Elzevir a écrit :
Il faut éviter je pense de verser dans deux erreurs communes quand on analyse la période : - Juger les contemporains. - Verser dans la téléologie. On ne peut pas aborder la Convention, et critiquer les mesures mises en œuvre, en constatant son échec. Ce n'est certainement pas la bonne manière de faire de l'histoire. Personne ne peut dire ce qu'il serait advenu sans la brutalité d'Etat qu'on appelle Terreur.
C'est vrai mais de là à la considérer comme incontournable -sur la longueur-, lui imputer tous les plus sans devoir analyser, le concept sera repris pour des régimes où les mots "liberté", "social", "démocrate", "pouvoir au peuple" etc. seront de mises. On peut légitimement se poser des questions d'autant que le lieu n'est pas uniquement destiné à des Historiens, lesquels comme vous le rappelez ne sont pas toujours en accord sur tout et savent s'exonérer de la "méthode" quand bon leur semble : faisons du même, c'est bien le moins.
Qu'apporte la Terreur ? La Vendée va se voir pacifiée, c'est vrai mais si le gouvernement montagnard n'avait pas su le faire, à quoi bon changer les factions ? Quelle amélioration de la vie quotidienne ? Paris aura son pain ? Avec l'Empire aussi, avec la royauté il y avait des ajustements dans les prix je crois.
Il semblerait récurrent que le "
petit peuple urbain" souffre plus que le "
petit peuple rural", peut-être mais peut-être a-t-il aussi ses compensations : en quoi la Terreur sera un plus ? Pas le fameux "du pain et des jeux" tout de même à une population qui a le privilège de bénéficier d'une sorte de catéchisme jacobin très imagé.
Besoin de la Terreur pour une réforme agraire ?
Quant à la "diffusion d'une pratique politique démocratique" : par quels canaux la Terreur diffuse-t-elle cette "pratique politique démocratique" ? Vous évoquez les envoyés en mission ?
Avancer qu'il y a de la violence puis nous rappeler que l'Ancien Régime décapitait à la hache ou rouait etc. Rien qui ne soit su, serait-ce un argument pour montrer une avancée autre que "techique", parce-que au niveau spectacle, le peuple ne semble pas éprouver une réflexion et un retrait qui serait de mise, éduqué soudain par les trois mots que sont Liberté, Egalité, Fraternité. Paris devrait en être le phare plutôt que la caricature et Hébert de constater que les hommes ne sont... que des hommes.
Le notable avait-il tant besoin d'être effrayé ? Etait-il, de par son statut, suspect d'être un contre-révolutionnaire en puissance ?
Concernant les massacres de Septembre, sont-ils un débordement initiés simplement par le peuple ? Nous avons en mémoire le déplacement "populaire" à Versailles, c'est un peu dommage mais ceci porte au doute. Si la Terreur doit canaliser ce style de débordement pourquoi n'apparait-elle pas dès ce moment ? Le résultat fera-t-il de la bourgeoisie (il faudrait déjà définir quelle frange) de parfaits moutons ? Il semblerait que non puisqu'il faudra savoir l'incliner autrement et en employant un discours tenant plus du raisonnement que de la force : on le verra avec les députés de la Plaine, "représentant du peuple".
"La violence d'Etat légalisée" a-t-elle circonscrit durablement les opposants ? L'Histoire, pas avare d'exemples, nous montrera d'autres moments, des ailleurs où l'on évoquera un contrôle de la violence par des milices issues de faction(s), peut-on y ajouter que la démocratie y a gagné ?
La violence d'Etat était-elle si contrôlée au final ? Qui la contrôlait ? Avec quels ordres, en Province ? C'était du
stricto sensu ou du "au bon vouloir de l'envoyé" ?
Concernant la Vendée, comment se fait-il que Turreau éprouve le besoin d'assurer ses arrières ? Les réponses parisiennes devraient être claires, nettes, précises sans compter que ce "
problème" est tout de même une priorité. Que décide-t-on en haut lieu pour ramener ces gens au calme, une violence contrôlée face à une violence aveugle ?
Il faut quelquefois un peu oublier Paris, c'est de la France entière que viendront les patriotes, c'est aussi -pour nourrir Paris- que des réquisitions et des accaparements auront lieu en province.
Concernant la guerre menée aux frontières, la Terreur empêchera-t-elle les déserteurs, les insoumis, les "tire-au-flanc" ou un travail sanitaire de fond a-t-il déjà été enclenché avant ?
Il faut la Terreur pour instituer un "
maximum" et trouver solutions (abonder en grain, fustiger les spéculateur, négocier avec des "privés" etc.) ?
On peut avancer -sans trop se tromper puisque l'idéal est de ne pas l'analyser- que telle décision n'aurait pas vu le jour sans un régime de terreur ; ce qui ne fait pas la démonstration du contraire. Quoi faire ? Ne plus analyser aucun régime et se dire que sans ce qui est subi, ce serait pire. Au final, se taire sur tout et en tout et avancer comme des ignorants cependant accepter que l'on soit qualifiés d'acteurs d'une démocratie. Si ce n'est pas un contresens...