L'intitulé du topic est provocateur, mais il est à l'aune de l'essai que Claude Quétel, historien de la Bastille, vient d'écrire :
« Le mythe du 14 juillet ou la méprise de la Bastille », Et un de plus, dans la longue lignée des conformistes qui prétendent casser le symbole du 14 Juillet !
Quel mot peut-on employer pour qualifier un ouvrage qui relève bien plus de l'essai que de la recherche historique (il suffit de voir la bibliographie) ; ignorance ? naïveté ? malhonnêteté ?
La démarche de Claude Quétel n'est pas dénuée d’intérêt. Elle permet de refaire l'historiographie de la Fête nationale et rappelle que la Prise de la Bastille n'a pas toujours fait l'unanimité du fait de son caractère sanglant. Mais l'ouvrage présente plusieurs problèmes : 1) l'ignorance de l'auteur qui occulte le contexte de l'année 1789. 2) le pris-parti (raison pour laquelle, j'utilise le mot d'escroquerie). C'est assez étonnant qu'un directeur de recherche au CNRS puisse autant manquer aux obligations de la méthodologie historique.
1) Si l'on écoute ces gens, c’est comme si, il ne s’était rien passé en 1789, comme si, il n’y a avait pas eu la fin de l’Ancien régime, la naissance de la démocratie, l’abolition des privilèges, la Déclaration des droits de l’homme, la nationalisation des biens du clergé, la réorganisation rationnelle de l’administration, la naissance des communes et des départements, l’élection des premiers maires… comme si l’Ancien régime et la monarchie absolue n’avaient jamais existé…. Bouleversement qui n’aurait peut-être jamais eu lieu - aussi rapidement – sans le coup de force spectaculaire provoqué par le peuple durant l’été 1789 et dont la Prise de la Bastille a été l’élément le plus marquant.
L'auteur
Claude Quétel ignore totalement l'existence des révolutions municipales de l'été 1789, cet événement majeur de l'histoire de France au cours de laquelle les habitants de la plupart des villes du royaume, s'emparent du pouvoir municipal en chassant les anciennes élites de l’Ancien régime. L’auteur, faute d’avoir consulté la recherche actuelle, n’en fait aucunement mention.
Alors, oui, la Prise de la Bastille, n'a pas toujours été l'événement déclencheur. Dans un article récent des
Annales de la Révolution française, un historien montrait qu'à Marseille, la révolution municipale avait commencé avant l'annonce des événements parisiens mais que la Prise de la Bastille eut l'effet de confirmer et de stabiliser la révolution marseillaise. L'insurrection parisienne surfe sur une vague immense qui parcourt le tout le royaume mais de tous les coups de force, elle est la plus importante et la Prise de la Bastille en est l'événement le plus impressionnant.
Faute de s’être documenté, Claude Quétel occulte totalement l’accueil fait par les Français à la Prise de la Bastille. Il tait totalement les fêtes organisées durant le mois de Juillet 1789 dans les provinces, dans les grandes, moyennes et petites villes et dans les villages mêmes, pour célébrer cet événement qui pour l’époque est considérable ! Une telle absence dans l'ouvrage de Quétel remet en question la crédibilité de l'auteur et pose la question de son pris-parti.
2) La Prise de la Bastille n’aurait rien de glorieux !! Fie-donc, les émeutiers n’ont pas de noblesse, ce n’était que de la vulgaire canaille qui n’a pris les armes que par une haine aveugle et une ignorance crasse. Il n’y aurait donc là aucune bravoure ? Claude Quétel fait l'histoire de la Fête national, mais il prend parti, celui de ceux qui remettent en question le 14 Juillet. Le 14 Juillet ne serait qu'un mythe, ... comme si, il n'était pas le résultat et la cause de l'un des plus grands bouleversements qu'a connu ce pays...
A quand une histoire du 14 Juillet qui ne serait pas un essai personnel ?