastille.



Séance du samedi 19 juin 1790

L'Assemblée nationale, frappée d'une juste admiration pour l'héroïque intrépidité des vainqueurs de la Bastille, et voulant leur donner, au nom de la nation, un témoignage public de la reconnaissance qui est due à ceux qui ont exposé et sacrifié leur vie pour secouer le joug de l'esclavage et rendre leur patrie libre; Décrète qu'il sera fourni, aux dépens du Trésor public, à chacun des vainqueurs de la Bastille en état de porter les armes, un habit et un armement complets, (...), et que, dans tous les actes qu'ils passeront il leur sera permis de prendre le titre de vainqueurs de la Bastille;(...)

Lors de la fête solennelle de la confédération du 14 juillet prochain, il sera désigné pour les vainqueurs de la Bastille une place honorable où la France puisse jouir du spectacle de la réunion des premiers conquérants de la liberté.



Assemblée générale du 29 juin 1790.

M. Rewbell : "Lorsque vous prenez des précautions pour la tranquillité publique, en commémoration de la prise de la Bastille, la Cour des aides en prend d'une autre nature"
'...)

Nous avons vu qu'à l'époque de la prise de la Bastille, le roi vint à Paris se réjouir d'un pareil événement au milieu de son peuple. Il n'avait été précédemment que le chef d'une nation soi-disant libre : par la prise et la démolition de la Bastille, il est devenu chef d'une nation véritablement libre.



Séance du lundi 12 juillet 1790


M. le Président fait mention de la lettre de M. Lamouroux, chapelain de l'Hôtel-Dieu, qui propose de célébrer le 15 juillet, dans l'église de Notre-Dame, un service pour le repos de l'âme des martyrs de la liberté, morts sous les murs de la Bastille.



Séance du mardi 13 juillet 1790

M. le Président. M. Barrère de Vieuzac demande à faire un rapport sur les ruines de la Bastille, au nom du comité des domaines.
(...) La municipalité de Paris a présenté deux ou trois adresses relatives au terrain de la Bastille. Elle désire élever un monument sur ce rempart du despotisme. Aux cris de la liberté naissante, ces murs formidables se sont écroulés, et de leurs débris sont sortis les droits de la nation. Il faut imprimer sur cette terre le signe de votre liberté, pour instruire les hommes et effrayer les tyrans (...)
« 2° Que les ruines en seront conservées, et qu'il y sera élevé au milieu d'elles, aux frais de la nation, un simple obélisque des pierres mêmes de la Bastille, sur lesquelles seront gravées la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, l'époque de la prise de la Bastille, et celle de la fédération générale des Français.»



Séance du mardi 20 juillet 1790

Adresse du sieur Dubufe, instituteur de l'école du commerce à Vincennes, qui, voulant partager le patriotisme des vainqueurs de la Bastille, offre de recevoir gratuitement à sa pension l'orphelin d'une de ces victimes que le zèle a fait périr en faisant le siège. Il se charge de le vêtir, nourrir et entretenir jusqu'à l'âge où il pourra être placé d'une manière analogue à sa capacité.


Séance du lundi 26 juillet 1790

Adresse de la municipalité de Laguien, département de l'Ain, qui annonce qu'elle a fait célébrer le lendemain du serment fédératif, ordonné pour le 14 de ce mois, une messe de Requiem .



Séance du dimanche 1er août 1790

M. Robespierre : Vous avez décrété qu'il sera envoyé une députation au roi, pour lui donner une marque de l'attachement de l'Assemblée. Je demande qu'en même temps une députation soit nommée pour assister à la cérémonie funèbre qu'on prépare pour les citoyens morts en défendant la liberté.

Un membre de la partie droite demande la question préalable (...)

M. de Oillon le jeune. On dit qu'il y a des difficultés pour cette cérémonie, entre la garde nationale et les volontaires de la Bastille. Si cela est, la démarche de l'Assemblée serait un préjugé. Si cela n'est pas, l'Assemblée ne peut se dispenser d'envoyer une députation.

M. Robespierre. Peu nous importe de savoir si des personnes quelles qu'elles soient, ne sont pas d'accord sur les honneurs à rendre aux vainqueurs de la Bastille; ce qui importe aux représentants de la nation, c'est de savoir si l'Assemblée peut refuser de concourir à cet hommage, si même elle n'aurait pas dû le décerner elle-même. Je demande qu'on mette aux voix ma proposition.

M. de Landenberg. Je motive la question préalable, en demandant qu'on fasse relire le décret rendu hier soir. Les journalistes sont invités à la cérémonie. Les uns sont bons citoyens, il en est d'autres sur lesquels vous avez cru devoir appeler toute la rigueur des lois. L'Assemblée peut-elle se trouver placée à côté de gens qu'elle a ordonné de poursuivre? Plusieurs personnes ont vu enlever ce matin, par le peuple, des invitations que les vainqueurs de la Bastille avaient fait afficher. S'il y avait un conflit, il ne serait pas décent que l'Assemblée se trouvât représentée à cette cérémonie.
(...)

M. E<e Déist de Botidoux. Je demande si c'est pour l'utilité de la municipalité de Paris que la Bastille est abattue; si c'est pour l'avantage de la France entière, il est de l'honneur des représentants de la nation d'honorer ceux qui sont morts en renversant cette forteresse.

L'Assemblée rend le décret suivant : « L'Assemblée nationale a décrété et décrète qu'il sera fait un service solennel pour tous ceux qui sont morts pour la cause de la liberté; que la municipalité de Paris sera chargée des détails de ce service. « Il sera sursis à celui annoncé pour demain. » pour le repos de l'aine des citoyens généreux, morts au siège de la Bastille.


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